samedi 22 mars 2014

3e Dimanche du Grand Carême


Vénération de la Sainte Croix
Marc 8,34-9,1
De l'Explication de l'évangile de saint Marc
par le bienheureux Théophylacte, archevêque d'Ochrid et de Bulgarie


34-37. Puis, ayant appelé la foule avec ses disciples, Il leur dit : Si quelqu'un veut venir après Moi, qu'il renonce à lui-même, qu'il se charge de sa croix, et qu'il Me suive. Car celui qui voudra sauver sa vie la perdra, mais celui qui perdra sa vie à cause de Moi et de la Bonne Nouvelle la sauvera. Et que sert-il à un homme de gagner tout le monde, s'il perd son âme ? Que donnerait un homme en échange de son âme ? [Dans ce passage de saint Marc et dans le commentaire qui suit, le mot grec psyché a été traduit tantôt par "vie", tantôt par "âme", car il a tous ces deux sens. V. aussi l'Explication de l'évangile de saint Matthieu par Théophylacte]

Comme Pierre L'avait réprimandé pour vouloir être crucifié, le Seigneur appela le peuple à Lui, et dit, devant tous, mais en dirigeant ses paroles surtout vers Pierre : "Me trouves-tu en faute, Pierre, parce que je prends la croix ? Je te dis que ni toi, ni personne d'autre ne sera sauvé, à moins de mourir pour la bonté et la vérité." Voyez que le Christ ne force pas l'homme de mourir sur la croix contre sa propre volonté. Il dit plutôt : "Quiconque désire". Le Seigneur dit : "Je ne contrains personne. Je l'invite à quelque chose de bon, non pas à quelque chose de mauvais auquel il doit être forcé. Quiconque ne veut pas de ces choses n'est pas digne d'elles." Nous pouvons apprendre ce que veut dire se renier soi-même si nous comprenons ce que veut dire renier un autre. Celui qui renie un autre est celui qui, quand il voit son frère, ou son serviteur, ou son père en train d'être fouetté, voire assassiné, ne se tourne pas vers lui pour compatir à sa souffrance, mais agit comme s'il lui était étranger. C'est de cette même manière que le Seigneur veut que nous n'ayons pas pitié de notre corps, de sorte que, même si nous sommes fouettés, ou pire, cela nous soit égal. Qu'il prenne sa croix, c'est-à-dire, qu'il accepte une mort très honteuse, puisque, à cette époque, mourir sur une croix était considéré comme la mort la plus honteuse. Mais comme beaucoup étaient crucifiés parce qu'ils étaient des bandits, le Seigneur ajouta à la crucifixion quelque chose d'autre : que l'on doit être vertueux. C'est ce qu'Il veut dire par : qu'il Me suive. Bien que son commandement de s'abandonner à la mort semblât dur et cruel, le Seigneur montre tout de suite que ce commandement est donné par amour pour le genre humain. Car quiconque perdra sa vie à cause de Moi la sauvera. (Mais la mort d'un homme condamné, ou de celui qui se pend n'est pas pour le Christ et n'apporte pas une telle récompense.) Et, au contraire, celui qui paraît avoir sauvé sa vie, loin de trouver la vie, la perdra en n'étant pas persévérant au temps de son martyre. Ne Me dites pas : "Mais il a sauvé sa vie" – cela ne veut rien dire. Même si vous dites qu'il a gagné aussi le monde entier, cela n'a aucun avantage. Personne ne peut échanger de l'argent pour son salut, car s'il en était ainsi, un homme qui a gagné le monde mais a perdu son âme, pourrait, pendant qu'il brûle dans les flammes de l'enfer, utiliser son argent pour acheter de l'innocence. Mais à ce moment et à cet endroit, on ne peut faire un tel commerce. Ici fermons la bouche de ceux qui disent, en suivant Origène, que toutes les âmes en enfer seront restaurées [et réunies à celles qui sont au ciel] après avoir été punies selon leurs péchés.
 Qu'ils entendent qu'il n'y a pas d'échange qui puisse y être fait pour délivrer l'âme. Personne n'est gardé en enfer en guise de punition. C'est plutôt le poids de ses propres péchés qui l'y retient.

38-9,1. Car quiconque aura honte de Moi et de mes paroles au milieu de cette génération adultère et pécheresse, le Fils de l'homme aura aussi honte de lui, quand Il viendra dans la Gloire de son Père, avec les saints anges. Il leur dit encore : Je vous le dis en vérité, quelques-uns de ceux qui sont ici ne mourront point, qu'ils n'aient vu le royaume de Dieu venir avec puissance.


La foi intellectuelle ne suffit pas, la confession de la foi de la bouche est requise aussi. Comme l'homme lui-même est double, que soit double aussi sa sanctification. L'âme est sanctifiée par la foi, mais le corps l'est par la confession. Quiconque donc aura honte de confesser que le Crucifié est son Dieu, le Crucifié aura aussi honte de lui. Car le Seigneur jugera que cet homme est un serviteur indigne lorsqu'Il viendra avec Gloire, escorté des anges, et non plus sous une humble forme. À sa seconde Venue, ll n'apparaîtra pas, comme Il le fit avant, de basses extraction et conditions, et comme un objet de mépris. Puisqu'Il parle de sa propre Gloire, Il désire montrer qu'Il ne se vante pas vainement, et dit : Il y aura quelques-uns qui sont là, nommément Pierre, Jacques et Jean, qui ne mourront pas avant que Je ne leur aie montré, lors de la Transfiguration, la Gloire avec laquelle J'apparaîtrai à la seconde Venue. Car la Transfiguration ne fut rien moins que la préfiguration de la seconde Venue, et comme Il apparut alors radieux, ainsi brillera-t-Il à la seconde Venue, de même que feront aussi les justes.

Aucun commentaire: