vendredi 29 avril 2016

Message de Pâque

Mes bien-aimés pères, frères et amis,

Le Christ fut crucifié volontairement, – par sa volonté. Alors qu’étant Dieu, Il aurait pu éviter la mort douloureuse et ignominieuse. Mais Il ne l’a pas fait. Au lieu de cela Il a été crucifié à notre place et pour nous ! Sur la croix Il a uni la nature humaine fracturée, réuni Dieu avec l’homme. Ce sont les dimensions verticale et horizontale de la croix du Christ. Sa Toute-Puissance lui aurait permis de descendre de la croix, mais Il ne l’a pas fait. Il a ainsi été montré qu'il est préférable de se sacrifier que de descendre de la Croix. Le plus grand miracle du Christ n’est pas sa résurrection, car rien n’est impossible à sa Tout-Puissance. Le plus grand miracle est la Crucifixion, où Il a montré la grandeur d’un Dieu, le seul vrai Dieu, qui ne demande pas d'autres sacrifices que de se sacrifier pour sa créature. Un souhait : que toutes les personnes (non-croyantes, athées, indifférentes, adversaires, agnostiques) trouvent le Visage du Christ, la vérité sur Dieu et l’homme, et qu’ils ressentent la joie de la relation et la communion avec Lui.


Joyeuses Pâques !


Dimitri Katsuras

samedi 16 avril 2016

HOMÉLIE POUR LE 5e DIMANCHE DU CARÊME

(sainte Marie l’Égyptienne)

Après nous avoir montré, les dimanches précédents :
– la condition indispensable (Orthodoxie),
– la possibilité de nous sanctifier (saint Grégoire Palamas); 
après nous avoir indiqué 
– le passage inévitable par la Croix,
et nous avoir enseigné 
– comment y parvenir (saint Jean Climaque),
l’Église nous donne 
– comme exemple de réalisation, sainte Marie l’Égyptienne. 
Ce n’est pas par hasard que cette sainte est choisie. Il ne nous est pas montré comme modèle un saint roi, un saint prophète, un saint évêque ou un martyr, mais une simple femme qui était plongée dans les pires péchés. Après sa conversion et son retrait au désert, elle n’avait ni Bible, ni église, ni père spirituel, mais seul la Grâce divine. Nous n’avons donc pas d’excuse si une de ces choses nous manquent, car Dieu peut suppléer à tout – sa Grâce suffit. La sainte savait finalement la Bible par cœur sans l’avoir jamais lue. Où d'ailleurs ? Quand l’aurait-elle lue ? Quand elle était prostituée ? Elle avait d’autres préoccupations, et quand elle vivait enfin au désert, il n’y avait pas d’Écriture sainte à sa disposition. Elle avait même le don de clairvoyance, car elle savait le nom de saint Zosime, qui l’a rencontrée dans sa retraite, et connaissait aussi le moment de sa sortie de cette vie. Voici ce que dit le synaxaire : «Revenu l'année d'après, Zosime la trouva morte, étendue sur la terre; près d'elle une inscription disait : «Abba Zosime, enterre ici le corps de la pauvre Marie. Je suis morte le jour où j'ai communié aux saints mystères. Prie pour moi.» 
Qu’est-ce qui lui manquait, à elle ? Dieu lui suffisait, tandis que nos excuses, – que nous n’avons ni ceci ni cela, – ne sont toujours que des prétextes pour nos faiblesses et négligences. Qu’est-ce qui nous empêche de nous relever de nos péchés et de nous purifier de nos passions ? L’exemple de sainte Marie nous accuse et ne nous laisse aucune échappatoire. 
La sainte n’était pas une tiède mais ce qu’elle faisait, elle le faisait entièrement. «Parce que tu es tiède et que tu n'es ni froid ni bouillant, je vais te vomir de ma bouche,» (Apo 3,16) ne s’appliquait pas à la sainte, mais s’applique bien à notre médiocrité.
Résumons : Ce que l’Église nous enseigne et nous demande est réalisable, si grands soient nos péchés, et si peu favorable notre condition.
C’est le dernier dimanche de Carême, et ensuite commence la semaine de la Passion, pour aboutir enfin à la sainte Résurrection du Christ. Que le Seigneur nous rende digne d’y participer dès maintenant et pour l’éternité !

archimandrite Cassien


Habitant le désert, tu éloignas de ton âme les images des passions pour y inscrire l'image de Dieu à la lumière des vertus; et tu as resplendi d'un tel éclat que tu marchas sur les eaux, d'un pas léger, et de terre tu fus ravie en ta prière vers Dieu; auprès du Christ intercède maintenant, grâce au crédit que tu as devant Lui, bienheureuse Marie, pour le salut de nos âmes.


Samedi soir à Vêpres du 5e dimanche de Carême

samedi 9 avril 2016

HOMÉLIE POUR LE TROISIÈME DIMANCHE DU CARÊME

Dimanche de saint Jean Climaque

Après nous avoir montré, le dimanche de saint Grégoire Palamas, la possibilité de notre déification, et le dimanche passé, dimanche de la sainte Croix, l’inévitable passage, l’Église nous montre aujourd'hui comment y parvenir. (La croix, qui est au centre de notre vie, est précisément cette échelle, sans laquelle il n’y a pas de montée.) Cela n’aurait pas de sens de nous faire miroiter cette déification sans nous donner aussi le mode d’emploi et les outils pour y parvenir. Le mode d’emploi, c’est bien l’enseignement de notre Église basé sur une expérience pluricentenaire, et les outils sont toute la richesse qu’elle nous offre : les carêmes, les beaux offices liturgiques, la lecture spirituelle etc. 

Quand je pense à tous ces gens d’aujourd’hui, qui me disent «moi, je pense …» et qui se fient à leur lumière folâtre qui éclaire tantôt un peu et tantôt plonge dans l’obscurité !
Cette nuit j'ai rêvé que j'étais dans un monastère de moines. C’était un jour de jeûne et pour chaque moine il y avait juste une portion de pain rationné. Je tournais autour de la table pour choper une ou deux portions de plus, mais pas moyen. Sur ce, je me suis réveillé et la réalité n’était guère mieux : juste une tranche de pain dans le garde-manger et le frigo désespérément dégarni aussi.
Il ne reste donc qu’à poursuivre ce chemin ardu et serré mais qui n’est pas un chemin sans issue. Au terme, nous voyons, comme un phare, la Pâque radieuse et libératrice, image et symbole de la résurrection finale qui nous attend. 
Revenons à saint Jean Climaque, ce maître de la vie spirituelle, qui nous décrit sous forme d’une échelle, – d’où son nom : Climaque, – la montée par degrés vers le but. En haut, le Christ nous attend pour nous récompenser de nos efforts, et, pendant la montée, les malins esprits nous guettent pour nous faire tomber dans la gueule de l’Hadès qui dévore tout. Bien sûr, les anges nous protègent et nous guident également.
Le saint nous détaille les dangers et les moyens de les éviter, de même les fruits à cueillir – récompense de nos peines.
Voici juste un passage de ses écrits : «C’est sans doute le honteux esclavage de mes passions tyranniques et les maux qu'elles m'ont fait souffrir, qui m'ont appris les ruses méchantes, la conduite malicieuse, la domination cruelle et les tromperies désolantes des démons. Mais heureusement tous les hommes n'éprouvent pas le même malheur; car il en est qui ont une connaissance pleine et entière des artifices de ces esprits de ténèbres, par la Présence intérieure du saint Esprit, qui les éclaire de ses divines lumières, après les avoir préservés de leurs pièges et de leurs embûches; et il y a une bien grande différence entre une personne qui juge de la joie et du contentement que procure la santé après une longue et douloureuse maladie, et une autre personne qui juge des douleurs qu'on doit souffrir dans une maladie, par la joie qu'elle éprouve dans la santé.» (27e degré)

Concluons avec un chant de l’office d’aujourd’hui : «Faisant monter vers le ciel l'éclat de tes vertus et prenant appui sur un solide terrain, tu t'es élevé pieusement vers l'immensité de la contemplation; dénonçant les ruses du démon, tu mis les hommes à l'abri de ses méfaits; saint Jean, vénérable échelle des vertus, intercède auprès du Seigneur pour qu'Il sauve ses serviteurs.» (Matines, ode 3)


archimandrite Cassien