samedi 3 juin 2023

HOMÉLIE POUR LA PENTECÔTE

    Il se peut que je me répète, et que j’aie déjà dit certains aspects sur cette fête dans d’autres textes. Il est inévitable que le prêtre, qui chaque année prêche sur les mêmes sujets, se redise. Doublement cousu tient mieux, dit un proverbe.

Sur l’icône posée sur le pupitre, on voit les douze apôtres en cercle, et au milieu une place vide. Parmi ces douze se tient l’apôtre Paul, qui pourtant n’était pas encore apôtre mais persécuteur des chrétiens. Il fallait y mettre l’apôtre Matthias, nouvellement élu à la place du traître, si on pense logiquement. «Et ils jetèrent le sort sur eux; et le sort tomba sur Matthias, qui fut adjoint aux onze apôtres,» est-il écrit dans les Actes des apôtres au premier chapitre, juste avant la Pentecôte. L’icône cependant est théologique et non purement historique et nous montre l’au-delà, non fugitif mais stable. 

À la place apparement vide, au centre, se tient le Christ, invisiblement, celui qui a dit : «Et voici, moi je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la consommation du siècle.» (Mt 28,20)  

Parfois, sur des pseudo-icônes, on voit à cette place la Toute Sainte, ce qui est faux. Elle n’a jamais présidé le collège des apôtres ! D’ailleurs, elle fut remplie de l’Esprit saint au jour de l’Annonciation, tout en étant présente, bien sûr, à Pentecôte. Sur cette icône-ci on voit même l’Esprit saint sous forme de colombe. Pourtant ce n’est qu’au baptême du Christ qu’il se manifesta ainsi ! À Pentecôte ce fut sous forme de langues de feu uniquement !


Pentecôte se célèbre cinquante jours après Pâques et dix jour après l’Ascension, c’est à dire sept semaines après la Résurrection du Christ, et remplace la fête juive de la moisson, où ceux-ci commémorent la promulgation de la Tora sur le mont Sinaï. Pour les chrétiens, ce jour-là, Pentecôte, s’est l’Auteur de la Tora lui-mme précisément qui se manifeste ! Ce n’est plus l’ombre mais la vérité elle-même.

«Quand celui-là, l’Esprit de vérité, sera venu, il vous conduira dans toute la vérité, car il ne parlera pas de par lui-même; mais il dira tout ce qu’il aura entendu, et il vous annoncera les choses qui vont arriver.» (Jn 16,13) 

Quand les disciples furent «tous ensemble dans un même lieu,» (Ac 2,1) l'Esprit saint, promis par le Christ, se manifesta : «Et il se fit tout à coup du ciel un son, comme d’un souffle violent et impétueux, et il remplit toute la maison où ils étaient assis.» – «Et il leur apparut des langues divisées, comme de feu; et elles se posèrent sur chacun d’eux.» Il se manifesta, non de l’extérieur, mais «ils furent tous remplis de l’Esprit saint, et commencèrent à parler d’autres langues, selon que l’Esprit leur donnait de s’énoncer.» 

Le prophète Joël avait déjà prophétisé cet événement : «Et il arrivera, après cela, que je répandrai mon Esprit sur toute chair, et vos fils et vos filles prophétiseront, vos vieillards auront des songes, vos jeunes hommes verront des visions.» (2,28) Cela est arrivé lors de la Pentecôte donc, et arrivera encore une fois peu avant la seconde venue du Christ, «avant que vienne le grand et terrible jour du Seigneur,» comme l’a également dit Joël. Ce n’est pourtant pas mon sujet de parler de ce jour terrible, et je me borne à expliquer ce qui se passa à la Pentecôte. 

Lors donc, quand l’Esprit saint se manifesta aux apôtres et les remplit de grâce, «le bruit de ceci s’étant répandu», beaucoup de juifs qui étaient venu à Jérusalem ce jour-là, pour la fête juive susmentionnée, s’assemblèrent, et s’étonnèrent de ce qui se passa. Chacun, venu de pays différents, entendait les disciples parler dans sa propre langue, des «choses magnifiques de Dieu.»

Pierre se leva donc et s’adressa aux juifs : il «leur parla : hommes juifs, et vous tous qui habitez Jérusalem, sachez ceci, et prêtez l’oreille à mes paroles.» Il leur expliqua ce qui est dit dans les prophètes concernant la venue du Christ et les conjura à se convertir. Ceux qui reçurent sa parole furent baptisés, dit Luc dans les Actes des apôtres, «environ trois mille âmes.»

Revenons à ce qui est représenté sur l’icône de la Pentecôte. Parfois on voit en bas, au milieu, précisément le prophète Joël, d’autres fois c’est le cosmos, sous la figure d’un vieillard, avec douze rouleaux dans ses bras, comme sur cette icône de Léonide Ouspensky.


Je me borne à ces quelques paroles simples, pour ne pas subir ce que le pape saint Grégoire le Grand dit : «En effet, quand les ignorants prétendent se hausser à une contemplation approfondie des choses célestes, ils se fourvoient dans l'erreur au lieu de saisir la lumière de la vérité. Et sans la pratique des bonnes oeuvres au préalable, tout ce qu'on obtient est de ne jamais trouver la vision intérieure resplendissante qu'on désire.» (explication du Livre de Rois 3,115,1-116)


a. Cassien

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