samedi 13 septembre 2014

HOMÉLIE POUR LE QUATORZIÈME DIMANCHE DE MATTHIEU


    Le Seigneur dit cette parabole : Le royaume des cieux est semblable à un roi qui fit un festin de noces pour son fils. Il envoya ses serviteurs convier les invités à la noce, mais ils ne voulurent pas venir. De nouveau il envoya d'autres serviteurs avec mission de dire aux invités : Voyez, j'ai préparé mon festin, on a tué mes bœufs et mes bêtes grasses, tout est prêt, venez aux noces. Mais ils ne tinrent pas compte de cette invitation et s'en allèrent, qui à son champ, qui à son commerce, et les autres s'emparèrent des serviteurs, les maltraitèrent et les tuèrent. Quand il apprit cela, le roi fut irrité et envoya ses troupes qui firent périr les meurtriers et incendièrent leur cité. Alors il dit à ses serviteurs : Le festin est prêt, mais les invités n'en étaient pas dignes; allez donc dans les carrefours et conviez aux noces tous ceux que vous pourrez trouver. Les serviteurs s'en allèrent par les chemins, ramassèrent tous ceux qu'ils trouvèrent, les mauvais comme les bons, et la salle de noces fut remplie de convives. Le roi entra pour voir les convives, et il aperçut un homme qui ne portait pas l'habit nuptial. Il lui dit : Mon ami, comment es-tu entré ici sans avoir un habit nuptial ? L'homme resta muet. Alors le roi dit aux serviteurs : Jetez-le, pieds et poings liés, dans les ténèbres extérieures, où il y aura des pleurs et des grincements de dents. Car il y a beaucoup d'appelés, mais peu nombreux sont les élus. (Mt 22,2-14)


L’évangile d’aujourd’hui nous parle de deux groupes d’invités. D’abord de ceux qui furent invités mais qui dédaignèrent l’invitation et ensuite ceux qui initialement n’étaient pas invités, mais le furent par la suite.
    On peut appliquer cela au peuple juif – le peuple élu –, qui a rejeté le Christ, l’Époux de l’Église, et pour le second groupe, aux Gentils qui furent invités par la suite. C’est le premier sens de l’évangile et c’est dans ce sens que le Seigneur parla aux Juifs autrefois. 
    L’Apôtre explique cela en ces termes, en parlant des Juifs et des Gentils : «si quelques-unes des branches ont été retranchées, et si toi, qui étais un olivier sauvage, tu as été enté à leur place, et rendu participant de la racine et de la graisse de l’olivier.» (Rm 11,17) Pourtant dans la nature, ce n’est pas ainsi que cela se passe. Ce n’est pas une branche sauvage qu’on greffe sur un tronc cultivé, mais l’inverse. Dans la vie spirituelle, c’est bien le contraire qui peut arriver, comme l’explique l’évangile, que nous avons entendu il y a deux semaines : «C'est impossible pour les hommes, mais tout est possible pour Dieu.» (Mt 19,26)
    Dans un autre sens, l’évangile d’aujourd’hui peut s’appliquer à ceux qui rejettent Dieu, qui ne «tinrent pas compte de cette invitation, et s'en allèrent, qui à son champ, qui à son commerce,» c’est-à-dire qui mènent une vie mondaine sans référence à Dieu, et ceux, de l’autre côté, qui croient et pratiquent l’évangile, ceux qui ont revêtu l’habit nuptial dans le baptême. 
    Mais qui est alors cet homme qui est bien venu aux noces, mais qui n’avait pas l’habit nuptial ? C’est celui qui fut bien baptisé, mais qui ne s’est pas dévêtu de l’ancien homme, l’homme du péché, et qui n’a pas revêtu l’homme nouveau, «créé selon Dieu dans une justice et une sainteté», comme dit l’Apôtre (Ép 4,24).
    Ne serait-ce pas par hasard, moi, c’est-à-dire chacun de nous, cet homme ? Nous qui sommes bien baptisés mais qui avons encore un pied dans la fange du péché, de nos vilaines passions ? L’ancien du désert, à qui le démon demanda qui sont les boucs et qui sont les brebis, répondit : «Le bouc, c’est moi et les brebis, Dieu les connaît.» 
    C’est bien cela la leçon essentielle de l’évangile, le devoir de nous reconnaître pécheurs, de nous frapper sans cesse la poitrine et d’être conscients que nous n’avons pas encore bien appliqué ce que nous avions promis au baptême en répondant affirmativement aux questions : «Renonces-tu à Satan ?» et «Adhères-tu au Christ ?»
    Qui sont ces serviteurs dont parle l’évangile ? Ce sont les anges. «Celui qui fait de ses anges ses serviteurs.» (Héb 1,7)
    «Les serviteurs s'en allèrent par les chemins, ramassèrent tous ceux qu'ils trouvèrent, les mauvais comme les bons.» Ceux qui entrent dans l’Église ne sont pas forcément bons en entrant. Il y en a qui ont un passé chargé des péchés. Par la suite pourtant, ils revêtent l’habit nuptial, se transforment complètement. Ce n’est pas le début qui compte, mais la fin, l’état dans lequel nous sortons de cette vie, – c’est la fin qui couronne. 
    Au dernier Jugement, j’espère que nous ne serons pas obligés, comme cet homme, de «rester muet,» parce que nous n’aurons rien à présenter pour notre défense. Dieu nous a appelés, mais serons-nous aussi élus ? C’est cela la question essentielle de notre vie.
    Certes, il y a encore plein de leçons à tirer de cet évangile, mais ce sera pour la prochaine fois, dans une année, si Dieu nous prête encore vie.


Archimandrite Cassien

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