lundi 24 mars 2014

EN CES JOURS DE CARÊME

Lors du Grand Carême que nous traversons maintenant, l’Église nous impose de longs offices, des jeûnes stricts et d’autres restrictions. On pourrait se demander s'il ne serait pas mieux de laisser à chacun le choix de ce qu’il doit faire pour avancer spirituellement. Cette liberté de choix, voici ce qu’en disait déjà Dostoïevsky : «Au lieu de s’appuyer sur l’ancienne loi rigoureuse, l’homme devait dorénavant décider lui-même d’un cœur libre ce qui était bien et mal en n’ayant pour le guider que ton image. Mais ne songeas-Tu pas qu’il finirait par repousser et contester ton image et ta vérité, écrasé sous ce fardeau terrible : la liberté du choix ?» (Les Frères Karamazov)
   Cette liberté de pouvoir choisir de faire le bien ou de s’en abstenir, c’est cette même liberté qui a fait chuter nos premiers parents dans le paradis. Cette liberté-là aurait dû les amener vers la vraie liberté qui consiste précisément à être uni au bien et à refuser le mal.
   Nos premiers parents étaient sans passions mais aussi sans expérience et nous savons ce qu’ils sont devenus dans leur naïveté. À notre propre inexpérience s’ajoute encore nos passions déréglées qui empêchent toute objectivité. L’Église, par contre, a une connaissance et une expérience millénaire, et vouloir se révolter contre les lois, canons, interdictions qu’elle nous impose dans sa sagesse est un signe d’ignorance et d’orgueil manifeste.
   «Ils aiment l'Orthodoxie, disent-ils, mais ils se plaignent que ses jeûnes soient trop longs. Ils aiment l'Orthodoxie, mais les offices sont trop longs. Les barbes aussi sont trop longues et les soutanes sont de trop. De plus, l'Orthodoxie a trop de vigiles, trop de prosternations, trop d'épitimies, trop de saints canons dans le Pedalion … Et enfin, elle a trop d'anathèmes contre trop d’hérésies…» Photius Kontouglou
   Qu'arrive-t-il quand on veut être son propre législateur ? On supprime une chose, on en enlève une autre et finalement que reste-t-il ? Notre ego dans toute sa déchéance ! Il ne reste plus de notre Orthodoxie qu’un triste souvenir qui ronge notre conscience.
   Nous n’aurions même pas besoin d’Église si nous étions en mesure de nous diriger nous-mêmes sur le chemin du salut. Il n’y aurait que Dieu et moi. Mais c’est ce même moi qui a déjà fait chuter Lucifer qui ne voulut plus servir ni adorer Dieu mais être son propre Dieu. C’est ce moi (ego) qui est finalement notre pire ennemi et nous ne serons vraiment libres qu’une fois débarrassés de cet ennemi, ce qui suppose soumission et humilité.


archimandrite Cassien

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bénissez, petit père,
Merci, c'est très beau, très vrai et très important.
Je pense toujours à un de nos poètes qui dit :
"Belle était la vérité de la bouche de mon père".

En Christ,
K.