samedi 22 juillet 2023

HOMÉLIE POUR LA SEPTIÈME DIMANCHE DE MATTHIEU

 (9,27-35)


En ce temps-là, comme Jésus était en chemin, deux aveugles le suivaient en criant : Aie pitié de nous, Fils de David ! Jésus, arrivé à la maison, dit aux aveugles qui l'abordaient : Croyez-vous que je puisse faire cela ? Ils lui dirent : Oui, Seigneur, tu le peux ! Alors il leur toucha les yeux en disant : Qu'il advienne selon votre foi ! Et leurs yeux s'ouvrirent. Alors Jésus les avertit : Prenez garde, dit-il, personne ne doit le savoir ! Mais à peine furent-ils sortis, qu'ils répandirent sa renommée dans toute la contrée. Tandis qu'ils sortaient, on lui présenta un possédé muet : le démon fut expulsé et le muet se mit à parler; et les foules émerveillées s'écriaient : Jamais on n'a vu pareille chose en Israël ! Mais les Pharisiens disaient : C'est par le prince des démons qu'il expulse les démons. Jésus parcourait toutes les villes et villages, enseignant dans les synagogues proclamant la bonne nouvelle du royaume et guérissant le peuple de toute maladie et de toute infirmité.




L’évangile d’aujourd’hui nous relate deux guérisons : celle de deux aveugles et celle d’un possédé muet. Le Seigneur venait de guérir l’hémorroïsse, et de ressusciter la jeune fille. Sur le chemin donc, ces deux aveugles, – qui ne voyaient pas le Christ, mais avaient entendu le bruit qui entourent ses miracles, – criaient : Aie pitié de nous, Fils de David ! Jésus ne les guérissait pas de suite mais c’est seulement en arrivant à la maison que la guérison a eu lieu. 

«Ce n’est pas dans le chemin et en passant, comme ils le pensaient, qu’il guérit ces aveugles qui le prient, mais lorsqu’il est arrivé dans la maison; ils s’avancent pour entrer, et tout d’abord il examine leur foi, afin de les préparer à recevoir la lumière de la vraie foi. «Lorsqu’il fut entré dans la maison, ces aveugles s’approchèrent de lui, et Jésus leur dit : «Croyez-vous que je puisse faire ce que vous me demandez ?» (saint Jérôme)

Sans la foi, sans la synergie de l’homme, Dieu ne peut rien faire. C’est pour cela que les Pharisiens restaient aveugles spirituellement. «C’est là un grand sujet d’accusation contre les Juifs : des hommes privés de la vue reçoivent la foi par l’ouïe seule, tandis que les Juifs, dont les yeux constataient la vérité de ces miracles, refusent d’y croire. Voyez encore le désir de ces aveugles; ils ne se contentent pas d’approcher de Jésus, mais ils le font avec de grands cris, et en ne lui demandant qu’une seule chose, c’est qu’il ait pitié d’eux,» dit le grand Chrysostome.

Les aveugles, l’appelaient fils de David, et ensuite Seigneur, ignorant la divinité du Christ, mais le tenant pour un prophète, comme il y avait beaucoup autrefois en Israël. Aujourd’hui il n’y a que des Soros, Rothschild et consorts qui manipulent le monde.

Jésus était d’abord dans la maison du chef de synagogue, et il passait de là plus avant pour entrer dans la «maison». L’évangéliste ne précise pas quelle maison, ne jugeant pas important de le mentionner. Ne nous retardons pas non plus sur cette question, mais continuons à sonder d’autres aspects de l’évangile. 

«Croyez-vous que je puisse faire cela,» leur demande le Christ, le sachent fort bien, mais afin d’entendre leur confession de foi : Oui, Seigneur, tu le peux !

On ignore si les deux aveugles, l’étaient depuis leur naissance, –comme celui dont parle l’évangéliste saint Jean. Peu importe de le savoir, car dans l’un et dans l’autre cas la grandeur du miracle est la même, et l’historique de la maladie est secondaire.

Pourquoi, Jésus les avertit : Prenez garde, personne ne doit le savoir !? «C’est par amour pour l’humilité et pour fuir l’éclat de la vaine gloire que Jésus leur fait cette défense; mais la reconnaissance qu’ils éprouvent d’un si grand bienfait, ne leur permet pas de garder le silence,» dit saint Jérôme.

Saint Grégoire le Grand, de son côté précise : «Examinons ici pourquoi le Tout-Puissant, pour qui vouloir et pouvoir sont une même chose a voulu que ses miracles demeurassent cachés, et que cependant ils fussent dévoilés comme malgré lui par ceux qui venaient de recouvrer l’usage de la vue. Il veut apprendre à ses disciples qui devaient marcher à sa suite, qu’ils devaient désirer que leurs vertus demeurassent cachées aussi aux yeux des hommes, et cependant les laisser publier malgré eux dans l’intérêt de ceux qui pourraient en profiter. Ils doivent donc rechercher le secret par inclination, et laisser dévoiler leurs oeuvres par nécessité. Qu’ils aiment à se cacher pour garder plus sûrement leur âme de tout danger, et qu’ils consentent à se voir divulgués dans l’intérêt des autres.»

Venons maintenant la guérison du possédé. Il était muet, dit l’évangile. Il y a toutes sortes des possessions, plus ou moins graves, s’exprimant des divers manières, selon la méchanceté des démons. 

«Cette infirmité n’était pas naturelle, elle venait de la malignité du démon. C’est pourquoi cet homme eut besoin d’un secours étranger pour arriver jusqu’à Jésus Christ, et il ne put ni le prier par lui-même, n’ayant pas l’usage de la parole, ni le faire prier par d’autres, le démon tenant liée son âme aussi bien que sa langue. Aussi le Sauveur n’exige pas de lui la foi, mais il le guérit aussitôt, comme le rapporte l’écrivain sacré : «Et le démon ayant été chassé, le muet parla,» dit saint Jean Chrysostome.

«Et la multitude en fut dans l’admiration, et ils disaient : On n’a jamais rien vu de semblable en Israël».

Cette multitude, n’était pas uniquement dans l’admiration à cause du possédé guéri, mais à cause de tous les miracles précédents.

Saint Jean Chrysostome. (hom. 33) «Ce n’est pas seulement parce qu’ils admiraient en lui le pouvoir de guérir qu’ils le plaçaient au-dessus de tous les autres, mais parce qu’il guérissait avec une facilité et une promptitude merveilleuse une infinité de maladies la plupart incurables.»

Venons aux Pharisiens, qui dans le obstination, niaient et dénigraient toutes ces merveilles opérées par le Christ.

«Les scribes et les pharisiens niaient les miracles du Sauveur autant qu’il leur était possible de le faire, et ils interprétaient en mauvaise part ceux qu’ils étaient obligés d’admettre. Ils accomplissaient ainsi cette parole du roi-prophète : La multitude de vos prodiges convaincra vos ennemis de mensonge,» dit un père.

«C'est par le prince des démons qu'il expulse les démons.» Comment le Malin peut-t-il agir ainsi, lui qui ne veut que du mal ? «Si Satan s’élève contre lui-même et est divisé, il ne peut pas subsister, mais il vient à sa fin,» précise l’évangéliste Marc. (3,26)

«Quoi de plus insensé que cette explication ? Peut-on imaginer qu’un démon chasse un autre démon ? Le démon applaudit à ses succès, mais il ne détruit pas ses oeuvres. Jésus Christ, au contraire, ne chassait pas seulement les démons, mais il guérissait les lépreux, il ressuscitait les morts, il remettait les péchés, il prêchait le royaume de Dieu, et il amenait les hommes à son Père, ce que ne pouvait ni ne voulait faire le démon.» Saint Jean Chrysostome (hom. 33)

«Saint Matthieu est le seul qui raconte ce double miracle des deux aveugles et du muet. Les deux aveugles dont parlent les autres Évangélistes (Mc 10,46; Lc 18,35) ne sont pas les mêmes; cependant le fait est semblable, et si saint Matthieu ne racontait pas ce miracle avec toutes ses circonstances, on pourrait croire que son récit est le même que celui de saint Marc et de saint Luc. Nous ne devons jamais perdre de vue qu’il se rencontre dans les Évangiles des faits qui présentent les mêmes caractères. On a une preuve certaine que ces faits sont différents lorsqu’ils sont rapportés par le même Évangéliste. Lorsque donc nous rencontrons des faits de même nature dans chacun des Évangélistes, et qu’il s’y trouve des particularités impossibles à concilier, nous devons en conclure que ce n’est pas le même fait, mais un fait semblable dans sa nature ou dans ses circonstances.» Saint Augustin. (de l’accord des Evang., 2,29)

Je me suis servi le plus possible des paroles des pères, par commodité, et pour être plus sûr, au lieu de me fier à mon propre cru.


a. Cassien