mercredi 24 mai 2023

HOMÉLIE POUR L’ASCENSION

 Le bulletin 201 est disponible.

«Il les conduisit vers Béthanie et, levant les mains, il les bénit. Or, tandis qu'il les bénissait, il se sépara d'eux et fut enlevé au ciel. Quant à eux, s'étant prosternés devant lui, ils revinrent à Jérusalem en grande joie.»  (Luc 24,53)

«Après leur avoir parlé, le Seigneur fut enlevé au ciel et il s'assit à la droite de Dieu.» (Mc 16,19)




L’Ascension du Sauveur a eu lieu quarante jours après Pâques. Quarante est le chiffre de la perfection, de la plénitude, et l’Ascension est donc toujours fêtée un jeudi.

Ce n’est que les évangélistes Luc et Marc qui en parlent brièvement et les deux autres évangélistes passent cet événement sous silence. Cela ne veut pas dire que l’Ascension n’a pas beaucoup d’importance.

Voici ce que dit le grand Chrysostome : «Mais, direz-vous, que m’importe à moi l’Ascension du Sauveur ? Vous ne savez donc pas que vous serez un jour pareillement enlevé dans les nues, car votre corps est de la même nature que le corps de Jésus Christ ? Il sera donc doué de la même agilité pour traverser les airs, car le corps aura le même sort que la tête, et tel principe telle fin.»

Donc attardons-nous un peu plus sur cette fête et cherchons à voir sa signification.

Le Christ n’est pas remonté au ciel, comme Dieu. Il ne l’a jamais quitté, étant toujours auprès du Père. Il est monté au ciel dans son humanité, comme promesse des hommes sauvés, afin d’accorder à cette humanité la gloire que Dieu lui avait destinée depuis toujours et que le péché avait empêché.

«Remarquez encore comment Jésus Christ place sous nos yeux les récompenses qu’il nous a promises. Il nous a promis la résurrection des corps, il ressuscite le premier d’entre les morts, et donne des preuves certaines de sa résurrection en demeurant quarante jours avec ses disciples. Il nous a promis que nous serions emportés dans les airs sur les nuées, et il confirme cette promesse par ses actes : «Et en les bénissant, il se sépara d’eux, et il s’éleva vers le ciel,» dit le même Chrysostome.

Saint Théophilacte, de son côté : «Le Sauveur est le premier qui entre véritablement dans le ciel comme le précurseur de tous les hommes pour se présenter devant Dieu avec son corps sacré; et dès lors, notre nature dans la personne de Jésus Christ, reçut les hommages de toutes les vertus angéliques.»

Revenons sur terre. C’est à Béthanie que l’Ascension a eu lieu, dit Luc. Jean situe Béthanie à «quinze stades» de Jérusalem (11,18). C’est le village de Lazare et de ses sœurs, là où a aussi eu lieu la réception de Jésus par Simon le Lépreux.

«Levant les mains, il les bénit.» C’est ainsi qu’il se sépara de ses disciples. C’est dans son corps glorifié, qui n’était plus soumis à la pesanteur  et aux besoins naturels qu’il est passé à travers les airs. Les apôtres l’ont vu avec les yeux du corps traverser les airs naturels, mais le Christ a traversé une autre dimension qui n’est pas naturelle. 

Voici ce que dit saint Grégoire le Grand. (hom. 29) Nous savons par l'Ancien Testament, qu'Élie a été enlevé au ciel (IV Roi 2). Mais il faut distinguer ici entre le ciel éthéré et le ciel aérien ou atmosphérique qui est plus rapproché de la terre. Élie fut donc enlevé dans le ciel aérien, et déposé dans une région secrète du monde pour y vivre dans une paix profonde de l'âme et du corps, jusqu'à ce qu'il revienne à la fin du monde et paie son tribut à la mort.»

Élie et aussi Henoch se trouvent encore sur terre dans le paradis terrestre, cachés aux hommes, et c’est au temps de l’Antichrist qu’ils mourront réellement afin de ressusciter. 

Être assis «à la droite de Dieu,» comme dit l’évangéliste Marc ne signifie pas un endroit matériel mais la gloire que Jésus a reçue de son Père.

Le vénérable  Augustin écrit : (du Symbole.) «Il ne faut point entendre qu'il est assis comme les hommes ont coutume de s'asseoir, et dans ce sens que le Père serait assis à la gauche, et le Fils à la droite; la droite, c'est la puissance qu'il a reçue de Dieu comme homme pour venir juger les hommes après qu'il était venu pour être jugé par eux.»

«Pour un sage auditeur certes, ce ne sont point là de petites choses, à moins d'entendre de façon basse et charnelle la droite et le sein au point de limiter Dieu à un lieu et d'en imaginer forme, figure et position corporelle, ce qui est fort loin de la notion d'un être simple, infini et incorporel.» saint Basile (traité du saint Esprit 6,92)

Lors de sa résurrection, le Christ avait brisé les portes de l’Hadès et libéré les captifs. Maintenant il travers les péages librement, accompagné des anges et les démons n’ont rien à revendiquer. On pourrait dire que le Seigneur n’avait rien à déclarer, à dédouaner, pour m’exprimer ad hominem.

De la même manière, comme il est monté au ciel, le Sauveur va revenir, mais cette fois-ci en grande gloire, afin d’anéantir définitivement la puissance du diable et remonter au ciel avec ses élus et les assoir à la «droite» de Dieu pour toute éternité.

Les Actes des apôtres confirment, ce que je viens de dire, et complètent ces récits des évangélistes : «Il fut élevé de la terre, comme ils regardaient, et une nuée le reçut et l’emporta de devant leurs yeux. Et comme ils regardaient fixement vers le ciel, tandis qu’il s’en allait, voici, deux hommes en vêtements blancs, se tinrent là à côté d’eux, qui aussi dirent, Hommes galiléens, pourquoi vous tenez-vous ici, regardant vers le ciel ? Ce Jésus, qui a été élevé d’avec vous dans le ciel, viendra de la même manière que vous l’avez vu s’en allant au ciel.» (1,10-11)

Sur l’icône de la fête, on voit bien les deux anges, apprenant aux apôtres ces paroles, et comme sur l’icône de la Pentecôte, que j’expliquerai en son temps, l’apôtre Paul. Cette fois-ci la Toute Sainte y figure également, étant certes présente au moment du départ de son Fils, sans pour autant présider le collège des apôtres.

Terminons avec un chant liturgique de la fête :

«Sans quitter le sein paternel sur terre partageant notre humanité, très-doux Jésus, tu remontes en ce jour vers le ciel glorieusement depuis la montagne des Oliviers, relevant par compassion notre nature déchue pour l'asseoir à côté du Père avec Toi; les puissances incorporelles dans les cieux, frappées d'admiration et d'effroi, magnifient l'amour dont tu aimes les humains; et nous sur terre, avec elles nous glorifions ta condescendance envers nous et ton Ascension, en disant : Seigneur qui remplis d'une ineffable joie au jour de ton Ascension tes disciples et la Mère de Dieu qui t'enfanta, donne-nous aussi, par leurs prières, la joie de tes élus et la grâce du salut.» (Grandes vêpres)


a. Cassien


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