samedi 1 février 2014

Dimanche de Zachée

15e Dimanche de Luc
Dimanche de Zachée
Luc 19,1-10
De l'Explication de l'évangile de saint Luc
par le bienheureux Théophylacte, archevêque d'Ochrid et de Bulgarie

1-10. Jésus, étant entré dans Jéricho, traversait la ville. Et voici, un homme riche, appelé Zachée, chef des publicains, cherchait à voir qui était Jésus ; mais il ne pouvait y parvenir, à cause de la foule, car il était de petite taille. Il courut en avant, et monta sur un sycomore pour Le voir, parce qu'Il devait passer par là. Lorsque Jésus fut arrivé à cet endroit, Il leva les yeux et lui dit : Zachée, hâte-toi de descendre; car il faut que Je demeure aujourd'hui dans ta maison. Zachée se hâta de descendre, et Le reçut avec joie. Voyant cela, tous murmuraient, et disaient : Il est allé loger chez un homme pécheur. Mais Zachée, se tenant devant le Seigneur, Lui dit : Voici, Seigneur, je donne aux pauvres la moitié de mes biens, et, si j'ai fait tort de quelque chose à quelqu'un, je lui rends le quadruple. Jésus lui dit : Le salut est entré aujourd'hui dans cette maison, parce que celui-ci est aussi un fils d'Abraham. Car le Fils de l'Homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu.

Le Seigneur S'empare du plus puissant des vaisseaux du diable et détruit ses cités. Regardez comment le Seigneur non seulement fait des publicains ses disciples, mais Il prend même un prisonnier – pour le sauver : Zachée, le chef des publicains. Personne ne doute qu'un publicain soit une abomination : combien plus l'est le chef publicain, qui est le plus avancé en malice ! Car les publicains tiraient leur revenu de nulle autre source que les larmes des pauvres. Mais le Seigneur ne méprise même pas ce chef publicain. En retour de sa seule manifestation de zèle pour voir Jésus, il reçoit le salut. Il désirait voir Jésus, voilà la raison pour laquelle il a grimpé sur le sycomore, mais avant qu'il ait aperçu Jésus, le Seigneur l'avait déjà vu. De la même façon, le Seigneur nous devance dès qu'Il voit seulement que nous sommes disposés et fervents. Quand le Seigneur voit Zachée, Il le presse de descendre vite, car Il a l'intention de s'arrêter dans sa maison. Et Zachée ne fut pas lent à obéir – quand le Christ nous ordonne quelque chose, nous ne devons pas hésiter – mais il descendit et Le reçut avec joie, en dépit des murmures de beaucoup de gens.

Voyons comment Zachée moissonna le bénéfice de l'entrée du Christ dans sa maison. Il dit : Je donne aux pauvres la moitié de mes biens. Voyez-vous ce zèle ? Il commença de débourser sans retard non pas un peu, mais tout ce qu'il avait. Même ce qu'il retint, il le retint pour pouvoir le donner à ceux à qui il avait fait du tort. Cela nous apprend qu'il n'y a aucun bénéfice pour un homme qui donne des aumônes avec l'argent obtenu de manière injuste, tant qu'il ignore ceux qu'il avait escroqués pour obtenir cet argent. Regardez ce que fait Zachée avec son argent : s'il a fait tort à quelqu'un, il lui rend le quadruple, remédiant ainsi au dommage qu'il avait causé à chaque homme en l'escroquant. C'est là, la véritable aumône. Il ne fait pas que remédier au dommage, il le fait avec majoration. Cela en accord avec la loi, qui ordonna que le voleur restitue quatre fois les biens détournés. (Ex. 22,1) En considérant bien, nous voyons qu'il ne restait rien du tout de l'argent de Zachée. Il donna la moitié aux pauvres, et l'autre moitié qui lui restait, il la donna en restituant quatre fois les biens de ceux à qui il avait fait tort. Mais puisque le revenu du chef publicain provenait de fraude et d'extorsion, et qu'il rendit quatre fois ce qu'il avait pris injustement, il s'ensuit qu'il se dépouilla de tout ce qu'il possédait. Cela nous montre que sa façon de penser dépassait la prescription de la loi, car devenu disciple de l'évangile, il aimait son prochain plus que lui-même. Et ce qu'il promit de faire, il le fit. Il ne dit pas : "Je donnerai la moitié et je restituerai quatre fois", mais bien : Voici, je donne et je restitue. Car il entendit le conseil de Salomon : Ne dis pas à ton prochain : Va et reviens, demain je donnerai ! (Prov 3,28).

Le Christ lui annonce la bonne nouvelle de son salut. Par cette maison Il entend Zachée, car le Seigneur n'appellerait pas un bâtiment sans âme un fils d'Abraham. Il est clair que le Seigneur nomma ce maître de maison vivant 
un fils d'Abraham, parce que Zachée ressemblait au patriarche par deux côtés : il crut et sa foi lui fut comptée comme justice, et il fut magnanime et généreux avec son argent à l'égard des pauvres. Voyez que le Seigneur dit que Zachée est maintenant un fils d'Abraham, car dans son comportement présent, le Seigneur voit la ressemblance à Abraham. Le Seigneur ne dit pas que Zachée a toujours été un fils d'Abraham, mais que maintenant il est un fils d'Abraham. Avant, quand il était chef publicain et percepteur d'impôt, il ne montrait aucune ressemblance à cet homme juste, et n'était donc pas son fils. Et pour faire taire ceux qui se plaignaient que le Seigneur rendît visite à un homme pécheur, Il dit : Le Fils de l'Homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu.


Voilà l'explication littérale des paroles ; mais il est facile de comprendre ces choses dans un autre sens, pour notre bénéfice moral. Quiconque est chef de plusieurs en méchanceté, est petit de stature spirituelle, car la chair et l'esprit sont opposés l'un à l'autre, et c'est pourquoi Zachée ne peut pas voir Jésus à cause de la foule. Entouré d'une foule de multiples passions et d'affaires du monde, il n'est pas capable de voir Jésus agir, Se mouvoir, Se déplacer. Un tel homme ne peut reconnaître les actes chrétiens pour ce qu'ils sont – le Christ qui agit et Se meut en nous. Mais un tel homme, qui ne voit jamais Jésus passer, et ne peut percevoir le Christ dans les actes chrétiens, changera parfois, et quittant la négligence, reviendra à la raison. Alors, il grimpera tout en haut du figuier sycomore – laissant de côté tout plaisir et toute douceur, ce que signifient les figues, et les considérant comme folie et mort. Devenant plus grand qu'il n'était et faisant des ascensions dans son cœur (Ps 83,6), il est vu par Jésus et il peut Le voir, et le Seigneur lui dit : Hâte-toi de descendre, ce qui veut dire : "Par le repentir, tu as accédé à une vie plus élevée ; descends maintenant par l'humilité, de peur que l'orgueil et le sentiment de supériorité ne te fassent tomber. Hâte-toi de t'humilier. Si tu t'humilies, Je dois séjourner dans ta maison, car il est nécessaire que Je reste dans la maison d'un homme humble." Voici sur qui Je porterai mes regards : sur celui qui souffre et qui a l'esprit abattu, sur celui qui craint ma parole. (Is. 66,2) Un tel homme donne la moitié de ses biens aux démons déchus. Car notre substance est double : chair et esprit. L'homme juste donne toute sa substance charnelle aux véritables miséreux, aux démons qui sont déchus de tout bien. Mais il n'abandonne pas sa substance spirituelle, car comme le Seigneur l'a dit aussi au diable concernant Job : Voici, tout ce qui lui appartient, Je te le livre; seulement, ne porte pas la main sur lui (Job 1,12). Et s'il a pris quoi que ce fût à qui que ce fût par fausse accusation, il le lui restitue au quadruple. Cela laisse penser que si un homme se repent et prend le chemin contraire à celui de son ancienne méchanceté, il guérit ses péchés passés par les quatre vertus (courage, prudence, justice et tempérance), reçoit ainsi le salut et est appelé fils d'Abraham. Comme Abraham, il s'en va aussi de cette terre et de la familiarité avec sa méchanceté passée, et de la maison de son père (Gen 12,1), ce qui veut dire qu'il quitte son ancienne manière d'être et rejette sa condition d'avant. Il était lui-même la maison de son père, le diable. Par conséquent, quand il sortit de la maison de son père, c'est-à-dire quand il sortit de lui-même et changea de vie, il trouva le salut, comme le fit Abraham.

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