mardi 27 février 2024

Dormition

 Avec beaucoup des peines, je fais savoir que cette nuit, (13 février orthodoxe) nous a quitté l’évêque Chrysostome de Philippe à l’âge de 60 ans. Après des années des souffrance il est donc entré dans le repos éternel bien mérité.

Je l’ai connu comme jeune homme et il me tenait grandement au cœur.


Voici un ancien photo avec son frère aîné selon la chair, l’évêque André de Thèbes.


A. Cassien



lundi 19 février 2024

voyage

 Mes chers, 

plaise à Dieu, je partirai ce jeudi pour l'Afrique.

Donc les "bureaux" du foyer seront fermés !

a. Cassien

mercredi 14 février 2024

LES NOCES DE CANA

 «En ce temps-là, il y eut des noces à Cana de Galilée; et la Mère de Jésus y était. Jésus aussi fut invité aux noces avec ses disciples. Et, lorsque le vin fut épuisé, la Mère de Jésus lui dit : Ils n'ont plus de vin ! Jésus lui répondit : Femme, que me veux-tu ? Mon heure n'est pas encore venue ! Sa mère dit aux serviteurs : Tout ce qu'il vous dira, faites-le ! Il y avait là six jarres de pierre destinées aux ablutions rituelles des Juifs : elles contenaient chacune deux ou trois mesures. Jésus dit aux serviteurs : Remplissez les jarres avec de l'eau ! Et ils les remplirent jusqu'au bord. Ensuite il leur dit : Puisez maintenant et portez-en au maître du repas ! Ils lui en portèrent; et, lorsque le maître du repas eut goûté l'eau changée en vin, ne sachant d'où il venait  tandis que les serviteurs le savaient bien, ayant eux-mêmes puisé l'eau – il appela le marié et lui dit : Tout homme sert d'abord le bon vin et, quand les gens sont gais, le moins bon; mais toi, tu as gardé le bon vin jusqu'à présent ! Tel fut, à Cana de Galilée, le premier des miracles que fit Jésus. Il rendit manifeste sa gloire et ses disciples crurent en lui.» (Jn 2,1-11)



    Ce n’est pas en ce moment que cet évangile est lu dans l’église, mais l’Apôtre dit bien : «prêche la parole, insiste en temps et contre-temps.» (II Tim 4,2) 

Jésus venait tout juste d’engager ses premiers disciples, avec lesquels, avec sa mère, il fut invité aux noces de Cana. De Joseph, l’époux de Marie, il n’est pas question, puisqu’il avait certainement déjà quitté cette vie, vu son âge avancé au moment des fiançailles avec la Vierge Marie.

Le Christ ne dédaignait pas d’aller à une noce, lui qui dînait avec des douaniers et des prostituées, afin de les sauver. Il buvait également du vin, comme dit l’évangile : «Le Fils de l’homme est venu, il mange et boit, et l’on dit…» (Mt 11,19) Il ne condamnait donc ni le mariage ni le vin, pourvu que cela se passe avec discernement, action de grâces, et sous la volonté de Dieu. Par sa présence aux noces il réfute les hérétiques qui condamnent le mariage, comme les Marcionites autrefois, par exemple. «Si le lit nuptial, orné de la pureté requise, et le mariage, contracté avec la chasteté voulue, étaient illicites, le Seigneur n'eût jamais voulu assister à ces noces,» dit saint Bède le Vénérable (hom. pour le 1er dim. après l'Epiphanie)

Venons au miracle qui a eu lieu à ces noces. L’heure du Christ n’était pas encore venue pour faire des miracles et enseigner en public. Pourtant, il avait appris à obéir à ses parents et ne savait pas refuser une demande à sa mère. «Et il leur était obéissant.» (Luc 2,51)

«Voulez-vous savoir le respect profond que Jésus avait pour sa mère ? écoutez saint Luc qui vous dit que le Sauveur était soumis à ses parents.» Saint Jean Chrysostome. (hom. 21)

«Bien que Jésus vienne de dire à sa Mère : Mon heure n'est pas encore venue, il se rend cependant à ses désirs, et démontre amplement par là qu'il n'était point soumis à l'heure. Car s'il était assujetti à une heure déterminée, comment se fait-il qu'il opère ce miracle avant que l'heure soit arrivée ?» (Saint Jean Chrysostome; hom. 22 sur saint Jean)

La Toute Sainte ne demanda pas un miracle mais fit juste une remarque : «Ils n'ont plus de vin». Pourtant elle prévoyait et sentait ce qui allait se passer, illuminée par l’Esprit saint. Elle dit donc aux serviteurs : «Tout ce qu'il vous dira, faites-le !»

Le Sauveur aurait certes pu faire ce miracle sans que les vases fussent remplis d’eau. Mais souvent, il se sert de l’entremise de la matière pour guérir, afin de montrer qu’il est également le Maître et Créateur de la nature, et que la création matérielle n’est nullement l’œuvre du Mal, comme le prétendent certains hérétiques.

Les serviteurs remplirent donc ces vases d’eau, sans songer à ce qui allait se passer, pensant à leur destination ordinaire – «les ablutions rituelles des Juifs». Quand ensuite Jésus leur dit «Puisez maintenant et portez-en au maître du repas,» je suppose qu’ils furent bien étonnés, pensant : Pourquoi porter de cette eau au maître du repas ? Cependant, ils obéirent, comme pour la première demande du Seigneur, qui pourtant était encore jeune – juste 30 ans (Une leçon qui nous est donnée, pour nous apprendre à obéir, même à un jeune ou à un radotant supérieur).

Le maître du repas goûta alors de cette eau, changée en vin, et non en vin ordinaire, comme celui qui vint à manquer, mais un vin exquis et rempli à ras bord. Le Christ ne fait pas les choses à moitié ! Ce maître donc ignora apparemment que les vases avaient été vides auparavant, et que l’eau avait été changée en vin. Sa remarque au marié fut juste : «Tout homme sert d'abord le bon vin et, quand les gens sont gais, le moins bon; mais toi, tu as gardé le bon vin jusqu'à présent.»

Le but du Christ n’était certes pas de suppléer au manque de vin, mais de manifester sa gloire, afin que ses disciples crussent en lui, comme Messie. Comme dit l’Apôtre : «c’est bien dans la Loi de Moïse qu’il est écrit : Tu ne mettras pas de muselière à un bœuf pendant qu’il foule le blé. Dieu s’inquiéterait-il ici des bœufs ? N’est-ce pas pour nous qu’il parle ainsi ? Bien sûr que si…» (I Cor 9,9) 

Je conclus avec des paroles de saint Cyprien : «Quand on parle du Seigneur, de Dieu, la pureté sans mélange des mots ne s'appuie pas sur la force de l'éloquence pour établir les raisons de croire, mais sur les faits. Écoute donc un langage non point bien ordonné, mais fort, non point fardé avec un style soigné pour capter l'attention du peuple, mais simple dans sa brutale vérité pour proclamer la divine miséricorde.» saint Cyprien de Carthage (à Donat)


a. Cassien

vendredi 9 février 2024

DIMANCHE DE ZACHEE

 En ce temps-là, Jésus traversa la ville de Jericho; et voici qu'un chef des publicains, un homme riche du nom de Zachée, essayait de voir qui était Jésus, mais ne pouvait y parvenir à cause de la foule et de sa taille, car il était petit. Il courut donc en avant et monta sur un sycomore, afin de voir Jésus qui devait passer par là. Arrivé à cet endroit, Jésus leva les yeux, l'aperçut et lui dit : Zachée, hâte-toi de descendre, car il faut qu'aujourd'hui je demeure en ta maison. Il se hâta de descendre et le reçut avec joie. Ce que voyant, tous murmuraient et disaient : C'est chez un pécheur qu'il est allé loger ! Mais Zachée, résolument, dit au Seigneur : Voici, Seigneur, la moitié de mes biens, je la donne aux pauvres, et si j'ai fait du tort à quelqu'un, je lui rendrai quatre fois plus. Et Jésus lui dit : Aujourd'hui le salut est entré dans cette maison, puisque c'est aussi un fils d'Abraham. Car le Fils de l'homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu.  (Luc (19,1-10)


Cet évangile précède le triode qui gravite autour de la conversion, et qui est le thème central du Carême, notre vrai but de la vie – le salut, la vie éternelle, et non la recherche des plaisirs passagers et des valeurs périssables.

On pourrait nommer cet évangile : Conversion de Zachée. Zachée était un  publicain, c’est-à-dire un collecteur d’impôts. En lui se réalisa ce que disait Jésus aux pharisiens : «en vérité, je vous dis que les publicains et les prostituées vous devancent dans le royaume de Dieu.» (Mt 21,31)

Les publicains étaient connus pour leurs injustices et Zachée ne faisait pas exception puisqu’il avait bien dit : «si j'ai fait du tort à quelqu'un, je lui rendrai quatre fois plus.» Il avait également dit : «la moitié de mes biens, je la donne aux pauvres.»

Voici ce qu’en dit le grand Chrysostome : «Il faut avoir soin de remarquer que les richesses de Zachée n’étaient pas toutes le fruit de l’injustice, mais qu’elles provenaient aussi de son patrimoine. Comment aurait-il pu sans cela rendre le quadruple de ce qu’il avait acquis injustement ? Il savait que la loi prescrit de rendre le quadruple de tout bien mal acquis (cf. Ex 22), afin que si l’on ne craint pas de violer la loi, on soit au moins arrêté par l’obligation onéreuse qu’elle impose. Mais Zachée n’attend pas la condamnation de la loi, il se fait lui-même son propre juge.» Voilà pour cet aspect de l’évangile.

«Dans le sens figuré, Zachée, veut dire justifié,» dit Bède le Vénérable. Zachée s’est bien justifié par son action de donner de son bien et de restituer ce qu’il avait mal acquis. Ce n’est pas pour rien qu’il était riche, comme indique l’évangile, et comme chef des publicains il avait plus de facilité à extorquer des impôts aux gens.

Inspiré, Jésus appela Zachée par son nom. Il ne le connaissait pas et Zachée ne connaissait pas non plus le Christ, car il est écrit : «il essayait de voir qui était Jésus.»

Zachée voulait voir le Christ. Il n’y arrivait pas à cause de la foule et de sa petite taille, dit l’évangile. Il eut donc l’idée de courir en avant, de monter sur un sycomore, et de voir ainsi le Seigneur. Pourquoi essaya-t-il de voir le Christ ? L’évangile n’en dit rien. Par simple curiosité ? Une chose est sûre; c’est la grâce qui agissait en lui, qui sait rendre pur ce qui est impur et droit ce qui est tordu. Avant la grâce de sa rencontre avec Jésus et comme pour la préparer, pour s’y disposer, il y a un désir, obscur et tâtonnant, il y a une quête un peu indécise, une fente dans l’armure, une mince ouverture du cœur – il chercha à voir. Mais ce désir qui précède la grâce et qui l’appelle, la provoque en quelque sorte, c’est déjà un don de Dieu, c’est déjà la grâce du Christ qui opère dans l’homme.

Le Christ s’invita lui-même dans la maison de Zachée, non pour simplement «aller loger», mais pour amener un pécheur sur le bon chemin, une brebis à la bergerie.

«Sans être invité, il s’invite lui-même à descendre chez lui : «Et l’ayant vu, il lui dit : hâte-toi de descendre,» etc. Il savait que l’hospitalité qu’il demandait serait largement récompensée, et bien qu’il n’eût pas encore entendu Zachée lui adresser d’invitation, il voyait les sentiments de son cœur.» (saint Ambroise de Milan)

Saint Cyrille écrit : «Zachée, de son côté, n’a point mis le moindre retard, et s’est ainsi montré digne de la miséricorde de Dieu, qui rend la vue aux aveugles, et appelle ceux qui sont éloignés.»

Tous murmuraient que Jésus était rentré dans la maison d’un pécheur. Parmi ces « tous », il y avait certainement les pharisiens. Ils se scandalisaient déjà de ce que le Christ était allé chez Matthieu, lui aussi un péager, comme Zachée. Ces mêmes avaient fait des remarques désobligeantes quand cette «femme connue dans la ville pour sa vie dissolue,» (Luc 7,37) s’approcha du Christ pour oindre ses pieds.

Qu’est-ce que le Christ aurait pu faire dans les maisons de Pharisiens et de scribes, qui dans leur endurcissement ne croyaient pas à ses paroles et ni même à ses miracles ?

«Hâte-toi de descendre,» dit le Christ, et non simplement descends ! En d’autres termes : ne tarde pas ! «Car il faut qu’aujourd’hui,…» Hic et nunc (ici et maintenant). Ce n’est pas demain, mañana, comme disent les espagnols nonchalants. Le temps de conversion ne dépend pas de nous mais de Dieu. À nous la décision, sans tarder donc, car on ne connait ni l’heure ni le jour… !

Zachée a finalement vu et entendu le Messie, selon son désir, et son cœur fut embrasé par la grâce, et «il se hâta de descendre et le reçut avec joie.» Les Pharisiens avaient maintes fois rencontré le Christ, mais comme on dit : il n’y a pire sourd que celui qui ne veut pas entendre, ou pire aveugle qui ne veut pas voir.

«Celui qui a des oreilles pour entendre, qu’il entende !» (Mc 4,9)


a. Cassien