mardi 7 février 2017

QUELQUES RÉFLEXIONS



J’avais parlé, dans un bulletin (n° 8), des grappes d’arrière-saison, en citant le prophète Isaïe, et en faisant allusion au monachisme d’aujourd’hui. Quand on voit ce qui se passe depuis la rédaction de cet article, il faudra parler plutôt des grappes qui servent à faire le vin de glace (Eiswein). Ces grappes qui ont passé la première gelée et qu’on vendange pendant la nuit, ne sont vraiment plus belles mais, d’une saveur exquise. Il en résulte peu de vin, et le prix est élevé. 
Ne nous scandalisons donc pas en voyant les moines orthodoxes, et même les fidèles orthodoxes, en ces jours-ci. Ils passent par la glace de l’apostasie et la parole de saint Antoine le Grand se vérifie : «Un temps vient où les hommes seront fous, et quand ils verront quelqu'un qui n'est pas fou, ils s’insurgeront contre lui, disant : Tu es fou, parce qu'il n'est pas comme eux.»
J’écris ces lignes pendant que je suis en train de travailler sur les sentences des pères du désert. Ils n’avaient pas d’ordinateur, juste parfois un manuscrit pour s’instruire. 
Un des pères parlait de la grande tentation dans les derniers jours, où ceux qui tiendront bon seront sauvés, et seront même plus grands que nos pères. Cette tentation est bien l’attaque contre la foi, non une foi «humanisée», taillée à nos goûts, mais la même foi que nos pères avaient et qui est immuable, tel un phare dans la mer, qui indique aux marins le chemin à suivre. 
Gardons donc cette foi, même si nos œuvres ressemblent à ces grappes dont je viens de parler, et le Seigneur tiendra compte du contexte dans lequel nous vivons, de notre fragilité, qui sont comme des ailes avec lesquelles nous traversons difficilement la mer de cette vie, comme disait un autre père.


archimandrite Cassien