samedi 21 juin 2014

questions

Question :
Pourquoi sur les icônes de la Pentecôte représente-t-on la Mère de Dieu, alors qu'elle a déjà l'Esprit saint en elle ? Elle ne peut le recevoir une seconde fois !
Réponse :
Sur les icônes byzantines, elle n'est pas représentée. Si elle l’est pourtant, c’est dû à une influence latine et à l’ignorance de l’iconographe.

Question :
Alors comment se fait-il que dans les Actes des apôtres elle est au cénacle avec eux lorsqu'ils reçoivent l'Esprit saint ?
Réponse :
Elle fut évidemment présente et ne se cacha pas. L’icône n’est pas historique mais théologique, sinon il faudrait aussi représenter tous les fidèles présents ce jour-là, et il ne faudrait pas représenter l’apôtre Paul qui était encore Saül, le persécuteur.
En bas de l’icône est représenté un vieillard couronné qui tient 12 rouleaux sur ses bras. Il symbolise le monde (cosmos) évangélisé. «Ceux qui acceptèrent sa parole furent baptisés; et, en ce jour-là, le nombre des disciples s’augmenta d’environ trois mille âmes,» (Ac 2,41) lors de la fête. Parfois c’est le prophète Joël qui dit : «Je répandrai mon esprit sur toute chair, et vos fils et vos filles prophétiseront; vos vieillards auront des songes, vos jeunes gens verront des visions. En ce jour, je verserai mon esprit sur mes serviteurs et sur mes servantes» (2,28-29).
Au milieu des apôtres, la place est vide. Là se trouve invisiblement le Christ, qui est parmi nous jusqu’à la fin des siècles.

Question :
Une dernière question : Pourquoi ce vieillard porte-t-il une couronne ?
Réponse :
Je pense que c’est pour signifier le monde déchu, ce qui est mondain, («Je te donnerai toute cette puissance, et la gloire de ces royaumes; car elle m’a été donnée, et je la donne à qui je veux.» [Lc 4,6] – disait le diable au Christ) auquel les apôtres apportent précisément la bonne Nouvelle, et sur lequel l’Esprit saint est répandu. Il est assis dans une caverne obscure, signifiant les ténèbres du péché. «Le peuple qui marchait dans les ténèbres voit une grande lumière. Sur ceux qui habitaient le pays de l’ombre de la mort une lumière resplendit.» (Is 9,2, cf. Mt 4,16 et Lc 1,79)


archimandrite Cassien


dimanche 15 juin 2014

téléphone

le numéro du téléphone fixe au foyer est finalement :
0411450010
le portable :
0616804541

en Christ, 
a. Cassien

dimanche 8 juin 2014

Homélie sur la Pentecôte

1. Ils sont grands, mes bien-aimés, et ils surpassent de beaucoup le langage humain les trésors dont nous sommes redevables aujourd'hui à la bonté de notre Dieu. Réjouissons-nous donc tous unanimement, et chantons avec transport les louanges du Seigneur. C'est pour nous une fête, une grande solennité que le jour présent. De même que, par suite des révolutions des saisons, l'une succède à l'autre, ainsi dans l'Eglise, une fête succède à une autre fête, en sorte qu'elles nous conduisent les unes vers les autres. Il n'y a pas longtemps, nous avons fêté la croix, la passion, la résurrection, et ensuite l'ascension de notre Seigneur Jésus Christ dans le ciel. Aujourd'hui, nous voici arrivés au comble de tous les biens, nous voici parvenus à la métropole des solennités, nous voici prêts à recueillir les fruits de la promesse du Seigneur. «Si je m'en vais, nous disait-il, je vous enverrai un autre Consolateur, et je ne vous laisserai point orphelins.» (Jn 16,7) Voyez-vous sa sollicitude ? voyez-vous son ineffable charité ? Il y a quelques jours à peine, il est retourné dans les cieux, il est rentré en possession du trône royal, il a repris son siège à la droite du Père; et aujourd'hui il nous gratifie de la venue de l'Esprit saint, et il nous envoie du haut des cieux des biens innombrables. N'est-il pas vrai, je vous le demande, que tous les biens nécessaires à notre salut nous ont été dispensés par ce divin Esprit ? Par lui nous sommes délivrés de tout esclavage, nous sommes appelés à la liberté, nous sommes élevés à l'adoption des enfants, nous recevons pour ainsi dire une nouvelle nature et nous sommes déchargés du lourd et dégoûtant fardeau de nos péchés. C'est à l'Esprit saint que nous devons les chœurs des prêtres, l'ordre des docteurs. De cette source découlent et la grâce des révélations et celle de guérir les maladies. Enfin, c'est là que toutes les choses qui concourent à la beauté de l'Eglise de Dieu, trouvent leur principe. 

Aussi Paul s'écrie-t-il : «Tous ces effets, un seul et même Esprit les produit, les divisant à chacun en particulier, comme il l'entend.» (I Cor 12,11) Comme il l'entend , dit l'Apôtre, et non comme il lui est ordonné; il divise, mais il n'est pas divisé; il agit en souverain, mais il n'est soumis à aucune souveraineté. La même puissance qu'il déclare appartenir au Père, Paul l'attribue également au saint Esprit. Comme il dit du Père : «C'est Dieu qui fait tout en toute chose,» (Ibid. 6) il dit du saint Esprit : «Tous ces effets, un seul et même Esprit les produit, les divisant à chacun en particulier, comme il l'entend.» (Ibid., 11) Telle est la perfection de sa puissance. Du reste, là où la nature est la même, il faut évidemment que l'autorité soit la même; là où la dignité est égale, il doit y avoir une seule et même puissance, une seule et même vertu. C'est à l'Esprit saint encore que nous devons la rémission de nos péchés; c'est par lui que nous avons été purifiés de toute souillure; par sa bienfaisance, d'hommes que nous étions, nous sommes devenus des anges, nous qui avons reçu la grâce : non pas que nous ayons changé de nature, mais ce qui est encore plus admirable, tout en gardant la nature humaine, nous menons une vie pareille à celle des anges. Voilà ce que fait la vertu de l'Esprit saint. De même que le feu sensible transforme en un corps solide, l'argile molle que l'on soumet à son influence; de même l'âme qui est soumise au feu de l'Esprit divin, fût-elle plus molle que l'argile, deviendra, si les dispositions en sont bonnes, plus solides que le fer. Pareillement, celui qui peu auparavant était souillé de la fange du péché, le saint Esprit le rendra, en un instant, plus resplendissant que le soleil. Et voilà ce que le bienheureux Paul nous enseignait lorsqu'il nous disait de sa grande voix : «Ne vous y trompez pas, ni les impudiques, ni les idolâtres, ni les adultères, ni les voluptueux, ni les abominables, ni les avares, ni les voleurs, ni les intempérants, ni les médisants, ni les ravisseurs du bien d'autrui, n'auront part à l'héritage du royaume de Dieu.» (I Cor 6,9-10) Et, après avoir énuméré en quelque sorte toutes les espèces de vices, et nous avoir appris que les personnes livrées à des crimes de ce genre n'auront rien à attendre du céleste royaume, il ajoute aussitôt : «Et c'est là ce que quelques-uns d'entre vous ont été autrefois; mais vous avez été lavés, mais vous avez été sanctifiés, mais vous avez été justifiés.» (Ibid., 11) – Comment, de quelle manière ? dites-le nous; car c'est là ce qui nous intéresse. – «Au nom de Jésus Christ notre Seigneur, répond-il, et par l'Esprit de notre Dieu.» (Ibid.) Voyez-vous, mon bien-aimé, quelle est la vertu de l'Esprit saint ? Voyez-vous cet esprit effaçant toutes nos iniquités et honorant en un instant de la dignité la plus haute, ceux que leurs prévarications vouaient auparavant à la perdition ?
2. Qui déplorera ensuite, qui plaindra, comme il le mérite, le sort de ces hommes qui attaquent par leurs blasphèmes la majesté de l'Esprit saint, qui, en proie à une espèce de démence, ne sauraient être détournés par la grandeur des bienfaits qu'ils ont reçus, des sentiments de l'ingratitude la plus noire ? Poussant l'audace jusqu'à compromettre de toute façon leur propre salut, ils dépouillent cet Esprit saint, autant qu'il est en eux, de la dignité souveraine, et s'efforcent de le rabaisser au rang des créatures. Je leur adresserais volontiers cette question : Pourquoi donc, malheureux, cette guerre acharnée que vous faites à la majesté du divin Esprit, ou plutôt à votre propre salut ? Ne laisserez-vous donc pas pénétrer dans votre cœur ces paroles du Sauveur à ses disciples : «Allez, enseignez toutes les nations, baptisez-les au nom du Père, du Fils et du saint Esprit ?» (Mt 28,19) Voyez-vous exprimée par ces paroles l'égalité d'honneur, la parfaite harmonie, l'indivisibilité qui caractérise la Trinité ? Rien qui indique en elle la moindre différence, le moindre changement, la moindre diminution. Comment osez-vous altérer le sens des paroles du Maître ? Ignorez-vous que, dans les choses humaines, si quelqu'un essayait ou entreprenait dans son audace, d'ajouter ou d'effacer quoi que ce soit, dans une pièce émanée de l'Empereur, quoique l'Empereur possède la même nature et appartienne à la même race que nous, le dernier supplice punirait l'auteur d'un pareil attentat, sans que rien pût le soustraire à ce châtiment ? Si tel est le danger qui nous menacerait dans l'ordre des choses humaines, quel pardon espéreraient ceux qui poussent la folie jusqu'à essayer d'altérer le langage sorti de la bouche de notre Sauveur, et jusqu'à fermer l'oreille à la parole de Paul, qui, rempli du Christ dont il est l'organe, nous crie d'une voix éclatante : «L'œil de l'homme n'a point vu, son oreille n'a point entendu, son cœur n'a point compris les biens que Dieu a préparés à ceux qui l'aiment.» (I Cor 2,9) Mais si l'œil n'a point vu, si l'oreille n'a point entendu, si le cœur n'a pu comprendre les biens préparés par Dieu à ceux qui l'aiment, comment, ô bienheureux Paul, pourrons-nous en acquérir la connaissance ? – Attendez un instant, et vous verrez Paul nous l'apprendre. Il ajoute, en effet : «Mais Dieu nous l'a révélé par son Esprit.» (Ibid. 10) Il ne s'arrête pas là : afin de nous montrer la grandeur de la puissance de l'Esprit saint, et l'identité de sa substance avec celle du Père et du Fils, «l'Esprit, dit-il, pénètre tout, même les profondeurs de Dieu.» Désirant, ensuite, nous faire mieux saisir sa doctrine, il recourt à des comparaisons humaines, et il ajoute : «Qui d'entre les hommes connaît ce qui est dans l'homme, sinon l'esprit de l'homme qui est en lui ? De même, personne ne connait ce qui est en Dieu, sinon l'Esprit qui est en Dieu.» (Ibid., 11) Voyez-vous la parfaite clarté de cette doctrine ? De même, dit-il, que personne n'est capable de connaître ce qui se passe dans l'esprit d'un homme, si ce n'est cet homme seul; de même, personne ne connaît ce qui se passe en Dieu, si ce n'est l'Esprit de Dieu : comparaison frappante et très propre à nous instruire de la dignité de l'Esprit saint. En employant cette comparaison, l'Apôtre semble nous dire : il est impossible, assurément, qu'un homme puisse ignorer ce qui se passe dans son âme. Eh bien, si cela est impossible, il ne l'est pas moins que les choses de Dieu ne soient pas connues aussi parfaitement du saint Esprit. Evidemment le bienheureux apôtre en s'exprimant de cette manière, atteint les hommes qui, suivant leur pensée particulière, combattent avec acharnement, au détriment de leur salut, la divinité de l'Esprit, le dépouillent autant qu'il est en eux, de la majesté souveraine, et l'abaissent au niveau des choses créées. Mais si ces hommes possédés de l'esprit de dispute, combattent ouvertement les enseignements de la divine Ecriture, pour nous, accueillons ces enseignements divins comme des oracles descendus des cieux, rendons au Seigneur les louanges qui lui sont dues, et mettons notre conduite d'accord avec la rectitude de la foi, avec la vérité. 
Quant il ceux qui s'efforcent d'enseigner une doctrine contraire aux enseignements de l'Esprit lui-même, ce qui précède suffit pour les réfuter. Il nous faudrait maintenant dire à votre charité pourquoi le Seigneur ne nous a pas envoyé l'auteur de si grands biens, aussitôt après son ascension dans les cieux; pourquoi il a laissé quelques jours s'écouler, en sorte que les disciples se trouvaient livrés à eux-mêmes lorsque la grâce de l'Esprit leur fut envoyée. Ce n'est point sans raison ni sans but que ces choses se sont passées de la sorte. Dieu n'ignorait pas que le genre humain n'apprécie pas comme ils le mériteraient les biens dont il lui a donné la jouissance, et qu'il n'attache pas l'estime convenable aux avantages qui lui sont accordés, tant que les maux opposés ne lui en ont pas fait sentir par contraste la douceur et le prix. Ainsi, par exemple, pour mettre ce point en parfaite évidence, celui dont le corps est sain et vigoureux, ne sent pas et ne saurait parfaitement comprendre de quels biens il est redevable à la santé, tant qu'il n'a pas fait l'expérience de quelques maladies et de quelques infirmités : de même celui qui voit le jour reparaître, n'est frappé de cette apparition de la lumière, que parce qu'il a fait l'expérience de l'obscurité de la nuit. En effet, l'expérience des maux opposés nous donne toujours la claire connaissance des biens dont nous jouissions auparavant. C'est pourquoi, au temps du Sauveur, les disciples avaient joui, par sa présence, d'une infinité de biens et ils trouvaient à converser avec lui une rare félicité : leurs visages étaient pour tous les habitants de la Palestine comme autant de flambeaux vers lesquels ceux-ci tournaient leurs regards. Les disciples de Jésus ressuscitaient les morts, guérissaient les lépreux, chassaient les démons, délivraient les hommes de leurs maladies et opéraient une foule d'autres prodiges. C'est à cet éclat de renommée et de considération qu'ils étaient parvenus, lorsque le Sauveur permit qu'ils fussent quelque temps séparés de Celui dont la vertu les assistait, afin que, laissés il eux-mêmes, ils apprissent ce qu'ils devaient au bienfait de sa présence, et que, appréciant comme il convenait les biens passés, ils se préparassent il recevoir avec une ardeur plus grande la grâce du Consolateur. Car, le saint Esprit les consola véritablement dans leur tristesse, les réjouit de sa divine lumière, quand l'éloignement de leur maître les remplissait d'amertume et d'un sombre chagrin; il les releva au moment où ils allaient entièrement succomber; il dissipa les nuages de leur douleur, et mit un terme à leurs angoisses. 
Lorsqu'ils eurent entendu cette parole du Seigneur : «Allez, enseignez toutes les nations;» (Mt 28,19) les apôtres n'en étaient pas moins dans l'ignorance et dans le doute, à l'endroit de la direction que chacun devait prendre, et de la partie du monde où ils devaient annoncer l'Evangile. Le saint Esprit descend sous la forme de langues, il indique à chacun les contrées de la terre où il doit enseigner, et, au moyen de la langue dont il lui accorde la science, il assigne à chacun comme par une lettre de créance, les limites des fondions et de l'enseignement dont il est chargé. Voilà pourquoi l'Esprit apparut sous forme de langues : il le fit encore, pour nous remettre en mémoire un fait de la plus haute antiquité. Les hommes en étaient venus autrefois à un tel point de démence, qu'ils entreprirent de bâtir une tour qui s'élèverait jusqu'aux cieux, et le Seigneur avait brisé par la division des langues l'accord de leurs desseins pervers; en apparaissant maintenant sous la forme de langues de feu, l'Esprit saint ramène la concorde sur la terre livrée antérieurement à la division. Il arriva, à ce sujet une chose nouvelle et étrange : de même que la division des langues produisit autrefois sur la terre la division des peuples, et substitua cette division à l'unité qui régnait parmi les hommes pervers, de même aujourd'hui les langues rendent l'unité à la terre, et substituent à la division l'harmonie. 
Telle est la raison pour laquelle l'Esprit se montra sous la forme de langues; il se montra sous la forme de langues de feu, pour consumer en nous les ronces et les épines du péché. Une terre grasse et fertile qui n'est point cultivée, produit des épines en abondance : ainsi la nature humaine, qui était sortie des mains de Dieu bonne et propre à porter en abondance des fruits de vertu; parce qu'elle n'avait point été déchirée par le soc de la piété et qu'elle n'avait point reçu la semence de la connaissance de Dieu, avait produit des épines et une foule d'autres plantes inutiles; elle avait produit l'impiété. Et comme souvent la surface de la terre disparait complètement sous la multitude des épines et des mauvaises herbes, de même ce qu'il y avait de noble et de pur dans notre lime, resta caché jusqu'à ce que vint le cultivateur de la nature humaine; jusqu'à ce que, la remettant au feu de l'Esprit, il l'eût purifiée et rendue capable de recevoir en son sein la céleste semence. 
3. Ces biens si considérables et une foule d'autres encore, nous ont été accordés en ce jour. C'est pourquoi, je vous en conjure, par la haute valeur de ces mêmes biens, mettons-nous tous en fête. Il ne s'agit pas de parer nos portes de couronnes, mais d'embellir nos âmes; non point d'orner la place publique de riches tapis, mais de donner à notre âme le vêtement splendide de la vertu. De cette façon, il nous sera permis de recevoir la grâce de l'Esprit, et d'en recueillir les fruits précieux, Et quels sont les fruits de l'Esprit saint ? Ecoutons ces paroles de Paul : «Les fruits de l'Esprit saint sont : la charité, la joie, la paix.» (Gal 5,22) Remarquez la précision de son langage, l'enchaînement de sa doctrine : il met en première ligne la charité, et ne parle qu'ensuite des autres fruits. Il commence par planter la racine avant d'en montrer les rejetons; il établit le fondement avant d'élever l'édifice; il part de la source avant d'arriver aux fleuves. En effet, nous ne saurions nous réjouir à bon droit, si nous ne regardons la prospérité des autres comme notre propre prospérité, et si nous n'estimons comme notre bien propre, le bien qui arrive au prochain. Or, ces sentiments n'apparaîtront que là où règne l'empire de la charité, La charité est la racine, la source, la mère de toute sorte de biens. Elle est la racine d'où s'élancent d'innombrables rameaux de vertus, la source d'où jaillissent une infinité de ruisseaux, la mère qui abrite dans sou sein ceux qui cherchent auprès d'elle un refuge. Aussi le bienheureux Paul, comprenant ces choses, a-t-il appelé la charité, le fruit de l'Esprit. Ailleurs même, il lui accorde une telle excellence, qu'il voit en elle la plénitude de la loi : «La plénitude de la loi, dit-il, est la charité,» (Rom 13,10) Le Seigneur de toute chose, quand il s'agit d'indiquer un signe suffisant et un caractère infaillible, auxquels on reconnaîtrait ses disciples, ne les cherche point ailleurs que dans la charité. «A cela tous les hommes reconnaîtront que vous êtes mes disciples, si vous vous aimez les uns les autres.» (Jn 13,35) 
Cherchons donc tous un asile auprès de la charité, attachons-nous, je vous en supplie, étroitement à elle, et accueillons la solennité présente avec un cœur où règne la charité. Là où règne la charité, les misères de l'âme ne tardent point à disparaître: là où règne la charité, les mouvements contraires à la raison, font place à un calme parfait. «La charité, dit l'Apôtre, n'agit jamais témérairement, elle ne s'enfle point d'orgueil, elle n'est point ambitieuse.’ (I Cor 13, 4-5) La charité ne fait point de mal au prochain : là où s'exerce l'empire de la charité, il n'y aura point de Caïn, immolant son frère. Tarissez la source de l'envie, et vous aurez desséché le fleuve de tous les maux : coupez la racine, et vous aurez retranché le fruit. Si je parle de la sorte, c'est que les envieux m’inspirent plus de sollicitude que les personnes objet de leur envie. Les envieux se font il eux-mêmes le plus grand mal, ils s'exposent à la plus grande des calamités; tandis que les personnes objet de l'envie trouveront, si elles le veulent, dans leurs épreuves, une moisson de couronnes. Voyez, s'il vous plaît, les louanges chantées en l'honneur du juste Abel, sa gloire qui s'étend tous les jours, et sa triste fin, devenue pour lui l'occasion d'une renommée glorieuse. Après sa mort, le sang d'Abel réclame hautement vengeance; il poursuit le fratricide d'une voix retentissante et accusatrice. Caïn, au contraire reçut dès cette vie le juste fruit de son forfait, et il passa son existence sur la terre à gémir et à trembler. Immolé et gisant sur le sol, Abel n'en eut que plus de puissance et d'autorité. Si le crime de Caïn réduisit le fratricide à mener une vie plus triste que la mort, la vertu de son frère n'obtint par la mort que plus de splendeur. Et nous aussi, pour acquérir une plus grande confiance dès ce monde et puis dans l'autre, pour recueillir de cette fête des joies plus abondantes, rejetons les haillons qui couvrent notre âme, et dépouillons-nous surtout du vêtement de l'envie. Quelque bonnes que paraissent être nos actions, elles seront perdues pour nous, si nous sommes infectés de cette funeste et sauvage passion. 

Puissions-nous tous nous y soustraire, et principalement ceux qui ont aujourd'hui déposé dans les eaux de la grâce le vêtement antique de leurs péchés, et dont l'éclat peut désormais rivaliser avec celui des rayons du soleil. Vous donc, qui en ce jour avez été inscrits au nombre des enfants adoptifs du Seigneur, vous qui avez revêtu cette tunique glorieuse, conservez avec le plus grand soin, je vous en conjure, l'éclat que vous possédez maintenant, fermez de toute part l'accès au démon, et, recueillant ainsi en plus grande abondance la grâce de l'Esprit, vous fructifierez dans la proportion de trente, de cinquante ou de cent, et vous mériterez d'aller avec confiance au-devant du Roi des cieux lorsqu'il viendra récompenser par d'ineffables biens, les âmes qui auront passé la vie présente dans la pratique de la vertu; par Jésus Christ notre Seigneur, auquel gloire et puissance soient, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Amen. 

saint Jean Chrysostome (seconde homélie sur la Pentecôte)

dimanche 1 juin 2014

Dimanche de 318 saints Pères

7e Dimanche de Pâques
Dimanche des Pères du Premier Concile Œcuménique
Jean 17,1-13
De l'Explication de l'évangile de saint Marc
par le bienheureux Théophylacte, archevêque d'Ochrid et de Bulgarie

1-3. Après avoir ainsi parlé, Jésus leva les yeux au ciel, et dit : Père, l’heure est venue ! Glorifie ton Fils, afin que ton Fils Te glorifie, selon que Tu Lui as donné pouvoir sur toute chair, afin qu’Il accorde la vie éternelle à tous ceux que Tu Lui as donnés. Or, la vie éternelle, c’est qu’ils Te connaissent, Toi, le seul vrai Dieu, et Celui que Tu as envoyé, Jésus Christ.

Ayant encouragé ses disciples à affronter courageusement les tribulations à venir, le Christ leur remonta encore le moral, cette fois-ci par la prière. En priant, Il nous enseigne que lorsque des tentations nous assaillent, nous devons mettre toutes autres choses de côté et nous réfugier en Dieu. Cependant, on pourrait dire que Jésus ne priait pas en réalité, mais conversait avec le Père. Ne soyez pas surpris de ce qu’il est dit ailleurs que Jésus priait, en s’agenouillant par terre (v. Mt 26,39). Car le Seigneur est venu, non seulement pour Se révéler à nous, mais pour nous enseigner toute vertu par son propre exemple, en bon éducateur. En nous montrant qu’Il va de plein gré à sa Crucifixion, Il dit : Père, l’heure est venue ! Voyez combien Il languit pour la Passion et l’accueille. Il l’appelle sa Gloire, et la Gloire de son Père, car en effet, par la Passion, tous les deux furent glorifiés. Avant la Crucifixion, Il était pratiquement inconnu, même par les Juifs : Israël ne Me connaît pas (Is 1,3), dit-Il. Après, le monde entier affluait à Lui.

Qu’est-ce, exactement, que la «Gloire» qui appartient à Lui et au Père ? C’est le bénéfice de toute chair par les Dons de Dieu. C’est cela, la Gloire de Dieu. Le Seigneur avait auparavant ordonné à ses disciples de ne pas suivre la voie des Gentils (Mt 10,5). Maintenant, la Grâce n’est plus limitée aux Juifs. Elle est offerte au monde entier. À cet effet, le Seigneur projetait d’envoyer les apôtres vers les Gentils. Mais de crainte que les disciples ne s’imaginent que ce projet était sa propre Idée, contraire à la Volonté du Père, Jésus leur rappelle que c’est le Père qui Lui a donné pouvoir sur toute chair. En quel sens le Christ a-t-Il pouvoir sur toute chair, alors que, comme nous le savons, tout le monde ne croit pas ? Le Christ S’efforce d’amener tout le monde à la foi. Si certains refusent de L’écouter, ce n’est pas de sa faute, mais la faute de ceux qui rejettent son Enseignement. Quand il est dit que le Père «donne» quelque chose au Fils, ou que le Fils «reçoit» quelque chose du Père, comprenez que de telles expressions sont une condescendance à la compréhension limitée de ses auditeurs, comme nous l’avons signalé plus tôt. Le Christ était toujours attentif à éviter de parler ouvertement de sa Divinité. Les Juifs auraient été outrés de L’entendre Se déclarer divin, donc Il disait seulement autant qu’ils pouvaient porter à ce moment. Nous usons d’une condescendance semblable quand nous parlons à des enfants : sans nommer l’objet, nous montrons le pain ou l’eau et demandons : «Veux-tu de cela ?» Souvenez-vous comment, au début de l’évangile, l’évangéliste affirma avec audace, concernant le Christ : Toutes choses ont été faites par Lui (Jn 1,3), et À tous ceux qui L’ont reçu, Il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu (Jn 1,12). Comment peut-Il donc, Lui qui donne à d’autres le pouvoir de devenir enfants de Dieu, manquer de Divinité en Lui-même et la demander comme un Don au Père ? Comprenez donc qu’une réalité supérieure est à la base de l’humble déclaration. À tous ceux à qui Tu L’as donné – voilà l’expression modeste ; afin qu’Il leur donne la vie éternelle – ici, la révélation du pouvoir et de l’autorité de la Divinité seul-engendré.

Si Dieu seul donne la vie physique, combien plus la vie éternelle ! Le Christ appelle le Père le seul vrai Dieu, à la différence des faux dieux des Gentils, mais en aucun cas Il ne S’exclue Lui-même de la Divinité du Père. Parce qu’Il est le vrai Fils, Il doit aussi être le vrai Dieu, comme l’évangéliste insiste dans son épître catholique : Jésus Christ… est le Dieu véritable et la vie éternelle (I Jn 5,20). Sur la base du présent texte de l’évangile, les hérétiques feraient du Fils un faux dieu et auraient le Père comme leur seule Divinité. Ils devraient faire attention à ne pas oublier tout le reste écrit par saint Jean, qui nous dit également que le Fils est la vraie Lumière (Jn 1,9). Selon leur raisonnement, cela doit signifier que le Père est une fausse Lumière ! Donc, si l’évangéliste appelle le Père le seul vrai Dieu, c’est pour Le distinguer des faux dieux de Grecs, et non pas du Fils. D’ailleurs, les hérétiques relient ce passage : vous … ne cherchez point la Gloire qui vient de Dieu seul (παρὰ τοῦ μόνου θεοῦ, Jn 5,44) à celui que nous avons discuté. Ils s’imaginent que cela renforce leur argument que si le Père est le seul vrai Dieu (ὁ μόνος Θεός), le Fils ne peut être Dieu. Quelle absurde conclusion !

4-6. Je T'ai glorifié sur la terre, J'ai achevé l'œuvre que Tu M'as donnée à faire. Et maintenant Toi, Père, glorifie-Moi auprès de Toi-même de la gloire que J'avais auprès de Toi avant que le monde fût. J'ai fait connaître ton Nom… 

Cela nous apprend que le Père glorifie le Fils de la même manière que le Fils glorifie le Père. Je T'ai glorifié sur la terre, déclare le Christ. À juste titre ajouta-t-Il : sur la terre, car le Père était déjà glorifié dans les cieux et adoré par les anges, tandis que la terre était encore dans l’ignorance. Ayant proclamé à tous le Père, le Fils déclare maintenant : «Je T'ai glorifié partout sur la terre en communiquant la connaissance de Dieu, et J’ai achevé l'œuvre que Tu M'as donnée». L'œuvre du Fils seul-engendré incarné est : de sanctifier notre nature ; de renverser le prince de ce monde, qui se faisait prendre pour Dieu, et de planter la connaissance de Dieu dans la création. Mais comment a-t-Il achevé cette œuvre, alors qu’elle fut à peine commencé ? «J’ai achevé ce qui est ma part de faire», explique-t-Il. En effet, le Christ a déjà accompli la majeure part en implantant en nous la racine de tout bien, en vainquant le diable, et en Se jetant dans la gueule dévorant tout de la bête de la mort. De cette «racine» suivraient nécessairement tous les fruits de la connaissance de Dieu. C’est en ce sens qu’Il a achevé l'œuvre. «J’ai semé, J’ai planté la racine : les fruits suivront sûrement. Ô Père, glorifie-Moi auprès de Toi-même de la gloire que J'avais auprès de Toi avant que le monde fût formé.» À ce moment, la nature de la chair n’avait pas encore été glorifiée : elle n’avait pas été rendue digne de l’incorruption ni du partage du trône royal. C’est pourquoi le Seigneur déclare : Glorifie-Moi, voulant dire : «Reçois ma Nature humaine déshonorée et crucifiée, et élève-la à la Gloire que Moi – le Fils et Verbe de Dieu – J'avais auprès de Toi avant que le monde fût.» Après son Ascension, le Christ, en notre nature humaine, fut assis sur le trône royal, et maintenant Il est adoré par toute la création.

Ensuite, Jésus explique ses Paroles : Je T'ai glorifié sur la terre, comme voulant dire : J'ai fait connaître ton Nom. Comment se fait-il que le Fils fut le premier à faire connaître le Nom de Dieu, alors que Isaïe dit : ils… jureront par le Dieu de vérité (Is 65,16) ? Comme nous l’avons souvent souligné, le Nom de Dieu a déjà été révélé, mais seulement aux Juifs, et pas au monde entier. Maintenant, le Christ annonce que le Nom de Dieu sera aussi révélé aux Gentils, puisqu’Il a détruit le diable, le maître de l’idolâtrie et a planté les graines de la connaissance divine. Si à ce moment, les païens avaient déjà une certaine connaissance de Dieu, c’était seulement en tant que Créateur-démiurge, mais non en tant que Père. Ce qui plus est, par ses propres Paroles et Œuvres, le Christ a non seulement révélé son Père, mais S’est révélé Lui-même. 

6-8. J’ai fait connaître ton Nom aux hommes que Tu M’as donnés du milieu du monde. Ils étaient à Toi, et Tu Me les as donnés ; et ils ont gardé ta Parole. Maintenant ils ont connu que tout ce que Tu M’as donné vient de Toi. Car Je leur ai donné les Paroles que Tu M’as données; et ils les ont reçues, et ils ont vraiment connu que Je suis sorti de Toi, et ils ont cru que Tu M’as envoyé.

En disant : les hommes que Tu M’as donnés, le Seigneur exprime deux choses :  premièrement qu’Il n’est pas opposé au Père – «Je ne T’ai pas arraché ces hommes» ; et deuxièmement que c’est la Volonté du Père que les disciples croient au Fils – «Tu trouves ton plaisir à ce qu’ils sont venus à Moi. Entre nous, il n’y a pas de rivalité, seulement amour et unité d’esprit. Et ils ont gardé ta Parole en croyant en Moi et en n’écoutant pas les Juifs». Celui qui croit au Christ «garde la Parole de Dieu» – l’Écriture et la Loi – car l’Écriture proclame le Christ, et tout ce que le Seigneur a dit à ses disciples venait du Père. Comme Jésus a dit à ses disciples auparavant dans son discours : Les paroles que Je vous dis, Je ne les dis pas de Moi-même (Jn 14,10). Il les a instruits aussi : Demeurez en Moi (Jn 15,4), et ils demeuraient en Lui en effet et gardaient la Parole du Père.

Maintenant ils ont connu que tout ce que Tu M’as donné vient de Toi. Cela veut dire : «Maintenant mes disciples ont connu que (dans ma Nature divine) Je n’ai rien à Moi en propre et que Je ne suis pas différent de Toi. Rien de tout ce que Tu M’as donné n’a été donné par Grâce, comme le sont les Dons divins dispensés aux êtres créés. Ils sont de Toi,» ce qui veut dire : «Ils ne sont pas quelque chose que J’ai acquis, mais qui M’appartient par nature ; ils M’appartiennent comme au Fils qui a pleine autorité sur la propriété de son Père». On pourrait demander : «Comment les disciples ont-ils connu cela ?» Le Seigneur fournit la réponse : Je leur ai donné les Paroles que Tu M’as données, ce qui veut dire : «Ils connaissent cela par mes Paroles et Enseignement.» Le Christ leur enseignait sans cesse : «Tout ce que J’ai est du Père ; Je suis sorti de Toi ; et Tu M’as envoyé.» Tout au long de l’évangile, le Seigneur affirme qu’Il n’est pas un adversaire de Dieu, car Il fait la Volonté du Père.

9-10. C'est pour eux que Je prie. Je ne prie pas pour le monde, mais pour ceux que Tu M'as donnés, parce qu'ils sont à Toi ; et tout ce qui est à Moi est à Toi, et ce qui est à Toi est à Moi ; et Je suis glorifié en eux.

Pour bien mettre au clair que tout ce qu’Il disait au Père est purement pour le bien de ses disciples, le Seigneur y ajoute ensuite : «Je prie pour eux, et non pas pour le monde. J’aime et Je prends soin de mes disciples ; Je leur dispense ce qui est à Moi ; Je Te supplie, Père, de les protéger. Je ne Te prie pas au nom de gens grossiers, vulgaires, qui ne pensent à rien d’autre que ce monde ; Je prie … pour ceux que Tu M'as donnés, parce qu'ils sont à Toi.» Quand le Seigneur dit : ceux que Tu M'as donnés, cela ne veut pas dire que le Père Lui a donné autorité tout récemment sur ces hommes. Cela ne veut pas dire qu’il fût un temps où le Père possédait cette autorité, mais pas le Fils, ni que le Père perdît cette autorité quand le Fils l’obtint. Pour expliquer cela, le Seigneur déclare : «Tout le Mien est Tien, et le Tien est Mien. Car tant qu’ils sont Tiens, ils sont Miens, car tout le Tien est Mien. Ils ne sont pas entrés dans ma possession il y a un moment. Et le fait qu’ils sont Miens ne veut pas dire du tout qu’ils ne sont plus Tiens. Ils ne T’ont pas été enlevés, car tout le Mien est Tien. De plus, Je suis glorifié en eux, ce qui signifie : «Je partage la Gloire de mon Père, exactement comme le fils d’un empereur partage l’autorité et la gloire de son père : tous les deux sont également honorés par leurs sujets.» Si le Fils était moindre que le Père, Il n’oserait pas dire : tout le Tien est Mien. Le Maître possède tout ce qu’a le serviteur, alors que le serviteur n’a rien de ce qui est à son maître. Ici, au contraire, ce qu’a le Père appartient au Fils, et ce qu’a le Fils appartient au Père. Ainsi, le Fils est glorifié en tout ce qui appartient au Père, car l’autorité du Fils sur toute la création est égale à celle du Père.

11-12. Je ne suis plus dans le monde, et ils sont dans le monde, et Je vais à Toi. Père saint, garde en ton Nom ceux que Tu M'as donnés, afin qu'ils soient un comme Nous. Lorsque J'étais avec eux dans le monde, Je les gardais en ton Nom. 

Pourquoi Jésus répète-t-Il : Je ne suis plus dans le monde, et Lorsque J'étais avec eux dans le monde ? À première vue, ces énoncés semblent contredire les promesses qu’Il avait faites : Et voici, Je suis avec vous tous les jours, jusqu'à la fin du monde (Mt 28,20), et Vous Me verrez (Jn 16,16). La vérité est qu’Il dit à ses disciples seulement autant qu’ils sont capables de comprendre au moment précis. Comme il était vraisemblable qu’ils seraient désemparés à rester sans son Secours, le Christ déclare qu’Il les a confiés aux Soins et à la Protection de son Père. (Pour le bien des disciples), Il dit au Père : «Puisque Tu M’appelles à Toi, Tu dois les garder par ton propre Nom», ce qui veut dire : «par le Secours et le Pouvoir que Tu M’as donnés». Quelle sorte de protection le Père donne-t-Il ? Il dispense l’unité, afin qu’ils soient un. «S’ils préservent l’amour les uns pour les autres et ne se divisent pas en factions, ils seront invincibles.» Bien sûr, le Christ ne veut pas dire qu’ils doivent devenir littéralement une personne. Il veut dire qu’ils doivent imiter le Père et le Fils par l’acquisition de l’unanimité de pensée et de volonté entre eux. Parce que les disciples auraient trouvé impossible de Le croire s’Il avait dit : «Même si Je ne suis plus avec vous, Je vous protégerai cependant», Jésus les rassure en demandant au Père d’être leur Protecteur. En suppliant le Père, en apparence, de leur part, Il leur donne de l’espoir. Dans la même veine, quand le Christ dit : Je les gardais en ton Nom, Il ne veut pas dire qu’Il les gardait saufs seulement par le pouvoir du Nom du Père. Il parle de cette façon – comme nous l’avons expliqué bon nombre de fois – en raison de la faiblesse de ses auditeurs, qui ne pouvaient pas saisir encore qu’Il était Dieu. Ce faisant, le Seigneur les fortifie et les rassure : «Tant que J’étais avec vous, vous étiez protégés et gardés par le pouvoir du Nom du Père. Maintenant vous devez croire qu’Il continuera à vous garder, car c’est sa Nature que de le faire».

12-13. J'ai gardé ceux que Tu M'as donnés, et aucun d'eux ne s'est perdu, sinon le fils de perdition, afin que l'Écriture fût accomplie. Et maintenant Je vais à Toi, et Je dis ces choses dans le monde, afin qu'ils aient en eux ma Joie parfaite.


J'ai gardé ceux que Tu M'as donnés : ces paroles traduisent une profonde humilité, si on les comprend correctement. D’un bout à l’autre de ce chapitre, il pourrait sembler que Jésus enjoint au Père de garder les disciples après son départ,  comme un homme qui donne à son ami une somme d’argent à garder et lui dit : «Regarde, je n’en ai rien perdu : toi non plus, tu ne dois pas en perdre.». Mais en réalité, le Seigneur console ses disciples : «Je dis ces choses dans le monde pour rassurer mes disciples et leur donner de la joie. Sachant que Tu les as reçus saufs et les garderas – exactement comme Je l’ai fait, sans en perdre aucun – ils peuvent, à nouveau, respirer librement.» Comment le Seigneur peut-Il prétendre n’en avoir perdu aucun, alors que Judas s’éloigna, et que beaucoup d’autres de ses adeptes L’ont quitté aussi (v. Jn 6,66). «Autant que cela dépendait de Moi», explique-t-Il, «Je n’en ai perdu aucun. J’ai tout fait, en ce qui Me concerne, pour les garder, et les ai gardés jalousement. Si certains ont choisi de Me rejeter, ce n’est pas de ma faute». Afin que (ἵνα) l’Écriture fût accomplie, c’est-à-dire toute Écriture qui se réfère au fils de perdition. Car il est mentionné à plusieurs endroits dans les Psaumes et dans d’autres livres prophétiques. Comme nous l’avons expliqué plus tôt, la conjonction ἵνα (afin que) est couramment utilisée dans l’Écriture pour exprimer l’issue d’un événement.