samedi 6 mai 2023

DIMANCHE DU PARALYTIQUE

«En ce temps-là, Jésus monta à Jérusalem. Or il existe à Jérusalem, près de la porte des brebis, une piscine qu'on appelle en hébreu Béthesda. Elle a cinq portiques, sous lesquels gisait une foule d'infirmes – aveugles, boiteux, paralytiques – qui attendaient le bouillonnement de l'eau. Car l'ange du Seigneur descendait par intervalles dans la piscine et l'eau s'agitait; et le premier qui y entrait, après que l'eau eut bouillonné, se trouvait guéri, quelle que fût sa maladie. Il y avait là un homme qui était infirme depuis trente-huit ans. Jésus, le voyant étendu et sachant qu'il était dans cet état depuis longtemps déjà, lui dit : Veux-tu guérir ? L'infirme lui répondit : Seigneur, je n'ai personne pour me plonger dans la piscine quand l'eau se met à bouillonner; et, le temps que j'y aille, un autre descend avant moi. Jésus lui dit : Lève-toi, prends ton grabat et marche ! A l'instant l'homme fut guéri; il prit son grabat et marcha. Or c'était un jour de sabbat. Les Juifs dirent donc à celui qui venait d'être guéri : C'est le sabbat, il ne t'est pas permis de porter ton grabat ! Il leur répondit : Celui qui m'a guéri m'a dit : Prends ton grabat et marche ! Ils lui demandèrent : Quel est l'homme qui t'a dit : Prends ton grabat et marche ? Mais le paralytique l'ignorait, car Jésus avait disparu dans la foule qui se pressait en ce lieu. Plus tard Jésus le rencontra dans le Temple et lui dit : Te voilà guéri, ne pèche plus désormais, de peur qu'il ne t'arrive plus grande infirmité ! L'homme s'en alla pour annoncer aux Juifs que c'était Jésus qui l'avait guéri.» (Jn 5,1-15)




Aujourd’hui, le quatrième dimanche après Pâques, nous commémorons la guérison du paralytique. Seul l’évangéliste Jean en parle, comme pour les autres dimanches qui suivent : de la Samaritaine, et de l’aveugle-né. Son but était de compléter les trois autres évangiles synoptiques, qui, eux, relatent les mêmes événements, chacun à sa manière, en s’harmonisant et en se complétant.

Le Christ monta à Jérusalem probablement pour la fête de Pentecôte. Voici ce qu’en dit le grand Chrysostome : «Cette fête, je pense, était celle de la Pentecôte. Jésus se rendait toujours à Jérusalem aux jours de fête; en célébrant ces fêtes avec les Juifs, il détruisait le préjugé qu'il était opposé à la loi, et attirait à lui le peuple par l'éclat de ses miracles et de sa doctrine; car c'était surtout aux jours de fête que ceux qui n'étaient pas éloignés de Jérusalem s'y rendaient en foule.» (homélie 36 sur saint Jean)

Concernant la piscine, appelée en hébreu béthesda, et en grec provata, le vénérable Augustin dit : «Le mot grec provata veut dire brebis. La piscine probatique était donc une piscine réservée aux animaux, et où les prêtres lavaient les corps des victimes.»   

C’est là donc que gisait l’infirme, qui était paralytique, mais pas au point qu’il ne pouvait pas du tout se déplacer : «le temps que j'y aille, un autre descend avant moi.» D’autres étaient donc plus rapides, malgré leurs infirmités, et comme il n’y avait qu’un seul qui était guéri chaque fois que l’eau s’agitait par l’intermédiaire d’un ange, il venait toujours trop tard. «Il se faisait porter en ce lieu dans l'espérance d'être guéri de sa maladie,» dit saint Jean Chrysostome dans la même homélie. On le portait donc, lui et son grabat, chaque fois à la piscine et cela depuis des années, dans l’espoir qu’il serait guéri un jour.

Pourquoi le Seigneur guérirait-Il juste cet homme et non un autre, et même tous les autres qui attendaient le bouillonnement de l’eau, peut-on se demander ? C’est Dieu qui choisit et qui voit au fond de chacun. Il élit, tout en laissant l’homme libre de choisir.

Jésus lui demande : «Veux-tu guérir Une question superflue, peut-on penser, car qui ne veut pas être en bonne santé ? Ce n’est pas pour rien que pendant tant d’années, l’infirme se faisait porter à la piscine, et sa réponse le suggère : «Seigneur, je n'ai personne pour me plonger dans la piscine…» Dieu ne force personne et attend toujours notre collaboration pour le bien.

«Lève-toi, prends ton grabat et marche !» Le Sauveur dit pareillement à un autre paralytique : «Je te dis, lève-toi, prends ton petit lit, et va dans ta maison.» (Mc 2,11) Le Christ ne fait pas mention des péchés au paralytique d’aujourd’hui, comme à l’autre, dont parlent également Matthieu et Luc (Mt 9,5 et Luc 5,23), mais il lui commande simplement «lève-toi,…» Pourtant il lui en parle «plus tard» : «Te voilà guéri, ne pèche plus désormais, de peur qu'il ne t'arrive plus grande infirmité !» Donc c’est toujours à cause des péchés qu’on tombe malade; non nécessairement de ses propres péchés, mais ceux de ses parents, peut-être («ses disciples l’interrogèrent, disant, Rabbi, qui a péché, celui-ci, ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle ?» Jn 9,2) ou de l’humanité dans son ensemble.

«Or c'était un jour de sabbat.» L’étroitesse des juifs confirme précisément cela, eux qui se scandalisaient de ce que le Seigneur faisait des miracles, en vue du salut, le jour du sabbat, qui était là pour l’homme et non l’homme pour le sabbat, selon l’évangile : «Le sabbat a été fait pour l’homme, non pas l’homme pour le sabbat; de sorte que le Fils de l’homme est Seigneur aussi du sabbat.» (Mc 2,27)

Plus loin que l’évangile d’aujourd’hui, il est dit : «les Juifs cherchaient encore plus à le faire mourir.»

Les juifs demandèrent, non au Christ, mais au paralytique guéri : «Quel est l'homme qui t'a dit : Prends ton grabat et marche ?» Le vénérable Augustin commande : «Ils n'accusaient pas précisément le Sauveur d'avoir guéri cet homme le jour du sabbat, parce qu'il aurait pu leur répondre que si leur bœuf ou leur âne venait à tomber dans un puits, ils s'empresseraient bien de les retirer le jour du sabbat.» (Traité 17) Ces mêmes pharisiens demandaient à l’aveugle-né : «Les pharisiens donc aussi lui demandèrent encore comment il avait recouvré la vue.» (Jn 9,15) Or c’était également le jour du sabbat, et ils cherchaient à accuser le Sauveur.

L’évangile de ce jour-ci termine : «L'homme s'en alla pour annoncer aux Juifs que c'était Jésus qui l'avait guéri.» Courageusement – une fois guéri –, tel l’aveugle-né, il confesse maintenant le Messie.

Conclusion : À nous mêmement de confesser intrépidement le bien reçu de Dieu et notre foi en lui ! Autrement, ce serait un signe que notre guérison tarde encore.

a. Cassien


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