jeudi 16 novembre 2023

HOMÉLIE DU 7e DIMANCHE DE LUC

 Luc (8,41-56)



«En ce temps-là, un homme du nom de Jaïre, qui était chef de la synagogue, s'approcha de Jésus. Tombant à ses pieds, il le suppliait de venir chez lui, parce qu'il avait une fille unique, âgée d'environ douze ans, qui se mourait. Et tandis qu'il s'y rendait, la foule le serrait à l'étouffer. Or une femme atteinte d'un flux de sang depuis douze années et qui avait dépensé tout son avoir en médecins, sans que nul d'entre eux n'ait pu la guérir, s'approcha par derrière et toucha la frange de son manteau; et à l'instant même son flux de sang s'arrêta. Et Jésus demanda : Qui m'a touché ? Comme tous s'en défendaient, Pierre et ses compagnons lui dirent : Maître, c'est la foule qui te presse et t'écrase, et tu demandes qui t'a touché ! Jésus reprit : Quelqu'un m'a touché; j'ai senti qu'une force était sortie de moi ! Se voyant découverte, la femme vint toute tremblante et, se jetant à ses pieds, raconta devant tout le monde pour quelle raison elle l'avait touché et comment elle avait été guérie à l'instant. Jésus lui dit : Ma fille, ta foi t'a sauvée; tu peux aller en paix ! Il parlait encore, quand de chez le chef de la synagogue arriva quelqu'un qui lui dit : Ta fille est morte à présent, ne dérange plus le Maître ! Mais Jésus, qui avait entendu, lui répondit : Ne crains pas; crois seulement, et elle sera sauvée ! Arrivé à la maison, il ne laissa personne entrer avec lui, si ce n'est Pierre, Jean et Jacques, ainsi que le père et la mère de l'enfant. Tous pleuraient et se lamentaient sur elle, mais Jésus leur dit : Ne pleurez pas, elle n'est pas morte, elle dort ! Et ils se moquaient de lui, sachant bien qu'elle venait de mourir. Mais Jésus, les ayant tous fait sortir et l'ayant prise par la main, lui dit à haute voix : Enfant, lève-toi ! L'esprit lui revint et à l'instant même elle se leva. Puis il ordonna de lui donner à manger. Ses parents furent saisis de stupeur, mais Jésus leur enjoignit de ne dire à personne ce qui était arrivé.»

Par deux fois le chiffre douze se trouve dans cet évangile : La fille avait douze ans et l’hémoroisse souffrait depuis autant d’années.

Sur le chemin vers la maison du chef de la synagogue, la guérison de la femme «atteinte d'un flux de sang» a eu lieu. 

«D’après la loi, cette maladie était regardée comme une des plus grandes souillures,» (cf. Lev 15) précise saint Jean Chrysostome (hom. 32 sur saint Matthieu) C’est pour cela que cette femme a eu peur et était «toute tremblante». – «Car il était défendu à ceux qui étaient souillés de quelque impureté, de toucher ceux qui étaient purs, ou de s’approcher de ceux que la loi réputait pour saints,» dit saint Cyrille.

Elle avait touché les vêtements du Christ et à cause de sa foi elle fut guérie. Les soldats, lors de la crucifixion, les tirèrent au sort entre eux, sans éprouver rien de semblable. Donc sans la foi, toutes nos œuvres sont stériles !

Dans son Histoire ecclésiastique, Eusèbe de Césarée relate : «On rapporte que cette femme fit ériger dans la ville de Panéade (Césarée de Philippe), d’où elle était originaire, un monument remarquable, en souvenir du bienfait qu’elle avait reçu du Sauveur. On voyait à l’entrée de la porte de sa demeure, sur un piédestal élevé, une statue d’airain, représentant une femme à genoux, les mains jointes, dans l’attitude de la prière; de l’autre côté se dressait une autre statue de même matière, représentant un homme vêtu d’un manteau, la main étendue vers cette femme; à ses pieds, sur la base, on voyait une plante exotique, qui montait jusqu’au bord du manteau d’airain, et à laquelle on attribuait la propriété de guérir toutes les douleurs. Cette statue, disait-on, représentait Jésus Christ, et l’empereur Maximin la fit détruire.»

Revenons à la fille qui se mourrait, ou était déjà morte, selon les évangélistes. 

Matthieu précise que la fille était déjà morte quand son père aborda Jésus : «Ma fille vient de mourir, mais viens et pose ta main sur elle, et elle vivra.» (Mt 9,18) Marc dit : «Ma fille est à l’extrémité; je te prie de venir et de lui imposer les mains, afin qu’elle soit sauvée, et qu’elle vive.» (Mc 5,23)

Matthieu dit également : «Jésus, étant arrivé à la maison du chef de synagogue, et voyant les joueurs de flûte et la foule qui faisait un grand bruit.» Ce tumulte se faisait puisque tous croyaient la fille définitivement morte.

«Arrivé à la maison, il ne laissa personne entrer avec lui, si ce n'est Pierre, Jean et Jacques, ainsi que le père et la mère de l’enfant.» 

Ces sont ces mêmes apôtres que le Seigneur prit avec lui lors de sa Transfiguration. L’hémorroïsse retrouva la santé devant beaucoup de témoins – toute la foule – tandis que, lorsque le Christ ressuscita la fille, il ne prit que ces témoins nommés plus haut. Pourquoi ainsi ? Question inutile, sinon l’évangéliste l’aurait dit. «Ceux qui étaient avec lui,» (Mc 5,40) dit Marc; donc les autres apôtres étaient absents. Encore : pourquoi ? demandent les curieux.

«Cette jeune fille n’est pas morte, mais elle dort.» On parle de dormition pour ceux qui croient. Ce ne sont que les incroyants qui meurent vraiment d’une mort éternelle !

Quant le Sauveur ressuscita cette fille, il les fit tous sortir, vu leur incrédulité. «Et ils se moquaient de lui,» même les apôtres qui avaient encore une foi chancelante ! «Ils se riaient de lui, car quand on ne croit pas, on devient nécessairement moqueur,» selon saint Ambroise.

Cette fille ne pouvait pas toucher le vêtement du Christ, mais, lui, «l'ayant prise par la main», «l'esprit lui revint.»

«L'ayant prise par la main, lui dit-il à haute voix : Enfant, lève-toi !» Marc dit : «Talitha coumi», ce qui se traduit par Enfant, lève-toi. 

La fille se leva toute seule, ayant repris vie. Pour reprendre ses forces, le Seigneur «ordonna de lui donner à manger».

À l’homme «infirme depuis trente-huit ans», Jésus dit : «Lève-toi, prends ton petit lit, et marche,» (Jn 5,8) tandis qu’à la fille il ne dit que «Lève-toi !» Il est évident que les deux sea déplacèrent, une fois guéris, et qu’ils ne restèrent pas couchés sur leurs grabats. On peut aussi dire que dans le premier cas, c’était un paralytique et qu’il y avait le problème du sabbat, pendant lequel il était interdit de porter son lit, ce qui scandalisa les pharisiens à cause de leur esprit borné.

Le problème de cet homme était sa paralysie. Donc le Christ l’enjoignit : «Lève-toi, prends ton grabat, et marche !» La fille n'avait pas le même syndrome. Elle «se mourrait». Cela suppose qu’elle souffrait depuis un moment et qu’elle avait perdu ses forces. C’est pour cela le Sauveur «ordonna de lui donner à manger».

L’évangile termine : «Ses parents furent saisis de stupeur, mais Jésus leur enjoignit de ne dire à personne ce qui était arrivé.»

Pour ne pas me borner au récit historique de l’évangile, précisons quelle leçon en tirer pour nous. Tout tourne, dans cet évangile, autour de la foi. Si nous avons la foi «grosse comme un grain de sénevé» comme il est dit ailleurs, tout nous est possible avec l’aide de Dieu. Si pourtant notre foi est chancelante et semée de doutes, alors il ne nous reste qu’à jouer de flûte et à faire un grand bruit, comme cette foule incrédule, en d’autres termes, à pleurer notre état spirituel décadent. 

Sur cette belle fresque, le récit évangélique n’est pas trop pris à la lettre, pourrait-on dire. Ce n’est pas une représentation chronologique, mais selon la manière iconographique, plusieurs épisodes, – qui se sont déroulés à des moments et endroits différents, – peuvent figurer sur la même représentation.


a. Cassien





samedi 11 novembre 2023

Sermon pour le 5ème dimanche de Luc

 L'homme riche et Lazare


Par le moine Agapios Landos de Crète (1585-1657)


Le Seigneur dit : «Il y avait un homme riche, vêtu de pourpre et de lin fin, qui faisait chaque jour des festins somptueux. À sa porte se trouvait un pauvre, Lazare, couvert d'ulcères, qui demandait à manger ce qui tombait de la table du riche».

Voulant nous rendre généreux et charitables, nous aimer les uns les autres et apprendre aux méchants et aux durs à cuire quels périls les attendent et aussi enseigner à ceux qui ont de la peine et qui souffrent ici quelle joie et quelle allégresse ils hériteront, le Seigneur a sagement décrit pour nous l'homme riche comme étant très dur et inhumain au-delà de toute mesure et le pauvre comme possédant une force d'âme et une patience merveilleuses. Il laisse le riche dans l'anonymat, comme étant indigne d'un nom, comme le dit le prophète : «Je ne mentionnerai pas leur nom sur mes lèvres» (Ps 16,4) et «son souvenir a disparu avec bruit» (Ps 9,6). Le nom du pauvre est donné parce que les noms des justes sont inscrits dans le livre de vie. La tradition juive veut qu'à l'époque du Christ, il y ait eu à Jérusalem un certain Lazare qui a enduré une grande pauvreté avec une force d'âme agréable à Dieu. Le Seigneur le mentionne comme étant vertueux et saint, puisque l'Écriture dit : «Heureux ceux qui craignent le Seigneur», «leur souvenir demeure dans les siècles des siècles» et «vous serez dans la mémoire éternelle».

L'homme riche était bien habillé, avec des vêtements coûteux, et il festoyait somptueusement chaque jour, célébrant avec splendeur et jouissant des biens de la terre et de la mer, comme c'est la coutume de ces gens qui gaspillent leur argent en musique, en danse et en vêtements somptueux. Mais il y avait beaucoup d'autres personnes qui étaient nues, pieds nus, affamées, tourmentées par le froid glacial. En particulier, il y avait le très pauvre Lazare qui gisait nu et angoissé à la porte de cet homme riche injuste, au cœur dur et peu charitable. Lazare endurait toutes les souffrances de la pauvreté et de la maladie et désirait ardemment manger les miettes qui tombaient de la table de l'homme riche. Mais on ne lui en donna pas et il resta couché, couvert de plaies, sans personne pour l'aider ou même le réconforter dans son besoin. L'homme riche, quant à lui, passait son temps dans la prodigalité, mangeant, buvant et s'amusant. Quelle dureté de cœur et quelle cruauté ! Son cœur n'a pas été adouci par sa prospérité pour devenir plus aimable envers le pauvre, mais il est resté, pour ainsi dire, une bête sauvage. En fait, il était pire que la bête la plus sauvage.

De plus, «les chiens venaient lécher ses plaies». Quelle merveille ! Les chiens eux-mêmes étaient plus gentils et plus doux que l'homme riche. Ils léchaient les plaies du pauvre avec leur langue, sans le mordre, absorbant simplement le sang et tout autre liquide qui coulait des blessures, comme s'ils compatissaient à sa douleur. L'homme riche, quant à lui, était si insensible et inhumain qu'il ne regardait même pas le pauvre avec bonté, ne lui parlait pas, ne lui jetait pas quelque chose à porter ou ne lui donnait pas un morceau à manger, mais engloutissait tout dans sa propre gorge, dans son estomac et le digérait. Cependant, malgré ses souffrances, Lazare n'a jamais blasphémé ni protesté contre la providence divine. Il n'a jamais désespéré, ne s'est jamais plaint, n'a jamais envié le luxe de l'homme riche, n'a jamais critiqué personne d'autre, mais a supporté sa condition avec joie. C'est pourquoi, lorsqu'il est mort, les saints anges l'ont pris et l'ont emmené au paradis. S'il s'était plaint et avait blasphémé, il n'aurait pas été digne d'un tel honneur et d'une telle compagnie. Le pauvre homme mourut et fut emmené par les anges dans le sein d'Abraham. Lazare a été libéré des tourments de la misère et de la maladie et a atteint un port accueillant et sûr, car ceux qui espèrent en Dieu ne meurent pas éternellement, mais sont rachetés de la douleur des peines et entrent dans la joie et les délices, comme Salomon nous l'enseigne lorsqu'il dit : «Aux yeux de ceux qui ne sont pas sages, ils semblent mourir, et leur départ est pris pour une misère, et leur éloignement de nous pour une perte totale…»

Les anges emportèrent donc Lazare dans le sein d'Abraham. Les pauvres et les indigents qui se plaignent et blasphèment parce qu'ils n'ont pas de force d'âme ne sont pas seulement privés de la gloire des justes, mais ils sont condamnés au feu de l'enfer éternel où leurs âmes misérables seront châtiées à jamais. Écoutez, vous qui avez des malheurs, ne soyez pas amers si vous êtes pauvres ou si vous souffrez d'autres tristesses et épreuves passagères, mais réjouissez-vous et soyez dans l'allégresse, car c'est à travers de nombreuses douleurs que vous jouirez du royaume des cieux. Il sera cependant difficile aux riches d'y accéder, à moins qu'ils ne soient mis à l'épreuve et privés de leurs richesses ou qu'ils les donnent aux pauvres par charité. Heureux les riches qui ont été appauvris et qui sont frappés par des peines et des épreuves, pourvu qu'ils les supportent sans se plaindre et qu'ils remercient le Seigneur pour tout, même s'ils ont faim, s'ils sont tristes et s'ils sont inquiets. Puisque nous ne connaissons pas les jugements de notre Dieu tout-puissant et tout-sage, nous ne devons pas les examiner, mais croire simplement que tout ce qui nous arrive de mal tournera au mieux, par la providence de Dieu. Ceux qui ont peu de foi et qui sont amers de ne pas avoir échappé à la pauvreté devraient écouter le Seigneur, qui a dit : «Regardez les oiseaux du ciel : ils ne sèment ni ne moissonnent, ils n'amassent rien dans des greniers, et votre Père céleste les nourrit»(Mt 6,26). Notre Sauveur et Bienfaiteur sait parfaitement ce dont nous avons besoin et ce qui est bon pour notre âme. Il nous donne toujours ce dont nous avons le plus besoin et nous devrions toujours le remercier, que ce soit dans la douleur ou dans la souffrance.

L'homme riche mourut et fut enterré. Il n'a pas été entouré d'une compagnie d'anges, comme Lazare, parce qu'ici sur terre il avait eu tant d'assistants et de serviteurs, mais quand la fin est arrivée, il n'a plus eu personne et a été abandonné. Après cette brève période d'aisance et de confort, il s'est retrouvé dans l'enfer éternel. C'est un fait : ceux qui ont des joies et des plaisirs ici seront tourmentés là-bas. Malheur donc à vous, riches au cœur dur, car votre plaisir sera de courte durée, mais l'enfer sera sans fin, alors considérez ce que le Seigneur dit au sujet de l'homme riche qui est enterré en relation avec ce que David dit : que les tombes des riches sont leur lieu de résidence pour toujours. Mais même lorsque l'homme riche était en vie, son âme était enterrée, son corps faisant office de tombeau. C'est pourquoi le bienheureux David nous dit de ne pas nous inquiéter si les gens deviennent riches et que la gloire de leur maison augmente, car toutes leurs richesses matérielles resteront ici. Ils partiront nus et sans ressources et seront livrés à l'enfer.

Dans le séjour des morts, où il était tourmenté, il leva les yeux et vit Abraham au loin avec Lazare à ses côtés. Il s'écria : «Père Abraham, aie pitié de moi, et envoie Lazare tremper le bout de son doigt dans l'eau et rafraîchir ma langue, car j'agonise dans ces flammes.»(Lc 16,23-24) Lazare s'est élevé à des hauteurs sublimes, tandis que le riche est tombé dans les profondeurs du chaos et des ténèbres dévastatrices. Il a vu Lazare, parce que ce dernier était en pleine lumière, mais Lazare ne l'a pas vu parce que l'homme riche était en pleine lumière. 

Le malheureux riche ne comprenait pas ce qui s'était passé et était tourmenté. En proie à une grande douleur et conscient de son sort, il supplie Abraham de lui envoyer Lazare pour lui rafraîchir la langue… (Abraham dit qu'il n'est pas en mesure de le faire). Voyez la bonté du patriarche. Il ne dit pas : «Personne impitoyable et inhumaine. N'as-tu pas honte de demander la charité et la sympathie alors que tu n'en as pas fait preuve ?» Au contraire, il l'appelle son fils, tout en lui rappelant que les bonnes choses dont il a bénéficié sont la récompense des quelques bonnes actions qu'il a accomplies de son vivant. Et en plus de tout cela, entre nous et vous, un grand abîme s'est creusé. (cf. Lc 16,24) Cet abîme n'est pas à comprendre en termes de terre et de rocher, mais c'est la différence des actions. Ceux qui ne savent pas garder les commandements divins sont indignes d'être unis aux justes et ne peuvent accéder à ce lieu de joie et d'allégresse, parce qu'ils ont préféré la fange et la boue, vivant en prodigues et suivant leurs désirs charnels…

Il répondit : «Je te prie donc, père, d'envoyer Lazare dans ma famille, car j'ai cinq frères. Qu'il les avertisse, afin qu'ils ne viennent pas, eux aussi, dans ce lieu de tourments». Abraham répondit : «Ils ont Moïse et les prophètes; qu'ils les écoutent». «Non, père Abraham, dit-il, mais si quelqu'un d'entre les morts va vers eux, ils se repentiront.» Il lui dit : «S'ils n'écoutent pas Moïse et les prophètes, ils ne seront pas convaincus, même si quelqu'un ressuscite d'entre les morts».

Abraham dit que si les gens ne croient pas les Ecritures, ils ne croiront pas non plus une personne revenue d'entre les morts, ce qui était le cas des Juifs : ils ne croyaient pas le Seigneur notre Sauveur, ni ceux qui étaient ressuscités lors de sa crucifixion. Ils voulaient tuer Lazare et les apôtres pour les empêcher de prêcher la vérité. Si cela avait été bénéfique pour nous, le Seigneur aurait ressuscité d'autres personnes. Mais il ne l'a pas fait, afin que les démons ne sèment pas la mauvaise herbe et ne prêchent pas des mensonges et des dogmes néfastes sur l'enfer, pour tromper les simples, les écervelés et ceux qui sont enclins à avoir de mauvaises pensées. Si les docteurs s'étaient penchés sur les Ecritures et les avaient étudiées avec soin, le malin n'aurait pas pu inventer ce stratagème. Car les Ecritures sont légères et révèlent le criminel, où qu'il se cache.

Évitons donc l'insensibilité de l'homme riche et adoptons la résignation et la force d'âme patiente de Lazare. C'est ce que le Seigneur nous exhorte à faire, afin de ne pas être condamnés comme l'a été le riche. Réveillons-nous du sommeil de la négligence, rejetons tous nos péchés et purifions-nous par le repentir. En regardant vers la fin de cette vie et le début de la suivante, vivons vertueusement. Si des peines et des désastres nous arrivent, ne nous plaignons pas, mais supportons-les courageusement dans l'espoir d'une riche récompense au paradis. Nous pouvons être sûrs que le Seigneur nous envoie des tentations pour nous purifier de tout péché, afin que nous soyons trouvés sans reproche et que notre accusateur ne trouve rien à nous reprocher. Au contraire, nous entrerons dans le sein d'Abraham, nous réjouissant éternellement, avec le pauvre Lazare et le reste des justes, et glorifiant toujours le Père, le Fils et le saint Esprit, le Dieu unique et consubstantiel, à qui reviennent la gloire, l'honneur et l'adoration. Amen.



mercredi 8 novembre 2023

La vie et le martyre du saint Dimitri le Myroblyte

fêté le 26 octobre



Saint Dimitri vécut à Thessalonique sous le règne de Dioclétien et Maximien (284-305). Il descendait de l'une des plus nobles familles de la province de Macédoine et était admiré de tous, non seulement pour la noblesse de son origine et la grâce de son apparence physique, mais aussi pour sa vertu, sa sagesse et sa bonté, qui le rendaient supérieur aux vieillards. Expert en l'art militaire, il avait été nommé, malgré son jeune âge, général des armées de Thessalie et proconsul de Grèce par Maximien Galère, le César pour la Grèce et la Macédoine. Mais ces honneurs ne parvinrent pas à faire perdre à Dimitri le sens des réalités les plus essentielles. Le cœur touché par la foi au Christ et comptant pour rien toute la gloire de ce monde, il passait le plus clair de son temps à enseigner et à interpréter publiquement la parole de Dieu. Sa parole était si convaincante et sa vie toute de justice, de paix et d'amour pour ses frères en était une telle application pratique, qu'un grand nombre de païens s'étaient convertis, malgré la persécution lancée par l'empereur contre les chrétiens.

Comme l'empereur Maximien venait de remporter de brillantes victoires contre les Scythes, de retour vers Rome, il s'arrêta à Thessalonique pour se faire acclamer par la foule et offrir des sacrifices d'action de grâces aux idoles. Certains païens de la ville, jaloux des succès de Dimitri, profitèrent de la présence de l'empereur pour le dénoncer comme chrétien. L'étonnement du tyran se changea en violente colère lorsqu'il apprit que Dimitri ne se contentait pas de partager la foi des disciples du Christ, mais qu'il la propageait avec succès en profitant de sa place dans les assemblées officielles. Il fit comparaître Dimitri et le fit enfermer dans un cachot situé dans les sous-sols malsains d'un bain qui se trouvait à proximité. Lorsque Dimitri pénétra dans sa cellule, un scorpion approcha de son pied, se préparant à le piquer mortellement; mais, d'un simple signe de croix, le saint le fit disparaître. On le laissa alors seul, dans l'humidité et les odeurs nauséabondes. Mais Dimitri n'y prêtait pas attention, empli de joie qu'il était à la pensée de communier bientôt pleinement à la Passion salutaire du Seigneur; sa seule tristesse étant de devoir attendre la fin des festivités organisées pour le triomphe de l'empereur, pour accomplir son martyre.

Comme il était de coutume en de telles circonstances, Maximien avait organisé dans l'amphithéâtre de Thessalonique des jeux et des combats de gladiateurs. Il avait emmené avec lui une sorte de géant, à la force herculéenne, nommé Lyaios, de la tribu des Vandales. Celui-ci était si fort et si habile dans le combat singulier, que personne ne pouvait lui résister. Un jeune garçon chrétien de la ville nommé Nestor, voyant le vain orgueil que tirait l'empereur à la vue des victoires de son protégé, décida de lui montrer que c'est au Christ seul qu'appartient la vraie puissance. Il courut vers le bain où était enfermé Dimitri et lui demanda la protection de sa prière pour aller affronter le géant. Le martyr fit le signe de Croix sur le front et le cœur du jeune garçon et l'envoya, tel David au-devant de Goliath (cf. I Sam 17). Il arriva à l'amphithéâtre au moment où les hérauts criaient partout à qui voudrait affronter Lyaios. Nestor s'avança alors devant l'empereur et jeta sa tunique à terre en criant : «Dieu de Dimitri, viens à mon aide !» Dès le premier engagement, alors que le géant se ruait sur le frêle garçon, celui s'esquiva et le perça mortellement au cœur avec son couteau. Tous furent saisis de stupeur à la vue de ce prodige et se demandaient comment l'invincible barbare était si soudainement tombé sous les coups d'un enfant qui ne se confiait pas en sa force ni en ses armes. En fait celui-ci avait mis toute son espérance dans le Seigneur, le «Maître du combat», Lui qui livre leurs ennemis aux mains de ses fidèles. Au lieu de se soumettre à ce signe de la puissance souveraine de Dieu, l'empereur éclata de colère et ordonna qu'on se saisisse sur le champ de Nestor et qu'on aille lui trancher la tête en dehors de la ville. Comme il avait entendu Nestor invoquer le Dieu de Dimitri, Maximien soupçonna ce dernier d'avoir usé de quelque sortilège et il donna l'ordre à ses soldats d'aller le tuer avec leurs lances au fond de son cachot, sans autre forme de procès. Quelques chrétiens, qui étaient présents lors de l'exécution du saint, attendirent le départ des soldats et ensevelirent son corps avec dévotion.

Lupus, le serviteur de saint Dimitri, était lui aussi présent. Avant qu'on l'ensevelisse, il prit la tunique du martyr baignée de son sang et mit à son doigt la bague royale que celui-ci portait. Par l'intermédiaire de ces deux trophées, Lupus accomplit un grand nombre de miracles et de guérisons. Lorsque Maximien l'apprit, il envoya aussitôt ses soldats trancher la tête du fidèle serviteur.

Dieu ne voulut pas laisser inerte après sa mort, la grâce dont il avait rempli saint Dimitri; c'est pourquoi il fit couler de son corps un délicieux liquide parfumé, qui avait la propriété de procurer la guérison à tous ceux qui s'en oignaient avec foi dans l'intercession du saint. A maintes reprises depuis mille six-cent ans, saint Dimitri a manifesté sa bienveillante protection sur la ville et les habitants de Thessalonique. Il les a protégés des assauts des barbares, combattant pour eux sur les remparts; les a sauvés des épidémies et des famines; a guéri les malades et consolé les affligés. Ses miracles sont si nombreux que celui qui voudrait les dénombrer ressemblerait à l'insensé qui désire compter les grains de sable.


vendredi 3 novembre 2023

calendrier et bulletin

 Mes chers, 

voici le bulletin 204 et 

aussi le calendrier pour 2024 sont prêts.

Vôtre a. Cassien