samedi 5 avril 2014

5e Dimanche du Grand Carême

5e Dimanche du Grand Carême
Pouvez-vous boire la coupe que je dois boire ?
Marc 10,32-45
De l'Explication de l'évangile de saint Marc
par le bienheureux Théophylacte, archevêque d'Ochrid et de Bulgarie

32-34. Ils étaient en chemin pour monter à Jérusalem, et Jésus allait devant eux. Les disciples étaient troublés, et Le suivaient avec crainte. Et Jésus prit de nouveau les douze auprès de Lui, et commença à leur dire ce qui devait Lui arriver : Voici, nous montons à Jérusalem, et le Fils de l'homme sera livré aux principaux sacrificateurs et aux scribes. Ils Le condamneront à mort, et ils Le livreront aux païens, qui se moqueront de Lui, cracheront sur Lui, Le battront de verges, et Le feront mourir ; et trois jours après, Il ressuscitera.

Pourquoi prédit-Il les choses qui Lui arriveront ? Pour préparer et calmer l'esprit des disciples, afin que, après en avoir entendu parler, ils les endurent plus facilement et ne soient pas soudain accablés d'angoisse. Il prédit ces choses afin qu'ils sachent qu'Il les aura souffertes de plein gré. Bien qu'Il sache ces choses à l'avance et qu'Il soit libre de les fuir, Il ne le fait pas, faisant pleinement comprendre qu'Il Se livre volontairement à ses Souffrances. Le Seigneur prend ses disciples à part pour leur parler seul, en privé. Car sa Passion est un mystère à révéler uniquement à ceux qui Lui sont les plus proches. Et c'est pour cela que, sur le chemin, Il marche en tête devant eux tous, voulant séparer ses disciples du reste de la foule. Mais en marchant en tête, Il montre aussi qu'Il Se hâte à sa Passion, et ne Se dérobe pas à sa Mort, qui est pour notre salut. Bien qu'Il énumère toutes ces choses tristes qui vont arriver, il y a cependant une consolation, c'est qu'Il va ressusciter le troisième jour.

35-38. Les fils de Zébédée, Jacques et Jean, s'approchèrent de Jésus, et Lui dirent : Maître, nous voudrions que Tu fisses pour nous ce que nous Te demanderons. Il leur dit : Que voulez-vous que Je fasse pour vous ? Accorde-nous, Lui dirent-ils, d'être assis l'un à ta droite et l'autre à ta gauche, quand Tu seras dans ta Gloire. Jésus leur répondit : Vous ne savez ce que vous demandez. Pouvez-vous boire la coupe que Je dois boire, ou être baptisés du baptême dont Je dois être baptisé ? Nous le pouvons, dirent-ils.

Un autre évangéliste dit que c'est la mère des fils de Zébédée qui s'approcha du Christ (Mt 20,20). Il est vraisemblable que les deux événements eurent lieu. Les apôtres étaient gênés et laissèrent leur mère aller d'abord, puis eux-mêmes approchèrent le Christ en privé. C'est ce que l'évangéliste sous-entend ici quand il dit qu'ils vinrent à Lui, qu'ils L'approchèrent en privé, à part les autres. Apprenons ce qu'ils demandèrent. Ils pensaient que sa Montée à Jérusalem voulait dire qu'Il allait monter sur le trône d'un royaume terrestre, et que, une fois devenu roi, Il souffrirait les choses dont Il avait parlé. C'est en comprenant ainsi les choses qu'ils demandent à être assis à sa droite et à sa gauche. C'est pourquoi le Seigneur les réprimande pour avoir demandé quelque chose d'insensé. Vous ne savez pas ce que vous demandez, dit-Il. Vous croyez que mon royaume est un royaume terrestre, et vous demandez un trône terrestre. Mais ce n'est pas ainsi ; ces choses sont telles qu'elles dépassent votre entendement. Être assis à ma droite est quelque chose de si grand que cela dépasse même ce que peuvent faire les armées angéliques. Vous briguez l'honneur et la gloire, alors que Je vous appelle à mourir. Par le baptême et la coupe, Il entend la croix. Car une coupe de vin est une chose que l'homme accepte avec joie, et qui l'endort vite. Et le baptême est une chose qui est faite pour purifier des péchés. Mais Jacques et Jean firent leur promesse sans comprendre ce qu'Il avait dit, pensant qu'Il parlait d'une vraie coupe de vin, et du lavage du corps que les Juifs faisaient avant de manger.

39-40. Et Jésus leur répondit : Il est vrai que vous boirez la coupe que Je dois boire, et que vous serez baptisés du baptême dont Je dois être baptisé ; mais pour ce qui est d'être assis à ma droite ou à ma gauche, cela ne dépend pas de Moi, et ne sera donné qu'à ceux à qui cela est réservé.

Le martyre, dit-Il, sera à vous, et vous pourrez mourir pour la Vérité. (Pour sa courageuse confession de la Vérité, Jacques fut décapité à Jérusalem en l'an 45, et Jean fut cruellement torturé à Rome et exilé ensuite sur l'île de Patmos. NduTr) Mais d'être assis à ma droite ou à ma gauche, ce n'est pas à Moi de le donner. Deux questions peuvent se poser : d'abord, cela a-t-il été réservé à quelqu'un d'y être assis ? Deuxièmement, serait-ce que le Maître n'est pas du tout en mesure d'accorder ce siège à quelqu'un ? Pour répondre, nous disons que personne ne sera assis à sa droite ou à sa gauche. Bien que, à plusieurs endroits de l'Écriture, le fait d'être assis sur un siège aux cieux soit mentionné (Mt 19,28, Lc 13,29, Éph 2,6 etc.), il faut comprendre qu'il s'agit d'un grand honneur et non pas d'un siège. «Cela ne dépend pas de Moi» a ce sens : «Ce n'est pas à Moi, le juste Juge, d'accorder cet honneur comme une faveur, car ce ne serait pas juste. Au lieu de cela, cet honneur a été réservé à ceux qui ont lutté et se sont battus pour cela». C'est comme si un roi juste avait fixé un jour pour une compétition d'athlètes, et que quelques-uns de ses amis soient venus lui dire : «Donne-nous les couronnes». Ce roi dirait : «Ce n'est pas à moi de donner les couronnes, mais une couronne est préparée pour celui qui aura lutté et gagné la compétition». «De même pour vous, ô fils de Zébédée, vous serez mes témoins (martyrs); mais s'il y en a un qui, martyr également, vous dépasse en toutes les vertus, il vous précédera en honneur».

41-45. Les dix, ayant entendu cela, commencèrent à s'indigner contre Jacques et Jean. Jésus les appela, et leur dit : Vous savez que ceux qu'on regarde comme les chefs des nations les tyrannisent, et que les grands les dominent. Il n'en est pas de même au milieu de vous. Mais quiconque veut être grand parmi vous, qu'il soit votre serviteur ; et quiconque veut être le premier parmi vous, qu'il soit l'esclave de tous. Car le Fils de l'homme est venu non pour être servi, mais pour servir et donner sa Vie comme la rançon de plusieurs. 


Les disciples sont encore sujets à des faiblesses humaines et les voici blessés par la jalousie. C'est pourquoi les dix étaient mécontents des deux. Quand commencèrent-ils à s'indigner ? Quand ils se rendirent compte qu'ils n'avaient pas été reçus par le Seigneur, et ils crurent qu'ils avaient été repoussés. Tant que le Seigneur montrait qu'Il honorait les dix, cela ne les dérangeait pas que les deux reçussent de Lui un honneur particulier. Mais là, voyant que ces deux demandent de l'honneur, les autres ne pouvaient plus le supporter. Bien qu'ils agissent maintenant de cette façon imparfaite, vous les verrez plus tard chacun céder à l'autre la première place d'honneur. Le Christ les guérit : d'abord, Il les calme en les appelant à Lui, pour leur montrer ensuite que chercher l'honneur et désirer la place principale est le comportement des Gentils. Car les princes des Gentils regardent les autres de haut, de manière tyrannique et dominatrice. Mais ce n'est pas ainsi avec mes disciples, dit-Il ; mais plutôt, que celui qui veut être grand soit le serviteur de tous les autres, car la marque d'une grande âme est de tout supporter et de servir tout le monde. L'exemple en est tout près : le Fils de Dieu Lui-même est venu non pour être servi, mais pour servir, et ce qui est encore plus grand, Il est venu pour donner sa Vie comme la rançon de plusieurs. Qu'est-ce qui peut être plus grand et plus merveilleux qu'un homme qui non seulement sert, mais meurt même pour ceux qu'il sert ? Cependant, le Service du Seigneur et son humble Abaissement pour être avec nous sont devenus son Exaltation et sa Gloire, et celles de toute la création. Avant qu'Il devînt homme, Il était connu seulement des anges ; mais après son Incarnation et sa Crucifixion, sa Gloire est encore plus grande et Il règne sur toute la terre.

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