lundi 4 mars 2019

HOMÉLIE POUR LE DIMANCHE DU LAITAGE

Le prochain bulletin vient de sortir : 172



«Donne-moi de parler, et aussi de faire ce que je dis, ô mon Artisan, mon Créateur, mon Dieu ! – car si ce que je dis je ne le réalise pas effectivement, je suis devenu un airain qui résonne vainement à grand bruit sans percevoir le son des coups. (Saint Syméon le Nouveau Théologien : Hymnes 2)
Initialement je voulais parler de l’évangile d’aujourd’hui mais en cherchant et en réfléchissant, je me suis accroché à la première partie où il est question du pardon à accorder au prochain.
«Si vous pardonnez aux hommes leurs manquements, votre Père céleste vous pardonnera aussi; mais si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père ne vous pardonnera pas non plus vos manquements.» (Mt 6,12)
Dans le Notre Père, juste avant ce passage, l’évangéliste Matthieu dit : «pardonne-nous nos manquements, comme nous aussi nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés.» (Mt 6,12) Parfois on traduit offenses au lieu de manquements. Le texte grec dit : ὀφειλήματα et l’on peut traduire ce mot en français selon ces deux termes.
Par contre l’évangéliste Luc dit : «pardonne-nous nos péchés, car nous aussi nous pardonnons à quiconque nous offense; et ne nous induis pas en tentation.» (Lc 11,4) En grec c’est bien : «ἁμαρτίας,» pour péchés.
Il parle des péchés au lieu des offenses ou manquements. Les deux évangélistes ne se contredisent pas bien sûr, mais parlent de deux aspects différents d’une seule et même réalité. 
Quand notre prochain nous a fait du mal – selon notre jugement à nous –, nous attendons qu’il répare ce mal et nous demande pardon. Il nous a offensé; donc il faut lui pardonner, ce qui veut dire lui faire grâce, lui accorder une remise.  
«Cette grâce que nous demandons à Dieu dans un sentiment de vrai repentir, Dieu veut que nous l’accordions d’abord nous-mêmes au prochain dès le premier moment de notre conversion.» Saint Grégoire le Grand (Moral., 10,11)
L’évangile d’aujourd’hui continue, ce que j’ai déjà cité plus haut : «Si vous pardonnez aux hommes leurs offenses, votre Père céleste vous pardonnera aussi; mais si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père ne vous pardonnera pas non plus vos offenses.» C’est donc bien clair : si nous ne pardonnons pas, Dieu ne nous pardonnera pas non plus.
Ensuite, l’évangile du dimanche explique comment jeûner. Si on ne jeûne que par ostentation, pour être vu des hommes, aucune récompense ne nous attend dans l’autre vie. Que notre jeûne se fasse discrètement, vu uniquement par «notre Père, qui voit dans le secret !» D’ailleurs notre jeûne n’a de valeur que si nous pardonnons à notre frère – la première condition –, sinon ce jeûne ne servira, dans le meilleur des cas, que pour faire un peu maigrir le corps.  
La troisième partie de l’évangile explique comment thésauriser, c’est-à-dire qu’il ne faut pas chercher les avantages terrestres, passagers, mais il nous conseille plutôt : «amassez vos trésors dans le ciel.»
En résumé : pardonner au prochain, jeûner pour le Seigneur et œuvrer pour la vie éternelle.
Je clos ces quelques mots avec une citation de saint Basile (lettre 135; au prêtre Diodore d’Antioche) : «La simplicité du style et l’absence de recherche m’ont paru convenir à la fin que se propose un chrétien, qui écrit moins pour l’étalage de son savoir que pour l’utilité commune.»


a. Cassien