samedi 26 septembre 2015

EXALTATION DE LA SAINTE CROIX

Venez, tous les peuples, prosternons-nous devant l'arbre de bénédiction par lequel nous vint l'éternelle justification; car celui qui sous l'arbre défendu séduisit notre premier Père jadis s'est laissé prendre au piège de la Croix; en quelle immense chute est entraîné celui qui imposa sa tyrannie au roi de la création ! Dieu lui-même par son sang efface le venin du serpent, et l'antique malédiction à juste titre méritée est annulée par l'injuste jugement qui condamne l'innocent; le mal causé par un arbre jadis devait trouver guérison en l'arbre de la Croix et l'Impassible par sa Passion délivrer de ses propres passions celui qui fut maudit sous l'arbre défendu. Gloire à ton : œuvre de salut : par elle, ô Christ notre Dieu, tu as sauvé l'univers dans ta divine bonté et ton amour pour les hommes. 
(Vêpres de l’exaltation de la sainte Croix)

samedi 12 septembre 2015

Exode



dans :


1940, France

Fuyant les combats et les zones occupées par l'ennemi, de files de réfugiés envahissent les routes. A pied, en vélo, en carriole attelée ou en voiture; emportant tous leurs biens, ou seulement les quelques hardes qu'ils ont sur leur dos; se rendant chez quelque vague cousin, ou Dieu sait où, ils avancent.
Parmi eux, certains sont de "bons français", sans nul doute. Mais pour d'autre, un doute plane. Par exemple, peut-on faire confiance à ces Alsaciens qui, pour la plupart, ne parlent pas un mot de français et ne vont même pas à la messe ? Ne sont-ils pas une sorte de "cinquième colonne", prêts à se joindre à l'ennemi à la première occasion ?

On a appelé cette période "l'exode", en référence au livre biblique racontant la sortie d'Egypte par les Hébreux.  L’exode … pas la traversée de la Mer Rouge à pied sec, non; plutôt la troupe errante de migrants dépenaillés fuyant l'esclavage et se rendant Dieu sait où …

Une troupe de fuyards qui se présente à la frontière du territoire d'Edom en demandant à traverser. (Nombres 20,14-21) Mais quel crédit accorder à "ces gens là" ? Au nom de quoi devrait-on les laisser passer, au risque de les voir se transformer en pillards incontrôlables ?
Aussi, la réaction du roi d'Edom est logique. Terriblement logique : chacun chez soi.
C'est justement pour contrer cette logique du rejet de l'autre que, répandue en toutes parts de la Bible, se trouve l'injonction de faire bon accueil au pauvre,  à l'étranger**…

Aujourd'hui, ils sont des milliers à fuir  : combat, dictature, misère. Comment, en tant que chrétiens, pourrions-nous leur refuser notre aide ?
Je ne parle pas des décisions de nos gouvernements. Les logiques des Etats, avec leurs jeux d'influence, leurs intérêts masqués, leurs diplomaties sont choses complexes, souvent impénétrables. Mais nous, comment pourrions-nous opter pour la "politique d'Edom" ? Pourrions-nous le faire au nom du Christ qui a dit "J'étais étranger et vous m'avez accueilli" ?

Soit, mais ces migrants méritent-ils tous notre aide ? Franchement, je n'en sais rien. Et, d'une certaine manière, ce n'est pas la question. Comme l'écrivait St Ambroise de Milan : "La miséricorde n'a pas pour habitude de juger des mérites mais de subvenir aux nécessités, elle aide le pauvre et n'examine pas la justice"***.

Oh, je sais bien, il y a tout un battage médiatique autours de ces migrants, et certains affirment que les médias font leurs possibles pour influer sur nos décisions, voire nous manipuler. C'est bien possible, mais à ma connaissance, ce ne sont pas des journalistes qui ont écrit les  Evangiles, ni qui publient les oeuvres des Pères de l'Eglise, et c'est là – et non dans un journal TV ou papier – que je trouve les raisons d'écrire ce billet.

Enfin, certains – qui regardent les Levantins, ou plutôt les musulmans, avec ce mélange de crainte et de mépris que l'on a pour l'inévitable ennemi – nous prédisent guerres et malheurs si nous accueillons sur notre sol des réfugiés masse. Soit, peut-être n'ont-ils pas tort. Mais nos nations "chrétiennes" et "post-chrétiennes" n'ont pas attendu cette hypothétique invasion pour se faire des guerres aussi meurtrières que réciproques et successives.

Bref, ayant écrit tout cela, je comprends fort bien les réticences de certains. Mais il y a deux logiques : celle d'Edom – sans doute plus confortable – et celle des Evangiles. Et il faut bien choisir.

Notes
** Citons seulement Ex. 23.9, Ps 146.9, Zach 7.10, Mt 25.34-40, Lc 10.25-37 ; mais nous pourrions multiplier les exemples.
*** De Naboth 8.40


Il faut se rappeler que, par rapport aux malheureux, le devoir et l'utilité ne consistent pas à examiner et à juger, mais à faire le bien. Mgr Philarète de Moscou

samedi 5 septembre 2015

LE PARDON DE L’AVORTEMENT



 Le «pape» a, ces jours-ci, dans une lettre adressée à  l’archevêque Fisichella, «décidé, nonobstant toute chose contraire, d’accorder à tous les prêtres, pour l’année jubilaire, la faculté d’absoudre du péché d’avortement tous ceux qui l’ont provoqué, et qui, le cœur repenti, en demandent pardon»
L’interruption volontaire de grossesse ne peut être d’ordinaire formellement pardonnée que par un évêque, par le principal confesseur du diocèse, ou par un missionnaire, a précisé le porte-parole adjoint du Vatican, Ciro Benedettini.


Tout cela est bien joli, mais voyons la pratique dans l’Église orthodoxe au sujet de l’avortement : une femme qui avorte et se confesse avec un cœur contrit peut recevoir l’absolution du confesseur. Bien que ce soit un péché grave, considéré même comme un meurtre (bien que cela déplaise à ceux qui ont l’esprit du siècle !), l’excommunication pour un certain temps et une pénitence s’imposent et le confesseur en décide avec discernement et selon d’éventuelles circonstances atténuantes.
Voici ce que le synode local d’Ancyre, dans son 21ème canon stipule : «Les femmes qui se prostituent, et tuent leurs nouveau-nés ou qui cherchent à les détruire dans leur sein, étaient excommuniées par l'ancienne ordonnance jusqu'à la fin de leur vie; nous avons adouci cette mesure et leur ordonnons de faire dix ans de pénitence selon les divers degrés.»
Saint Basile écrit : «Celle qui a usé des moyens de tuer l'enfant qu'elle portait dans son sein est responsable d'un meurtre. La distinction entre fœtus déjà formé et foetus non-formé n'existe pas chez nous. Dans notre cas on ne venge pas seulement l'enfant à naître, mais on punit aussi «celui qui a attenté à sa propre vie», vu que le plus souvent les femmes succombent à de tels actes. La mort de l'enfant à naître s'y ajoute, comme un autre meurtre, dans l'estimation du moins de celles qui osent cela. Il ne faut cependant pas différer leur absolution jusqu'à l'heure de la mort, mais les admettre à la pénitence des dix ans, et juger de leur guérison non pas d'après le temps, mais d'après leurs dispositions.» (canon 2)
Le 91 canon du Concile «in Trullo» décide : «Les femmes qui procurent les remèdes abortifs et celles qui absorbent les poisons à faire tuer l’enfant qu’elles portent, nous les soumettons a la peine canonique du meurtrier.»
L’avortement n’est permis que si la vie de la mère est en danger selon un canon qui m’échappe pour le moment.
Bien sûr n’importe quel confesseur peut pardonner l’avortement et cela n’est pas réservé à l’évêque.


archimandrite Cassien