samedi 2 mars 2024

TOGO

 Le voyage au Togo est finalement tombé à l’eau. Les mauvaises langues diront : à cause de mes péchés. Soit !

Finalement, après beaucoup de palabre africain, j'ai eu le visa, et plaise à Dieu, je partirai dans une semaine (14 civil) pour le Togo.

a. Cassien

mardi 27 février 2024

Dormition

 Avec beaucoup des peines, je fais savoir que cette nuit, (13 février orthodoxe) nous a quitté l’évêque Chrysostome de Philippe à l’âge de 60 ans. Après des années des souffrance il est donc entré dans le repos éternel bien mérité.

Je l’ai connu comme jeune homme et il me tenait grandement au cœur.


Voici un ancien photo avec son frère aîné selon la chair, l’évêque André de Thèbes.


A. Cassien



lundi 19 février 2024

voyage

 Mes chers, 

plaise à Dieu, je partirai ce jeudi pour l'Afrique.

Donc les "bureaux" du foyer seront fermés !

a. Cassien

mercredi 14 février 2024

LES NOCES DE CANA

 «En ce temps-là, il y eut des noces à Cana de Galilée; et la Mère de Jésus y était. Jésus aussi fut invité aux noces avec ses disciples. Et, lorsque le vin fut épuisé, la Mère de Jésus lui dit : Ils n'ont plus de vin ! Jésus lui répondit : Femme, que me veux-tu ? Mon heure n'est pas encore venue ! Sa mère dit aux serviteurs : Tout ce qu'il vous dira, faites-le ! Il y avait là six jarres de pierre destinées aux ablutions rituelles des Juifs : elles contenaient chacune deux ou trois mesures. Jésus dit aux serviteurs : Remplissez les jarres avec de l'eau ! Et ils les remplirent jusqu'au bord. Ensuite il leur dit : Puisez maintenant et portez-en au maître du repas ! Ils lui en portèrent; et, lorsque le maître du repas eut goûté l'eau changée en vin, ne sachant d'où il venait  tandis que les serviteurs le savaient bien, ayant eux-mêmes puisé l'eau – il appela le marié et lui dit : Tout homme sert d'abord le bon vin et, quand les gens sont gais, le moins bon; mais toi, tu as gardé le bon vin jusqu'à présent ! Tel fut, à Cana de Galilée, le premier des miracles que fit Jésus. Il rendit manifeste sa gloire et ses disciples crurent en lui.» (Jn 2,1-11)



    Ce n’est pas en ce moment que cet évangile est lu dans l’église, mais l’Apôtre dit bien : «prêche la parole, insiste en temps et contre-temps.» (II Tim 4,2) 

Jésus venait tout juste d’engager ses premiers disciples, avec lesquels, avec sa mère, il fut invité aux noces de Cana. De Joseph, l’époux de Marie, il n’est pas question, puisqu’il avait certainement déjà quitté cette vie, vu son âge avancé au moment des fiançailles avec la Vierge Marie.

Le Christ ne dédaignait pas d’aller à une noce, lui qui dînait avec des douaniers et des prostituées, afin de les sauver. Il buvait également du vin, comme dit l’évangile : «Le Fils de l’homme est venu, il mange et boit, et l’on dit…» (Mt 11,19) Il ne condamnait donc ni le mariage ni le vin, pourvu que cela se passe avec discernement, action de grâces, et sous la volonté de Dieu. Par sa présence aux noces il réfute les hérétiques qui condamnent le mariage, comme les Marcionites autrefois, par exemple. «Si le lit nuptial, orné de la pureté requise, et le mariage, contracté avec la chasteté voulue, étaient illicites, le Seigneur n'eût jamais voulu assister à ces noces,» dit saint Bède le Vénérable (hom. pour le 1er dim. après l'Epiphanie)

Venons au miracle qui a eu lieu à ces noces. L’heure du Christ n’était pas encore venue pour faire des miracles et enseigner en public. Pourtant, il avait appris à obéir à ses parents et ne savait pas refuser une demande à sa mère. «Et il leur était obéissant.» (Luc 2,51)

«Voulez-vous savoir le respect profond que Jésus avait pour sa mère ? écoutez saint Luc qui vous dit que le Sauveur était soumis à ses parents.» Saint Jean Chrysostome. (hom. 21)

«Bien que Jésus vienne de dire à sa Mère : Mon heure n'est pas encore venue, il se rend cependant à ses désirs, et démontre amplement par là qu'il n'était point soumis à l'heure. Car s'il était assujetti à une heure déterminée, comment se fait-il qu'il opère ce miracle avant que l'heure soit arrivée ?» (Saint Jean Chrysostome; hom. 22 sur saint Jean)

La Toute Sainte ne demanda pas un miracle mais fit juste une remarque : «Ils n'ont plus de vin». Pourtant elle prévoyait et sentait ce qui allait se passer, illuminée par l’Esprit saint. Elle dit donc aux serviteurs : «Tout ce qu'il vous dira, faites-le !»

Le Sauveur aurait certes pu faire ce miracle sans que les vases fussent remplis d’eau. Mais souvent, il se sert de l’entremise de la matière pour guérir, afin de montrer qu’il est également le Maître et Créateur de la nature, et que la création matérielle n’est nullement l’œuvre du Mal, comme le prétendent certains hérétiques.

Les serviteurs remplirent donc ces vases d’eau, sans songer à ce qui allait se passer, pensant à leur destination ordinaire – «les ablutions rituelles des Juifs». Quand ensuite Jésus leur dit «Puisez maintenant et portez-en au maître du repas,» je suppose qu’ils furent bien étonnés, pensant : Pourquoi porter de cette eau au maître du repas ? Cependant, ils obéirent, comme pour la première demande du Seigneur, qui pourtant était encore jeune – juste 30 ans (Une leçon qui nous est donnée, pour nous apprendre à obéir, même à un jeune ou à un radotant supérieur).

Le maître du repas goûta alors de cette eau, changée en vin, et non en vin ordinaire, comme celui qui vint à manquer, mais un vin exquis et rempli à ras bord. Le Christ ne fait pas les choses à moitié ! Ce maître donc ignora apparemment que les vases avaient été vides auparavant, et que l’eau avait été changée en vin. Sa remarque au marié fut juste : «Tout homme sert d'abord le bon vin et, quand les gens sont gais, le moins bon; mais toi, tu as gardé le bon vin jusqu'à présent.»

Le but du Christ n’était certes pas de suppléer au manque de vin, mais de manifester sa gloire, afin que ses disciples crussent en lui, comme Messie. Comme dit l’Apôtre : «c’est bien dans la Loi de Moïse qu’il est écrit : Tu ne mettras pas de muselière à un bœuf pendant qu’il foule le blé. Dieu s’inquiéterait-il ici des bœufs ? N’est-ce pas pour nous qu’il parle ainsi ? Bien sûr que si…» (I Cor 9,9) 

Je conclus avec des paroles de saint Cyprien : «Quand on parle du Seigneur, de Dieu, la pureté sans mélange des mots ne s'appuie pas sur la force de l'éloquence pour établir les raisons de croire, mais sur les faits. Écoute donc un langage non point bien ordonné, mais fort, non point fardé avec un style soigné pour capter l'attention du peuple, mais simple dans sa brutale vérité pour proclamer la divine miséricorde.» saint Cyprien de Carthage (à Donat)


a. Cassien

vendredi 9 février 2024

DIMANCHE DE ZACHEE

 En ce temps-là, Jésus traversa la ville de Jericho; et voici qu'un chef des publicains, un homme riche du nom de Zachée, essayait de voir qui était Jésus, mais ne pouvait y parvenir à cause de la foule et de sa taille, car il était petit. Il courut donc en avant et monta sur un sycomore, afin de voir Jésus qui devait passer par là. Arrivé à cet endroit, Jésus leva les yeux, l'aperçut et lui dit : Zachée, hâte-toi de descendre, car il faut qu'aujourd'hui je demeure en ta maison. Il se hâta de descendre et le reçut avec joie. Ce que voyant, tous murmuraient et disaient : C'est chez un pécheur qu'il est allé loger ! Mais Zachée, résolument, dit au Seigneur : Voici, Seigneur, la moitié de mes biens, je la donne aux pauvres, et si j'ai fait du tort à quelqu'un, je lui rendrai quatre fois plus. Et Jésus lui dit : Aujourd'hui le salut est entré dans cette maison, puisque c'est aussi un fils d'Abraham. Car le Fils de l'homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu.  (Luc (19,1-10)


Cet évangile précède le triode qui gravite autour de la conversion, et qui est le thème central du Carême, notre vrai but de la vie – le salut, la vie éternelle, et non la recherche des plaisirs passagers et des valeurs périssables.

On pourrait nommer cet évangile : Conversion de Zachée. Zachée était un  publicain, c’est-à-dire un collecteur d’impôts. En lui se réalisa ce que disait Jésus aux pharisiens : «en vérité, je vous dis que les publicains et les prostituées vous devancent dans le royaume de Dieu.» (Mt 21,31)

Les publicains étaient connus pour leurs injustices et Zachée ne faisait pas exception puisqu’il avait bien dit : «si j'ai fait du tort à quelqu'un, je lui rendrai quatre fois plus.» Il avait également dit : «la moitié de mes biens, je la donne aux pauvres.»

Voici ce qu’en dit le grand Chrysostome : «Il faut avoir soin de remarquer que les richesses de Zachée n’étaient pas toutes le fruit de l’injustice, mais qu’elles provenaient aussi de son patrimoine. Comment aurait-il pu sans cela rendre le quadruple de ce qu’il avait acquis injustement ? Il savait que la loi prescrit de rendre le quadruple de tout bien mal acquis (cf. Ex 22), afin que si l’on ne craint pas de violer la loi, on soit au moins arrêté par l’obligation onéreuse qu’elle impose. Mais Zachée n’attend pas la condamnation de la loi, il se fait lui-même son propre juge.» Voilà pour cet aspect de l’évangile.

«Dans le sens figuré, Zachée, veut dire justifié,» dit Bède le Vénérable. Zachée s’est bien justifié par son action de donner de son bien et de restituer ce qu’il avait mal acquis. Ce n’est pas pour rien qu’il était riche, comme indique l’évangile, et comme chef des publicains il avait plus de facilité à extorquer des impôts aux gens.

Inspiré, Jésus appela Zachée par son nom. Il ne le connaissait pas et Zachée ne connaissait pas non plus le Christ, car il est écrit : «il essayait de voir qui était Jésus.»

Zachée voulait voir le Christ. Il n’y arrivait pas à cause de la foule et de sa petite taille, dit l’évangile. Il eut donc l’idée de courir en avant, de monter sur un sycomore, et de voir ainsi le Seigneur. Pourquoi essaya-t-il de voir le Christ ? L’évangile n’en dit rien. Par simple curiosité ? Une chose est sûre; c’est la grâce qui agissait en lui, qui sait rendre pur ce qui est impur et droit ce qui est tordu. Avant la grâce de sa rencontre avec Jésus et comme pour la préparer, pour s’y disposer, il y a un désir, obscur et tâtonnant, il y a une quête un peu indécise, une fente dans l’armure, une mince ouverture du cœur – il chercha à voir. Mais ce désir qui précède la grâce et qui l’appelle, la provoque en quelque sorte, c’est déjà un don de Dieu, c’est déjà la grâce du Christ qui opère dans l’homme.

Le Christ s’invita lui-même dans la maison de Zachée, non pour simplement «aller loger», mais pour amener un pécheur sur le bon chemin, une brebis à la bergerie.

«Sans être invité, il s’invite lui-même à descendre chez lui : «Et l’ayant vu, il lui dit : hâte-toi de descendre,» etc. Il savait que l’hospitalité qu’il demandait serait largement récompensée, et bien qu’il n’eût pas encore entendu Zachée lui adresser d’invitation, il voyait les sentiments de son cœur.» (saint Ambroise de Milan)

Saint Cyrille écrit : «Zachée, de son côté, n’a point mis le moindre retard, et s’est ainsi montré digne de la miséricorde de Dieu, qui rend la vue aux aveugles, et appelle ceux qui sont éloignés.»

Tous murmuraient que Jésus était rentré dans la maison d’un pécheur. Parmi ces « tous », il y avait certainement les pharisiens. Ils se scandalisaient déjà de ce que le Christ était allé chez Matthieu, lui aussi un péager, comme Zachée. Ces mêmes avaient fait des remarques désobligeantes quand cette «femme connue dans la ville pour sa vie dissolue,» (Luc 7,37) s’approcha du Christ pour oindre ses pieds.

Qu’est-ce que le Christ aurait pu faire dans les maisons de Pharisiens et de scribes, qui dans leur endurcissement ne croyaient pas à ses paroles et ni même à ses miracles ?

«Hâte-toi de descendre,» dit le Christ, et non simplement descends ! En d’autres termes : ne tarde pas ! «Car il faut qu’aujourd’hui,…» Hic et nunc (ici et maintenant). Ce n’est pas demain, mañana, comme disent les espagnols nonchalants. Le temps de conversion ne dépend pas de nous mais de Dieu. À nous la décision, sans tarder donc, car on ne connait ni l’heure ni le jour… !

Zachée a finalement vu et entendu le Messie, selon son désir, et son cœur fut embrasé par la grâce, et «il se hâta de descendre et le reçut avec joie.» Les Pharisiens avaient maintes fois rencontré le Christ, mais comme on dit : il n’y a pire sourd que celui qui ne veut pas entendre, ou pire aveugle qui ne veut pas voir.

«Celui qui a des oreilles pour entendre, qu’il entende !» (Mc 4,9)


a. Cassien


samedi 27 janvier 2024

Sermon pour le 12ème dimanche de Luc

 Sur les dix lépreux 



Par le moine Agapios Landos de Crète (1585-1657)


Ces dix lépreux, de la manière la plus succincte, fournissent une image de l'ensemble de la nature humaine, qui était entièrement lépreuse et rendue inutile par le péché. Elle [la nature humaine] avait été expulsée à juste titre de la Jérusalem d'en haut, c'est-à-dire du paradis, tout comme les lépreux avaient été exilés de la Jérusalem [terrestre]. Ils ne pouvaient être guéris par un prêtre, un lévite, un prophète ou toute autre personne, pas même par un ange, à moins que le puissant conseil du Très-Haut, le Messager co-éternel et Celui qui est consubstantiel à Dieu, ne descende du ciel et ne devienne humainement humain afin de nous sauver, nous les humains. Nous étions donc tous atteints de cette lèpre. Aucun d'entre nous n'était exempt de péché, à l'exception de ceux que le Seigneur Christ, qui est plein de sagesse, avait purifiés. 

Aujourd'hui aussi, qui parmi nous n'a pas cette lèpre du péché sur lui ? Personne. Qui peut se vanter de n'avoir aucun péché sur la conscience ? L'avarice est une lèpre grave et une passion incurable, car de même que la lèpre consume et ronge le corps, de même l'avarice dévore l'âme et la corrompt. Il en est de même des autres vices, tels que la débauche, l'adultère et tous les autres péchés, qui sont une lèpre non soignée, dont on ne peut guérir que si l'on se précipite vers le Seigneur Christ, le Médecin tout-puissant, et que l'on crie à haute voix : «Seigneur, sauve-moi : Seigneur, sauve-moi». Mais le Seigneur n'a pas voulu les sauver sur-le-champ, bien qu'il aurait pu le faire; il les a envoyés aux prêtres, pour nous indiquer qu'il a donné aux prêtres l'autorité de guérir chaque malade.

La repentance a une telle puissance et une telle grâce que dès que nous faisons la démarche, de bonne foi et avec un cœur contrit, d'aller vers notre confesseur et de lui dire nos péchés, nous recevons invisiblement, avant même d'arriver, le pardon et la guérison de Dieu, tout comme les lépreux étaient purifiés avant d'arriver aux prêtres. Certains disent qu'ils ne vont pas confesser leurs péchés, parce qu'il suffit que le Seigneur les connaisse déjà. Quelle folie et quelle vanité ! Bien sûr, Dieu les connaît, bande de crétins, mais si vous n'allez pas les confesser au prêtre, qui est le représentant de Dieu, vous ne serez pas sauvés. Si quelqu'un a une plaie ouverte et ne la montre pas au médecin pour qu'il lui donne le médicament approprié, il ne sera pas guéri. De même, si un pécheur ne révèle pas ses passions à son confesseur, il ne sera pas guéri. Trouvons donc le moyen d'enlever la lèpre de notre âme, d'acquérir une purification parfaite par la confession. Et puis, une fois guéris, ne soyons pas comme les neuf, ingrats pour la grâce qu'ils ont reçue, mais imitons l'un d'entre eux, comme ayant un bon esprit, et remercions chaque jour Dieu de nous avoir guéris. Même si Dieu ne manque de rien, c'est-à-dire qu'il ne veut rien de nous, nous bénéficions grandement des remerciements que nous lui rendons.

Nous devenons plus proches de ses amis familiers, plus consciencieux dans l'observation de ses commandements rédempteurs; nous nous souvenons de ses bons dons et devenons ainsi les héritiers des bénédictions futures de la félicité éternelle, à laquelle nous pouvons tous parvenir, dans le Christ notre Dieu, à qui appartiennent la gloire et la domination, toujours, dans les siècles des siècles. Amen.


lundi 22 janvier 2024

LE DIMANCHE APRÈS L'ÉPIPHANIE

 «En ce temps-là, Jésus, ayant appris l'arrestation de Jean, regagna la Galilée et, quittant Nazareth, vint s'établir à Capharnaüm, au bord de la mer, sur les confins de Zabulon et de Nephtali. Ainsi devait s'accomplir cet oracle du prophète Isaïe : «Terre de Zabulon, terre de Nephtali, route de la mer, pays de Transjordane, Galilée des nations ! Le peuple qui se trouvait dans les ténèbres a vu une grande lumière, sur ceux qui habitaient les obscurs parages de la mort une lumière a resplendi.» À partir de ce moment Jésus se mit à prêcher ainsi : Repentez-vous, car il est proche, le royaume des cieux.» (Mt 4,12-17)



L’évangile d’aujourd’hui traite du commencement de la mission de Jésus. Pendant trente ans le Messie patienta à Nazareth, soumis à ses parents. «Jésus lui-même commençait d’avoir environ trente ans.» (Luc 3,23) Ce n’est que quand le Précurseur fut mis en prison, – dont il ne sortit pas vivant, – que le Christ débuta sa mission et se mit à prêcher l’évangile. Il fallait que la mission de Jean s’acheva d’abord, «celui qui crie dans le désert, Préparez le chemin du Seigneur, faites droits ses sentiers.» (Mc 1,3) Jean disait aussi : «celui qui vient après moi.» (Mt 3,11) Peu avant, ce même Jean baptisa le Christ, un baptême «pour la repentance.» Le Sauveur, le pur sans péché, n’avait nullement besoin de ce baptême, mais se laissa baptiser à notre place. Le Baptiste baptisait d’eau tandis que le Sauveur baptisait d’«Esprit saint et de feu.» (Mt 2,11) Il fallait donc que la préparation s’accomplisse avant que l’œuvre réelle du salut commence. Les messages de Jean et de Jésus pourtant étaient les mêmes : «Repentez-vous, car il est proche, le royaume des cieux,» disait le Christ et Jean : «Produisez donc du fruit qui convienne à la repentance.» (Mt 3,8)

En parlant de Zabulon et de Nephtali, on peut penser à Chorazin et à Bethsaïde, qui se trouvaient à proximité et dont il est dit : «Malheur à toi, Chorazin ! malheur à toi, Bethsaïda ! car si les miracles qui ont été faits au milieu de vous eussent été faits dans Tyr et dans Sidon, il y a longtemps qu’elles se seraient repenties.» (Luc 10,13)

Avant de débuter sa mission, Jésus fut tenté par le diable, et une fois le malin vaincu, il se sentit prêt pour affronter sa mission.

Peu avant, aux noces de Cana, le Seigneur fait son premier miracle, malgré le fait que son «heure n’est pas encore venue.» (Jn 2,4) Il anticipa sur l’instance de sa Mère, et finalement quand Jean fut mis en prison, l’heure de Dieu était venue, – le Christ était préparé et prêt pour accomplir l’œuvre du salut.

Quelques mots encore des pères pour compléter :

« Mais il faut examiner avec soin comment saint Jean a pu dire que le Sauveur avait été dans la Galilée avant que saint Jean-Baptiste eût été mis en prison; car c’est après le changement de l’eau en vin, après le séjour de Jésus à Capharnaüm, après son retour à Jérusalem, que, d’après le récit de saint Jean, il revint dans la Judée, et qu’il y baptisa. Or, à cette époque Jean-Baptiste n’était pas encore incarcéré. Ici au contraire, comme dans saint Marc, nous lisons que Jésus se retira en Galilée après que Jean-Baptiste fut arrêté. Il n’y a toutefois aucune contradiction. Car saint Jean l’Évangéliste raconte le premier voyage du Sauveur dans la Galilée, voyage qui eut lieu avant l’incarcération de Jean-Baptiste. Ailleurs il fait mention en ces termes d’un second voyage dans la même contrée : «Jésus quitta la Judée, et revint de nouveau dans la Galilée,» et c’est de ce second voyage seulement qui eut lieu après que Jean-Baptiste eût été jeté en prison, que les autres Évangélistes font mention.» (Rémi)

«Jésus n’a point prêché avant que Jean-Baptiste fût mis en prison, pour ne pas diviser la multitude. C’est pour une raison semblable que Jean ne fit pas de miracle (cf. Jn 10,41), pour laisser au Sauveur le moyen d’attirer tous les hommes à lui.» (Saint Jean Chrysostome; homélie 14 sur saint Matth.)

« Cette mer dont parle ici l’Évangéliste, n’est autre que le lac de Génézareth, qui est formé par les eaux du Jourdain. Sur ses bords sont situées Capharnaüm, Tibériade, Bethsaïde et Corozaim, villes dans lesquelles surtout Jésus Christ annonça l’Évangile. D’après les Hébreux convertis au christianisme, ces deux tribus de Zabulon et de Nephtali furent emmenées captives par les Assyriens, et le pays qu’elles habitaient, la Galilée, rendue déserte, fut soulagée du poids de leurs péchés, selon l’expression du prophète. Plus tard, les autres tribus qui habitaient au delà du Jourdain et dans la Samarie eurent le même sort, et c’est pour cela, remarquent ces mêmes auteurs, que l’Écriture dit ici que le peuple de cette contrée fut le premier réduit en captivité, et qu’il fut aussi le premier à voir la lumière que Jésus Christ répandait par ses prédications. Ou bien, selon les Nazaréens, la venue du Christ délivra d’abord la terre de Zabulon et de Nephtali des erreurs des Pharisiens, et plus tard, grâce au zèle apostolique de saint Paul, la prédication fut surchargée, c’est-à-dire multipliée sur les frontières des nations.» (saint Jérôme)


a. Cassien


dimanche 31 décembre 2023

MESSAGE DE LA NATIVITÉ DU SAUVEUR

     Les Israélites demandaient un «Dieu qui marche», comme avaient les autres nations, des dieux en bois et en pierre. «Or ils m’ont dit (à Aaron) : «Fais-nous un dieu qui marche devant nous !» (Ex 32,23) Aaron leur fabriquât un veau d’or que Moïse indigné détruisît.  

Quelques siècles après Dieu a eu pitié, en s’incarnant, est devenu ce Dieu qui marche, qui a vécu parmi nous et nous a sauvé. Celui qui était «inexprimable, inconcevable, invisible, incompréhensible,» (prière secrète de la divine liturgie) est devenu exprimable, concevable, visible, compréhensible.

«Voici que la Vierge sera enceinte et enfantera un fils et on lui donnera pour nom Emmanuel ce qui se traduit Dieu avec nous». (Mt 1,23)

«Ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé et que nos mains ont touché,» dit saint Jean l’apôtre bien-aimé (I Jn 1,1)

Toute l’iconographie est basé sur cette réalité. Le Dieu inexprimable se laisse figurer dans son humanité.

Le Sauveur, Lui, le roi des rois, ne s’est pas incarné comme un prince, avec sceptre et couronne, – de nouveau difficile à aborder, – mais comme simple homme humble et plus qu’humble. Né dans une grotte entre bœuf et âne, comme leur semblable, pourrait-on dire, il a dû ensuite se réfugier avec ses parents, lui l’Innocent, en Égypte, pour ne pas être massacré par Hérode. «Tu as transporté d’Egypte un cep; tu as chassé les nations, et tu l’as planté. Tu as préparé une place devant lui, il a poussé des racines, et a rempli le pays.» (Ps 80,8-9) «Et il fut là jusqu’à la mort d’Hérode, afin que fût accompli ce que le Seigneur avait dit par le prophète, disant, j’ai appelé mon fils hors d’Egypte.» (Mt 2,15) «J’ai appelé mon fils hors d’Egypte.» (Os 11,1)

Une fois Hérode mort, («car ceux qui cherchaient la vie du petit enfant sont morts.» Mt 2,20) il s’installa à Nazareth. «Il se retira dans les quartiers de la Galilée, et alla et habita dans une ville appelée Nazareth; en sorte que fût accompli ce qui avait été dit par les prophètes, il sera appelé Nazaréen.» (Mt 2,22-23) Nazareth était un village diffamé. «Peut-il venir quelque chose de bon de Nazareth,» demanda Nathanaël à Philippe. (Jn 1,46) 

Après avoir vécu 30 ans inconnu à Nazareth il se laissa baptiser par Jean dans le Jourdain, pour la rémission des péchés, Lui l’Immaculé ! «Jean vint, baptisant dans le désert, et prêchant le baptême de repentance en rémission de péchés.» (Mc 1,4) Un peu plus loin : «Et il arriva, en ces jours-là, que Jésus vint de Nazareth de Galilée, et fut baptisé par Jean au Jourdain.» (Mc 1,9)

Il enseigna ensuite le peuple, marchant à pied et n’ayant pas de demeure où loger. «Le fils de l’homme n’a pas où reposer sa tête.» (Lc 9,58)

Finalement il finit sa vie par une mort infâme, crucifié entre deux malfaiteurs. (Il n’y avait rien de plus scandaleux comme supplice autrefois que la crucifixion !) 

Dans l’icône dont le titre est «Extrême humilité,» on voit le Sauveur nu dans le tombeau. Les soldats avaient tiré au sort ses vêtements et sa tunique. «Les soldats, donc, quand ils eurent crucifié Jésus, prirent ses vêtements et en firent quatre parts, une part pour chaque soldat. Ils prirent aussi la tunique.» (Jn 19,23). Nu le Christ vint au monde et nu il le quitta. Parfois, sur des icônes anciennes, on voit le Crucifié nu.

«Comme un Agneau sans tache devant celui qui le tond, Il n’ouvre pas la bouche. Dans son humiliation, son jugement a été exalté, qui racontera sa génération, car sa vie a été élevée de terre,» dit le prêtre lors de la prothèse.

En résumé : L’orgueil qui avait fait chuter les protoplastes, et avant eux déjà Lucifer, fut vaincu par le Sauveur dans son abaissement, celui qui est aujourd’hui né de la Vierge Marie, elle qui par son humilité permit que Jésus s’incarnât, Lui le nouvel Adam et elle la nouvelle Ève.

Est-ce que le Seigneur aurait pu s’abaisser davantage pour sauver les brebis égarés, dont je suis le premier, ou plutôt le bouc ? C’est difficile à concevoir.

Ecoutons encore ce que disent les pères de ce grand événement que nous célébrons :

«À quels admirables abaissements se réduit, à quels voyages lointains s’assujettit celui qui contient le monde entier dans son immensité ! Dès son entrée dans le monde, il recherche la pauvreté et la rend honorable dans sa personne,»  dit un père.

«Sans doute, s’il eût voulu, il pouvait venir en ébranlant les cieux, en faisant trembler la terre, en lançant la foudre; il a rejeté tout cet appareil, car il venait, non pour perdre, mais pour sauver l’homme, et, dès sa naissance, fouler aux pieds son orgueil. Il ne lui suffit donc pas de se faire homme, il se fait homme pauvre, et il choisit une mère pauvre, qui n’a point même de berceau pour y déposer son enfant nouveau né : «Et elle le coucha dans une crèche.» (saint Jean Chrysostome, homélie sur la Nativité du Sauveur).

«Celui qui est assis à la droite de Dieu le Père, manque de tout dans une pauvre retraite, pour nous préparer plusieurs demeures dans la maison de son Père (Jn 14,2) : «Car il n’y avait point de place pour eux dans les hôtelleries.» Il naît, non dans la maison de ses parents, mais dans un lieu étranger, et en voyage, parce que dans le mystère de son incarnation, il est devenu la voie qui nous conduit à la patrie (où nous jouirons pleinement de la vérité et de la vie).» saint Bède le Vénérable

« «Celui qui revêt la nature de sa parure si variée, est enveloppé dans de pauvres langes, afin que nous puissions recouvrir la robe première de notre innocence; celui par qui tout a été fait, voit ses mains et ses pieds comme enchaînés, afin que nos mains soient libres pour toute sorte de bonnes œuvres, et que nos pieds soient dirigés dans la voie de la paix.» saint Bède le Vénérable

«C’est pour vous qu’il s’abaisse à cet état d’infirmité, lui qui est en lui-même toute puissance; pour vous, qu’il se réduit à cette pauvreté, lui qui possède toute richesse. Ne vous arrêtez point à ce que vous voyez, mais considérez que c’est par là que vous êtes racheté. Seigneur Jésus, je dois plus à vos humiliations qui m’ont racheté, qu’aux œuvres de votre puissance qui m’ont créé. Que m’eût-il servi de naître sans le bienfait inestimable de la rédemption ?» saint Ambroise de Milan

Tâchons d’être dignes pour célébrer cette grande fête, en brisant notre orgueil, qui est l’origine de tous maux et la racine de tous les vices !

Je parle de manière concise et maladroite, – n’ayant pas la facilité de la parole, comme Moïse, – ce que d’autres, tel Aaron, diront bien mieux de façon détaillée.

a. Cassien




La bulletin 205 est disponible :

http://orthodoxievco.net/bul5/205.pdf