Maintes fois, j’ai déjà parlé à tel ou tel fidèle des épreuves qui jalonnent notre chemin. En voici, en quelques mots, un résumé par écrit.
Les soi-disant malheurs qui nous accablent ne surviennent jamais par hasard mais toujours par la volonté de Dieu, ou du moins avec sa permission. Si nous les acceptons au fond de notre cœur, alors ces épreuves portent de multiples fruits : elles nous purifient, nous font avancer spirituellement, nous apprennent la patience et l’humilité, et peuvent même aider les autres.
Le Seigneur a le pouvoir de nous préserver des malheurs – s’il le juge bon – parfois par des moyens étonnants, comme dans la vie d’un saint qui s’était réfugié dans une caverne devant ses ennemis. Une araignée tissa une toile à l’entrée ; les ennemis passèrent leur chemin, ainsi détournés de leur dessein.
Il est normal et humain d’être ébranlé au premier instant devant une épreuve violente ; mais, en se tournant ensuite dans la prière vers Dieu, le calme revient et la force de la supporter aussi. L’épreuve ne disparaît pas nécessairement, mais le Christ nous fortifie et nous donne les moyens de la supporter, afin que nous en sortions vainqueurs.
Plus on avance spirituellement, plus on aura la force de vaincre, et surtout, ces épreuves nous ébranleront de moins en moins.
Dans les sentences des Pères du désert, on raconte l’histoire d’un jeune moine qui, chaque jour, était insulté et même frappé par son ancien irascible. Si, un jour, il n’y avait rien de tel à supporter, il en était déçu : il savait qu’il ne recueillerait alors aucun fruit spirituel.
Les frères demandèrent à un vieillard de cesser ses grands travaux. Il leur répondit : «Je vous le dis, enfants, Abraham a lieu de se repentir, en voyant les grands dons de Dieu, de ce qu’il n’a pas lutté davantage.»
Le psalmiste dit tout cela à sa manière : «Le soir, les pleurs viennent loger avec nous, et le matin il y a un chant de joie.» (Ps 30, 5)
Demander même une épreuve à Dieu nous est grandement profitable ; mais qui en a la force ? Ayons donc, au moins, le courage de nous plier sans rechigner, sans nous révolter au moment d’une tentation ou d’une épreuve; cela nous sera déjà très profitable !
Pensons aussi que le Sauveur, le seul sans péché, a supporté, pour nous sauver, tant d’épreuves, jusqu’à la mort sur la croix; portons donc notre petite croix, au moins, avec résignation.
«Le sage écoutera et croîtra en science; l’intelligent acquerra du sens pour comprendre un proverbe et une allégorie, les paroles des sages et leurs énigmes.» (Pr 1, 5)
A. Cassien