samedi 28 mai 2022

L'INFINITÉ

 L’univers est immense mais pas infini. Selon les scientifiques, il s’étend de plus en plus – vers où ? Vers le néant ? Mais le néant n’existe pas, c’est la non-existence, une pure conception de notre esprit. Je dirais : il s’étend dans le creux de la main du Créateur. 

De l’éternité, on pourra dire pareillement. Elle n’a ni début ni fin. La vouloir comprendre, à partir de notre conception du temps, qui s’écoule, c’est faire fausse route. Je dirais, elle est, c’est l’éternel présent.

Dieu disait à Moïse, dans le buisson ardent : «Je suis celui qui est – l’étant. En grec : O ON, comme c’est marqué dans le nimbe du Christ. Pourtant le Christ a commencé à exister dans le temps, en tant qu’homme; comme Dieu, il est éternel.

Parfois je regarde une petite fleur. Je n’en peux comprendre que ce qui est «scientifique», les aspects extérieurs : la couleur, le nombre des pétales, l’apparenté etc. Sa vie, son «âme» m’échappe complètement. Comment alors comprendre l’éternité et l’infinité, qui sont des attributs de Dieu (lui seul est éternel et infini) ? Cette fleur n’est qu’un atome en face de Dieu, et même un atome d’un atome !

Cela me fait penser à une épisode dans la vie de saint Augustin, qui voyait une enfant, au bord de la mer, qui cherchât à vider avec son récipient, l’océan, qui pourtant est fini.

Vouloir donc comprendre absolument et opiniâtrement l’infinité et l’éternité, nous fait «péter les plombs», pour m’exprimer vulgairement, et finirait dans la folie.

Comme pour cette petite fleur, je ne peux m’émerveiller avec frissonnement et laisser ma raison limitée, qui est déjà assez visée par mes péchés, à sa place – dans le fini et le temps.  

On pourrait encore développer ce texte infiniment, mais on le fera dans l’autre vie, où on aura du temps et la compréhension.

Je termine avec les paroles de Job en face de Dieu : «Oui, j’ai parlé, sans les comprendre, de merveilles qui me dépassent et que je ne conçois pas.» (Job 42,3)


a. Cassien



dimanche 15 mai 2022

CHRIST EST RESSUSCITÉ !

 Lors du temps pascal, – qui dure de Pâques à l’Ascension, – on se salue, dans l’Église avec «Christ est ressuscité», et l’autre répond : «vraiment il est ressuscité.»

Ailleurs, on répond : «en vérité il est ressuscité.» Selon mon faible français, ces deux réponses n’ont pas la même signification. Dire «en vérité il est ressuscité,» exprime le mode, la façon; comme on pourrait dire par exemple «au ciel il est ressuscité,» ou dans «son corps il est ressuscité.»

Par contre, dire «vraiment il est ressuscité,» est une affirmation, une certitude; oui c’est vrai et non une imagination, un subterfuge, comme les juifs prétendaient après sa Résurrection. 

Si on traduit à partir du grec, c’est bien «vraiment il est ressuscité (en grec : Alithos Anesti ! Αληθώς Ανέστη !)» On pourrait voir dans d’autres langues des pays orthodoxes, mais je laisse cela à d’autres.

Ceux qui veulent continuer de dire «en vérité il est ressuscité,» qu’il soit, «mais si quelqu’un paraît vouloir contester, nous, nous n’avons pas une telle coutume, ni les Églises de Dieu,» comme dit l’Apôtre. (I Cor 11,16)


A. Cassien


Même la fillette en bas, en mangeant son œuf de Pâques, comprend cela !






lundi 9 mai 2022

QUELQUES MOTS SUR L’HEXAPSAUME

     L’hexapsaume se lit au début des Matines, comme chaque fidèle le sait. Il consiste en six psaumes et pour cela se dit hexapsaume. Hexa veut dire 6 (ἕξ en grec ancien), comme dans les six jours de la création : hexaeimeron; ou dans hexagone (polygone à six sommets et six côtés). De toute façon, les Français ne savent pas articuler le h, qu’il soit muet ou non.

L’hexapsaume symbolise le dernier Jugement, où notre pauvre âme se tient, en tremblant, devant le juste Juge, attendant la sentence, et en espérant sa miséricorde. Lors de la lecture de l’hexapsaume, on se tient donc debout sans bouger. Les fidèles qui rentrent dans l’église à ce moment restent même à l’entrée, et c’est seulement après la lecture qu’ils vont vénérer les icônes.

Pendant la récitation de l’hexapsaume, on éteint tous les cierges et seul le prêtre et le lecteur tiennent chacun un cierge allumé, symbolisant l’Ancien Testament où il n’y avait que le sacerdoce et la lecture des psaumes, comme lumières.

Pendant que le lecteur lit solennellement les six psaumes, en descendant de l’ambon, * le prêtre récite, à voix basse et tête découverte, douze prières, pour signifier ainsi l’Ancien Testament et le Nouveau, qui en est l’accomplissement.

Généralement, l’hexapsaume est lu par une personne distinguée. Dans les monastères, c’est le supérieur ou la supérieure, et dans les paroisses, un fidèle âgé.

Voici quelques extraits de ces prières, que les fidèles n’entendent pas : «Seigneur, envoie ton secours à tous ceux qui se tiennent en ce moment devant ta sainte Gloire et attendent ta riche Bonté…» – «nous Te supplions : si jusqu’à cette heure, nous avons péché en parole, en actes, en esprit, volontairement ou non, remets, efface, pardonne, car si Tu tiens compte des iniquités Seigneur, Seigneur qui pourra subsister ?…» – «Fais-nous connaître la joie de ton salut, ne nous  rejette pas loin de ta Face, bon et Ami de l’homme, fais que jusqu’à notre dernier souffle, nous offrions sur tes saints autels le sacrifice de justice et de l’offrande».

Les six psaumes parlent de tribulations que nous subissons dans cette vallée des larmes, qui est notre vie ici-bas : «Je suis dans la misère, courbé à jamais, tous les jours en deuil je chemine.» Ils invoquent aussi les Grandeurs de Dieu : «Je parais devant Toi dans ton sanctuaire, pour voir ta Puissance et ta Gloire. Car ta Miséricorde est meilleure que la vie; mes lèvres Te loueront.» «Fais-moi entendre au matin ta Miséricorde, parce que j’ai mis en Toi mon espérance. Fais-moi connaître la voie où je dois marcher, car vers Toi j’ai élevé mon âme.»

Lʼhexapsaume se lit toute lʼannée, hormis la semaine de Pâques, où «tout est rempli de lumière, le ciel, la terre et le fond de lʼenfer,» comme dit le tropaire lors des Matines de Pâques.

Tout cela, je lʼavais appris autrefois dʼun évêque russe, qui connaissait bien la Tradition de lʼÉglise, et ses usages.

a. Cassien


l'ambon (du grec άναβαινειν, anabainein, «monter» dans le sens «bord relevé» ou «saillie») est le pupitre, placé à l'entrée du choeur, dans une église.


vendredi 6 mai 2022

La translation des reliques de sainte Marie-Madeleine d'Ephèse à Constantinople en 890

 


Selon la tradition de l’Église, vers la fin de sa vie, sainte Marie Madeleine se rendit à Éphèse, où l'apôtre Jean le Théologien a vécu. Là, elle est devenue son aide et son soutien dans ses épreuves et ses tribulations, dans son emprisonnement et dans tous ses afflictions. A Ephèse, la sainte a amené beaucoup de gens à la foi et à la conscience de la vérité. Le peuple d'Ephèse l’honorait et la vénérait.

Après sa mort, son corps vénéré a été enterré par le saint apôtre et l'évangéliste Jean, dans une grotte près d'Ephèse, comme un précieux trésor. Au cours de l'enterrement, de nombreux miracles ont été accomplis, comme ainsi que plus tard, jusqu'à aujourd'hui, la sainte ne s'arrête pas accomplissant des miracles.

En l'an 890, l'empereur Léon VI le Sage (886-912) faisait récupéré la relique sacrée et amené d'Éphèse à Constantinople. Avec son frère Alexandre, il l'a pris sur ses épaules et l'a posé avec respect dans l'église à Constantinople, qu’il a construite au nom du saint ami du Christ Lazare mort depuis quatre jours. La relique sacrée a été placée sur le côté gauche du saint autel, dans un coffret en argent.

Notre Église célèbre la mémoire de la sainte myrrophore et égale aux apôtres Marie-Madeleine le 22 juillet. Elle est aussi vénérée avec les autres femmes porteuses de myrrhe le seconde dimanche après Pâques, le dimanche des myrrophores. Le la translation de sa dépouille est célébrée le 4 mai.