samedi 6 juillet 2019

HOMÉLIE POUR LA NATIVITÉ DU PRÉCURSEUR

Cette année la Nativité de saint Jean tombe un dimanche et bien sûr, comme toujours, pendant le carême des apôtres. Généralement, on ne fête pas la nativité d’un saint. Ce n’est que pour la Toute-Sainte et le Précurseur que cela se fait. Ils ne furent pas conçus selon la volonté de la chair mais selon la volonté de Dieu et miraculeusement car, aussi bien  les parents de la Vierge Marie (Joachim et Anne) que ceux de saint Jean (Zacharie et Elisabeth) étaient stériles et avancés en âge. Les deux coryphées de tous les saints – Marie et Jean – furent pourtant conçus selon les lois de la nature et donc avec les conséquences du péché originel qui se transmet par l’accouplement. Ce n’est que le Sauveur qui fut conçu sans aucun secours d’homme mais par l’Esprit saint. 


Le 23 septembre se célèbre la conception du Précurseur et le 9 décembre celle de la Toute-Sainte. Deux fêtes également – à cause de leur aspect miraculeux – qui n’ont pas lieu chez les autres saints. La conception du Christ, l’Annonciation a eu lieu le 25 mars, six mois après celle de saint Jean. «Voici, Elisabeth, ta parente, a conçu, elle aussi, un fils en sa vieillesse, et celle qui était appelée stérile est dans son sixième mois.» (Luc 1,36) L’ange Gabriel «ne lui (Marie) a point appris dès le commencement la conception d’Elisabeth, mais après six mois écoulés, afin que les signes visibles de sa grossesse fussent une preuve de la vérité de ses paroles.» saint Jean Chrysostome (Hom. 49 sur la Genèse) 
L’évangile de Luc poursuit : «Dans ce même temps, Marie se leva, et s’en alla en hâte vers les montagnes, dans une ville de Juda.» (1,39) Donc la vierge Marie alla juste après l’Annonciation rendre visite à Elisabeth. Personne ne savait encore que la Vierge était enceinte et c’est le Précurseur qui le ressentit en premier : «Dès qu’Elisabeth entendit la salutation de Marie, son enfant tressaillit dans son sein, et elle fut remplie du saint Esprit.» Ensuite Elisabeth, sa cousine, se rendit également compte du mystère de la Vierge bénie. «Disons encore que Marie cachait avec soin ce que l’ange lui avait dit, et ne le découvrait à personne; elle savait qu’on n’ajouterait point foi à un récit aussi merveilleux, et elle craignait qu’il ne lui attirât des outrages, et qu’on ne l’accusât de vouloir ainsi pallier son crime et son déshonneur.» (saint Jean Chrysostome; sur. Matth., hom. 4)
«Marie demeura avec Elisabeth environ trois mois, et elle s’en retourna en sa maison,» selon l’évangile. (Luc 1,56) «Ce n’est pas seulement l’intimité de Marie avec sa cousine, mais le désir d’être utile à un si grand prophète qui la détermine à prolonger son séjour.» (saint Ambroise) Marie ne resta pas avec sa parente jusqu’à la nativité de Jean mais la quitta juste avant. «Lorsqu’Elisabeth fut sur le point d’enfanter, la Vierge la quitta : Et elle s’en retourna, etc., à cause du grand nombre de personnes qui devaient se réunir à l’occasion de l’enfantement : Or il n’était pas convenable que la Vierge fût présente dans ces circonstances.» (saint Théophilacte)
Sur la nativité de saint Jean, l’évangile ne dit que : «Le temps où Elisabeth devait accoucher arriva, et elle enfanta un fils. Ses voisins et ses parents apprirent que le Seigneur avait fait éclater envers elle sa miséricorde, et ils se réjouirent avec elle.» (Luc 1,57-58) Les autres évangélistes n’en parlent même pas. Au lieu de «arriva» il y a la traduction «fut accompli», ce qui fait dire à saint Ambroise : «Car on peut dire que la vie des justes est pleine, tandis que les jours des impies sont vides.»
C’est par contre pour la circoncision de Jean, huit jours après, que Luc s’attarde en détail. Ce n’est pourtant pas notre intention d’en parler puisque c’est la nativité de Jean qui nous intéresse pour l’instant, vu sa fête d’aujourd’hui.
Terminons donc avec les paroles de saint Grégoire de Nysse : La divine Ecriture n'utilise pas l'histoire dans l'unique but de nous faire connaître des actions qui nous font apprendre ce qu’ont fait ou subi les anciens, mais de façon à nous montrer un enseignement qui permette de vivre selon la vertu, puisque l'observation historique est interprétée en un sens plus élevé.» (sur les titres des psaumes, 2,31)


a. Cassien