lundi 10 octobre 2011

NOTRE DIEU


Chaque fois que le prêtre dit l’ecphonèse : «car Tu es notre Dieu, et nous Te rendons grâce …», ce «notre Dieu» me touche profondément. Il ne s’agit pas d’un dieu abstrait, philosophique, mais bien du Dieu qui nous est proche, qui nous est intimement lié. C'est comme lorsqu'une mère dit : «C’est mon enfant», de cet enfant avec qui elle n’a fait qu’un, pour lequel elle a souffert et pleuré.

L’apôtre Thomas, l’incrédule, disait après la résurrection : «Mon Seigneur et mon Dieu.» (Jn 20,28) Marie Madeleine disait : «Parce qu’ils ont enlevé mon Seigneur.» (Jn 20,13) Chaque fois s’exprime ce lien intime, chargé d’une histoire que seule la personne connaît.

Parmi les appellations de Dieu, je préfère : "Christouli" (petit Christ), qui n’est nullement la même chose que de dire : "Petit Jésus". "Christouli" c’est toujours le Christ – Dieu-Homme, pour lequel je sens plein de tendresse et d’affection et non ce petit Jésus qui exprime de la sentimentalité.

Ce dernier est le bambin qu’on voit sur les images pieuses. Autre chose un tableau à sujet religieux de Raphaël, par exemple, et autre chose une icône byzantine, comme la Vierge de Vladimir. Le premier est charnel et sentimental, alors que l’icône est pleine d'une tendresse où la passion n’a pas de place. Ce n’est pas pour rien que ce type d’icône s’appelle : Vierge de tendresse. Il y a d’autres types d’icône de la Toute-Sainte, qui expriment d’autres aspects (mais jamais de la sentimentalité, qui est une passion) : Qui montre le chemin, Joie de tous les affligés, Qui attendrit les cœurs durs, Apaise mes peines, ou encore : Refuge des pécheurs.

Ce n’est pas de l’austérité, mais l’impassibilité d'où la sentimentalité est bannie et qui est remplie d’affection et de tendresse. Quand on voit le Christ qui prend les enfants dans ses Bras et les bénit, ou un saint Séraphim, qui se dérobait devant les visiteurs mais ne savait le faire devant les enfants…

L’air des montagnes n’est pas austère mais pur. Il n’est austère que pour celui qui est assis, en pantoufles, devant la cheminée, mais pas pour celui qui est plein de santé et de vie.

Il y a un aspect important dans la spiritualité de l’Église : le penthos (le deuil spirituel). Quand on y est avancé, les larmes coulent toutes seules, provoquées par la Grâce dont le cœur attendri est rempli.

Le deuil semble, certes, morbide pour le pécheur, mais pour celui qui s’est défait de ses passions viciées, c’est la résurrection, car il est passé par la croix qui y amène, et son Dieu n’est plus un dieu devant lequel il tremble mais «son» Dieu pour lequel il a tout sacrifié et avec lequel il ne fait plus qu’un pour l’éternité.


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