Par son incarnation, Dieu nous a sauvé, à travers sa mort sur la croix et sa résurrection. Il s’est rendu également visible, Celui qui était «inexprimable, inconcevable, invisible, incompréhensible», comme dit une prière secrète de la divine liturgie, pendant que le cœur chante : «Saint Dieu…» «Nous l’avons entendu, nous l’avons vu de nos propres yeux, nous l’avons contemplé et nos mains l’ont touché», dit l’apôtre Jean. (I Jn 1,1) Les apôtres l’ont ainsi vu, entendu etc. dans sa chair mortelle et aussi dans sa chair transfigurée sur le Thabor et après sa résurrection. Nous, de notre côté, nous pouvons donc le contempler dans sa chair transfigurée. En plus, nous pouvons le représenter dans l’iconographie, depuis son incarnation, ce qui était impossible et même interdit avant que le Fils de Dieu se soit revêtu de chair. «Vous ne m’associerez aucune divinité, vous ne vous fabriquerez aucune idole en argent ou en or.» (Ex 20,23)
Le Seigneur avait un corps périssable et mortel. Comment cela se fait-il puisque les corps des protoplastes n’étaient pas ainsi ? Ce n’est qu’après le péché que la mort est entrée dans le monde. C’est par l’accouplement des hommes que les conséquences du péché originel se transmettent, ce qui n’a pas eu lieu chez le Christ puisqu’il fut conçu par l’intervention de l’Esprit saint. C’est un mystère que je laisse résoudre à d’autres, plus futés que moi.
Si l’Emmanuel (Dieu avec nous) ne se serait pas incarné, nous ne pourrions jamais voir les personnes divines, à part dans leurs énergies. Dans la personne humaine du Christ pourtant nous voyons la sainte Trinité comme dans un miroir.
Les prophètes avaient contemplé le Christ prophétiquement dans son incarnation. Abraham avait vu Dieu sous la figure des anges, qui, eux, incorporels, n’ont pas de corps, mais se revêtent d’un corps humain chaque fois qu’ils se rendent visibles aux hommes. Jacob avait lutté avec Dieu, également à travers un ange. (cf. Gen 32,23-32)
Nous pouvons boire et manger la chair et le sang du Christ, depuis qu’il est venu parmi nous et qu’il est devenu l’un des nôtres. «Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi je demeure en lui.» (Jn 6,56)
Un peu plus loin, dans cette prière secrète, mentionnée plus haut, il est dit : «C’est Toi qui nous as amenés du non-être à l’être, qui nous as relevés après la chute et qui ne cesse de tout faire pour nous ramener au ciel et nous donner ton royaume à venir.»
Qu’est-ce que Dieu peut ou pouvait faire de plus afin de nous sauver après la chute, et de nous accorder le royaume promis ? Il ne me reste qu’à crier avec le psalmiste : «Dieu, tu agis saintement ! Quel Dieu est aussi grand que Dieu ?» (Ps 77,13)
archimandrite Cassien
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