mardi 20 novembre 2018

Afrique

Plaise à Dieu, je partirai lundi prochain (13/26 novembre) pour l'Afrique jusqu'au 12/25 décembre. Je n'aurai ni téléphone ni internet. Ouff !

Archimandrite Cassien

mercredi 14 novembre 2018

À bâtons rompus

Une chose est la Volonté de Dieu et autre chose sa Permission. Dieu veut notre bien et même plus – ce qui est le mieux pour nous. Par contre, il permet, à cause de notre liberté, ce qui n’est pas nécessairement bien pour nous, qu’existent nos péchés, par exemple, ou l’humanité qui va à sa perte. Nous ne voyons pas plus loin que le bout de notre nez, tandis que le Seigneur inclut l’éternité. L’apôtre Paul demanda par trois fois que l’écharde lui fut enlevée, mais Dieu lui fit comprendre que : «Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans la faiblesse.»(II Cor 12,8-9) Le Christ Lui-même demanda : «Père, si tu voulais éloigner de moi cette coupe ! Toutefois, que ma volonté ne se fasse pas, mais la tienne.» (Lc 22,42) À ce moment-là sa volonté humaine, – qui ne voyait que la souffrance de la croix – s’unit parfaitement à la Volonté de son Père, qui voyait bien plus loin : le salut du monde qui passe par la croix.
L’heure de Dieu ? Quand les choses se font à l’heure de Dieu, tout se fait avec harmonie et maturité. Nous, par contre, voulons souvent précipiter les choses et nous récoltons alors des fruits immatures. Le résultat, ce sont des troubles spirituels, des maladies de l’âme etc. Pour se soumettre à la Volonté de Dieu, et attendre l’heure de Dieu, il nous faudra de la patience qui suppose le renoncement à notre volonté propre, – fruit de nos passions.
Tout est provisoire et caduque dans cette pauvre vie, mais à travers cela il nous faut construire ce qui sera éternel. Quand je pense et vois l’ermitage qui se dégrade, une icône abîmée, ou mon pauvre corps, par exemple, je ne suis pas triste et songe à ce à quoi ils ont contribué en vue du bien futur. Il faudra les quitter de toute façon, et ils ne sont pas non plus éternels. En même temps, ce provisoire, ce caduque, doit nous empêcher de vouloir nous installer définitivement et doit nous faire penser que nous ne sommes que de passage dans cette vie.
Attendre la perfection dans ce qui est terrestre, c’est une illusion, car «tout est vanité et poursuite du vent,» (Ec 1,14) comme dirait Salomon. Quand j’ai terminé de peindre une icône, je m’aperçois des imperfections au niveau matériel et artistique, ce qui n’empêche pas la grâce de se communiquer. Les icônes miraculeuses ne sont généralement pas des chefs-d’œuvres d’art, mais comme il est écrit plus haut : «ma puissance s’accomplit dans la faiblesse.» (II Cor 12,9) Les apôtres ont peut-être écrit l’évangile sans fautes d’orthographe ? La plupart étaient illettrés. L’apôtre Pierre a fait écrire son évangile par Luc et Prochore écrivait ce que Jean lui dictait. Pourtant ce qu’ils ont écrit durera jusqu’à la fin des siècles ! Ces imperfections involontaires précisément nous humilient et nous aident à construire notre homme intérieur et à abandonner l’homme du péché. Je termine imparfaitement avec les paroles de l’Apôtre : «C’est pourquoi nous ne perdons pas courage. Et lors même que notre homme extérieur se détruit, notre homme intérieur se renouvelle de jour en jour.» (II Co 4,16)
Post scriptum : À quoi servent les larmes dans la prière, fruits du deuil spirituel ? À nous laver de nos péchés et de nos imperfections, et quand elles coulent tout seules, sans effort, sans qu’on s’en rende compte, alors on n’est pas loin de la perfection selon Dieu.


archimandrite Cassien