samedi 1 juin 2024

HOMÉLIE POUR LE DIMANCHE DE LA SAMARITAINE



Dans les bulletins «Orthodoxie» n° 142 et 188, j’ai déjà publié des homélies sur cet épisode du Christ avec la Samaritaine. J’essaie donc simplement de compléter.

«L’Évangile est saturé de tous les mystères. De l’un il dévoilera un centième de centimètre, d’un autre un millier de verstes. De l’un beaucoup, d’un autre peu. Et ce petit peu, ce centième de centimètre, cela suffit pour vivre.» starez Nicon d’Optino

La Samaritaine s’appelait Photinie, selon la Tradition, et elle est devenue une sainte par la suite. Ce nom vient du grec : Phos, qui veut dire lumière. En français on a maints mots avec ce préfixe : photographie (lumière et écrire), phosphore (lumière et porteur), photovoltage, photothèque etc.

Elle a eu cinq maris, ce qui était permis chez les juifs, comme on le voit bien dans l’évangile : «À la résurrection, duquel des sept frères sera-t-elle la femme ? Car ils l’ont tous eue pour épouse.» (Mt 22,28, Luc 20,33 et Mc 12,23) Avec l’homme actuel, elle vivait en concubinage, si on comprend bien, selon ce que dit le Christ.

«Cette femme … voulait d'ailleurs cacher la honte de sa vie à Jésus, en qui elle ne voyait qu'un homme : "La femme lui répondit : Je n'ai point de mari." Le Sauveur profite de cet aveu pour lui découvrir le scandale de sa vie. Il lui rappelle tous ceux qu'elle a eus pour mari, et lui fait un reproche de celui qu'elle cherche en ce moment à dissimuler : Jésus lui dit : Vous avez raison de dire : Je n'ai point de mari.» (Saint Jean Chrysostome. hom. 32)

«Cette femme, en effet, n'avait point alors de mari, et vivait avec je ne sais quel homme dans une union illégitime et scandaleuse. Notre Seigneur le lui rappelle avec une intention particulière et secrète en lui disant : «Vous avez eu cinq maris.» (Saint Augustin. Traité 15)

Le Messie parla à cette femme, malgré le fait que les Juifs ne parlaient pas aux Samaritains. «L'évangéliste ne dit point que les Samaritains n'ont point de commerce avec les Juifs, mais que les Juifs n'ont point de commerce avec les Samaritains. Depuis le retour de la captivité, les Juifs étaient en garde contre les Samaritains et les regardaient comme des étrangers et des ennemis, car ils ne recevaient pas toutes les Ecritures, et n'admettaient que le livre de Moïse, sans tenir beaucoup de compte des prophètes. Ils prétendaient avoir part à la noblesse du peuple juif qui les avait en horreur à l’égal des autres nations infidèles.» (Saint Jean Chrysostome. hom. 31)

Les Juifs adoraient à Jérusalem au Temple. Ils y adorent encore mais non plus au Temple, qui fut détruit, mais juste au mur des lamentations. Les Samaritains, de leur côté, adoraient au Mont Garizim, près duquel Jacob habita. Leur culte était purement extérieur et rituel. Le Christ est venu pour nous apprendre à prier Dieu véritablement. «Car vient l'heure, – et elle est déjà venue – où les vrais adorateurs adoreront en esprit et en vérité.»

«Le Sauveur veut parler ici de l'Eglise, où l'on offre à Dieu l'adoration véritable et la seule digne de lui. C'est pour cela qu'il ajoute : "Car ce sont là les adorateurs que cherche le Père." Il avait toujours cherché de tels adorateurs, cependant il les laissa s'attacher à leurs anciens rites et à leurs cérémonies figuratives, par condescendance et pour les amener ainsi à la vérité.» 

«Il faut adorer dans la vérité, parce que les rites et les cérémonies de l'ancienne loi n'étaient que des figures, par exemple, la circoncision, les holocaustes et les ablations de l'encens; maintenant au contraire tout est vérité.» (Saint Jean Chrysostome. hom. 33)

«L'heure vient, et nous y sommes,» de la venue du Messie, attendu par les Juifs et les Samaritains. La Samaritaine savait que leur culte n’était que partiel et imparfait : «Lors donc qu'il sera venu, il nous instruira de toutes choses.»

«Alors la femme, ayant laissé sa cruche, s'en alla dans la ville, et dit aux gens…» La femme, Photinie, est devenue l’apôtre des ses compatriotes. Elle ne pensa même pas à emporter sa cruche, en courant en ville.

«Notre Seigneur se sert de cette femme comme d'un apôtre pour évangéliser ses concitoyens, il l'a tellement enflammée par ses paroles du feu sacré du zèle, qu'elle laisse là son urne pour retourner à la ville et raconter tout à ses concitoyens,» dit Origène (Traité 15 sur saint Jean)

De son côté, le grand Chrysostome dit : «À l'exemple des apôtres qui avaient quitté leurs filets, cette femme laisse là son urne et remplit l'office d'un évangéliste, et ce n'est pas une seule personne, mais une ville tout entière qu'elle appelle à la connaissance de la vérité.»

J’arrête pour aujourd’hui, loin d’avoir tout dit sur ce riche événement de l’évangile.

a. Cassien



Je le dis à la belle-fille, pour que la belle-mère l’entend, dit le proverbe. Parfois on ne peut le dire directement, et il faut le dire d’une autre manière. Ceux qui sont concernés, avec un peu d’humilité, comprennent.

Je m’exprime donc avec les paroles de l’Écriture : «Le bien-aimé est devenu gras, et il a regimbé; te voilà gras, épais et replet !»  (Dt 32,15) «J’ai cependant un reproche à te faire : tu as abandonné l’amour que tu avais au début. … Change et reviens à ta conduite première.» (Apo 2,3)

Je sais que l'on peut rétorquer en me faisant les mêmes reproches vu mon relâchement, mais comme prêtre, je dois rappeler certains fidèles discrètement à l'ordre, même s'ils ne supportent pas facilement les réprimandes.

Je pense que les "innocents" scrutent leur conscience et se font des reproches. Espérons que ceux qui sont réellement visés le fassent aussi ! 

Il me reste qu'à prier et à attendre.

a. Cassien



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