mardi 1 février 2022

CONCERNANT LES TRÔNES

 Des frères, qui avaient avec eux des séculiers, vinrent trouver l'abba Félix et lui demandèrent de leur dire un mot. Or le vieillard gardait le silence. Après qu'ils l’eurent supplié longtemps, il leur dit :  C'est une parole que vous voulez entendre ?  Ils lui dirent : Oui, abba. Alors le vieillard dit : A présent, il n'y a plus de parole. Quand les frères interrogeaient les vieillards et faisaient ce qu'ils disaient, Dieu inspirait la manière de parler. Mais maintenant, parce qu'on interroge et qu'on ne fait pas ce qu'on entend, Dieu a enlevé aux vieillards la grâce de la parole, et ils ne trouvent plus quoi dire, parce qu'il n'y a pas d'exécutant. Entendant ces paroles, les frères poussèrent des gémissements et dirent :  Prie pour nous, abba.

Voici une excuse et un prétexte pour ma lourdeur de parler et d’écrire, au lieu que ma langue soit comme la plume d’un habile écrivain ! (Ps 45,1)

En forçant un peu, j’arriverai peut-être, avec l’aide de Dieu, à écrire quelques mots compréhensibles et instructifs.

On m’a demandé récemment ce que sont les trônes, non les trônes sur lesquels on s’assoit, mais les trônes célestes.

Voici ce qu’en dit saint Denys l’Aréopage dans la Hiérarchie céleste :

«Ce ne sont ni des chars de feu qui roulent dans les cieux, ni des trônes matériels destinés à porter le Dieu des dieux,…» (chap. 2)

«La théologie a désigné par neuf appellations diverses toutes les natures angéliques, et notre divin initiateur les distribue en trois hiérarchies, dont chacune comprend trois ordres. Selon lui, la première environne toujours la divinité et s'attache indissolublement à elle d'une façon plus directe que les deux autres, l'Écriture témoignant d'une manière positive que les trônes et ces ordres auxquels on donne des yeux et des ailes, et que l'hébreu nomme chérubins et séraphins, sont immédiatement placés auprès de Dieu et moins séparés de lui que le reste des esprits.» (chap. 6)

«Le nom des nobles et augustes trônes signifie qu'ils sont complètement affranchis des humiliantes passions de la terre; qu'ils aspirent, dans leur essor sublime et constant, à laisser loin au-dessous d'eux tout ce qui est vil et bas – qu'ils sont unis au Très-Haut de toutes leurs forces avec une admirable fixité – qu'ils reçoivent d'un esprit pur et impassible les douces visites de la divinité; qu'ils portent Dieu, en quelque manière, et s'inclinent avec un frémissement respectueux devant ses saintes communications.» (chap. 7)

Plus loin : «Le premier rang des hiérarchies célestes possède donc à un plus haut degré que tous les autres et une dévorante ardeur, et une large part dans les trésors de la sagesse infinie, et la savante et sublime expérience des mystères sacrés, et cette propriété des trônes qui annonce une intelligence toujours préparée aux visites de la divinité.» (chap. 13)

Concernant les trônes sur lesquels Dieu est assis, il écrit dans une lettre à Tite : «En ce qui concerne les providences intelligibles de Dieu, ses dons, ses apparitions, ses puissances, ses propriétés, ses repos, ses demeures, ses procès, ses distinctions, ses unions, on les représente par une variété de figures, soit anthropomorphiques, soit animales (qu'il s'agisse de bêtes sauvages ou domestiques), soit végétales, soit minérales. On revêt Dieu d'ornements féminins ou d'équipements barbares. On lui attribue, comme à un artisan, les attributs du potier ou du fondeur. On le place sur des chevaux, sur des chars, sur des trônes. On organise pour lui des festins agrémentés de raffinements culinaires. On le présente en train de boire, de se griser, de s'endormir, de se conduire comme un vulgaire ivrogne.»

Saint Ignace Briantchaninov écrit, dans son traité sur les anges : «Selon la vision du saint prophète Isaïe, ce sont les séraphins aux six ailes qui sont les plus proches du trône de Dieu : Je vis le Seigneur, assis sur un trône grandiose et très élevé, et sa traîne emplissait le sanctuaire. Les séraphins qui se tenaient au-dessus de Lui avaient chacun six ailes, deux dont ils se couvraient la face, deux dont ils se couvraient les pieds, et deux dont ils se servaient pour voler.»

Plus loin : «La demeure des anges se trouve être le ciel, et particulièrement le troisième ciel où les anges les plus élevés se tiennent devant le trône de Dieu, entourés de l’innombrable armée céleste.»

Aussi bien ce qui est dit des anges en général ou des trônes angéliques, de même que des trônes sur lesquels Dieu s’assoit, on s’exprime d’une manière figurative, car incompréhensible pour les hommes encore dans la chair.

166 fois l’Écriture parle des trônes, le plus souvent, il s’agit simplement du trône d’un roi terrestre, parfois de l’ordre angélique et parfois du trône sur lequel le Seigneur est assis.

Du roi David, par exemple est dit : «Ce sera lui qui bâtira une maison à mon nom, et j’affermirai pour toujours le trône de son royaume.» (II Sam 7,13) «Le roi fit un grand trône d’ivoire, et le couvrit d’or pur.» (I R 10,18)

De Dieu : «J’ai vu l’Eternel assis sur son trône, et toute l’armée des cieux se tenant auprès de lui, à sa droite et à sa gauche.» (I R 22,19) Job dit : «Oh ! si je savais où le trouver, si je pouvais arriver jusqu’à son trône,…» (23,3) «L’Eternel est dans son saint temple, l’Eternel a son trône dans les cieux; ses yeux regardent, ses paupières sondent les fils de l’homme.» (Ps 11,4)

Concernant les trônes angéliques : «Car en lui ont été créées toutes les choses qui sont dans les cieux et sur la terre, les visibles et les invisibles, trônes, dignités, dominations, autorités. Tout a été créé par lui et pour lui.» (Col 1,16)

Encore une fois : Quand il s'agit des réalités célestes, tout est exprimé de manière figurative ou symbolique, et quand les anges se font voir aux hommes, en vision ou directement, ils empruntent une forme humaine, car ils sont de purs esprits que l’oeil humain ne peut voir. Les démons – anges déchus – font de même, mais de façon maladroite, n’ayant plus la grâce d’avant leur chute. On les représente alors avec des cornes et une queue. 

Saint Ignace dit d’eux : «Cependant, tous les anges n’ont pas gardé leur dignité originelle. Nombreux furent ceux qui chutèrent. Nous les connaissons maintenant sous les noms horribles de Satan, diable, démons, anges des ténèbres et anges déchus.»

Espérons que le Seigneur nous accordera un jour d’être en compagnie des anges et nous épargne de voir et dans cette vie et dans l’autre les anges apostats !


a. Cassien


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