samedi 22 juin 2024

PENTECÔTE

 Le bulletin 208 vient de sortir.

Je souhaite une Pentecôte riche en grâce à vous tous !

a. Cassien




samedi 15 juin 2024

HOMÉLIE POUR LES PÈRES DU PREMIER CONCILE DE NICÉE

«Le Christ et les apôtres ne nous ont enseigné ni la dialectique, ni des subtilités, mais une doctrine simple et claire que l’on croit et que l’on pratique en faisant le bien,» disait un père du concile et c’est dans ce sens que je voudrais dire quelques mots sur la fête d’aujourd’hui.
Ce dimanche se situe toujours entre l’Ascension et Pentecôte, mais la date varie selon la fête de Pâque et le rapproche plus ou moins de la fête des Apôtres. Cette année, elle arrive tard, et donc le carême des Apôtres est court, – au contentement des amateurs du jeûne.

L’Église est conciliaire et les questions et problèmes se discutent et se résolvent donc en commun. Selon l’importance, il peut avoir des conciles locaux, généraux ou œcuméniques. Œcuménique vient du grec œcumène et signifie la terre habitée. Les termes de concile ou synode sont synonymes et viennent soit du latin, soit du grec.

Lors de ce premier concile, en 325, fut surtout discutée la question de la nature du Christ et de la date de Pâque. Les adversaires, dont le chef de file était Arius, prétendaient  que la Christ est une créature et non Dieu par nature. Pâque, la fête des fêtes, se célébrait à des dates différentes, selon les pays.

Le concile fut convoqué au temps du roi Constantin et c’est ce même roi qui avait accordé la paix à l’Église, après tant d’années de persécution, qui convoqua également ce synode. Il s’occupa du bon ordre du concile, et des problèmes matériels, comme le transport des évêques, la sécurité etc. Il participa au concile, fit une allocution, mais n’eut pas le droit de vote.

Au concile participèrent officiellement vers la fin 318 pères dont le grand Athanase, qui n’était qu’un simple diacre et qui représentait le patriarche Alexandre d’Alexandrie. Saint Nicolas de Myre y était présent et c’est lui qui donna une gifle au blasphémateur Arius. Il est interdit par les canons qu’un clerc frappe quiconque, et le saint fut donc emprisonné. C’est le Christ et la Toute-Sainte qui libérèrent saint Nicolas et on voit parfois sur ses icônes l’épisode où l’omophore lui fut restitué. Saint Spyridon de Chypre y assista aussi et accomplit le miracle de la brique. Comme une brique est composée de terre, de feu et d’eau, la sainte Trinité est trinitaire en personne mais d’une seule nature. Lors du miracle, de l’eau coula de la brique, ainsi que de la terre, et une flamme en sortit. On voit d’ailleurs le saint sur la fresque à côté du roi, avec son béret de berger.

Le pape de Rome ne s’y rendit pas à cause de sa vieillesse, mais il y envoya deux prêtres pour tenir sa place, et donner leur assentiment à ce qui serait fait.

Aujourd’hui dans l’Église «catholique», qui se dit et se veut catholique, il serait impensable que le pape n’y préside pas et que le concile ne se tienne pas à Rome. Pourtant, aucun concile œcuménique n’a eu lieu à Rome !

Ce concile de Nicée fut le premier, reconnu par la suite œcuménique. Ensuite il y en a eu six autres, et selon une tradition il y en aura un huitième à la fin des temps.

Ce n’est pas le grand nombre des évêques qui garantit son orthodoxie ou s’il est œcuménique. Un évêque peut se tromper et même tous les évêques ensemble. Ce n’est que l’Église dans son ensemble qui est infaillible. Il y a eu des grands conciles erronés, comme par exemple, le «brigandage d’Éphèse.»

Lors du concile on reconnut le Christ omoousions (consubstantiel). Les adversaires tenaient au mot omoiousios (semblable en nature), afin de cacher leur perfidie. Ce fut surtout le grand Athanase qui insista sur omoousions qui ne permettait pas une équivoque.

Les pères frappèrent Arius et ses partisans d’anathème et déclarèrent que son système était opposé à la foi de l’Eglise. Ils furent ensuite exilés.

Après la condamnation de la doctrine d’Arius, le concile passa à la question pascale. Lorsqu’il s’agissait de la foi, les Pères se contentèrent de dire : Ainsi croit l’Eglise catholique.

La discussion touchant la fixation du jour de Pâques eut un tout autre caractère. Il s’agissait d’une question purement disciplinaire, ecclésiastique par sa nature, et pouvant être, par conséquent, tranchée avec autorité par les évêques. Les Pères du concile de Nicée ne dirent donc pas, comme sur la question de foi : «C’est ainsi que croit l’Eglise catholique;» mais ils usèrent de cette formule : «Ce qui suit a été décrété.»

Il fut prescrit de ne pas célébrer cette fête le même jour que les Juifs, mais seulement le dimanche qui suivait le quatorzième jour de la lune après l’équinoxe du printemps. Pour déterminer ce jour, le concile décida que l’Eglise d’Alexandrie s’en occupe et le fasse savoir, à travers l’Église de Rome, aux autres Églises.

Après avoir terminé d’examiner les questions de la foi et de l’unité de l’Eglise, le concile adopta des lois ou canons au nombre de vingt. Ces canons touchent le célibat, la limite de l’évêché, les schismatiques, les apostats, l’usure, la compétence des diacres, le baptême des hérétiques, etc.

C’est avec respect et reconnaissance que nous vénérons donc ces saints pères, qui nous ont indiqué le droit chemin, afin de ne nous égarer ni à droite ni à gauche, dans des excès qui mènent à la perdition.

a. Cassien




samedi 1 juin 2024

HOMÉLIE POUR LE DIMANCHE DE LA SAMARITAINE



Dans les bulletins «Orthodoxie» n° 142 et 188, j’ai déjà publié des homélies sur cet épisode du Christ avec la Samaritaine. J’essaie donc simplement de compléter.

«L’Évangile est saturé de tous les mystères. De l’un il dévoilera un centième de centimètre, d’un autre un millier de verstes. De l’un beaucoup, d’un autre peu. Et ce petit peu, ce centième de centimètre, cela suffit pour vivre.» starez Nicon d’Optino

La Samaritaine s’appelait Photinie, selon la Tradition, et elle est devenue une sainte par la suite. Ce nom vient du grec : Phos, qui veut dire lumière. En français on a maints mots avec ce préfixe : photographie (lumière et écrire), phosphore (lumière et porteur), photovoltage, photothèque etc.

Elle a eu cinq maris, ce qui était permis chez les juifs, comme on le voit bien dans l’évangile : «À la résurrection, duquel des sept frères sera-t-elle la femme ? Car ils l’ont tous eue pour épouse.» (Mt 22,28, Luc 20,33 et Mc 12,23) Avec l’homme actuel, elle vivait en concubinage, si on comprend bien, selon ce que dit le Christ.

«Cette femme … voulait d'ailleurs cacher la honte de sa vie à Jésus, en qui elle ne voyait qu'un homme : "La femme lui répondit : Je n'ai point de mari." Le Sauveur profite de cet aveu pour lui découvrir le scandale de sa vie. Il lui rappelle tous ceux qu'elle a eus pour mari, et lui fait un reproche de celui qu'elle cherche en ce moment à dissimuler : Jésus lui dit : Vous avez raison de dire : Je n'ai point de mari.» (Saint Jean Chrysostome. hom. 32)

«Cette femme, en effet, n'avait point alors de mari, et vivait avec je ne sais quel homme dans une union illégitime et scandaleuse. Notre Seigneur le lui rappelle avec une intention particulière et secrète en lui disant : «Vous avez eu cinq maris.» (Saint Augustin. Traité 15)

Le Messie parla à cette femme, malgré le fait que les Juifs ne parlaient pas aux Samaritains. «L'évangéliste ne dit point que les Samaritains n'ont point de commerce avec les Juifs, mais que les Juifs n'ont point de commerce avec les Samaritains. Depuis le retour de la captivité, les Juifs étaient en garde contre les Samaritains et les regardaient comme des étrangers et des ennemis, car ils ne recevaient pas toutes les Ecritures, et n'admettaient que le livre de Moïse, sans tenir beaucoup de compte des prophètes. Ils prétendaient avoir part à la noblesse du peuple juif qui les avait en horreur à l’égal des autres nations infidèles.» (Saint Jean Chrysostome. hom. 31)

Les Juifs adoraient à Jérusalem au Temple. Ils y adorent encore mais non plus au Temple, qui fut détruit, mais juste au mur des lamentations. Les Samaritains, de leur côté, adoraient au Mont Garizim, près duquel Jacob habita. Leur culte était purement extérieur et rituel. Le Christ est venu pour nous apprendre à prier Dieu véritablement. «Car vient l'heure, – et elle est déjà venue – où les vrais adorateurs adoreront en esprit et en vérité.»

«Le Sauveur veut parler ici de l'Eglise, où l'on offre à Dieu l'adoration véritable et la seule digne de lui. C'est pour cela qu'il ajoute : "Car ce sont là les adorateurs que cherche le Père." Il avait toujours cherché de tels adorateurs, cependant il les laissa s'attacher à leurs anciens rites et à leurs cérémonies figuratives, par condescendance et pour les amener ainsi à la vérité.» 

«Il faut adorer dans la vérité, parce que les rites et les cérémonies de l'ancienne loi n'étaient que des figures, par exemple, la circoncision, les holocaustes et les ablations de l'encens; maintenant au contraire tout est vérité.» (Saint Jean Chrysostome. hom. 33)

«L'heure vient, et nous y sommes,» de la venue du Messie, attendu par les Juifs et les Samaritains. La Samaritaine savait que leur culte n’était que partiel et imparfait : «Lors donc qu'il sera venu, il nous instruira de toutes choses.»

«Alors la femme, ayant laissé sa cruche, s'en alla dans la ville, et dit aux gens…» La femme, Photinie, est devenue l’apôtre des ses compatriotes. Elle ne pensa même pas à emporter sa cruche, en courant en ville.

«Notre Seigneur se sert de cette femme comme d'un apôtre pour évangéliser ses concitoyens, il l'a tellement enflammée par ses paroles du feu sacré du zèle, qu'elle laisse là son urne pour retourner à la ville et raconter tout à ses concitoyens,» dit Origène (Traité 15 sur saint Jean)

De son côté, le grand Chrysostome dit : «À l'exemple des apôtres qui avaient quitté leurs filets, cette femme laisse là son urne et remplit l'office d'un évangéliste, et ce n'est pas une seule personne, mais une ville tout entière qu'elle appelle à la connaissance de la vérité.»

J’arrête pour aujourd’hui, loin d’avoir tout dit sur ce riche événement de l’évangile.

a. Cassien



Je le dis à la belle-fille, pour que la belle-mère l’entend, dit le proverbe. Parfois on ne peut le dire directement, et il faut le dire d’une autre manière. Ceux qui sont concernés, avec un peu d’humilité, comprennent.

Je m’exprime donc avec les paroles de l’Écriture : «Le bien-aimé est devenu gras, et il a regimbé; te voilà gras, épais et replet !»  (Dt 32,15) «J’ai cependant un reproche à te faire : tu as abandonné l’amour que tu avais au début. … Change et reviens à ta conduite première.» (Apo 2,3)

Je sais que l'on peut rétorquer en me faisant les mêmes reproches vu mon relâchement, mais comme prêtre, je dois rappeler certains fidèles discrètement à l'ordre, même s'ils ne supportent pas facilement les réprimandes.

Je pense que les "innocents" scrutent leur conscience et se font des reproches. Espérons que ceux qui sont réellement visés le fassent aussi ! 

Il me reste qu'à prier et à attendre.

a. Cassien