dimanche 31 décembre 2023

MESSAGE DE LA NATIVITÉ DU SAUVEUR

     Les Israélites demandaient un «Dieu qui marche», comme avaient les autres nations, des dieux en bois et en pierre. «Or ils m’ont dit (à Aaron) : «Fais-nous un dieu qui marche devant nous !» (Ex 32,23) Aaron leur fabriquât un veau d’or que Moïse indigné détruisît.  

Quelques siècles après Dieu a eu pitié, en s’incarnant, est devenu ce Dieu qui marche, qui a vécu parmi nous et nous a sauvé. Celui qui était «inexprimable, inconcevable, invisible, incompréhensible,» (prière secrète de la divine liturgie) est devenu exprimable, concevable, visible, compréhensible.

«Voici que la Vierge sera enceinte et enfantera un fils et on lui donnera pour nom Emmanuel ce qui se traduit Dieu avec nous». (Mt 1,23)

«Ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé et que nos mains ont touché,» dit saint Jean l’apôtre bien-aimé (I Jn 1,1)

Toute l’iconographie est basé sur cette réalité. Le Dieu inexprimable se laisse figurer dans son humanité.

Le Sauveur, Lui, le roi des rois, ne s’est pas incarné comme un prince, avec sceptre et couronne, – de nouveau difficile à aborder, – mais comme simple homme humble et plus qu’humble. Né dans une grotte entre bœuf et âne, comme leur semblable, pourrait-on dire, il a dû ensuite se réfugier avec ses parents, lui l’Innocent, en Égypte, pour ne pas être massacré par Hérode. «Tu as transporté d’Egypte un cep; tu as chassé les nations, et tu l’as planté. Tu as préparé une place devant lui, il a poussé des racines, et a rempli le pays.» (Ps 80,8-9) «Et il fut là jusqu’à la mort d’Hérode, afin que fût accompli ce que le Seigneur avait dit par le prophète, disant, j’ai appelé mon fils hors d’Egypte.» (Mt 2,15) «J’ai appelé mon fils hors d’Egypte.» (Os 11,1)

Une fois Hérode mort, («car ceux qui cherchaient la vie du petit enfant sont morts.» Mt 2,20) il s’installa à Nazareth. «Il se retira dans les quartiers de la Galilée, et alla et habita dans une ville appelée Nazareth; en sorte que fût accompli ce qui avait été dit par les prophètes, il sera appelé Nazaréen.» (Mt 2,22-23) Nazareth était un village diffamé. «Peut-il venir quelque chose de bon de Nazareth,» demanda Nathanaël à Philippe. (Jn 1,46) 

Après avoir vécu 30 ans inconnu à Nazareth il se laissa baptiser par Jean dans le Jourdain, pour la rémission des péchés, Lui l’Immaculé ! «Jean vint, baptisant dans le désert, et prêchant le baptême de repentance en rémission de péchés.» (Mc 1,4) Un peu plus loin : «Et il arriva, en ces jours-là, que Jésus vint de Nazareth de Galilée, et fut baptisé par Jean au Jourdain.» (Mc 1,9)

Il enseigna ensuite le peuple, marchant à pied et n’ayant pas de demeure où loger. «Le fils de l’homme n’a pas où reposer sa tête.» (Lc 9,58)

Finalement il finit sa vie par une mort infâme, crucifié entre deux malfaiteurs. (Il n’y avait rien de plus scandaleux comme supplice autrefois que la crucifixion !) 

Dans l’icône dont le titre est «Extrême humilité,» on voit le Sauveur nu dans le tombeau. Les soldats avaient tiré au sort ses vêtements et sa tunique. «Les soldats, donc, quand ils eurent crucifié Jésus, prirent ses vêtements et en firent quatre parts, une part pour chaque soldat. Ils prirent aussi la tunique.» (Jn 19,23). Nu le Christ vint au monde et nu il le quitta. Parfois, sur des icônes anciennes, on voit le Crucifié nu.

«Comme un Agneau sans tache devant celui qui le tond, Il n’ouvre pas la bouche. Dans son humiliation, son jugement a été exalté, qui racontera sa génération, car sa vie a été élevée de terre,» dit le prêtre lors de la prothèse.

En résumé : L’orgueil qui avait fait chuter les protoplastes, et avant eux déjà Lucifer, fut vaincu par le Sauveur dans son abaissement, celui qui est aujourd’hui né de la Vierge Marie, elle qui par son humilité permit que Jésus s’incarnât, Lui le nouvel Adam et elle la nouvelle Ève.

Est-ce que le Seigneur aurait pu s’abaisser davantage pour sauver les brebis égarés, dont je suis le premier, ou plutôt le bouc ? C’est difficile à concevoir.

Ecoutons encore ce que disent les pères de ce grand événement que nous célébrons :

«À quels admirables abaissements se réduit, à quels voyages lointains s’assujettit celui qui contient le monde entier dans son immensité ! Dès son entrée dans le monde, il recherche la pauvreté et la rend honorable dans sa personne,»  dit un père.

«Sans doute, s’il eût voulu, il pouvait venir en ébranlant les cieux, en faisant trembler la terre, en lançant la foudre; il a rejeté tout cet appareil, car il venait, non pour perdre, mais pour sauver l’homme, et, dès sa naissance, fouler aux pieds son orgueil. Il ne lui suffit donc pas de se faire homme, il se fait homme pauvre, et il choisit une mère pauvre, qui n’a point même de berceau pour y déposer son enfant nouveau né : «Et elle le coucha dans une crèche.» (saint Jean Chrysostome, homélie sur la Nativité du Sauveur).

«Celui qui est assis à la droite de Dieu le Père, manque de tout dans une pauvre retraite, pour nous préparer plusieurs demeures dans la maison de son Père (Jn 14,2) : «Car il n’y avait point de place pour eux dans les hôtelleries.» Il naît, non dans la maison de ses parents, mais dans un lieu étranger, et en voyage, parce que dans le mystère de son incarnation, il est devenu la voie qui nous conduit à la patrie (où nous jouirons pleinement de la vérité et de la vie).» saint Bède le Vénérable

« «Celui qui revêt la nature de sa parure si variée, est enveloppé dans de pauvres langes, afin que nous puissions recouvrir la robe première de notre innocence; celui par qui tout a été fait, voit ses mains et ses pieds comme enchaînés, afin que nos mains soient libres pour toute sorte de bonnes œuvres, et que nos pieds soient dirigés dans la voie de la paix.» saint Bède le Vénérable

«C’est pour vous qu’il s’abaisse à cet état d’infirmité, lui qui est en lui-même toute puissance; pour vous, qu’il se réduit à cette pauvreté, lui qui possède toute richesse. Ne vous arrêtez point à ce que vous voyez, mais considérez que c’est par là que vous êtes racheté. Seigneur Jésus, je dois plus à vos humiliations qui m’ont racheté, qu’aux œuvres de votre puissance qui m’ont créé. Que m’eût-il servi de naître sans le bienfait inestimable de la rédemption ?» saint Ambroise de Milan

Tâchons d’être dignes pour célébrer cette grande fête, en brisant notre orgueil, qui est l’origine de tous maux et la racine de tous les vices !

Je parle de manière concise et maladroite, – n’ayant pas la facilité de la parole, comme Moïse, – ce que d’autres, tel Aaron, diront bien mieux de façon détaillée.

a. Cassien




La bulletin 205 est disponible :

http://orthodoxievco.net/bul5/205.pdf

jeudi 28 décembre 2023

Communiqué

 


Notre fidèle Jean Sciboz, de Suisse, vient de nous quitté pour l’autre vie.

Il y fêtera la Nativité là-bas avec les anges, après avoir passé ce dernier temps bien souffrant.

Je ne sais pas encore pour la célébration de la Nativité. Peut-être en Suisse.




en Christ,
a. Cassien

mercredi 20 décembre 2023

LA CONCEPTION DE SAINTE ANNE

 La conception de sainte Anne, que nous fêtons aujourd’hui le 9 décembre, se célèbre le jour du solstice d’hiver, quand les jours rallongent à nouveau. C’est là que se situe la préparation du salut, et lors de l’Annonciation débute le salut, comme chante l’Église ce jour-là : «Aujourd'hui, c'est le commencement de notre salut…» 

L'équinoxe de septembre, de son côté, qui a lieu le 9 septembre orthodoxe, marque le début de l’automne. C’est là que se situe la synaxe des saints Joachim et Anne.

Les papistes prétendent que leur Noël tombe le jour du solstice d’hiver. C’est tiré par les cheveux ! Lors de l’invention de leur calendrier en 1582, où il n’y avait encore que 9 jours de décalage, et non 13 jours, avec le calendrier orthodoxe, c’était encore moins vrai. Dans quelques siècles, leur Noël tombera enfin juste sur le solstice d’hiver, le même jour que la conception de sainte Anne. Mais laissons là leur radotage et voyons le contenu de la fête de ce jour.

Les parents de la Toute Sainte, saints Joachim et Anne, étaient avancés en âge lors de la conception de sainte Anne. Sainte Anne avait déjà bien dépassé la ménopause et était en plus stérile. C’était considéré chez les juifs comme une malédiction qu’un couple n’ait pas d’enfant. Dans leur tristesse, Joachim et Anne décidèrent de prier intensément le Seigneur de leur accorder un enfant bien que les règles de la nature ne le permettaient plus. Saint Joachim se retira dans le désert face à son troupeau pour prier dans cette intention. Le protévangile de Jacques (écrit apocryphe) dit : «accablé de tristesse, Joachim ne reparu pas devant sa femme, et il se rendit dans le désert; il y planta sa tente et, quarante jours et quarante nuits, il jeûna, se disant : Je ne descendrai plus manger ni boire, avant que le Seigneur mon Dieu m'ait visité. La prière sera ma nourriture et ma boisson. Et sa femme Anne avait deux sujets de se lamenter et de se marteler la poitrine. J'ai à pleurer, disait-elle, sur mon veuvage et sur ma stérilité !» Ce protévangile décrit en détail ce qui se passa, mais passons outre.

Sur l’icône de la fête nous voyons quand les parents de Marie se rencontrèrent enfin à la porte de Jérusalem et s’embrassèrent. Ensuite eut lieu la conception miraculeuse mais selon la façon humaine, par l’accouplement. La Vierge Marie fut conçue sans péché mais avec les conséquences du péché originel, qui se transmirent par l’accouplement. «L’Immaculée conception» n’a pas eu lieu à ce moment-là, comme prétendent les susmentionnés dans leur radotage, (quelle bourde théologique !), mais au moment de l’Annonciation, quand la Toute Sainte a conçu, non selon les lois de la nature, mais par l’Esprit saint. *

Le tropaire de la fête chante : « En ce jour sont brisées les chaînes de la stérilité, car Dieu exauce la prière d’Anne et de Joachim…» La malédiction de l’Ancien Testament fut pour ainsi dire ôtée et le chemin vers le salut préparé. 

Voici quelques chants de la fête qui illustrent le dit précédent :

«Le nouveau ciel, c'est Anne qui dans son sein le construit sur l'ordre du Dieu Créateur : de lui s'est levé le Soleil sans couchant illuminant de ses rayons divins le monde entier dans son amour du genre humain et sa miséricorde infinie.» (Matines, cathisme 1)

«En ce jour le voile est déchiré, celui qui de son ombre recouvrait la Loi; grâce et bénédiction sont prêtes à sortir, leur clarté rayonne en la proclamation du futur enfantement de la servante du Seigneur.» (Matines ode 4)

«Du salut voici qu'est affermi le fondement, la base de la grâce, c'est la présente Conception : en elle naît le merveilleux espoir des hommes qui sans cesse chantent pour le Christ : À toi bénédiction et haute gloire !» (Matines ode 7)

J’en avais déjà écrit quelques mots dans le bulletin n°146 et je ne fais que détailler l’ancien texte. Une autre fois, j’écrirai peut-être un livre sur cette belle fête, quand ma langue sera déliée comme la stérilité de sainte Anne. 

a. Cassien


* Je mâche : La Vierge est née comme tous les hommes (hormis le Christ et les protoplastes); c'est-à-dire par l'accouplement qui transmet les conséquences du péché originel. Les papistes prétendent qu'elle fut déjà libérée au moment de la conception par sainte Anne de ces conséquences (éloignement du paradis, mort). En ce cas le Christ ne serait pas mort pour elle ! Par acrobatie, ils veulent qu'elle en fut exempte déjà au moment de sa conception par sa mère. Nous orthodoxes croient qu'elle fut libérée au moment de l’Annonciation par l'Esprit saint. En deux mots : Elle ne fut pas conçu immaculée mais elle a connu immaculé ! 




samedi 2 décembre 2023

HOMÉLIE SUR L’APÔTRE

 «Frères, marchez comme des enfants de lumière ! Car le fruit de la lumière consiste en toute sorte de bonté, de justice et de vérité. Examinez ce qui est agréable au Seigneur; et ne prenez point part aux œuvres infructueuses des ténèbres, mais plutôt condamnez-les. Car il est honteux de dire ce qu'ils font en secret; mais tout ce qui est condamné est manifesté par la lumière, car tout ce qui est manifesté est lumière. C'est pour cela qu'il est dit : Réveille-toi, toi qui dors, relève-toi d'entre les morts, et Christ t’éclairera. Prenez donc garde de vous conduire avec circonspection, non comme des insensés, mais comme des sages; rachetez le temps, car les jours sont mauvais. C'est pourquoi ne soyez pas inconsidérés, mais comprenez quelle est la volonté du Seigneur. Ne vous enivrez pas de vin : c'est de la débauche. Soyez, au contraire, remplis de l'Esprit; entretenez-vous par des psaumes, par des hymnes, et par des cantiques spirituels, chantant et célébrant de tout votre cœur les louanges du Seigneur.» (Éph 5,8-19)


Pour une fois, au lieu d’expliquer l’évangile du dimanche, j’essaie de dire quelques mots sur l’épître de l’Apôtre.

L’apôtre Paul nous y donne des conseils moraux, comment nous comporter, quoi éviter, etc. Voyons ce qu’il dit, une chose après l’autre.

Il veut que nous soyons des enfants de lumière. À chacun d’examiner sa conscience, s’il l’est vraiment ou s’il ne marche pas dans les ténèbres. Cela se montre à nos fruits, et ces fruits, ce sont, entre autres, la bonté, la justice et la vérité.

C’est le Christ lui-même qui est la lumière, comme il le dit maintes fois, comme ici : «Moi, je suis la lumière du monde; celui qui me suit ne marchera point dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie.» (Jn 8,12) 

Les œuvres des ténèbres, qui sont du diable, sont nommées infructueuses. Elles ne portent pas de fruits mangeables, et elles sont à condamner. Certaines, il ne faut même pas les nommer ! Elles se pratiquent en secret, dans les ténèbres.

Il est question de la circonspection, signe de sagesse, et il nous est demandé de racheter le temps, c’est à dire de ne pas le gaspiller, car les jours sont mauvais, et ils sont comptés. Racheter, cela veut dire de ne pas perdre nos jours comptés, en des œuvres mondaines, qui ne font qu’alimenter nos passions sans les satisfaire. Bien au contraire, l’Apôtre nous conseille d’être remplis de l’Esprit saint et de nous appliquer à ce qui est spirituel. «Priez sans cesse,» est-t-il dit ailleurs par le même apôtre (I Th 5,19).

Etre inconsidéré. Cela veut dire de marcher sans viser le but, être chancelant, hésitant, juste considérer ce qui est immédiat mais malheureusement passager, futile, et sans fruits pour l’autre vie, – la vraie.

«Ne vous enivrez pas de vin : c'est de la débauche,» dit l’apôtre Paul. Dans le même épître, un peu avant, il s’explique : «Voici donc ce que je dis et témoigne dans le Seigneur, c’est que vous ne marchiez plus comme le reste des nations marche, dans la vanité de leurs pensées,

leur entendement obscurci, étant étrangers à la vie de Dieu à cause de l’ignorance qui est en eux, à cause de l’endurcissement de leur cœur;

et qui, ayant perdu tout sentiment moral, se sont livrés à la débauche, pour pratiquer avidement toute impureté.» (Eph 4,17-19)

L’épître du jour termine : «de tout votre cœur.» Cela veut dire de le faire avec piété et dévotion, non machinalement, en hâte, juste par devoir.

a. Cassien