samedi 30 octobre 2021

HOMÉLIE POUR LE TROISIÈME DIMANCHE DE LUC

 «En ce temps-là, Jésus se rendit dans une ville appelée Naïm; plusieurs de ses disciples et une foule nombreuse faisaient route avec lui. Or, quand il fut près de la porte de la ville, voilà qu'on transportait un mort pour l'enterrer : c'était un fils unique dont la mère était veuve; et il y avait avec elle une foule considérable de gens de la ville. A sa vue le Seigneur fut touché de compassion pour elle et lui dit : Ne pleure pas ! Puis, s'approchant, il toucha le cercueil et les porteurs s'arrêtèrent. Alors il dit : Jeune homme, je te l'ordonne, lève-toi ! Et le mort se dressa sur son séant et se mit à parler. Puis Jésus le rendit à sa mère. Tous furent saisis de crainte, et ils rendaient gloire à Dieu en disant : Un grand prophète a surgi parmi nous, et Dieu a visité son peuple.» Luc (7,11-16)



«Que la simplicité de l'Ecriture ne vous inspire pas de mépris pour elle. Nous n'étudions pas le choix des mots; nous ne cherchons pas à les arranger avec art; nous sommes moins jaloux de belles expressions et de discours harmonieux que de paroles simples qui énoncent clairement ce que nous voulons faire comprendre.» saint Basile le Grand (Hexaimeron, chap. 6)

Juste quelques mots donc – des miettes du festins – concernant cet épisode de l’évangile d’aujourd’hui.

«Une foule nombreuse faisaient route avec» Jésus, quand il se rendit dans la ville de Naïm, qui est une ville de Galilée, située à deux milles du mont Thabor. Egalement «une foule considérable de gens de la ville,» suivaient le cercueil qu’on menait à l’enterrement. Deux processions, pour ainsi dire, – une de la vie et une de la mort. 

C’était un jeune homme, fils unique d’une veuve. Saint Grégoire de Nysse dit : «En l’appelant jeune homme, notre Seigneur nous apprend qu’il était à la fleur de l’âge, dans la première jeunesse. Il y a quelques heures encore, il était la joie et le bonheur des regards de sa mère, peut-être déjà il soupirait après le temps, où uni à une tendre épouse, il deviendrait le chef de sa famille, la souche de sa postérité, et le bâton de vieillesse de sa mère.»

En voyant ce jeune homme mort dans la fleur de son âge, et sa mère veuve, le Seigneur fut touché de compassion. Peut-être pensa-t-il à sa propre mère qui pleura, le voyant suspendu à la croix, lui aussi le fils unique ?

«Le Seigneur fut touché de compassion.» Comme Dieu, il ne pouvait avoir de compassion, car Dieu est sans passions; mais en tant qu’homme, le Christ connaissait toutes nos passions naturelles, hormis les vices, – qu’on appelle aussi passions, mais passions déréglées. Si l’on prête à Dieu des sentiments humains : colère, jalousie etc. ce n’est qu’une façon humaine de parler et non la réalité divine qui dépasse nos compréhensions. 

«Ne pleure pas,» dit-il alors à cette pauvre veuve, qui avait perdu son fils unique – toute sa joie et tout son bonheur. Il ne se contenta pourtant pas de la consoler par ses paroles, comme nous le faisons, impuissants à aider autrement; mais il traduisit sa compassion en acte. 

Tite de Bostra, ou Bostre, dit : «Le Sauveur ne ressemble point ici au prophète Élie, qui pleure le fils de la femme de Sarepta (III R 17), ni au prophète Élisée, qui étendit son corps sur le cadavre du fils de la Sunamite (IV R 4), ni à l’apôtre saint Pierre, qui prie Dieu de rendre la vie à la pieuse Thabitha (Ac 9); mais il est celui qui appelle ce qui n’est pas comme ce qui est, et qui peut faire entendre sa parole aux morts aussi bien qu’aux vivants : «Et il dit : Jeune homme, je te le commande, lève-toi.» 

Le Christ commande aux morts, lui le Maître de la vie et de la mort. Il est ressuscité aussi par sa propre puissance mais ne fut pas ressuscité !

Tite, évêque de Bostre en Syrie, écrit ensuite : «Ce jeune homme obéit aussitôt à l’ordre qui lui est donné, et se lève sur son séant, car rien ne peut résister à la puissance divine, elle ne souffre aucun retard, elle n’a besoin d’aucune instance : Aussitôt le mort se leva sur son séant et commença à parler, et Jésus le rendit à sa mère

«Tous furent saisis de crainte, et ils glorifiaient Dieu, en disant : un grand prophète a surgi parmi nous, et Dieu a visité son peuple

Quand Dieu fait un miracle, le but principal est toujours de nous amener à la foi, en vue de notre salut éternel, et non la guérison, le soulagement dans cette vie, qui en eux-mêmes ne nous rapprochent pas nécessairement de Dieu.

Espérons que l’évangile, que nous venons d’entendre, ne flatte pas seulement nos oreilles mais réveille notre conscience, stimule notre zèle et fasse de nous, – morts par nos péchés – de vrais ressuscités !

a. Cassien

samedi 23 octobre 2021

MON DIEU, MON DIEU, POURQUOI M’AS TU ABANDONNÉ ?

 


L’Église confesse que le Christ est entièrement Dieu et entièrement homme. Il n’est pas seulement homme en apparence et son humanité ne fut pas absorbée par sa divinité comme le confessent certains hérétiques.

Il a eu aussi deux volontés – divine et humaine, et non une seule volonté comme le confesse le monothélisme, qui fut condamné au troisième concile de Constantinople en 681.

Sa volonté humaine s’est entièrement soumise au jardin des Oliviers, quand il dit : «Mon Père, s’il n’est pas possible que cette coupe s’éloigne sans que je la boive, que ta volonté soit faite !» (Mt 26,42; Lc 22,42) 

Sur la croix, la divinité se cacha et seule l’humanité du Sauveur souffrit la passion, car Dieu est impassible.«Vers la neuvième heure, Jésus s’écria d’une voix forte : Eli, Eli, lama sabachthani ? c’est-à-dire : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?» (Mt 27,46 et Mc 15,34) Il citait ainsi le psaume 21 : «Mon Dieu ! mon Dieu ! pourquoi m’as-tu abandonné, et t’éloignes-tu sans me secourir, sans écouter mes plaintes ?»

«Or, Jésus cite ces paroles du prophète, pour rendre hommage jusqu’au dernier moment, à l’Ancien Testament, et pour faire voir qu’il honore son Père, et ne lui est pas opposé, et il prononce ces paroles en hébreu, pour être compris des Juifs qui l’entendent,» dit saint Jean Chrysostome (hom. 88)

Saint Hilaire de Poitiers dit : «De ces paroles, les hérétiques veulent conclure ou que le Verbe de Dieu s’est comme anéanti en prenant la place de l’âme unie au corps, et en lui donnant la vie qu’il reçoit de l’âme, ou bien que Jésus Christ n’était pas un homme véritable, parce que le Verbe de Dieu n’habitait en lui que comme il était autrefois dans l’esprit des prophètes. Il semble, d’après ces hérétiques, que Jésus Christ ne soit qu’un homme ordinaire, composé d’un corps et d’une âme comme nous, et qu’il ne date son existence que du jour où il a été fait homme, lui qui, dépouillé de la protection de Dieu qui se retire de lui, s’écrie : Mon Dieu ! mon Dieu ! pourquoi m’as-tu abandonné. Ou bien encore, ajoutent-ils, la nature humaine s’étant comme confondue avec l’âme du Verbe, Jésus Christ a été secouru en tout par la puissance de son Père, et maintenant qu’il est privé de ce secours, et abandonné à la mort, il se plaint de cet abandon, et en appelle à celui qui l’a délaissé. Mais au milieu de ces opinions aussi faibles qu’impies, la foi de l’Église, toute pénétrée de la doctrine des apôtres, ne divise point Jésus Christ, et ne laisse point à penser qu’il ne soit pas à la fois Fils de Dieu et Fils de l’homme. En effet, la plainte qu’il fait entendre dans son délaissement, c’est la faiblesse de l’homme qui va mourir, et la promesse qu’il fait du paradis au bon larron, c’est le royaume du Dieu vivant. En se plaignant d’être abandonné au moment de sa mort, il vous prouve qu’il est homme, mais tout en mourant, il assure qu’il règne dans le paradis, et vous montre ainsi qu’il est Dieu. Ne soyez donc pas surpris de l’humilité de ses paroles et des plaintes qu’il fait entendre dans son délaissement, lorsque sachant bien qu’il a revêtu la forme d’esclave, vous êtes témoin du scandale de la croix.» (Liv. 10 sur la Trinité)

Raban Maur, de son côté dit : «Ou bien le Sauveur jette ce cri, parce qu’il s’était comme revêtu de nos sentiments, et que lorsque nous sommes dans le danger, nous nous croyons abandonnés de Dieu. En effet, Dieu avait abandonné la nature humaine par suite du péché, mais comme le Fils de Dieu est devenu notre avocat, il pleure la misère de ceux dont il a pris sur lui les fautes, et il nous apprend par là combien les pécheurs doivent verser de larmes, en voyant ainsi pleurer celui qui n’a jamais commis le péché.»

«Ne soyez point surpris de l'humilité de ses paroles, de ce qu'il se plaigne d'être abandonné; la forme de serviteur qu'il a prise, vous le savez, est la cause du scandale de la croix. La faim, la soif, la fatigue, n'étaient pas les propriétés de sa divinité, mais les infirmités de la nature humaine; ainsi ce cri : «Pourquoi m'as-tu abandonné;»  c'est la plainte du corps, parce que le corps a une horreur souveraine et naturelle pour sa séparation d'avec la vie qui lui est unie. Sans doute, c'est le Sauveur lui-même qui parle ici, mais eu égard à la faiblesse de son corps, il parle comme homme et laisse la nature humaine en proie à ces agitations qui nous font craindre à nous-mêmes que Dieu nous abandonne au milieu des dangers.» (Bède le Vénérable) 

«Le disciple n’est pas plus que le maître, ni le serviteur plus que son seigneur.» (Mt 10,24) Si donc nous pensons que Dieu nous abandonne dans nos épreuves, songeons au Seigneur qui a déjà subi cela en tant qu’homme.

Terminons avec un épisode dans la Vie de saint Antoine le Grand (chap. 5) :

«Soudain tous les démons disparurent, toutes ses douleurs cédèrent, et le bâtiment fut rétabli en son premier état. Antoine connut aussitôt que le Seigneur étant venu pour l'assister remplissait ce lieu-là de sa présence, et ayant encore davantage repris ses esprits et se trouvant soulagé de tous ses maux, il dit en adressant sa parole à cette divine lumière : «Ou étais-tu mon Seigneur et mon Maître ? Pourquoi n’es-tu pas venu des le commencement, afin d'adoucir mes douleurs ?» Alors il ouït une voix qui lui répondit : «Antoine, j’étais ici; mais je voulais être spectateur de ton combat; et maintenant que je vois que tu as résisté courageusement sans céder aux efforts de tes ennemis, je t'assisterai toujours et rendrai ton âme célébré par toute la terre.» Ayant entendu ces paroles il se leva pour prier et sentit en lui tant de vigueur qu'il connut que Dieu lui avait rendu beaucoup plus de force qu'il n'en avait auparavant.» 


a. Cassien




vendredi 22 octobre 2021

BAPTÊME DE MAXIME

 Samedi le 3 (16) octobre fut baptisé, dans la chapelle de saint Maurice, à Saxon (Suisse) Maxime, le fils de Gaian et Marie Monnet. Le dimanche nous avons célébré dans la chapelle la divine liturgie.