mercredi 8 décembre 2021

À PROPOS DE «NOËL»

  «Noël», c’est-à-dire la Nativité du Sauveur, est célébré comme une grande fête dans l’Orthodoxie, mais la plus grande fête c’est Pâque, et selon mon humble avis, l’Annonciation est plus grande que «Noël». C’est à l’Annonciation que notre salut a commencé, comme chante le tropaire de la fête : «Aujourd’hui c’est le commencement de notre salut…» C’est là que la Vierge Marie a donné son «Fiat», sans lequel, ni l’Incarnation, ni notre salut ne se seraient fait. A «Noël», le Christ est seulement sorti du sein de la Vierge Marie, un fait naturel, même si cela s’était fait d’une manière hors du commun, sans douleur, car la Toute-Sainte avait conçu par l’Esprit saint et non par l’union charnelle, par laquelle les conséquences du péché originel se transmettent, comme «Tu enfanteras dans les douleurs «(Gen 3,16).

«Noël» se fête neuf mois après l’Annonciation. J’ignore quelle fête fut fixée par rapport à l’autre, mais à ma connaissance «Noël» remplace une fête païenne, où on vénérait, ou adorait, l’arbre sacré. Les Nordiques rendaient notamment un culte à Ygdrassil, un arbre sacré. Dans les Vies de saints nous voyons plus souvent que le saint abattait miraculeusement un arbre «sacré», comme par exemple dans la vie de saint Nicolas, ou de saint Martin, dont les récits est relaté ci-après.

Dire que «Noël» se fait lors du solstice d’hiver, c’est faux. Le solstice d’hiver tombe lors de la conception de sainte Anne le 9/22 décembre, donc quelques jours avant le «Noël» occidentale. Vouloir coïncider «Noël» avec le solstice d’hiver, c’est de le tirer par les cheveux ! A la conception de sainte Anne, selon le calendrier orthodoxe, les jours commencent de nouveau de se rallonger et donc le salut de l’humanité commence de se faire jour. 

«Noël» se fête le 25 décembre, donc le 7 janvier civile. Cela fut aussi ainsi en Occident jusqu’au changement du calendrier. 

Les historiens considèrent généralement que la tradition de «Noël» a vu le jour au 15e siècle, dans les pays germaniques.

A notre époque, «Noël» est devenue, dans le monde non-orthodoxe, une fête familiale, sentimentale et commerciale, et s’est vidée du contenu théologique, comme d’autres fêtes, par exemple carnaval. 

L’arbre de «Noël» n’est pas connu dans le milieu orthodoxe, juste les néo-calendaristes, commencent de s’y habitués sous l’influence du monde occidental. La crèche est également une tradition occidentale, remontant apparemment à François d’Assise, donc après le schisme de 1054. 

Encore une remarque : Les fidèles orthodoxes se font des cadeaux, non à «Noël», mais pour la fête des saint Basile le Grand, le 1 janvier.

On pourrait encore écrire longuement là-dessus mais je termine en souhaitant à tous les croyants une fête de la Nativité du Sauveur, dans la paix et la joie !


a. Cassien


«Une autre fois, (saint Martin) après avoir détruit un vieux temple, il se mit en devoir d'abattre un pin qui était auprès; mais le prêtre et tous les habitants du village s'y opposèrent : ce fut inutilement que Martin voulut leur persuader que cet arbre n'avait rien de sacré, qu'il fallait le détruire parce qu'il était dédié au démon, qu'ils devaient servir le Dieu qu'il leur annonçait. «Si tu as quelque confiance en ce Dieu, lui dit un homme de la foule plus hardi que les autres, mets-toi sous l'arbre, nous allons l'abattre, et tu le recevras dans tes bras. Si ton Dieu est avec toi, comme tu le dis, cet arbre ne pourra, en tombant, te faire aucun mal.» Martin consent à être placé sous l'arbre, et à cette condition les paysans consentent à l'abattre. Il était incliné d'un côté; croyant tous que c'était par là qu'il tomberait, ils y attachent Martin, et aussitôt de se mettre tout joyeux à couper l'arbre vénéré. Il y avait une foule immense de spectateurs. Bientôt le pin est ébranlé. Les moines qui accompagnaient Martin étaient pâles, tremblants, ils avaient perdu toute foi et toute espérance, ils n'attendaient que sa mort; pour lui, il était calme et plein de confiance dans le Seigneur. Tout-à-coup, un craquement épouvantable se fait entendre, l'arbre tombe et va l'écraser; il lui oppose le signe du salut, et aussitôt, cet arbre, à demi tombé, se redresse comme emporté par une violente tempête, et va tomber du côté opposé, au risque d'écraser tous les spectateurs qui s'y étaient placés comme en lieu sûr. Un grand cri s'élève de la foule, les paysans proclament le miracle, les moines pleurent de joie, tous ensemble exaltent le nom de Jésus Christ.»




Dans la Vie de saint Nicolas :


Un jour les gens d'un village vinrent à lui et se prosternèrent à ses pieds en disant : «Nous demandons à ta Sainteté, ô serviteur de Dieu, d'écouter notre demande et de nous venir en aide. La mort et la ruine nous menacent. Il y a dans notre village un arbre énorme et immense. Un esprit mauvais y habite et cause aux gens un tort considérable. Il a gâté nos cultures, rendu notre lieu inhabitable, et nous supplions ta Sainteté, ô saint du Seigneur, d'avoir pitié de nous. Viens avec nous pour abattre cet arbre par tes prières toujours exaucées, et nous chasserons loin de nous cet esprit impur qui y réside, afin d'être soulagé de nos maux.»

Le saint acquiesça à leur demande. Il partit avec eux à l'emplacement de l'arbre. Il trouva à son pied des traces de coups de hache. Il en demanda la raison, et on lui apprit que chaque fois que quelqu'un voulait abattre l'arbre il en sortait un grand bruit, la hache volait de la main de  celui qui la tenait et le tuait. Il restait là gisant sans sépulcre et personne n'osait l'enterrer. Quand le saint entendit cela, il se mit à genoux pendant deux heures, puis il se releva de sa prière et ordonna à l'assemblée d'aller chercher des haches et de couper l'arbre. Ils eurent très peur et furent saisis de terreur. Le saint vit leur frayeur, il s'empara de la hache, fit sur elle le signe de la sainte Croix et en frappa l'arbre sept fois.

Alors l'esprit mauvais cria très fort : «Malheur à moi, car ce serviteur de Dieu m'a chassé de cet arbre après l'avoir habité si longtemps ! Personne ne m'a vaincu sinon lui.» Ensuite le saint coupa l'arbre et ordonna à l'assemblée de se rassembler du côté de l'ouest car il semblait que l'arbre penchait vers l'est. Mais le démon maudit leur fit croire que l'arbre penchait de leur côté. Ils eurent peur et dirent par la bouche de l'un d'entre eux : «Serviteur de Dieu, sauve nous et viens à notre secours pour que cet arbre ne nous fasse pas périr !» Le saint fit sur lui le signe de la croix par trois fois, ensuite il le prit dans ses bras en disant : «Au nom de notre Seigneur Jésus Christ, je t'ordonne de revenir en arrière, et ne fais de mal à personne.» Alors l'arbre revint de l'autre côté. L'esprit mauvais ne recommença plus à se montrer dans ces parages, et les gens du village louèrent le Dieu bon qui donne à ses élus puissance sur les démons. La hauteur de cet arbre était de quarante coudées et sa largeur de trois. Le saint envoya chercher des scieurs pour débiter l'arbre et il ordonna de le porter à l'église de Sion qu'avait bâtie Nicolas, l'oncle du saint, et ils en surélevèrent l'édifice. 


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