dimanche 7 mars 2021

L’OBOLE DE LA VEUVE

 «Jésus, s’étant assis vis-à-vis du trésor, regardait comment la foule y mettait de l’argent. Plusieurs riches mettaient beaucoup. Il vint aussi une pauvre veuve, elle y mit deux petites pièces, faisant un quart d’as. Alors Jésus, ayant appelé ses disciples, leur dit : Je vous le dis en vérité, cette pauvre veuve a donné plus qu’aucun de ceux qui ont mis dans le tronc;  car tous ont mis de leur superflu, mais elle a mis de son indigence, tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre.» (Mc 12,41-44, voir Luc 21,1-4)




L’évangéliste Luc commence le chapitre 20 : «Un de ces jours-là, comme Jésus enseignait le peuple dans le temple.» Cela se passait après avoir chassé les vendeurs du Temple et peu avant sa passion. Après avoir vivement fait des reproches aux Pharisiens et aux scribes, qui ne cherchaient qu’à satisfaire leurs ambitions, Jésus «leva les yeux,» dit Luc, et il vit cette pauvre veuve. Elle n’avait plus d’ambitions, ayant perdu son mari, et n’ayant peut-être même pas eu d’enfants. Elle ne faisait juste que survivre. Elle avait certainement entendu les paroles que le Christ adressait au peuple et ces paroles étaient tombées sur la bonne terre et portaient des fruits. Elle donna tout ce qu’elle avait, deux petites pièces (lepta en grec. On pourrait dire en français : centimes). C’était peu, mais Dieu pèse les intentions bien plus que l'objet même de nos offrandes, il considère moins la matière de notre sacrifice que la disposition généreuse de celui qui l’offre. Saint Jean Chrysostome dit : «Ce n’est pas la modicité de l’offrande, mais la richesse du coeur que Dieu considère ici.» (hom 1, sur l’Epit. aux Hebr.)

Matthieu ne relate pas cet épisode dans son évangile. Peut-être lui rappelait-elle trop ses péchés, du temps où il était encore publicain ?

Elle mit son offrande dans le trésor. «Le mot grec φυλάξαι veut dire conserver, et le mot persan gaza signifie richesse; de là le nom de gazophylacium donné à l'endroit où l'on conserve l'argent. Ce nom était également donné au tronc où l'on déposait les dons faits par le peuple pour les usages du temple.» Bède le Vénérable.

«Plusieurs riches mettaient beaucoup.» Ce beaucoup était de leur superflu, dit l’évangile. Le superflu, dont on n’a pas besoin, ne pèse pas grand chose au yeux du Seigneur. On ne peut pas s’en servir, comme celui qui donne, en aumône ou en héritage, son avoir juste avant de mourir. Il ne peut rien emporter dans l’autre vie de toute façon. Qu’il le veuille ou non, il doit l’abandonner.

Pour revenir à la valeur de notre sacrifice : C’est l’effort, la peine, que cela nous coûte, et non le don en lui-même. Cela est valable pour le jeûne, la prière, etc. L’un peut jeûner strictement et ne manger qu’une fois par jour en carême, et cela sans grand effort. L’autre peine, tout en mangeant plusieurs fois dans la journée. Le premier ressemble plutôt aux riches, qui avaient tout en abondance, et le second à cette pauvre veuve, qui dans son indigence, donnait tout. 

La quintessence, dans d’autres termes, le jus ou la sève, de cette histoire. Dieu n’a pas besoin de notre offrande, étant la richesse même, mais c’est la pureté de l’intention qu’il apprécie. 

Pour finir : Faisons des efforts selon nos moyens, lors du Grand Carême qui s’approche, afin de fêter «cette belle et lumineuse fête» de Pâque, et entendre les paroles du grand Chrysostome : «Que celui qui s’est fatigué à jeûner reçoive maintenant son denier ! … Entrez donc tous dans la joie de votre Maître.»

Voilà quelques pauvres mots, mon obole, n’ayant pas plus à donner.


a. Cassien


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