mardi 11 mars 2014

Dimanche de l'Orthodoxie

1er Dimanche du Grand Carême
Dimanche de l'Orthodoxie

Peut-il venir de Nazareth quelque chose de bon ? 
Jean 1, 43-51

De l'Explication de l'évangile de saint Jean
par le bienheureux Théophylacte, archevêque d'Ochrid et de Bulgarie

43-45. Le lendemain, Jésus voulut Se rendre en Galilée, et Il rencontra Philippe. Il lui dit : Suis-Moi. Philippe était de Bethsaïda, de la ville d'André et de Pierre. Philippe rencontra Nathanaël, et lui dit : Nous avons trouvé Celui de qui Moïse a écrit dans la loi et dont les prophètes ont parlé, Jésus de Nazareth, fils de Joseph. 

André, après avoir écouté le Précurseur, et Pierre, après avoir écouté André, ont tous deux suivi le Christ. Mais il semble que Philippe, sans aucune suggestion de quelqu'un d'autre, obéit aussitôt à Jésus quand Il lui dit : Suis-moi. Comment fut-il convaincu de façon aussi instantanée ? Il apparaît, tout d'abord, que la Voix du Seigneur blessa son âme d'amour. Le son de la Voix du Seigneur n'était semblable à celui d'aucune autre; car en ceux qui étaient dignes, il allumait immédiatement un amour brûlant pour Lui. Comme le dirent Cleopas et l'autre disciple sur le chemin d'Emmaüs : Notre cœur ne brûlait-il pas au-dedans de nous, lorsqu'Il nous parlait en chemin et nous expliquait les Écritures ? (Lc 24, 32). De plus, Philippe avait sérieusement réfléchi dans son cœur, il étudiait constamment les livres de Moïse et attendait toujours la Venue du Christ; donc dès qu'il Le vit, il fut convaincu. C'est pourquoi il dit : Nous L'avons trouvé ! – ce qui montre qu'il L'avait toujours cherché. Peut-être avait-il appris aussi quelque chose d'André et de Pierre concernant le Christ. Puisqu'ils étaient de la même ville, il est vraisemblable qu'ils se soient parlé et aient discuté ensemble du Seigneur. L'évangéliste semble le laisser entendre lorsqu'il dit : Philippe était de Bethsaïda, de la ville d'André et de Pierre. C'était une ville très petite, plutôt comme un village. Nous devons donc nous émerveiller au pouvoir du Christ, qui choisit ses disciples les plus éminents à des endroits aussi insignifiants. Philippe ne garde pas cette bonne chose pour lui-même, mais la partage avec Nathanaël. Comme Nathanaël étudiait diligemment la Loi et la connaissait à fond, Philippe lui mentionne la Loi et les Prophètes. Philippe appelle le Seigneur "le fils de Joseph", puisqu'ils pensaient qu'Il était son enfant. Et il L'appelle "de Nazareth", bien qu'Il fût, à proprement parler, de Bethléem. Il naquit à Bethléem et fut élevé à Nazareth. Comme le mode de sa Naissance était caché à la plupart, tandis que son éducation était manifeste, ils L'appelaient Jésus de Nazareth.

46-48. Nathanaël lui dit : Peut-il venir de Nazareth quelque chose de bon ? Philippe lui répondit : Viens, et vois.  Jésus, voyant venir à Lui Nathanaël, dit de lui : Voici vraiment un Israélite, dans lequel il n'y a point de fraude. D'où me connais-Tu ? lui dit Nathanaël. Jésus lui répondit : Avant que Philippe t'appelât, quand tu étais sous le figuier, Je t'ai vu.

Philippe avait dit que le Christ était de Nazareth. Mais Nathanaël, versé dans la Loi, savait que, d'après les Écritures, le Messie devait venir de Bethléem. C'est pourquoi il dit : Peut-il venir de Nazareth quelque chose de bon ? Philippe répondit : Viens, et vois, sachant que, aussitôt après avoir goûté les Paroles du Christ, il ne Le quitterait jamais. Le Christ fait l'éloge de Nathanaël comme d'un vrai Israélite, qui n'a jamais rien dit ni pour plaire ni par inimitié. Les paroles de Nathanaël ne venaient pas d'un manque de foi, mais d'un intellect doué de discernement et bien versé dans la Loi, et qui savait que le Christ devait venir de Bethléem et non pas de Nazareth. Comment Nathanaël répond-il au Seigneur ? Devient-il orgueilleux à cause de ces propos de louange ? Pas le moins du monde. Persistant à désirer établir clairement et avec certitude l'identité de cet Homme, il demande : D'où me connais-Tu ? Alors, le Seigneur lui révèle sa Divinité même, en lui parlant de choses que personne ne pouvait savoir à part Nathanaël et Philippe, car ils ont parlé et agi sans témoin. Bien qu'Il ne fût pas présent, le Christ savait tout de la conversation entre Philippe et Nathanaël. C'est pourquoi Il dit : quand tu étais sous le figuier. Le Seigneur dit ces mots concernant Nathanaël, avant l'arrivée de Philippe, afin que personne ne pense soupçonner que Philippe Lui ait parlé du figuier et de sa conversation avec Nathanaël. Et Nathanaël comprit aussitôt qui était le Seigneur et Le confessa comme Fils de Dieu. Écoutez ce qu'il dit :

49-51. Nathanaël répondit et Lui dit : Rabbi, Tu es le Fils de Dieu, Tu es le Roi d'Israël. Jésus lui répondit : Parce que Je t'ai dit que Je t'ai vu sous le figuier, tu crois; tu verras de plus grandes choses que celles-ci. Et Il lui dit : En vérité, en vérité, vous verrez désormais le ciel ouvert et les anges de Dieu monter et descendre sur le Fils de l'homme. 

La prophétie a un grand pouvoir, plus grand même que les miracles, pour inciter un homme à croire. Les démons sont capables de simuler des miracles et ont l'air de les opérer. Mais personne ne peut avoir une connaissance d'événements futurs et les prédire avec exactitude, pas même un ange, et encore moins les démons. Donc le Seigneur attira à Lui Nathanaël en lui disant où il s'était tenu, que Philippe l'avait appelé à Lui, et qu'il était un vrai Israélite. Ayant entendu ces choses, Nathanaël entrevit la Grandeur du Seigneur autant qu'il le pouvait à ce moment-là,  et Le confessa comme Fils de Dieu. Cette confession ne fut pas cependant comme celle de Pierre (v. Mt 16,16-18). Pierre Le confessa comme Fils de Dieu, c'est-à-dire comme vrai Dieu. C'est pourquoi le Seigneur bénit Pierre et lui confia l'Église. Mais Nathanaël Le confesse simplement comme un homme qui, par la Grâce et par sa propre vertu, a été adopté comme fils de Dieu. C'est clair d'après ce qu'il dit ensuite : Tu es le Roi d'Israël. Voyez-vous ? Nathanaël n'a pas encore atteint la parfaite connaissance de la vraie Divinité du Seul-Engendré. Il croit en Lui comme en un homme bien-aimé de Dieu, comme au Roi d'Israël. S'il L'avait confessé comme vrai Dieu, il ne L'aurait pas appelé Roi d'Israël, mais Roi de toute chose. Donc le Seigneur ne le bénit pas comme Il bénit Pierre, et conduit ses pensées vers les hauteurs afin qu'il comprenne quelque chose de sa Divinité. Vous verrez désormais – dit-Il – les anges de Dieu monter et descendre sur le Fils de l'homme. Il dit par là : "Ne me comprenez pas comme un simple homme, mais plutôt comme le Maître des anges." Lui que les anges servent ne peut être un simple homme, mais seulement le vrai Dieu.


Tout cela, en fait, eut lieu à sa Crucifixion et à son Ascension. Comme le temps de sa Passion approchait, un ange du ciel le fortifia; à son Tombeau, il y avait un ange, et encore à son Ascension, comme le relate Luc (Actes 1,10-11). Certains ont compris le figuier comme représentant la Loi. Comme les figues, la Loi contient de la douceur, mais elle est difficile d'accès, couverte, comme de feuilles, par la rudesse des observations légales et la difficulté des commandements. Ils disent donc que le Seigneur vit Nathanaël, c'est-à-dire qu'Il le regarda avec faveur et connaissait ses pensées pendant qu'il était encore sous la Loi. Considère aussi cette interprétation, ô lecteur, si tu le trouves agréable : le Seigneur vit Nathanaël sous le figuier, c'est-à-dire sous la Loi, ou, dans la Loi, scrutant ses profondeurs. S'il n'avait pas scruté les profondeurs de la Loi, le Seigneur ne l'aurait pas vu. Sachez aussi que Galilée signifie "rouler en bas". Le Seigneur, donc, s'en alla à cet endroit du monde qui est tombé bas, c'est-à-dire à notre nature humaine. Et pendant que nous étions encore sous le figuier, sous l'emprise de la douceur du péché, qui est mêlée de beaucoup d'amertume à cause du regret et des châtiments qui la suivent, l'Ami de l'homme nous vit, et choisit ceux qui Le confessaient comme Fils de Dieu et Roi de chacun qui voit Dieu (car Israël signifie "voir Dieu"). En vérité, si nous persévérons avec zèle, Il nous comptera dignes de voir des choses plus grandes que celles-ci. Nous contemplerons des anges montant à la hauteur de la connaissance divine de Lui, et descendant encore, parce qu'ils ne peuvent connaître son Essence inconnaissable. En un autre sens, un homme monte quand il se plonge dans l'étude de la Divinité du Seul-Engendré, et il descend quand il est ravi dans la contemplation de son Incarnation et de sa Descente aux enfers.

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