dimanche 23 novembre 2014

Grèce

Je suis toujours en Grèce encore au moins pour un mois.

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Je n’ai qu’occasionnellement accès sur internet en Grèce.

A tous je sohuhaite une Nativite du Sauveur dans la paix et la joie.


en Christ, 

a. Cassien

samedi 22 novembre 2014

HOMÉLIE POUR LE 8ème DIMANCHE DE LUC


«En ce temps-là, un docteur de la Loi se leva et lui dit pour l’éprouver : Maître que dois je faire pour obtenir en partage la vie éternelle ? Et il lui dit : Qu’y a-t-il d'écrit dans la Loi ? Que lis tu ? Il répondit : Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme, de toute ta force, de tout ton esprit – et ton prochain comme toi-même. Jésus lui dit : tu as bien répondu. Fais cela et tu vivras. Mais lui, voulant se justifier, dit à Jésus : Oui, mais qui est mon prochain ?Jésus reprit : un homme descendait de Jerusalem à Jericho. Il tomba au milieu de voleurs qui le dépouillèrent, le rouèrent de coups, et s’en allèrent, le laissant à demi-mort. Il se trouva par hasard qu’un prêtre vint à passer par cette route, et quand il le vit, il continua son chemin. Et, tout de même, un lévite arrivant dans cet endroit, le vit et et passa son chemin, lui aussi. Mais un Samaritain en voyage arriva près de lui et à sa vue fut touché de compassion jusqu’au fond de lui-même. Il s'approcha, banda ses plaies, y versant de l'huile et du vin, puis il le hissa sur sa propre monture, et le conduisit dans une auberge où il prit soin de lui. Et le lendemain; en s'en allant, il sortit deux deniers et les donna à l'hôtelier en lui disant : Prends soin de lui, et ce que tu pourras dépenser en plus, je te le rendrai à mon retour. Lequel de ces trois hommes te paraît avoir été le prochain de celui qui était tombé aux mains des voleurs ? Celui qui a fait acte de miséricorde envers lui, répondit le légiste. Eh bien lui dit Jésus, va et toi aussi, fais de même.» 
(Luc 10,25-37)

Mes chers, commençons à observer un par un les différents thèmes de l’évangile d’aujourd’hui.
«Pour l’éprouver», dit l’évangile, donc non pour apprendre. C’est-à-dire que ce docteur qui ne croyait pas à la vie éternelle, – comme généralement les juifs de ce temps-là, mais qui savait que le Christ l’enseignait, – voulait lui tendre un piège.
Celui qui enseignait également qu’il faut être prudent comme un serpent et simple comme une colombe se référa donc à la Loi, qui est la norme pour tout selon les juifs. Elle prime, pour eux, même sur le salut du prochain et c’est pour cela que Jésus leur rétorqua une fois que « le sabbat et là pour l’homme et non l’homme pour le sabbat. » (Mc 2,27) D’ailleurs, on voit bien dans cet évangile cette attitude des juifs qui révèle que le prêtre et le lévite pensaient d’abord à leur devoir envers le Temple et négligeaient l’amour du prochain pour qui le Temple fut construit.
Sur la question du Christ : «Qu’y a-t-il d'écrit dans la Loi ? Que lis-tu ?», le scribe répondit avec les mêmes paroles que le Messie avait dites au jeune homme riche, qu’il faut aimer Dieu et son prochain, «car toute la loi est accomplie dans une seule parole, dans celle-ci : Tu aimeras ton prochain comme toi-même.» (Gal 5,14)
Le résumé de la Loi, l’amour du Dieu et du prochain, ce docteur de la Loi l’avait apprit et il savait également que le Christ insistait sur ce commandement. Il était donc en accord sur ce point avec le Seigneur et ne pouvait pas le piéger. Il continua ensuite en posant la question : « Oui, mais qui est mon prochain ?» Déjà le « Oui, mais… » de sa réponse dit assez son embarras. Le Sauveur lui répondit par une parabole qui avait peut-être un fond historique. Cet homme en question, descendait de Jérusalem, la Ville sainte, vers Jéricho, une ville maudite. «Maudit soit devant l’Eternel l’homme qui se lèvera pour rebâtir cette ville de Jéricho ! Il en jettera les fondements au prix de son premier-né, et il en posera les portes au prix de son plus jeune fils. » (Jos 10,25) Cette marche, de Jérusalem vers Jéricho, c’est l’image de l’homme pécheur qui glisse vers le péché, du haut vers le bas. Ces brigands figurent, pour leur part, les diables qui nous dépouillent de notre richesse spirituelle, et nous laissent à demi-mort, c’est-à-dire l’âme meurtrie. Ils «s’en allèrent,» ces brigands, une fois leur besogne accomplie. Ainsi agissent les esprits malins avec nous : Quand ils nous ont fait tomber dans le péché, ils se retirent jusqu’à la prochain attaque.
Ensuite il est question de ce prêtre qui passait «par hasard». Que veut dire : par hasard ? Il y a des hasards dans la vie si on voit les choses en surface ou qu’on ne regarde que les causes secondaires. Si pourtant on scrute en profondeur, tout a un sens, comme c’est bien le cas pour ce prêtre et ce lévite. Pour eux c’était une épreuve par laquelle Dieu leur donnait l’occasion de faire la charité, mais dans laquelle… ils échouèrent en préférant ce qui est secondaire à l’essentiel. Le Samaritain, de son côté, ne faisait officiellement pas partie du Peuple élu, mais d’un schisme. Pourtant il vivait selon cette Loi que Dieu avait donné à ce même peuple élu. Il était «en voyage», c’est-à-dire occupé par son travail, comme le texte le montre bien. Il aurait pu dire aussi : «Je n’ai pas le temps,» mais il préféra la charité au gain matériel. Il «fut touché de compassion jusqu’au fond de lui-même». Cela veut dire qu’il vivait réellement, non uniquement d’une manière rituelle, ce que la Loi enseigne. Il s’occupa du mieux qu’il pouvait de cet homme blessé. Il le pansa et le mit même «sur sa propre monture», en allant donc lui-même à pied jusqu’à la prochaine auberge. Là, il prit encore soin de lui, puis continua son chemin le lendemain, et au retour acheva son acte de charité en payant à l’hôtelier ce qui manquait.
Ici s’achève la parabole mais le Christ voulait voir si ce légiste avait bien compris la leçon, en lui demandant : qui «te paraît avoir été le prochain de celui qui était tombé aux mains des voleurs ?» Le scribe avait bien compris l’enseignement, car il répondit : «Celui qui a fait acte de miséricorde envers lui,» et il n’osa plus poser d’autres questions pour piéger le Seigneur. Nous, par contre, nous pouvons encore Le questionner afin d’apprendre ce que nous devons faire afin de marcher sur les traces de ce Samaritain, qui fut justifié et qui entra certainement dans la vie éternelle.
Étant à la place de cet homme meurtri (par nos péchés), devenons comme le samaritain et défaisons-nous de cette attitude légaliste qui nous fait ressembler à ce prêtre et ce lévite dont parle l’évangile !


archimandrite Cassien

samedi 15 novembre 2014

HOMÉLIE POUR LE CINQUIÈME DIMANCHE DE LUC


Il y avait un homme riche, qui s'habillait de pourpre et de lin et qui faisait chaque jour une chère splendide. Et il y avait aussi un pauvre, du nom de Lazare, qui était couché à sa porte, tout couvert d'ulcères. Il aurait bien voulu se rassasier des miettes qui tombaient de la table du riche mais c'étaient les chiens qui venaient lécher ses ulcères. Or il arriva que le pauvre mourut, et qu'il fut porté par les anges dans le sein d'Abraham. La riche mourut aussi et on l'ensevelit. Et dans l'enfer, étant dans les tourments, il leva les yeux et vit de loin Abraham et Lazare dans son sein. Et il s'écria : Abraham, mon père, aie pitié de moi et envoie Lazare tremper dans l'eau le bout de son doigt pour rafraichir ma langue parce que je souffre beaucoup dans ces tourments. Mais Abraham lui répondit : Mon enfant, souviens-toi que tu as reçu tes biens pendant ta vie et de même Lazare a reçu ses maux. C'est pourquoi maintenant il est ici, consolé, et toi tu es dans les tourments. Et à tous ces faits s'ajoute qu'il a été établi entre vous et nous un abîme profond, afin que ceux qui veulent vous rejoindre ne le puissent, non plus que ceux qui veulent aller à nous. Alors le riche répondit : Père, je te demande alors d'envoyer Lazare dans la maison de mon père, car j'ai cinq frères, pour que Lazare leur porte témoignage, afin qu'ils ne viennent pas eux aussi dans ce lieu de tourments. Mais Abraham lui dit : Ils ont Moïse et les prophètes. Qu'ils les écoutent ! Le riche reprit : Non, Abraham, mon père, mais si quelqu'un d'entre les morts va chez eux, ils se convertiront. Alors Abraham répondit : s'ils n'écoutent pas Moïse ni les prophètes, même si quelqu'un d'entre les morts ressuscite, ils ne croiront point. (Luc 16,19-31)

L’évangile d’aujourd’hui est simple à comprendre mais riche d’enseignements.
Commençons avec la description du pauvre. (On dirait aujourd’hui : un « sans dents »). Il était pauvre en bien matériels, ces biens qui constituent la richesse selon ce monde. Dans l’autre vie, ce ne sera pas le bien matériel qui sera notre richesse – notre avoir matériel - mais notre être, c’est-à-dire ce que nous portons en nous mêmes comme richesse.
Ce pauvre s’appelait Lazare. «Le mot Lazare signifie qui est secouru; en effet, il était pauvre et il avait Dieu pour soutien.» (saint Jean Chrysostome) Il était couché, non assis, à cause de ses souffrances, devant la porte du riche, espérant qu’on lui  donnerait au moins ce qui tombait de la table du festin quotidien. En plus de sa pauvreté, s’ajoutait donc la déception et finalement la maladie. Les chiens, attirés par le sang qui coulait de ses ulcères, venaient le lécher. Il paraît, selon une tradition juive, que ce Lazare vivait effectivement au temps du Christ. C’est donc une parabole basée sur des faits historiques. Voilà le tableau que ce pauvre nous offre. Il subit toute la misère de ce monde, tel le vieux Job autrefois, mais il reçut aussi le même salaire dans le sein d’Abraham. «Le sein d’Abraham, c’est le paradis.» (saint Jean Chrysostome)
Voyons maintenant ce riche, dont on ignore le nom même. Il était sans pitié et avait tout ce que cette vie offre comme biens matériels. En  plus de ses habits splendides, il festoyait chaque jour.  Ce n’est pas cette richesse en elle-même qui le condamnait, mais sa cruauté en face du pauvre qu’il voyait chaque jour devant sa porte. «S’il souffre de si cruels tourments, ce n’est point parce qu’il était riche, mais parce qu’il a été sans pitié.» (saint Jean Chrysostome; hom. 2, sur l’Epît. aux Philipp.) Il était donc riche selon ce monde mais pauvre selon Dieu, et c’est donc dans l’autre vie que les rôles furent inversés. 
De même que le pauvre ne reçut même pas une miette dans cette vie, de même le riche ne reçut pas une goutte d’eau dans l’autre vie. Consolé dans cette vie, il souffre dans l’autre, contrairement au pauvre. C’est juste la durée qui fait la différence : le bonheur du riche était passager et son malheur éternel, tandis que c’est le contraire pour Lazare. Sans souffrance il n’y a pas de bonheur, à cause du péché qui a introduit la souffrance et la mort.
Le riche supplia pour ses frères. C’est la chair qui l’y poussait et non la miséricorde pour le prochain, sinon il aurait fait cette demande pour tous les humains. Un sentiment stérile qui ne fut exaucé et qui n’aurait rien servit selon Abraham : «s'ils n'écoutent pas Moïse ni les prophètes…»
La mort est le lot de chacun, et du riche et du pauvre; personne n’y échappe. Ce qui vient ensuite diffère pourtant pour chacun. Lazare fut porté par les anges dans le paradis et le riche fut entraîné par les démons aux enfers. Entre les deux mondes, il y a un abîme, dit l’évangile, un abîme infranchissable et définitif. Origène, avec son apocatastase, selon laquelle tout le monde sera finalement sauvé, fut condamné par l’Église, et cet évangile démontre bien l’erreur de cette soi-disant restauration finale. Qui sera condamné ? Dieu seul en jugera. C’est pourquoi l’évangile ne donne pas de nom au mauvais riche.
Il me semble que nous avons tous un peu du pauvre Lazare avec nos souffrances, mais hélas aussi du mauvais riche à cause de notre égocentrisme. La balance penchera pourtant, au dernier Jugement, soit d’un côté soit de l’autre, comme l’explique bien cette parabole. Alors profitons de cet enseignement pendant que nous sommes encore dans cette vie, et ne comptons pas uniquement sur la Miséricorde du Seigneur !

archimandrite Cassien 



La balance où l'on pèse les mérites de chacun de nous est suspendue, et nos bonnes oeuvres et nos crimes sont comme un petit grain qui la fait souvent pencher tantôt d’un côté, tantôt de l'autre. Encore une fois, malheur à moi si les péchés l’emportent ! si ce sont les bonnes actions, ma grâce est assurée. Personne en effet n'est exempt de péché; mais dès que c'est la somme du bien qui est plus lourde, les fautes sont allégées, elles s'effacent comme cachées sous un voile. Ainsi donc, au jour du jugement, nos œuvres nous serviront de secours et d’appui ou nous précipiteront dans l'abîme, au fond duquel nous serons attirés comme par une pierre de meule; car l'iniquité est massive et lourde comme un bloc de plomb, et l'avarice et l'orgueil sont accablants. 

saint Ambroise de Milan (lettre à Constance)