samedi 15 juin 2024

HOMÉLIE POUR LES PÈRES DU PREMIER CONCILE DE NICÉE

«Le Christ et les apôtres ne nous ont enseigné ni la dialectique, ni des subtilités, mais une doctrine simple et claire que l’on croit et que l’on pratique en faisant le bien,» disait un père du concile et c’est dans ce sens que je voudrais dire quelques mots sur la fête d’aujourd’hui.
Ce dimanche se situe toujours entre l’Ascension et Pentecôte, mais la date varie selon la fête de Pâque et le rapproche plus ou moins de la fête des Apôtres. Cette année, elle arrive tard, et donc le carême des Apôtres est court, – au contentement des amateurs du jeûne.

L’Église est conciliaire et les questions et problèmes se discutent et se résolvent donc en commun. Selon l’importance, il peut avoir des conciles locaux, généraux ou œcuméniques. Œcuménique vient du grec œcumène et signifie la terre habitée. Les termes de concile ou synode sont synonymes et viennent soit du latin, soit du grec.

Lors de ce premier concile, en 325, fut surtout discutée la question de la nature du Christ et de la date de Pâque. Les adversaires, dont le chef de file était Arius, prétendaient  que la Christ est une créature et non Dieu par nature. Pâque, la fête des fêtes, se célébrait à des dates différentes, selon les pays.

Le concile fut convoqué au temps du roi Constantin et c’est ce même roi qui avait accordé la paix à l’Église, après tant d’années de persécution, qui convoqua également ce synode. Il s’occupa du bon ordre du concile, et des problèmes matériels, comme le transport des évêques, la sécurité etc. Il participa au concile, fit une allocution, mais n’eut pas le droit de vote.

Au concile participèrent officiellement vers la fin 318 pères dont le grand Athanase, qui n’était qu’un simple diacre et qui représentait le patriarche Alexandre d’Alexandrie. Saint Nicolas de Myre y était présent et c’est lui qui donna une gifle au blasphémateur Arius. Il est interdit par les canons qu’un clerc frappe quiconque, et le saint fut donc emprisonné. C’est le Christ et la Toute-Sainte qui libérèrent saint Nicolas et on voit parfois sur ses icônes l’épisode où l’omophore lui fut restitué. Saint Spyridon de Chypre y assista aussi et accomplit le miracle de la brique. Comme une brique est composée de terre, de feu et d’eau, la sainte Trinité est trinitaire en personne mais d’une seule nature. Lors du miracle, de l’eau coula de la brique, ainsi que de la terre, et une flamme en sortit. On voit d’ailleurs le saint sur la fresque à côté du roi, avec son béret de berger.

Le pape de Rome ne s’y rendit pas à cause de sa vieillesse, mais il y envoya deux prêtres pour tenir sa place, et donner leur assentiment à ce qui serait fait.

Aujourd’hui dans l’Église «catholique», qui se dit et se veut catholique, il serait impensable que le pape n’y préside pas et que le concile ne se tienne pas à Rome. Pourtant, aucun concile œcuménique n’a eu lieu à Rome !

Ce concile de Nicée fut le premier, reconnu par la suite œcuménique. Ensuite il y en a eu six autres, et selon une tradition il y en aura un huitième à la fin des temps.

Ce n’est pas le grand nombre des évêques qui garantit son orthodoxie ou s’il est œcuménique. Un évêque peut se tromper et même tous les évêques ensemble. Ce n’est que l’Église dans son ensemble qui est infaillible. Il y a eu des grands conciles erronés, comme par exemple, le «brigandage d’Éphèse.»

Lors du concile on reconnut le Christ omoousions (consubstantiel). Les adversaires tenaient au mot omoiousios (semblable en nature), afin de cacher leur perfidie. Ce fut surtout le grand Athanase qui insista sur omoousions qui ne permettait pas une équivoque.

Les pères frappèrent Arius et ses partisans d’anathème et déclarèrent que son système était opposé à la foi de l’Eglise. Ils furent ensuite exilés.

Après la condamnation de la doctrine d’Arius, le concile passa à la question pascale. Lorsqu’il s’agissait de la foi, les Pères se contentèrent de dire : Ainsi croit l’Eglise catholique.

La discussion touchant la fixation du jour de Pâques eut un tout autre caractère. Il s’agissait d’une question purement disciplinaire, ecclésiastique par sa nature, et pouvant être, par conséquent, tranchée avec autorité par les évêques. Les Pères du concile de Nicée ne dirent donc pas, comme sur la question de foi : «C’est ainsi que croit l’Eglise catholique;» mais ils usèrent de cette formule : «Ce qui suit a été décrété.»

Il fut prescrit de ne pas célébrer cette fête le même jour que les Juifs, mais seulement le dimanche qui suivait le quatorzième jour de la lune après l’équinoxe du printemps. Pour déterminer ce jour, le concile décida que l’Eglise d’Alexandrie s’en occupe et le fasse savoir, à travers l’Église de Rome, aux autres Églises.

Après avoir terminé d’examiner les questions de la foi et de l’unité de l’Eglise, le concile adopta des lois ou canons au nombre de vingt. Ces canons touchent le célibat, la limite de l’évêché, les schismatiques, les apostats, l’usure, la compétence des diacres, le baptême des hérétiques, etc.

C’est avec respect et reconnaissance que nous vénérons donc ces saints pères, qui nous ont indiqué le droit chemin, afin de ne nous égarer ni à droite ni à gauche, dans des excès qui mènent à la perdition.

a. Cassien




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