samedi 18 avril 2020

Homélie Pour le saint jour de Pâques

saint Proclus de Constantinople (Homélie 14)

La fête que nous célébrons aujourd'hui est auguste, et cette assemblée est belle et nombreuse. Cette solennité comprend les Mystères anciens, et les nouveaux.
Non seulement les hommes prennent part à cette fête et témoignent la joie qu'elle leur inspire, mais les anges eux-mêmes se joignent à nous pour célébrer le triomphe de la Résurrection de Jésus Christ. Ils s'assemblent en troupes pour attendre Jésus Christ notre Dieu et notre Roi, et pour le recevoir dans le ciel comme le Vainqueur de l'enfer et de la mort. Tous les saints veulent être de la fête, et chantent à haute voix que Jésus Christ est l'origine et la source de la lumière. La terre qui a été abreuvée du Sang d'un Dieu, se réjouit; la mer se glorifie de l'avoir vu marcher sur ses eaux. Que tous ceux qui ont été régénérés par l'eau, et par le saint Esprit, fassent leurs efforts pour bien célébrer cette fête; mais que le premier homme, surtout, se réjouisse, pour avoir été délivré de l'ancienne malédiction.
La Résurrection de Jésus Christ doit nous combler de joie parce que sa Passion a été le l'origine de notre salut : sa mort nous a procuré l'immortalité, ses plaies ont été la cause de notre guérison, sa chute nous a relevés. Les Israélites célébraient autrefois cette fête en Egypte sous des préfigurations : l'Agneau qu'on immolait était le symbole de Jésus Christ crucifié. Mais l'Evangile veut que la fête de la Résurrection soit notre Pâque, et que nous la célébrions en esprit. La Loi des Juifs ordonnait qu'on immolât un agneau, mais dans la loi nouvelle, Jésus Christ est l'Agneau de Dieu; il est le bon berger qui donne sa vie pour son troupeau. Le Sang de l'Agneau qu'on répandait à l'entrée des maisons était une protection qui gardait les Juifs de la mort, mais maintenant le précieux Sang de Jésus Christ est répandu pour le salut du monde, et pour nous valoir la rémission de nos péchés.
Dieu fit mourir tous les premiers nés d'Egypte en une nuit, mais maintenant c'est le péché que l'on fait mourir le confessant; Pharaon fut englouti sous les eaux avec une nombreuse armée, mais maintenant le péché est comme noyé dans les eaux salutaires du baptême.
Les Hébreux en passant la Mer rouge faisaient retentir des chants de victoire : «Chantons les louanges du Seigneur, qui a fait éclater sa toute-puissance, et qui a précipité dans la mer les hommes et les chevaux». (Ex 15,1) Ceux qui sont sortis des eaux salutaires du baptême, disent aussi dans leurs chants de victoire «Il n'y a que Dieu qui soit saint, il n'y a que notre Seigneur Jésus Christ qui soit dans la gloire de son Père. Amen». Le prophète mêle sa voix à ce concert «Le Seigneur a pris possession de son royaume; il s'est revêtu de gloire» (Ps 98,1).
Après que les Hébreux eurent passé la Mer rouge, ils furent nourris de manne dans le désert; ceux qui ont été baptisés sont nourris d'un pain céleste : «Je suis descendu du ciel». C'est pour cela que le saint apôtre Paul s'écrie «Toutes ces choses qui leur arrivaient étaient des figures, et elles ont été écrites pour nous servir d'instruction à nous autres qui nous sommes rencontrés dans la fin des temps» (I Cor 10,11). Les Juifs se sont lourdement trompés et ils n'ont pas connu la vérité «Puisque s'ils l'avaient connue, ils n'auraient jamais crucifié le Seigneur et le Roi de gloire» (I Cor 2,8). Ces infortunés n'ont pas connu le mystère des oracles, ni des symboles, qui ne devaient durer que jusqu'à l'accomplissement de la vérité.
Un statuaire qui veut fondre une statue du roi en or, en argent, ou en cuivre, avant que d'entreprendre cet ouvrage, fait un modelé d'argile, et conserve exactement ce modelé jusqu'à ce qu'il ait parachevé la statue qu'il a envie de faire, d'autant que ce modelé contribue beaucoup à la perfection de son ouvrage. Mais quand la statue est finie, l'ouvrier brise le modelé qui lui devient inutile et ne lui est plus désormais d'aucun usage. C'est ainsi que les Juifs conservaient les figures et les symboles, avant que la Vérité se soit montrée dans le monde; mais depuis que Jésus-Christ s'est manifesté aux hommes et qu'il leur a appris qu'il était la lumière du monde, la Vérité, la Vie, la Résurrection; il est inutile de conserver les symboles, puisqu'ils cessent de l'être.
C'est en vain que les Juifs, ennemis déclarés de Jésus Christ, continuent d'égorger l'Agneau pour la rédemption du peuple, puisque le Fils de Dieu est le véritable Agneau qui efface les péchés du monde, lui qui a été immolé pour nous délivrer de l'ange exterminateur. Qu'ils renoncent maintenant à l'ancien levain pour s'attacher à la Vérité, qu'ils ne mangent plus de laitues sauvages puisque Jésus Christ a bu tout le fiel pour nous laisser un breuvage doux et agréable, qu'ils célèbrent la Pâque comme nous, «Non avec du vieux levain, ni avec le levain de la malice et de la corruption d'esprit, mais avec les pains sans levain de la sincérité et de la vérité» (I Cor 5,8). Afin qu'après cette vie, nous chantions dans la compagnie des anges le triomphe de notre Maître, et que nous disions de concert : Le Seigneur a pris possession de son royaume, il s'est revêtu de gloire. (Ps 92,1)
C'est lui que nous devons honorer et adorer dans les siècles éternels. Amen.


Christ est ressuscité !
votre,
a. Cassien


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