dimanche 20 octobre 2013

Dormitions

Je viens d'apprendre que notre archevêque Nicolas vient de quitter cette vie pour une vie meilleure. Mémoire éternelle !
Le voici après sa dormition :



Le père Chrysanthe de Trikala, l'a précédé de quelques heures. 


Il est donc fort probable que j'aille en Grèce ces jours-ci.

Vôtre en Christ, 
archimandrite Cassien

jeudi 3 octobre 2013

CONSIDÉRATIONS



J’ai déjà dit, je répète et je persiste : les icônes byzantines sont peintes dans et pour l’Église. Je parle bien sûr de l’Église orthodoxe car dans les autres confessions, soi-disant chrétiennes, il n’y a tout au plus qu’une imagerie pieuse sans aucun fondement théologique. L’icône orthodoxe, par contre, a une base théologique, écrite avec du sang. L’iconoclasme a permis d’élaborer une théologie de l’icône très poussée.
L’icône fait partie d’un tout et s’harmonise avec tout l’édifice comme une pierre bien taillée. On n’a pas besoin de la retailler selon le goût du jour, sinon il n’en restera plus rien à la fin, comme on le voit dans les autres groupements chrétiens. On dit parfois que les icônes sont figées. Bien sûr toute l’Orthodoxie est figée si on suit les raisonnements de ses détracteurs. L’Orthodoxie pourtant est construite sur le roc et ce qui semble être figé n’est autre que la stabilité qui a su résister à travers les intempéries de l’histoire. Quand saint Siméon le Stylite se tenait immobile sur sa colonne, lors d’une intempérie glaciale, les gens en bas le croyaient mort. Pourtant il était ravi dans une vision de l’au-delà, et n’était, pour ainsi dire, plus de ce monde. L’Orthodoxie est dans ce monde mais n’est pas de ce monde. Elle a ses racines dans le ciel et il faut la regarder dans une perspective inversée comme parfois les bâtisses sur les icônes.
Les icônes ne sont jamais signées; tout au plus est parfois inscrit : «par la main d’un tel». C’est l’oeuvre de toute l’Église et l’iconographe n’est qu’un instrument qui exprime cette tradition qui s’est élaborée au cours des siècles, non sans souffrances, comme je dis plus haut. La même chose est valable aussi pour le chantre, le clergé, l’architecte, le théologien etc. Ils ne font que transmettre ce qu’ils ont reçu, c’est-à-dire le trésor sans prix de l’Orthodoxie. Pourtant chacun apporte sa contribution, donne un coup de marteau, jusqu’à ce que l'édifice soit achevé à la fin des temps. L’Église est toutefois déjà achevée et paradoxalement en construction, elle est toujours jeune et vieille à la fois, une jeune vierge au cheveux gris.
Une vielle icône est généralement abîmée, ternie et cependant pleine de grâce, à l’image de toute l’Orthodoxie ou du Crucifié dont le prophète a dit : «J’ai été seul à fouler au pressoir, … leur sang a jailli sur mes vêtements, et j’ai souillé tous mes habits.» (Is 63,3) Si l’icône est abîmée par la vénération, la suie, elle, a sanctifié des multitudes de fidèles qui ont prié devant elle au cours des siècles ; elle accomplit sa tâche, pour ainsi dire, pour l’édification de l’Église.
Si chacun de nous se sacrifie également pour l’Église alors il entendra se dire un jour : «Celui qui vaincra, je ferai de lui une colonne dans le temple de mon Dieu, et il n’en sortira plus; j’écrirai sur lui le nom de mon Dieu, et le nom de la ville de mon Dieu, de la nouvelle Jérusalem qui descend du ciel d’auprès de mon Dieu, et mon nom nouveau.» (Apo 3,12)

Archimandrite Cassien