jeudi 16 janvier 2025

LE BAPTÊME DU CHRIST

 Jésus s’est fait baptiser par Jean dans le Jourdain, «à Béthanie, au delà du Jourdain», précise Jean (1,28). 


Alcuin. «Béthanie signifie maison d'obéissance, ce qui nous apprend que c'est par l'obéissance de la foi, que tous les hommes doivent parvenir au baptême.»

Origène. (Traité 7 sur saint Jean) Béthanie signifie encore maison de la préparation, et cette signification se rapporte parfaitement au baptême de Jean, qui avait pour fin de préparer au Seigneur un peuple parfait.

Avant de parler du baptême du Christ, je voudrais préciser ce qui l’avait précédé. Le Messie avait déjà choisi des disciples avec lesquels il assista aux noces à Cana en Galilée, où il fit le miracle de l’eau changé en vin. Il prêchait déjà et baptisait, «toutefois Jésus ne baptisait pas lui-même, mais c’étaient ses disciples.» (Jn 4,2) Le Christ n’avait pas encore vraiment commencé sa mission. C’était, dirais-je, juste un essai. Après le miracle à Cana, «Jésus monta à Jérusalem,» (Jn 2,13, car la Pâque des Juifs était proche. Avant cette fête Jésus chassa les vendeurs du Temple. «Ayant fait un fouet avec des cordes, il les chassa tous du temple, ainsi que les brebis et les …» (Jn 2,15)

«Alors il quitta la Judée, et retourna en Galilée. Comme il fallait qu'il passât par la Samarie…» C’est là qu’eut lieu l’épisode avec la samaritaine au puits de Jacob.

«Alors Jésus vint de la Galilée au Jourdain vers Jean, pour être baptisé par lui.» (Mt 3,13) Le baptême se faisait après la Pâque juive. Juste après le baptême, «Jésus fut emmené par l’Esprit dans le désert, pour être tenté par le diable.» (Mt 4,1) «Dès ce moment Jésus commença à prêcher,» (Mt 4,17) vraiment, car étant maintenant empli pleinement de l’Esprit saint. Non qu’il n’avait pas avant grâce et sagesse, – comme Dieu, il était parfait, étant la perfection même, – mais comme homme, «Jésus croissait en sagesse, en stature, et en grâce, devant Dieu et devant les hommes.» (Luc 2,52) Il prêchait déjà à 12 ans dans le Temple mais en tant qu’homme il se perfectionnait encore. 


Quelques mots maintenant concernant son baptême dans le Jourdain. Pourquoi Jésus se fit baptiser par Jean ? Cela n’était aucunement une prescription de la Loi. «Le baptême de Jean, d’où venait-il ? du ciel, ou des hommes ?» fut demandé aux sacrificateurs et les anciens du peuple, et ceux-ci l’ignoraient. (cf. Mt 21,23-27) Le Christ n’était pas venu «pour abolir la loi ou les prophètes ; je suis venu non pour abolir, mais pour accomplir,» disait-t-il. ( Mt 5,17) «Laisse faire maintenant, car il est convenable que nous accomplissions ainsi tout ce qui est juste,» (Mt 3,15) dit Jésus à Jean, donc pas ce que la Loi aurait prescrit mais l’économie de Dieu. 

Saint Hilaire de Poitiers (chap. 2 sur saint Matthieu) En un mot, Jean ne peut consentir à le baptiser comme Dieu, et Jésus lui-même lui enseigne qu’il le doit être comme homme : «Jésus lui répondant, lui dit : Laissez-moi faire pour cette heure.»

Son baptême servit encore bien plus pour la gloire de Dieu, la manifestation de la sainte Trinité. Jean «vit les cieux s’ouvrir, et l’Esprit descendre sur lui comme une colombe.» (Mc 1,10) Et «une voix fit entendre des cieux ces paroles : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis toute mon affection.» (Mt 3,17) C’était la voix du Père, lui qui n’a pas de voix ni de forme, mais qui emprunta une voix humaine pour se faire entendre, comme au Sinaï : «la voix du Seigneur se fit entendre.»  (Ac 7,31) Le tropaire de la Théophanie précise également que c’est la voix du Père : «car la voix du Père, se fit entendre, et l’Esprit sous forme de colombe…» L’Esprit emprunta cette forme puisque la colombe symbolise la pureté et l’innocence. Il est écrit «comme une colombe» c’est-à-dire semblable. 

Saint Jean Chrysostome. (sur saint Matthieu) «L’Esprit saint a voulu paraître sous la forme d’une colombe, parce que de tous les animaux, la colombe est celui qui cultive le plus le sentiment de l’amour.»

Saint Bède le Vénérable. «Il convenait que l'Esprit saint descendît sous la forme de la colombe, qui est simple, sans fiel, sans malice, afin de nous faire comprendre par cette figure qu'il cherche les cœurs simples et qu'il dédaigne d'habiter dans les cœurs impies.» Jean seul entendit la voix et voyait la colombe car le peuple autour n’était pas digne. «et il vit …», c’est-à-dire Jean (Mt 3,16 et Mc 1,10).

«Au moment où il sortait de l’eau,» dit Marc (1,10) et Luc : «pendant qu’il priait.» (3,21) C’était donc après le baptême qu’à eu lieu la manifestation trinitaire, quand le Christ avait accompli ce geste, à notre place pour nos péchés, lui l’innocent, l’immaculé. 

«Et aussitôt l'Esprit le poussa dans un désert.» (Mc 1,12) C’est déjà un autre événement qui demanderait une autre explication.

A. Cassien

 


Aucun commentaire: