jeudi 11 décembre 2008

la cause

LA CAUSE 


Quand on regarde la marche du monde, qui va à sa perte, on ne peut être que très pessimiste. Sans vouloir maintenant analyser les symptômes : crise économique, déchéance des mœurs, etc, etc — on n'en finirait pas —, je voudrais parler de ce qui en est la vraie cause.

Où est aujourd’hui le sel de la terre, qui ne fait pas seulement assaisonner mais aussi conserver ? Où est le levain qui fait lever la pâte ? Où sont les dix justes capables d’infléchir Dieu ? Où est ce feu que le Seigneur a jeté sur la terre ? (cf. Lc 12,49)

On disait de l’abba Macaire qu’il était en mesure de sauver toute sa génération. Un jour abba Sisoès alla trouver abba Macaire et lui dit, Abba, selon ce que je peux, je jeûne, je prie, et je médite. Je vis dans le recueillement. Que dois-je faire de plus ? Alors le vieillard le regarda. Ses yeux étaient devenus comme des lampes de feu, Tu ne seras rien, si tu ne deviens tout entier comme un feu qui se consume.

Nous nous contentons de nos devoirs extérieurs : rabâcher nos offices du matin et du soir, ne pas manger ceci et cela les jours de jeûne etc. Et voilà, nous sommes de bons chrétiens; du moins nous arrivons à tranquilliser notre conscience. 

Dimanche dernier, on lisait l’évangile du jeune homme riche. Il s’est comporté de la même manière — juste une observation légale et il s’est arrêté là. Quand le Christ lui a demandé de se défaire de ses richesses, il est parti tout triste, car il y était fort attaché. Nos richesses à nous, ce ne sont pas nécessairement les biens matériels, mais nos passions : notre orgueil qui nous fait croire que nous sommes le centre du monde ou Miss Orthodoxie, notre égocentrisme qui nous fait tourner autour de notre nombril et mille autres choses encore.

J’ai bien peur que nous n'agissions comme Jonas, qui cherchait à s’enfuir loin de la Face de Dieu, afin de se dérober à sa mission. Je crois que le sort tombera sur nous et que la tempête ne s’apaisera qu’une fois les coupables jetés à la mer. Les pauvres marins, au temps de Jonas, n’étaient certes pas des saints, mais c’était Jonas qui était le grand responsable. “On demandera beaucoup à qui l’on a beaucoup donné, et on exigera davantage de celui à qui l’on a beaucoup confié.” (Lc 12,48) Ne jugeons donc pas les gens du monde, qui ignorent Dieu, mais pensons à tout ce que nous avons reçu depuis le baptême. Ne nous dérobons donc pas à notre mission, c’est-à-dire sacrifions-nous et sanctifions-nous pour l’Église et le monde.

Il ne s’agit pas de faire une prière ou quelques métanies de plus, mais d’effectuer un revirement total de notre comportement. Nos simples coutumes et nos devoirs, il faut qu’ils prennent feu — ce feu que le Seigneur est venu jeter sur terre, en d’autres termes : l’Esprit saint. 

Ne nous contentons pas de notre étiquette de chrétien avec le sous-titre "orthodoxe", mais vivons en profondeur notre engagement devant le Seigneur.

Malgré l'apostasie de ce monde et notre lâcheté, j’ai confiance que le Seigneur S’est gardé, comme au temps d’Élie, “sept mille hommes, tous ceux qui n’ont point fléchi les genoux devant Baal, et dont la bouche ne l’a point baisé.” (I Roi 19,18) C’est à cause de ces quelques justes que le monde subsiste encore, des justes cachés, qui ne font plus d'exploits spectaculaires, mais qui se distinguent par leur humilité et leur effacement.


Hm. Cassien

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