lundi 30 décembre 2024

LE BON PASTEUR

 «Je suis le bon pasteur. Le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis,» dit le Christ. (Jn 10,11) Ses paroles, il les a mises aussi en acte en donnant sa vie pour nous, sur la croix. Durant sa vie, pourtant, il se plaignait de ses disciples : «Gens incrédules ! Jusqu’à quand devrai-je encore rester avec vous ? Jusqu’à quand devrai-je vous supporter ?» (Mc 9,19) Il voyait aussi tous ceux qui le quittaient : «Plusieurs de ses disciples dirent : Ce langage est bien difficile à accepter ! Qui peut continuer à l’écouter ?» (Jn 6,60) Plus loin : «À partir de ce moment-là, beaucoup de ses disciples l’abandonnèrent et cessèrent de l’accompagner.» (Jn 6,66)

Ma petitesse n’a pas encore donné sa vie pour les brebis, que le Seigneur m’a confiées, loin s’en faut ! Je fais ce que je peux, mais pas ce que je devrais. Je supporte patiemment les faiblesses des fidèles, sans parler de mes supérieurs, et je prie pour l’ignorance du peuple, comme dit saint Jean Chrysostome, dans une prière secrète du prêtre, lors de la divine liturgie : «Toi qui nous fais la grâce de nous tenir en ce moment devant ton saint autel pour implorer tes Miséricordes pour nos propres péchés et pour les ignorances du peuple.» Je n’ignore pas non plus, hélas, ceux qui ont apostasié et qui ont pris le chemin large et spacieux. Ils étaient parmi nous, mais pas de nous, comme dit l’Apôtre quelque part.

L’image du bon pasteur a bien sûr ses limites, car ce ne sont pas des animaux irraisonnables, qui suivent leur instinct, mais des hommes raisonnables et conscients, qu’il faut guider. Ce n’est pas avec un bâton en bois qu’il faut les mener sur le bon chemin, mais avec discernement, fermeté et douceur à la fois. Parfois ils prennent des décisions, en ne voyant que le bout de leur nez, et ne pensant pas que le prêtre voit plus loin. Il faut accepter leur liberté, prier pour eux et réparer ensuite les dégâts. Bref.

Au soir de ma vie, je me rends compte de mes faiblesses et manquements durant ma vie de prêtre, et l’expérience m’a rendu un peu plus compréhensif et sage. Pourtant l’idéal du bon pasteur est encore devant moi, et ce sont plutôt les paroles du psalmiste qui se réalisent : «Les jours de nos années montent à soixante-dix ans, et si, et pour les plus robustes, à quatre-vingt, leur surplus n’est que peine et misère; car notre vie s’en va bientôt, et nous nous envolons.» (ps 90,10)

Voilà quelques réflexions, qui valent aussi bien pour moi que pour les fidèles, pour lesquels je dois un jour rendre compte.

A. Cassien 


mercredi 25 décembre 2024

211

 Le bulletin 211 vient de sortir.

Bonne fête de saint Spyridon !

vôtre en Christ,

a. Cassien

dimanche 15 décembre 2024

HOMÉLIE SUR L’AVEUGLE DE JÉRICHO

 En ce temps-là, comme Jésus approchait de Jéricho, un aveugle était assis au bord du chemin et mendiait. Entendant marcher la foule, il demanda ce que cela signifiait. On lui annonça que c'était Jésus de Nazareth qui passait par là. Alors il s'écria : Jésus, fils de David, aie pitié de moi ! Ceux qui marchaient en tête le menaçaient pour qu'il fasse silence, mais il criait d'autant plus fort : Fils de David, aie pitié de moi ! Jésus s'arrêta donc et ordonna de le conduire vers lui. Quand il fut près de lui, il lui demanda : Que veux-tu que je fasse pour toi ? Il répondit : Seigneur, fais que je recouvre la vue ! Jésus lui dit : Que la vue te soit rendue ! Ta foi t'a sauvé ! A l'instant même il recouvra la vue, et il suivit Jésus en rendant gloire à Dieu; et tout le peuple, voyant cela, célébra les louanges de Dieu. (Luc 18,35-43)




J’avais déjà commenté ce passage de l’évangile dans le bulletin n° 73 et je ne fais donc que compléter. 

Un miracle de plus que Jésus fit lors de sa vie sur terre. Généralement ses miracles avaient comme sujet la guérison d’un malade mais parfois le sujet était bien autre, comme aux noces de Cana, où l’eau fut changé en vin, ou quand le figuier fut desséché. Le but pourtant était toujours le même : amener les gens à la foi, sinon les miracles n’auraient pas servi à grand chose.

En entrant à Jéricho, – dont le nom signifie lune, – une foule nombreuse suivait le Christ, que cet aveugle ne pouvait voir mais bien entendre. «Cet astre par ses décroissances mensuelles représente les défaillances continuelles de notre nature mortelle,» dit saint Grégoire (hom. 2, sur les Evang.) Généralement un aveugle entend mieux que les autres. Si un organe fait défaut un autre organe se développe davantage, afin de suppléer au premier, et aussi par l’usage.

Ne voyant pas le Sauveur, il demanda donc «ce que cela signifiait.» La foule lui dit simplement que c’était Jésus de Nazareth, mais l’aveugle «s'écria : Jésus, fils de David, aie pitié de moi !» Donc, il avait déjà entendu parler du Christ, puisqu’il le reconnaissait comme «fils de David.» Il savait également que Jésus faisait des miracles et guérissait les malades. Plein d’espoir, il cria donc de façon répétée : «Fils de David, aie pitié de moi !»

«Ceux qui l’entendaient voulaient en comprimer les élans et la constance : «Ceux qui marchaient devant, le gourmandaient pour le faire taire,» mais sa pieuse hardiesse ne se laissait pas intimider par ces défenses répétées, c’est que la foi sait résister à tous les obstacles, et triompher de toutes les difficultés. Il est bon de se dépouiller de toute fausse honte, lorsqu’il s’agit du service de Dieu, car si nous en voyons quelques-uns déployer tant d’audace pour acquérir quelques sommes d’argent, ne faut-il pas que nous soyons saintement audacieux lorsqu’il s’agit du salut de notre âme : Voyez en effet cet aveugle : «Mais il criait beaucoup plus encore : Fils de David, ayez pitié de moi.» (saint Cyrille)

Je ne sais, pour le moment, si c’est saint Cyrille de Jérusalem ou celui d’Alexandrie qui a dit cela. Peu importe ! C’est le sens des paroles qui compte et c’est toujours le même Esprit saint qui les a inspirés.

«Jésus s'arrêta donc et ordonna de le conduire vers lui,» en l’entendant crier ainsi. L’aveugle savait bien marcher avec sa canne mais ne savait pas reconnaitre ainsi le Christ dans la foule. Donc il fallut le conduire vers lui. 

Le Seigneur n’ignorait pas ce que cet aveugle désirait mais «il lui demanda : Que veux-tu que je fasse pour toi ?» – «Il lui fait cette question, non par ignorance, mais dans l’intérêt de ceux qui étaient présents, afin de les convaincre que ce pauvre aveugle ne demandait pas d’argent, mais un acte de puissance divine à Jésus comme à un Dieu : «Il lui dit : Seigneur, que je voie,» explique également saint Cyrille. Parfois le Christ posait des questions, tout en sachant la réponse, comme aux disciples sur le chemin d’Emmaüs : «De quoi vous entretenez-vous en marchant, pour que vous soyez tout tristes ?» (Lc 24)

L’aveugle répondit : «Seigneur, fais que je recouvre la vue !» Son grand souci était son aveuglement. Une attitude bien humaine, car maintes fois nous demandons à Dieu de soulager nos peines et de résoudre nos problèmes. Ce ne sont que les parfaits dans la foi qui supportent les travers de la vie patiemment, car ils savent qu’à travers eux, ils avancent spirituellement.

Dieu, le Compatissant, pourtant condescend à nos faiblesses et sait nous soulager comme cet aveugle, à qui Jésus dit : «Que la vue te soit rendue ! Ta foi t'a sauvé !» Sans cette foi pourtant Dieu est limité et ne peut pas nous aider beaucoup, comme autrefois à Nazareth, où le Christ ne pouvait faire beaucoup de miracles : «Aussi ne fit-il là que peu de miracles, à cause de leur incrédulité.» (Mt 13,58)

Jésus lui dit simplement : «Que la vue te soit rendue ! Ta foi t'a sauvé ! L’évangile passe sous silence si le Christ a touché l’aveugle ou lui a mis de la salive sur les yeux, comme pour d’autres aveugles (cf. Mc 8,23 et Jn 9,6) Une simple parole peut suffire à Dieu pour guérir, comme le savait le centurion : «Tu n’as qu’un mot à dire et mon serviteur sera guéri.» (Mt 8,8)

Il bénit donc simplement l’aveugle. On aurait dit, en faisant sur lui le signe de la croix, mais la croix n’était pas encore le signe du salut, le trophée de la victoire sur le mal.

«Il recouvra la vue, et il suivit Jésus en rendant gloire à Dieu; et tout le peuple, voyant cela, célébra les louanges de Dieu», termine l’épisode. «Cet aveugle montra autant de reconnaissance après sa guérison, qu’il avait manifesté de foi avant de l’obtenir,» explique saint Jean Chrysostome, et saint Cyrille de son côté : «Preuve évidente qu’il est délivré d’une double cécité, de celle du corps et de celle de l’âme, car il n’eût point ainsi glorifié Dieu, s’il n’eût véritablement recouvré la vue. Il devient en outre pour les autres une occasion de rendre gloire à Dieu : Et tout le peuple voyant cela, rendit gloire à Dieu.» 

«Il suivit Jésus en rendant gloire à Dieu.» Il n’avait plus besoin de sa canne car il trouva la vue du corps et celle de l’âme.

Saint Cyrille encore : «Preuve évidente qu’il est délivré d’une double cécité, de celle du corps et de celle de l’âme, car il n’eût point ainsi glorifié Dieu, s’il n’eût véritablement recouvré la vue. Il devient en outre pour les autres une occasion de rendre gloire à Dieu : Et tout le peuple voyant cela, rendit gloire à Dieu.»   


archimandrite Cassien

vendredi 13 décembre 2024

dimanche 1 décembre 2024

DIEU INCARNÉ

 Par son incarnation, Dieu nous a sauvé, à travers sa mort sur la croix et sa résurrection. Il s’est rendu également visible, Celui qui était «inexprimable, inconcevable, invisible, incompréhensible», comme dit une prière secrète de la divine liturgie, pendant que le cœur chante : «Saint Dieu…» «Nous l’avons entendu, nous l’avons vu de nos propres yeux, nous l’avons contemplé et nos mains l’ont touché», dit l’apôtre Jean. (I Jn 1,1) Les apôtres l’ont ainsi vu, entendu etc. dans sa chair mortelle et aussi dans sa chair transfigurée sur le Thabor et après sa résurrection. Nous, de notre côté, nous pouvons donc le contempler dans sa chair transfigurée. En plus, nous pouvons le représenter dans l’iconographie, depuis son incarnation, ce qui était impossible et même interdit avant que le Fils de Dieu se soit revêtu de chair. «Vous ne m’associerez aucune divinité, vous ne vous fabriquerez aucune idole en argent ou en or.» (Ex 20,23)

Le Seigneur avait un corps périssable et mortel. Comment cela se fait-il puisque les corps des protoplastes n’étaient pas ainsi ? Ce n’est qu’après le péché que la mort est entrée dans le monde. C’est par l’accouplement des hommes que les conséquences du péché originel se transmettent, ce qui n’a pas eu lieu chez le Christ puisqu’il fut conçu par l’intervention de l’Esprit saint. C’est un mystère que je laisse résoudre à d’autres, plus futés que moi.

Si l’Emmanuel (Dieu avec nous) ne se serait pas incarné, nous ne pourrions jamais voir les personnes divines, à part dans leurs énergies. Dans la personne humaine du Christ pourtant nous voyons la sainte Trinité comme dans un miroir.

Les prophètes avaient contemplé le Christ prophétiquement dans son incarnation. Abraham avait vu Dieu sous la figure des anges, qui, eux, incorporels, n’ont pas de corps, mais se revêtent d’un corps humain chaque fois qu’ils se rendent visibles aux hommes. Jacob avait lutté avec Dieu, également à travers un ange. (cf. Gen 32,23-32)

Nous pouvons boire et manger la chair et le sang du Christ, depuis qu’il est venu parmi nous et qu’il est devenu l’un des nôtres. «Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi je demeure en lui.» (Jn 6,56)

Un peu plus loin, dans cette prière secrète, mentionnée plus haut, il est dit : «C’est Toi qui nous as amenés du non-être à l’être, qui nous as relevés après la chute et qui ne cesse de tout faire pour nous ramener au ciel et nous donner ton royaume à venir.»

Qu’est-ce que Dieu peut ou pouvait faire de plus afin de nous sauver après la chute, et de nous accorder le royaume promis ? Il ne me reste qu’à crier avec le psalmiste : «Dieu, tu agis saintement ! Quel Dieu est aussi grand que Dieu ?» (Ps 77,13)


archimandrite Cassien


lundi 25 novembre 2024

Retour

 Mes chers, 

je viens de rentrer au foyer et je reprends donc mes activités ici.

Mercredi (14/27) on peux manger du poisson.

vôtre a. Cassien

samedi 7 septembre 2024

PARDONNE-LEUR !

 «La pauvreté est rusée en inventions,» dit un proverbe russe. L’équivalent français : «la nécessité est mère d’invention». Cela veut dire quand on est dépourvu de moyens, on en invente. Cela concerne, au niveau spirituel, mon manque de charismes, vertus et formation spirituelle. Il faut donc suppléer. Cela peut servir, avec peu de moyens, comme introduction – comme plat d’entrée.
Comme plat principal, je voudrais m’attarder un peu sur les paroles du Christ : «Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font». (Luc 23,34) Le Sauveur, au moment de donner sa vie pour nous, disait cela en face des principaux juifs, dans leur aveuglement orgueilleux, des bourreaux grossiers, et de la populace qui criait : «Crucifie-le !» (Mt 27,22)
Il y avait pourtant des exceptions, comme le bon larron Dismas, qui croyait, contre toute évidence, à la résurrection, ou le centenier Corneille qui disait : «Assurément, cet homme était Fils de Dieu.» (Mc 15,39)


le cenurion Corneille


Si on regarde le monde actuel, n’est-ce pas la même situation ? Ceux qui manipulent ce monde, dans leur soif de pouvoir et d’argent, ont comme maître, le diable, mêmement ceux qui exécutent leur ordres, et aussi la majorité des gens ignorants qui se laissent entraîner vers le mal, ne croyant plus à leur Créateur mais à la science, à l’argent et au bien-être. 
Celui qui au paradis insuffla aux protoplastes la désobéissance, est le même qui poussa les juifs à crucifier le Messie et qui entraîne les hommes d’aujourd’hui vers le mal. Jamais on a vu autant de crimes que dans ce monde apostat ! Les journaux sont remplis de crimes de toutes sortes et il est rare que l’on y lise une bonne nouvelle. Bien sûr, on peut attribuer cela aux médias, à la drogue, à l’insécurité et autres, mais celui qui tire les ficelles est toujours le diable qui sait que son heure est venue. «Et il fut précipité, le grand dragon, le serpent ancien, appelé le diable et Satan, celui qui séduit toute la terre, il fut précipité sur la terre, et ses anges furent précipités avec lui,» dit l’Apocalypse (12,9) Un peu plus loin : «Malheur à la terre et à la mer ! car le diable est descendu vers vous, animé d’une grande colère, sachant qu’il a peu de temps.» (12,12) Cela coïncide avec ce que dit le même apôtre : «Il cria d’une voix forte : «Elle est tombée, elle est tombée, la grande Babylone. Et elle est devenue une antre de démons, repaire de tous les esprits impurs, repaire de tous les oiseaux impurs, et détestables. Car tous les peuples ont bu le vin de sa prostitution furieuse. Les rois de la terre, avec elle, se sont livrés à la débauche, et les commerçants de la terre ont fait fortune grâce à son luxe démesuré.» (Apo 18,2-3)
Je ne veux pas entrer dans les détails sinon je parlerais du peuple palestinien qu’on extermine, du peuple ukrainien qu’on sacrifie pour l’ambition mondialiste, de la pédophilie des grands de ce monde et de certains milieux cléricaux, des enfants qui tuent leurs parents, et vice versa, des femmes violées en pleine rue, etc. Je n’en finirais pas. 
Ne nous étonnons pas si nous, les croyants, sommes attaqués plus violemment, car c’est à nous que le Malin en veut principalement. 
Pour finir ce «plat» il reste comme «dessert» l’exhortation à ceux qui croient au Christ, tels Dismas ou Corneille, à prier pour ce pauvre monde qui gît dans le mal et à nous sacrifier. Notre responsabilité est grande et à nous sera demandé bien plus de comptes qu’à ceux qui n’ont pas connu Dieu, et qui n’ont jamais fait l’expérience de son amour, ou plutôt qui n’en sont pas conscients, car Dieu les aime également, mais hélas sans retour !
a. Cassien

mardi 27 août 2024

DORMITION

 A tous une sainet fête de la Dormition de la Toute Sainte !

Le bulletin 209

Vôtre a. Cassien



mardi 20 août 2024

SAXON

 Nous avons pu célébrer la divine liturgie le dimanche avant la Transfiguration à Saxon (Suisse).

Le jour avant (samedi) furent baptisés : Patrick, Antoine, Ignace et Marie.


Les voici.





Vôtre a. Cassien

jeudi 15 août 2024

HOMÉLIE POUR LA TRANSFIGURATION

 Puisque je partirai pour la Suisse, voici déjà l'homélie pour la Transfiguration :

    Sans vouloir me faire l’avocat du diable… Hitler faisait toujours lire d’abord ses discours à un homme simplet et les modifiait jusqu’à que celui-ci les comprenne bien. N’ayant pas un simple d’esprit à ma disposition – nos fidèles sont tous des fortes têtes sans avoir toujours les pieds sur terre – je joue moi-même ce simplet jusqu’à ce que le texte devienne compréhensible.

Le mystère de la Transfiguration du Christ n’est compréhensible que dans l’Orthodoxie qui a une théologie claire sur la divinisation de l’homme et sa communion avec Dieu. 

Je ne fais donc pas comme ce brave curé catholique qui disait franchement à ses ouailles qu’il ne savait rien dire concernant la Transfiguration, et qui changeait simplement le sujet de son prêche en parlant de l’enlèvement du prophète Elie au paradis. Il ne fallait qu’un char et quatre chevaux pour le tirer et le tour était joué. 

C’est le même prophète Elie, qui représentait les prophètes, qui apparut sur le mont Thabor avec Moïse le législateur. Tous les deux avaient déjà eu l’expérience de l’apparition de Dieu dans leur vie terrestre, non une apparition de la nature divine, mais soit l’expérience d'un aspect emprunté, soit de la future humanité du Christ. Moïse entendait une voix, que Dieu empruntait pour se faire entendre, dans le buisson ardent et sur le Mont Horeb. Elie entendait souvent le Seigneur comme «un bruissement doux et léger.» (I R 19,11) Ainsi se fit aussi entendre Dieu lors du baptême du Christ dans le Jourdain. L’Esprit saint prit une figure de colombe sans en être une bien sûr.

En bas du Mont Tabor gisaient, effrayés, les trois apôtres Pierre, Jacques et Jean, que le Seigneur avait choisis. Pourquoi Jésus n’a-t-il pas pris tous les apôtres avec lui pour être témoins de la Transfiguration ? Simplement du fait qu’il aurait dû prendre aussi l’indigne Judas le traître. 

Ce n’est pas tellement le Christ qui a changé lors de la Transfiguration, mais les yeux spirituels des apôtres qui se sont ouverts sur le monde surnaturel. Jusqu’à présent ils ne voyaient qu’avec les yeux de la chair, comme nous aussi lors de la divine liturgie lorsque nous sommes en train de célébrer. Que Dieu nous rende digne de contempler aussi un jour avec les yeux spirituels les mystères divins !

«Moïse et Elie «parlaient tous deux avec Jésus». Leur conversation n’est pas transmise, et les apôtres probablement ne les comprenaient même pas. Il est à supposer qu’il conversaient de la passion du Messie qui s’approchait. L’évangéliste Luc nous l’explique : «Ils parlaient de la manière dont Jésus allait achever sa mission en mourant à Jérusalem.» (9,31)

«Ses vêtements devinrent blanc comme de la neige,» dit le texte. Marc dit : «ses vêtements devinrent éblouissants et si parfaitement blancs que personne sur la terre ne peut produire une telle blancheur.» (Mc 9,3) Comment cela ? Expliquons cela par une métaphore. Le fer au contact du feu devient incandescent et brillant. Par lui-même, le fer ne le peut pas, mais sous l’effet du feu, cela se produit. Ainsi les vêtements du Christ furent transfigurés par la grâce de l’Esprit saint – la gloire qui émanait du Christ. 

«Il fut transfiguré». C’est l’humanité du Christ qui fut transfigurée passivement mais c’est la divinité du Christ qui en est la cause, et qui se cachait d’habitude sous le manteau de l’humanité.

Pierre prit la parole disant : «Seigneur, il est bon que nous soyons ici. Si tu es d’accord, je vais dresser ici trois tentes, une pour toi, une pour Moïse et une pour Elie.» «En fait, il ne savait ce qu’il disait, car ils étaient tous les trois remplis de peur,» selon Marc. De son côté, Matthieu dit : «En entendant cette voix, les disciples furent terrifiés et tombèrent le visage contre terre.» Le Sauveur n’avait nullement besoin d’une tente et Elie et Moïse encore moins, vivant dans l’autre monde. Ainsi, lors de la Pentecôte, les apôtres parlèrent en langues sous l’influence de la grâce. La nature humaine est hors de son état normal, en ce cas, et est sous l’influence de la grâce.

«Cette frayeur avait fait sortir leur âme de son état ordinaire pour l'élever dans une région supérieure; ils voyaient de leurs yeux Moïse et Elie, mais en même temps leur âme, comme soustraite par la contemplation aux impressions des sens, était tout absorbée par un sentiment tout céleste.» (saint Jean Chrysostome)

Dieu le Père se fit entendre par une voix humaine, disant : «Celui-ci est mon Fils bien-aimé. Ecoutez-le !» (Mc 9,7) La même voix parla déjà au Jourdain, lors du baptême du Christ : «Celui-ci est mon Fils bien-aimé, celui qui fait toute ma joie.» (Mt 3,17) Matthieu écrit un peu différemment : «Celui-ci est mon Fils bien-aimé, celui qui fait toute ma joie. Ecoutez-le !» (Mt 17,5) C’était bien Dieu le Père et non la sainte Trinité, ni l’Esprit saint seul, car il a dit «mon Fils bien-aimé…»

Une fois la voix de Dieu entendue, «les disciples regardèrent autour d’eux, et ils ne virent plus personne, sinon Jésus, qui était seul avec eux.» Ainsi s’achève l’épisode de la Transfiguration. 

Terminons donc aussi notre modeste explication, ayant dépassé à peine l’ingénieux curé susmentionné.

a. Cassien





jeudi 18 juillet 2024

LES INQUIETUDES DE LA VIE

     L’évangile du dimanche passé (Mt 6,22-33) nous parlait des inquiétudes de la vie. Revenons un peu là-dessus pour ceux qui ne l’ont pas bien compris.

Le Seigneur ne dit pas de ne pas travailler, de ne pas s’occuper de la nourriture et des vêtements, mais de mettre notre confiance dans la providence divine et de ne pas nous laisser emporter par des soucis et des inquiétudes. Cela est propre aux païens qui n’ont pas foi en Dieu. Si donc nous nous laissons absorber par ces préoccupations matérielles, cela montre que nous sommes encore un peu «païen» et que notre foi est faible.

L’important dans notre vie doit être «le royaume de Dieu et sa justice», dit l’évangile, et le reste est secondaire.

Il est question de «la lampe du corps», qui n’est autre que notre foi en Dieu. Avec la foi nous voyons et sans la foi ces sont les ténèbres, et le dieu Mammon (de l’argent) l’emporte sur nous, et nous en sommes prisonniers comme les mouches en été dans la glue de l’appât. Si «l’œil est malade,» c’est à dire notre foi, cela veut dire que nous vivons terre à terre, horizontalement.

«Mammon est un mot syriaque qui signifie richesse. Que l’avare qui porte le nom de chrétien apprenne ici qu’il ne peut à la fois servir Jésus Christ et les richesses. Et remarquez que le Sauveur ne dit pas : «Celui qui a des richesses,» mais «celui qui est le serviteur et l’esclave des richesses,» car celui qui en est l’esclave les garde comme fait un esclave; celui au contraire qui est affranchi de leur servitude, les distribue comme en étant le maître.» (vénérable Jérôme) 

Regardons le monde actuel qui gît dans le mal. Les dieux de l’argent, du sport, du plaisir emportent, et les malheurs, qu’on peut lire chaque jour dans les journaux : guerres, maladies, cataclysme, en remplissent les pages.

Si Dieu, l’Eglise, notre foi orthodoxe ne sont pas primordiales dans notre vie, alors les travers sont inévitables, comme c’est le cas dans le monde apostat actuel. En ce cas, le Christ nous taxe de «gens de peu de foi.» S’il ne s’agit de réserver que notre surcroît en argent et en temps pour l’Église, c’est bien triste, et les juifs d’autrefois l’emportent alors sur nous, qui donnaient la dîme et les prémisses ! En ce cas n’espérons pas trop sur la Providence !

L’évangile est simple. Il ne parle que de la lampe du corps, – notre foi – et les soucis qui en découlent, si cette foi fait défaut, si nous adorons Dieu et Mammon à la fois, si nous clochons de deux pieds, comme autrefois les Israélites au temps du prophète Elie.

«À la sueur de ton front, tu gagneras ton pain, jusqu’à ce que tu retourne à la terre» (Gen 3,19) disait Dieu à Adam après la chute, et c’est donc inévitable que nous peinions et subissions les travers de la vie. Ce que le Seigneur nous demande, c’est de ne pas nous laisser emporter par les soucis mais de mettre notre confiance en Dieu qui «sait bien que vous en avez besoin», et qui trouve toujours des solutions.

J’écris cela pour tous les fidèles, qui sont plus ou moins concernés, sans excepté moi-même. 


a. Cassien 


«Si Dieu revêt avec tant de magnificence les fleurs qui ne naissent que pour satisfaire un instant les yeux et périr presque aussitôt après, pourra-t-il oublier les hommes, qu’il a créés non pour apparaître un instant, mais pour exister éternellement. C’est cette vérité dont il veut nous convaincre en ajoutant : «Si donc Dieu prend soin de vêtir ainsi l’herbe des champs qui est aujourd’hui et qui demain sera jetée au four, combien prendra-t-il plus soin de vous, hommes de peu de foi ?» 

«En effet, dans leur opinion, (des païens) les choses humaines dépendent de la fortune et non de la Providence; elles ne sont point gouvernées par les justes décrets de Dieu, mais par le hasard et à l’aventure. Leurs craintes et leurs défiances sont donc fondées, puisqu’ils ne croient à aucune direction supérieure. Mais pour celui qui croit à n’en pouvoir douter que c’est la main de Dieu qui gouverne son existence, il lui abandonne le soin de sa nourriture, c’est pourquoi le Sauveur ajoute : «Car votre Père sait que vous avez besoin de toutes ces choses.» 

(Saint Jean Chrysostome; sur saint Matthieu)


samedi 22 juin 2024

PENTECÔTE

 Le bulletin 208 vient de sortir.

Je souhaite une Pentecôte riche en grâce à vous tous !

a. Cassien




samedi 15 juin 2024

HOMÉLIE POUR LES PÈRES DU PREMIER CONCILE DE NICÉE

«Le Christ et les apôtres ne nous ont enseigné ni la dialectique, ni des subtilités, mais une doctrine simple et claire que l’on croit et que l’on pratique en faisant le bien,» disait un père du concile et c’est dans ce sens que je voudrais dire quelques mots sur la fête d’aujourd’hui.
Ce dimanche se situe toujours entre l’Ascension et Pentecôte, mais la date varie selon la fête de Pâque et le rapproche plus ou moins de la fête des Apôtres. Cette année, elle arrive tard, et donc le carême des Apôtres est court, – au contentement des amateurs du jeûne.

L’Église est conciliaire et les questions et problèmes se discutent et se résolvent donc en commun. Selon l’importance, il peut avoir des conciles locaux, généraux ou œcuméniques. Œcuménique vient du grec œcumène et signifie la terre habitée. Les termes de concile ou synode sont synonymes et viennent soit du latin, soit du grec.

Lors de ce premier concile, en 325, fut surtout discutée la question de la nature du Christ et de la date de Pâque. Les adversaires, dont le chef de file était Arius, prétendaient  que la Christ est une créature et non Dieu par nature. Pâque, la fête des fêtes, se célébrait à des dates différentes, selon les pays.

Le concile fut convoqué au temps du roi Constantin et c’est ce même roi qui avait accordé la paix à l’Église, après tant d’années de persécution, qui convoqua également ce synode. Il s’occupa du bon ordre du concile, et des problèmes matériels, comme le transport des évêques, la sécurité etc. Il participa au concile, fit une allocution, mais n’eut pas le droit de vote.

Au concile participèrent officiellement vers la fin 318 pères dont le grand Athanase, qui n’était qu’un simple diacre et qui représentait le patriarche Alexandre d’Alexandrie. Saint Nicolas de Myre y était présent et c’est lui qui donna une gifle au blasphémateur Arius. Il est interdit par les canons qu’un clerc frappe quiconque, et le saint fut donc emprisonné. C’est le Christ et la Toute-Sainte qui libérèrent saint Nicolas et on voit parfois sur ses icônes l’épisode où l’omophore lui fut restitué. Saint Spyridon de Chypre y assista aussi et accomplit le miracle de la brique. Comme une brique est composée de terre, de feu et d’eau, la sainte Trinité est trinitaire en personne mais d’une seule nature. Lors du miracle, de l’eau coula de la brique, ainsi que de la terre, et une flamme en sortit. On voit d’ailleurs le saint sur la fresque à côté du roi, avec son béret de berger.

Le pape de Rome ne s’y rendit pas à cause de sa vieillesse, mais il y envoya deux prêtres pour tenir sa place, et donner leur assentiment à ce qui serait fait.

Aujourd’hui dans l’Église «catholique», qui se dit et se veut catholique, il serait impensable que le pape n’y préside pas et que le concile ne se tienne pas à Rome. Pourtant, aucun concile œcuménique n’a eu lieu à Rome !

Ce concile de Nicée fut le premier, reconnu par la suite œcuménique. Ensuite il y en a eu six autres, et selon une tradition il y en aura un huitième à la fin des temps.

Ce n’est pas le grand nombre des évêques qui garantit son orthodoxie ou s’il est œcuménique. Un évêque peut se tromper et même tous les évêques ensemble. Ce n’est que l’Église dans son ensemble qui est infaillible. Il y a eu des grands conciles erronés, comme par exemple, le «brigandage d’Éphèse.»

Lors du concile on reconnut le Christ omoousions (consubstantiel). Les adversaires tenaient au mot omoiousios (semblable en nature), afin de cacher leur perfidie. Ce fut surtout le grand Athanase qui insista sur omoousions qui ne permettait pas une équivoque.

Les pères frappèrent Arius et ses partisans d’anathème et déclarèrent que son système était opposé à la foi de l’Eglise. Ils furent ensuite exilés.

Après la condamnation de la doctrine d’Arius, le concile passa à la question pascale. Lorsqu’il s’agissait de la foi, les Pères se contentèrent de dire : Ainsi croit l’Eglise catholique.

La discussion touchant la fixation du jour de Pâques eut un tout autre caractère. Il s’agissait d’une question purement disciplinaire, ecclésiastique par sa nature, et pouvant être, par conséquent, tranchée avec autorité par les évêques. Les Pères du concile de Nicée ne dirent donc pas, comme sur la question de foi : «C’est ainsi que croit l’Eglise catholique;» mais ils usèrent de cette formule : «Ce qui suit a été décrété.»

Il fut prescrit de ne pas célébrer cette fête le même jour que les Juifs, mais seulement le dimanche qui suivait le quatorzième jour de la lune après l’équinoxe du printemps. Pour déterminer ce jour, le concile décida que l’Eglise d’Alexandrie s’en occupe et le fasse savoir, à travers l’Église de Rome, aux autres Églises.

Après avoir terminé d’examiner les questions de la foi et de l’unité de l’Eglise, le concile adopta des lois ou canons au nombre de vingt. Ces canons touchent le célibat, la limite de l’évêché, les schismatiques, les apostats, l’usure, la compétence des diacres, le baptême des hérétiques, etc.

C’est avec respect et reconnaissance que nous vénérons donc ces saints pères, qui nous ont indiqué le droit chemin, afin de ne nous égarer ni à droite ni à gauche, dans des excès qui mènent à la perdition.

a. Cassien




samedi 1 juin 2024

HOMÉLIE POUR LE DIMANCHE DE LA SAMARITAINE



Dans les bulletins «Orthodoxie» n° 142 et 188, j’ai déjà publié des homélies sur cet épisode du Christ avec la Samaritaine. J’essaie donc simplement de compléter.

«L’Évangile est saturé de tous les mystères. De l’un il dévoilera un centième de centimètre, d’un autre un millier de verstes. De l’un beaucoup, d’un autre peu. Et ce petit peu, ce centième de centimètre, cela suffit pour vivre.» starez Nicon d’Optino

La Samaritaine s’appelait Photinie, selon la Tradition, et elle est devenue une sainte par la suite. Ce nom vient du grec : Phos, qui veut dire lumière. En français on a maints mots avec ce préfixe : photographie (lumière et écrire), phosphore (lumière et porteur), photovoltage, photothèque etc.

Elle a eu cinq maris, ce qui était permis chez les juifs, comme on le voit bien dans l’évangile : «À la résurrection, duquel des sept frères sera-t-elle la femme ? Car ils l’ont tous eue pour épouse.» (Mt 22,28, Luc 20,33 et Mc 12,23) Avec l’homme actuel, elle vivait en concubinage, si on comprend bien, selon ce que dit le Christ.

«Cette femme … voulait d'ailleurs cacher la honte de sa vie à Jésus, en qui elle ne voyait qu'un homme : "La femme lui répondit : Je n'ai point de mari." Le Sauveur profite de cet aveu pour lui découvrir le scandale de sa vie. Il lui rappelle tous ceux qu'elle a eus pour mari, et lui fait un reproche de celui qu'elle cherche en ce moment à dissimuler : Jésus lui dit : Vous avez raison de dire : Je n'ai point de mari.» (Saint Jean Chrysostome. hom. 32)

«Cette femme, en effet, n'avait point alors de mari, et vivait avec je ne sais quel homme dans une union illégitime et scandaleuse. Notre Seigneur le lui rappelle avec une intention particulière et secrète en lui disant : «Vous avez eu cinq maris.» (Saint Augustin. Traité 15)

Le Messie parla à cette femme, malgré le fait que les Juifs ne parlaient pas aux Samaritains. «L'évangéliste ne dit point que les Samaritains n'ont point de commerce avec les Juifs, mais que les Juifs n'ont point de commerce avec les Samaritains. Depuis le retour de la captivité, les Juifs étaient en garde contre les Samaritains et les regardaient comme des étrangers et des ennemis, car ils ne recevaient pas toutes les Ecritures, et n'admettaient que le livre de Moïse, sans tenir beaucoup de compte des prophètes. Ils prétendaient avoir part à la noblesse du peuple juif qui les avait en horreur à l’égal des autres nations infidèles.» (Saint Jean Chrysostome. hom. 31)

Les Juifs adoraient à Jérusalem au Temple. Ils y adorent encore mais non plus au Temple, qui fut détruit, mais juste au mur des lamentations. Les Samaritains, de leur côté, adoraient au Mont Garizim, près duquel Jacob habita. Leur culte était purement extérieur et rituel. Le Christ est venu pour nous apprendre à prier Dieu véritablement. «Car vient l'heure, – et elle est déjà venue – où les vrais adorateurs adoreront en esprit et en vérité.»

«Le Sauveur veut parler ici de l'Eglise, où l'on offre à Dieu l'adoration véritable et la seule digne de lui. C'est pour cela qu'il ajoute : "Car ce sont là les adorateurs que cherche le Père." Il avait toujours cherché de tels adorateurs, cependant il les laissa s'attacher à leurs anciens rites et à leurs cérémonies figuratives, par condescendance et pour les amener ainsi à la vérité.» 

«Il faut adorer dans la vérité, parce que les rites et les cérémonies de l'ancienne loi n'étaient que des figures, par exemple, la circoncision, les holocaustes et les ablations de l'encens; maintenant au contraire tout est vérité.» (Saint Jean Chrysostome. hom. 33)

«L'heure vient, et nous y sommes,» de la venue du Messie, attendu par les Juifs et les Samaritains. La Samaritaine savait que leur culte n’était que partiel et imparfait : «Lors donc qu'il sera venu, il nous instruira de toutes choses.»

«Alors la femme, ayant laissé sa cruche, s'en alla dans la ville, et dit aux gens…» La femme, Photinie, est devenue l’apôtre des ses compatriotes. Elle ne pensa même pas à emporter sa cruche, en courant en ville.

«Notre Seigneur se sert de cette femme comme d'un apôtre pour évangéliser ses concitoyens, il l'a tellement enflammée par ses paroles du feu sacré du zèle, qu'elle laisse là son urne pour retourner à la ville et raconter tout à ses concitoyens,» dit Origène (Traité 15 sur saint Jean)

De son côté, le grand Chrysostome dit : «À l'exemple des apôtres qui avaient quitté leurs filets, cette femme laisse là son urne et remplit l'office d'un évangéliste, et ce n'est pas une seule personne, mais une ville tout entière qu'elle appelle à la connaissance de la vérité.»

J’arrête pour aujourd’hui, loin d’avoir tout dit sur ce riche événement de l’évangile.

a. Cassien



Je le dis à la belle-fille, pour que la belle-mère l’entend, dit le proverbe. Parfois on ne peut le dire directement, et il faut le dire d’une autre manière. Ceux qui sont concernés, avec un peu d’humilité, comprennent.

Je m’exprime donc avec les paroles de l’Écriture : «Le bien-aimé est devenu gras, et il a regimbé; te voilà gras, épais et replet !»  (Dt 32,15) «J’ai cependant un reproche à te faire : tu as abandonné l’amour que tu avais au début. … Change et reviens à ta conduite première.» (Apo 2,3)

Je sais que l'on peut rétorquer en me faisant les mêmes reproches vu mon relâchement, mais comme prêtre, je dois rappeler certains fidèles discrètement à l'ordre, même s'ils ne supportent pas facilement les réprimandes.

Je pense que les "innocents" scrutent leur conscience et se font des reproches. Espérons que ceux qui sont réellement visés le fassent aussi ! 

Il me reste qu'à prier et à attendre.

a. Cassien