samedi 30 août 2014

DANS LA FAIBLESSE


Quand nous sommes dans une impasse, et aucune issue n’est visible, c’est là que Dieu met notre foi à l’épreuve, et l’espoir en Lui. Quand on ne peut plus compter sur les hommes et que tous nos moyens restent inefficaces, cette impuissance ouvre la voie à la Grâce de Dieu, et ce que dit l’Apôtre se vérifie : «Ma Grâce te suffit, car ma Puissance s’accomplit dans la faiblesse. Je me glorifierai donc bien plus volontiers de mes faiblesses, afin que la Puissance de Christ repose sur moi. C’est pourquoi je me plais dans les faiblesses, dans les outrages, dans les calamités, dans les persécutions, dans les détresses, pour Christ; car, quand je suis faible, c’est alors que je suis fort.» (II Cor 9-10) La tristesse nous accable d’abord, mais en regardant la Croix, où tout semblait s’écrouler, tout s’éclaircit. C’est sur la Croix que le Sauveur a sauvé le monde, au moment de son extrême dénuement, quand il Lui semblait être abandonné même par son Père («Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi M’as-Tu abandonné ?» Mc 15,34)
    «Celui qui n’a jamais mangé son pain en larmes, qui n’était jamais assis sur son lit, en pleurs, pendant des nuits pleines des soucis, celui-là ne vous connaît pas, ô forces célestes,» dit un poème de Gœthe («Wer nie sein Brot in Tränen aß, wer nie die kummervollen Nächte auf seinem Bette weinend saß, der kennt euch nicht ihr himmlischen Mächte»).
    Sans patience dans les épreuves, rien de bon non plus ne peut se faire. Comme dit le psalmiste : «J’ai patienté (en attendant) patiemment, le Seigneur.»
    Ce n’est pas le chemin qui est impossible mais c’est l’impossible qui est le chemin, c’est-à-dire: en comptant uniquement sur les forces humaines rien ne peut se faire dans la vie spirituelle, mais avec l’Aide de Dieu tout se fera à l’heure de Dieu et selon sa Volonté. L’évangile ne dit pas autre chose : «Ce qui est impossible aux hommes est possible à Dieu.» (Lc 18,27) «Avec mon Dieu je franchis une muraille,» dit David dans un  psaume (Ps 18,29) – cette muraille qui se dresse devant nous et qui semble être une impasse.
    Dans ces moments d’impuissance, quand tous les moyens humains se montrent inefficaces, il nous reste la prière. Anne dans sa stérilité fut interrogée par son époux, Elkana : «Anne, pourquoi pleures-tu, et ne manges-tu pas ? pourquoi ton cœur est-il attristé ?» (I Sam 1,8) et un peu plus tard, quand, dans le temple, «l’amertume dans l’âme, elle pria l’Éternel et versa des pleurs,» Éli le prêtre la croyait ivre («Éli pensa qu’elle était ivre, et il lui dit : Jusques à quand seras-tu dans l’ivresse ? Fais passer ton vin.» I Sam 13-14) C’est cette prière-là, quand notre âme ne prie plus avec des paroles mais en silence, meurtrie, qui sait infléchir le Seigneur.
    En résumé : Quand, le cœur peiné, nous ne savons plus avancer, alors la prière de la foi, pleine d’espérance, fera tomber la rosée de la Grâce sur la terre desséchée et stérile et de nouveau la fera reverdir.


archimandrite Cassien

mardi 19 août 2014

Transfiguration

Je viens d'arriver en Suisse pour y célébrer le dimanche prochain la divine Liturgie.

Bonne fête de la sainte Transfiguration de notre Sauver, pour tous ceux qui désirent également être transfigurés en Christ !

archimandrite Cassien


samedi 16 août 2014

baptêmes

Aujourd’hui, samedi le 3 (16) août furent baptisées, dans la rivière (un peu froide) Lia et sa fille Marie. La grande-mère est moniale au monastère de Kératéa.
Lundi, je partirai, plaise à Dieu, pour la Suisse pour quelques jours, y célébrer la divine Liturgie.

vôtre, 
en Christ, 

archimandrite Cassien

vendredi 15 août 2014

LES MARCHANDS CHASSÉS DU TEMPLE

A l’hermitage, je viens de terminer la fresque qui représente le Christ qui chasse les marchants du temple, – fresque que j’ai commencée il y a au moins vingt ans. Pendant la peinture, j’ai eu assez de loisir pour méditer sur cette scène.
Voici d’abord ce qu’en dit l’évangile :
«Ils arrivèrent à Jérusalem, et Jésus entra dans le temple. Il se mit à chasser ceux qui vendaient et qui achetaient dans le temple; il renversa les tables des changeurs, et les sièges des vendeurs de pigeons; et il ne laissait personne transporter aucun objet à travers le temple. Et il enseignait et disait : N’est-il pas écrit : Ma maison sera appelée une maison de prière pour toutes les nations ? Mais vous, vous en avez fait une caverne de voleurs.» (Mt 21,12-13 et Mc 11,15-17)
«Il trouva dans le temple les vendeurs de boeufs, de brebis et de pigeons, et les changeurs assis. Ayant fait un fouet avec des cordes, il les chassa tous du temple, ainsi que les brebis et les boeufs; il dispersa la monnaie des changeurs, et renversa les tables; et il dit aux vendeurs de pigeons : Otez cela d’ici, ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic. Ses disciples se souvinrent qu’il est écrit : Le zèle de ta maison me dévore.» (Jn 2,14-17)
Sur la fresque on voit donc le Seigneur, aux portes du sanctuaire, un fouet dans sa droite, poursuivant les marchands en fuite. L’argent par terre, la table renversée et les bêtes effrayés. 
(Cette fresque narrative est plutôt rare et ne figure pas sur les icônes portatives car ce sujet n’est pas pour la vénération.)
Pourquoi le Christ agit-Il ainsi, Lui qui est impassible et la douceur même ? Dans le cas présent, la gloire de Dieu, son Père, était en question et rien ne peut être au-dessus de cela. La profanation et le mépris de ces vendeurs méritaient cette réaction violente. Pourtant ce qu’ils vendaient était pour les offrandes du temple, mais cela devait se faire en dehors, en un endroit profane.
Déjà Néhemias , dans l’Ancien Testament, rencontra le même problème : «Or, avant cela, Eliasib, le prêtre, très proche allié de Tobias, demeurait dans le trésor du temple de notre Dieu. Et il s'était fait faire un vaste magasin dans le lieu où l'on déposait jadis les offrandes, l'encens, les vases, la dîme du blé, du vin et de l'huile, ce qui était dû aux lévites, aux chantres et aux portiers, et les prémices destinées aux prêtres. … et je reconnus le mal qu'avait fait Eliasib avec Tobias en lui faisant un magasin dans le parvis du temple de Dieu. Et cela me parut très mal; et je jetai hors du magasin tous les meubles de la maison de Tobias. Et je parlai, et on purifia le magasin, et j'y fis replacer les vases du temple, les offrandes et l’encens.» (Nehemias 13,4-10)
Donc Néhemias également usa de la violence. Saint Nicolas, en face des blasphèmes d’Arius, ne gifla t-il pas cet impie ? Les autres hiérarques enfermèrent le saint en prison, selon les canons de l’Église qui interdissent qu’un clerc frappe autrui. («Si un évêque, un prêtre ou un diacre frappe les fidèles pécheurs, ou les infidèles qui ont fait du mal, et veut par là leur faire peur, nous ordonnons que celui-là soit déposé; car le Seigneur ne nous a nulle part enseigné cela, bien au contraire, frappé, il n'a pas rendu les coups, insulté, il n'a pas insulté en retour, soumis à des souffrances, il n'a pas menacé de les rendre.» (Canon 27 des apôtres)
Pourtant la nuit même le Christ et la Toute-Sainte remettaient saint Nicolas dans ses fonctions, ce qui persuada les autres pères de l’innocence et du bien agir du saint.
Le prêtre Éli fut puni par Dieu à mort, ainsi que ses fils, pour ne pas avoir châtié ses fils pervers qui profanèrent le Temple. «Pourquoi foulez-vous aux pieds mes sacrifices et mes offrandes, que j’ai ordonné de faire dans ma demeure ? Et d’où vient que tu honores tes fils plus que moi, afin de vous engraisser des prémices de toutes les offrandes d’Israël, mon peuple ?» (I Sam 2,29)

Dans l’Ancien Testament se trouve aussi l’histoire d’Uzza, qui, mu par une bonne intention, voulut secourir l’Arche de l’Alliance et qui fut frappé à mort : «Lorsqu’ils furent arrivés à l’aire de Nacon, Uzza étendit la main vers l’arche de Dieu et la saisit, parce que les boeufs la faisaient pencher. La colère de l’Eternel s’enflamma contre Uzza, et Dieu le frappa sur place à cause de sa faute. Uzza mourut là, près de l’arche de Dieu. David fut irrité de ce que l’Eternel avait frappé Uzza d’un tel châtiment. Et ce lieu a été appelé jusqu’à ce jour Pérets-Uzza.» (II Sam 6,6)
On voit que David avait des sentiments purement humains; on dirait aujourd’hui humanistes, où Dieu n’est plus au centre mais l’homme.
Sur l’icône de la Dormition de la Vierge Marie, – qui est «le Temple très pur du Sauveur … le Tabernacle céleste», (Kontakion de la fête) dont le temple juif n’est qu’une figure, – on voit parfois le juif qui toucha le cercueil de manière sacrilège et l’ange lui trancha les mains.
En face de cette fresque, en question, se trouve une fresque de l’Entrée de la Toute-Sainte au Temple. Chaque fois, il s’agit du temple mais une fois le temple est profané et les profanateurs punis, et l’autre fois c’est le temple qui sanctifie et qui est sanctifié par la Vierge toute pure.

archimandrite Cassien

mercredi 6 août 2014

Dormition de sainte Anne

Pour la Dormition de sainte Anne voici un petit texte avec la fresque :



Une fresque rare du 13e siècle de sainte Anne allaitante 

"Et quand les jours furent accomplis, Anne se purifia après ses couches, donna le sein à l'enfant et l'appela du nom de Marie." (Protévangile de saint Jacques)


Dans l'Église métropolitaine Saint Étienne de Kastoria du 11e siècle, il existe une chapelle séparée à l'intérieur, dédiée à sainte Anne, avec des images peintes de sa maternité. Il y a trois représentations du 13e siècle de sainte Anne dans cette chapelle, en compagnie de celle d'une autre mère sainte et ses deux enfants, dont l'identité est discutable. Parmi les images de sainte Anne, il y en a une, connue du nom de Galactotrouphousa (allaitante), qui montre sainte Anne allaitant l'enfant Marie, dépeignant la tendresse, les soins, l'allaitement et l'amour maternels.

mardi 5 août 2014

SI TON OEIL...

SI TON OEIL...

«Si ta main ou ton pied est pour toi une occasion de chute, coupe-les et jette-les loin de toi; mieux vaut pour toi entrer dans la vie boiteux ou manchot, que d’avoir deux pieds ou deux mains et d’être jeté dans le feu éternel. Et si ton oeil est pour toi une occasion de chute, arrache-le et jette-le loin de toi; mieux vaut pour toi entrer dans la vie, n’ayant qu’un oeil, que d’avoir deux yeux et d’être jeté dans le feu de la géhenne.» (Mt 18,8-9)
Pourquoi le Christ le dit chaque fois en singulier (ton oeil, ta main etc.) ? Ne faudrait-t-il pas dire : tes yeux, car borgne, on peut autant regarder licencieusement, ou manchot également faire du mal ? Si on prend à la lettre le conseil du Seigneur, alors on fait fausse route. Il s’agit de saisir le sens et dépasser la lettre. Voici le sens : pour le royaume des cieux il faut être prêt à tout sacrifier, même les membres du corps.
D’ailleurs quand il est dit : «Il y a des eunuques qui le sont dès le ventre de leur mère; il y en a qui le sont devenus par les hommes; et il y en a qui se sont rendus tels eux-mêmes, à cause du royaume des cieux. Que celui qui peut comprendre comprenne.» (Mt 19,12)
Se châtier soi-même est interdit par l’Église et qui le fait est puni.
«Des eunuques qui se sont eux-mêmes mutilés, qu'il ne peuvent devenir clercs. Celui qui s'est mutilé lui-même, qu'il ne devienne point clerc, car il est meurtrier de lui-même et ennemi de la création de Dieu.
  Des clercs qui se sont eux-mêmes mutilés, qu'ils soient sujets à la déposition. Si un clerc se mutile lui-même qu'il soit déposé, car il est meurtrier de lui-même.
  Des laïcs qui se sont eux-mêmes mutilés, qu'ils soient punis de trois ans de pénitence. Le laïc qui s'est mutilé lui-même, qu'il soit excommunié pendant trois ans, car il est meurtrier de lui- même.» (Canons des apôtres 22-24)
Pour conclure, – ou si vous préférez, – en résumé : Dans l’Ecriture il y des passages qu’on peut prendre à la lettre, d’autres spirituellement, d’autres encore sont dits en images ou symboliquement. «Que celui qui peut comprendre comprenne !»

archimandrite Cassien