samedi 15 août 2020

AU SUJET DES PSAUMES

     Les psaumes, comme tout l’Ancien Testament, il faut les comprendre dans leur contexte, qui était encore très imparfait. Ce n’est qu’avec le Christ que la perfection arriva. Tout l’Ancien Testament est pédagogique, comme pour un enfant à qui on défend ceci et cela (ne touche pas à cela, ne fait pas ceci) et à qui on le permettra par la suite, à cause de son avancement et sa maturation. Nous mêmes, qui sommes chrétiens, – plus par le nom que par la vie,– sommes encore à ce stade et ce ne sont que les saints qui sont arrivés à la perfection à qui s’applique : «Aime et fais ce que tu veux,» ou comme dit saint Antoine le Grand : «Je ne crains plus Dieu, mais je l’aime.»

La cause est donc la faiblesse morale des Juifs qu’il faut voir, quand il est dit dans un psaume, par exemple : «Heureux qui saisit tes enfants, et les écrase sur le roc !» (Ps 137,9) Ou : «Qu’ils soient confondus et qu’ils reculent, tous ceux qui haïssent Sion !» (Ps 129,5-6) Ou encore : «Que ses enfants deviennent orphelins, et sa femme veuve !» (Ps 109,9)

À nous est demandé la perfection par le Christ : «Vous avez appris qu’il a été dit : oeil pour oeil, et dent pour dent,» (Ex 21,24; Dt 19,21)



(Mt 5,38) et il poursuit : «Mais moi, je vous dis de ne pas résister au méchant. Si quelqu’un te frappe sur la joue droite, présente-lui aussi l’autre,» etc…  Et plus bas : «Mais moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent.»

Les paroles des psaumes, ils faut les donc interpréter spirituellement. Nos ennemis, ce sont nos passions et les démons. Toute notre violence doit se diriger contre eux, et non vers le prochain qu’il faut aimer comme nous-mêmes.

Le Christ, lui-même n’employa qu’une seule fois la violence physique quand il chassa les vendeurs du Temple, et lorsque la gloire de son Père était en question. Sinon il ne prononça que des paroles dures quand il vit l’endurcissement dans le mal. «Races de vipères, qui vous a appris à fuir la colère à venir ?» (Mt 3,7)

L’apôtre Paul, dit de son côté : «Je vous ai donné du lait, non de la nourriture solide, car vous ne pouviez pas la supporter.» (I Cor 3,2) C’est donc du lait qui fut donné, pour ainsi dire, aux Juifs, et à nous qui sommes encore faibles.

Sainte Photinie l’ermite disait : «Les hommes spirituels ne sont pas soumis à la loi, et ne sont plus en souci de savoir s’ils ont accompli tel ou tel commandement ou transgressé tel autre.»

L’Apôtre écrit quelque part : «Le fruit de l’Esprit, c’est l’amour, la joie, la paix, la longanimité, la bonté, la foi, la douceur, la tempérance; contre de pareils fruits, il n’y a pas de loi.»

Je me rappelle que des moines catho-latins avaient supprimé de la lecture du psautier le psaume 57, où il n’y a que des malédictions, comme par exemple : «Le juste se réjouira, lorsqu'il verra la punition des impies; il se lavera les mains dans le sang des pécheurs.» Ils n’avaient pas compris comment il faut envisager et interpréter les psaumes. 

Beaucoup de passages des psaumes se rapportent à l’incarnation du Sauveur, comme : «Tu ne livreras pas mon âme au séjour des morts, tu ne permettras pas que ton bien-aimé voie la corruption.» (Ps 16,10) Il trouvent leur plein sens dans cette interprétation. Par extension, le corps du Christ, – l’Église,– est envisagée, et nous, faibles pécheurs, indirectement.

Il faudrait encore parler des sentiments de Dieu, qui peuvent choquer également, quand il est par exemple écrit : «Jusques à quand, Seigneur, m'oublierez-vous ? Jusques à quand détournerez-vous de moi votre face ?» (Ps 10,1) Mais j’en avais déjà traité (ou plutôt saint Grégoire le Dialogue) dans le bulletin 180. 


a. Cassien

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