samedi 9 avril 2016

HOMÉLIE POUR LE TROISIÈME DIMANCHE DU CARÊME

Dimanche de saint Jean Climaque

Après nous avoir montré, le dimanche de saint Grégoire Palamas, la possibilité de notre déification, et le dimanche passé, dimanche de la sainte Croix, l’inévitable passage, l’Église nous montre aujourd'hui comment y parvenir. (La croix, qui est au centre de notre vie, est précisément cette échelle, sans laquelle il n’y a pas de montée.) Cela n’aurait pas de sens de nous faire miroiter cette déification sans nous donner aussi le mode d’emploi et les outils pour y parvenir. Le mode d’emploi, c’est bien l’enseignement de notre Église basé sur une expérience pluricentenaire, et les outils sont toute la richesse qu’elle nous offre : les carêmes, les beaux offices liturgiques, la lecture spirituelle etc. 

Quand je pense à tous ces gens d’aujourd’hui, qui me disent «moi, je pense …» et qui se fient à leur lumière folâtre qui éclaire tantôt un peu et tantôt plonge dans l’obscurité !
Cette nuit j'ai rêvé que j'étais dans un monastère de moines. C’était un jour de jeûne et pour chaque moine il y avait juste une portion de pain rationné. Je tournais autour de la table pour choper une ou deux portions de plus, mais pas moyen. Sur ce, je me suis réveillé et la réalité n’était guère mieux : juste une tranche de pain dans le garde-manger et le frigo désespérément dégarni aussi.
Il ne reste donc qu’à poursuivre ce chemin ardu et serré mais qui n’est pas un chemin sans issue. Au terme, nous voyons, comme un phare, la Pâque radieuse et libératrice, image et symbole de la résurrection finale qui nous attend. 
Revenons à saint Jean Climaque, ce maître de la vie spirituelle, qui nous décrit sous forme d’une échelle, – d’où son nom : Climaque, – la montée par degrés vers le but. En haut, le Christ nous attend pour nous récompenser de nos efforts, et, pendant la montée, les malins esprits nous guettent pour nous faire tomber dans la gueule de l’Hadès qui dévore tout. Bien sûr, les anges nous protègent et nous guident également.
Le saint nous détaille les dangers et les moyens de les éviter, de même les fruits à cueillir – récompense de nos peines.
Voici juste un passage de ses écrits : «C’est sans doute le honteux esclavage de mes passions tyranniques et les maux qu'elles m'ont fait souffrir, qui m'ont appris les ruses méchantes, la conduite malicieuse, la domination cruelle et les tromperies désolantes des démons. Mais heureusement tous les hommes n'éprouvent pas le même malheur; car il en est qui ont une connaissance pleine et entière des artifices de ces esprits de ténèbres, par la Présence intérieure du saint Esprit, qui les éclaire de ses divines lumières, après les avoir préservés de leurs pièges et de leurs embûches; et il y a une bien grande différence entre une personne qui juge de la joie et du contentement que procure la santé après une longue et douloureuse maladie, et une autre personne qui juge des douleurs qu'on doit souffrir dans une maladie, par la joie qu'elle éprouve dans la santé.» (27e degré)

Concluons avec un chant de l’office d’aujourd’hui : «Faisant monter vers le ciel l'éclat de tes vertus et prenant appui sur un solide terrain, tu t'es élevé pieusement vers l'immensité de la contemplation; dénonçant les ruses du démon, tu mis les hommes à l'abri de ses méfaits; saint Jean, vénérable échelle des vertus, intercède auprès du Seigneur pour qu'Il sauve ses serviteurs.» (Matines, ode 3)


archimandrite Cassien

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