samedi 19 juin 2010

La grande foi

Quand le Christ entendit la réponse immédiate du centenier de l'évangile d'aujourd'hui, Il S'en émerveilla, et Se tourna ensuite vers le peuple qui Le suivait et leur déclara que même parmi les Israélites, Il n'avait trouvé une aussi grande foi. Pourquoi donc le Christ caractérise-t-Il la foi du centenier de grande ? Qu'est-ce qui était si particulier dans la foi de cet homme ? Par les paroles qu'il a prononcées, le centenier révéla que sa foi en Christ, comme en Dieu tout-puissant, était absolue. Il n'y avait aucun doute dans sa tête ou dans son cœur que le Christ pouvait guérir son serviteur paralytique. De plus, il confirma cela avec la raison qu'il présenta au Christ dans sa première réponse. Le centenier dit : “Je suis aussi un homme qui ai sous mon autorité des soldats et des serviteurs. Dès que je leur donne un ordre, ma parole est respectée. Combien plus Toi-même, qui comme Dieu as de l'autorité sur tout, le céleste et le terrestre, les anges et les hommes. Dis ta Parole, et elle sera exécutée". C'est là, la grande foi du centenier, qui émerveilla le Christ. C'est là, la foi que le Christ a laissée comme exemple aux hommes de tous âges et à nous, chrétiens orthodoxes d'aujourd'hui. C'est là, la foi que le Christ cherchera quand, comme juste Juge, Il jugera le monde le jour de son Second Avènement.

archimandrite Eustache

mercredi 2 juin 2010

But et chemin

BUT ET CHEMIN


Sartre, un philosophe athée, disait que l’enfer ce sont les autres. N’est-ce pas vrai quand je pense à mon mari qui m’agace avec son comportement (au début du mariage pourtant tout allait bien !), ma voisine qui me dérange tout le temps, mes collègues du travail qui me gênent et même dans l’église, les autres fidèles m’empêchent de vivre ma vie de foi et de faire mes dévotions. Si je pousse un peu plus loin : l’Église même avec ses faiblesses et limites me trouble et je pourrais même mettre Dieu sur le banc des accusés car Il permet tout cela et n’écoute pas mes prières.

Quoi faire contre cette situation impossible ? Changer le monde ? C’est plus que difficile. Il est peut-être bien plus facile de changer mon attitude et de mettre dans ma tête que tout cela n’est que passager, que ce ne sont que des obstacles sur la route qu’il s’agit à franchir, et que seul le but compte. Au lieu de me laisser accaparer par l’obstacle à franchir, je ferai mieux de regarder en avant et de penser, comme un voyageur, que les intempéries sur la route, les collines, les détours, font inévitablement partie du parcours, et que je fixe mes yeux, comme ce voyageur, au but tant désiré.

Après un répit du temps pascal, nous voilà de nouveau dans l’arène. Le Carême des Apôtres arrive et les vêpres de Pentecôte sont le signe du départ. «Ne te souviens pas des péchés de notre jeunesse ni de nos égarements, purifie-nous de nos fautes cachées, ne nous rejette pas au temps de la vieillesse, ne nous abandonne pas quand déclinera notre vigueur; avant notre retour en terre accorde-nous la conversion, entoure-nous de grâce et de bienveillance,» lit le prêtre, à genoux, dans la première prière. Ce que nous vivons ainsi liturgiquement, il faut le vivre dans toute cette vie. Sans la privation, pas de récompense, sans la croix, pas de résurrection !

Combien de fois j’entends tel ou tel fidèle se plaindre de son sort et se révolter au lieu d’accepter sa croix. C’est pourtant cette croix, et elle seule, qui est notre salut. C’est grâce à la croix du Sauveur que notre petite croix prend aussi de la valeur mais uniquement si nous l’acceptons et le portons en connaissance de cause. Il y a eu deux larrons, qui ont subi le même sort, cependant un seul se retrouvait avec le Sauveur, dans le paradis selon la promesse du Seigneur. A nous de voir ce que nous faisons de notre croix qui est, de toute façon, inévitable.

Quel saint ne nous sert comme exemple, tel saint Jean le Russe. N’a-t-il pas vécu dans un étable et pourtant il est devenu un saint malgré et grâce précisément à cette situation pénible.

«Pour toi, mon frère, qui te hâtes vers la patrie céleste, … (Saint Benoît Règle chap. 78) Hâtons-nous donc, les yeux toujours fixés sur notre vraie patrie qui n’est pas passagère et où il n’y a plus «ni peine ni tristesse ni gémissements».


Archimandrite Cassien