samedi 29 mars 2014

4 e Dimanche du Grand Carême

saint Jean Climaque

Seulement par la prière et le jeûne
Marc 9,14-31
De l'Explication de l'évangile de saint Marc
par le bienheureux Théophylacte, archevêque d'Ochrid et de Bulgarie

14-18. Lorsqu’Il fut arrivé près des disciples, Il vit autour d’eux une grande foule, et des scribes qui discutaient avec eux. Dès que la foule vit Jésus, elle fut surprise, et accourut pour Le saluer. Il leur demanda : Sur quoi discutez-vous avec eux ? Et un homme de la foule Lui répondit : Maître, j'ai amené auprès de Toi mon fils, qui est possédé d'un esprit muet. En quelque lieu qu'il le saisisse, il le jette par terre; l'enfant écume, grince des dents, et devient tout raide. J'ai prié tes disciples de chasser l'esprit, et ils n'ont pas pu.  

Lorsqu’Il fut arrivé près des disciples, c'est-à-dire près des neuf qui n'étaient pas montés sur la montagne avec Lui, Il vit qu'ils étaient en train d'être interrogés par les pharisiens. Car les pharisiens avaient saisi l'occasion de l'absence de Jésus pour tenter de détourner les disciples du Seigneur. La multitude, cependant, L'aperçut soudain et Le salua. Ils avaient désiré de Le voir, et maintenant ils L'aperçurent et Le saluèrent comme s'Il venait juste de rentrer d'un long voyage. Certains disent que même son apparence était devenue plus belle par la lumière de la Transfiguration, ce qui attira la multitude vers Lui pour Le saluer. Un homme dans la foule parla pour répondre à la question du Seigneur. Cet homme était faible de foi, comme même le Seigneur l'atteste lorsqu'Il dit : Race incrédule ! – et encore : Tout est possible à celui qui croit. L'homme lui-même atteste son peu de foi quand il dit : Viens au secours de mon incrédulité ! Ses griefs contre les disciples montrent clairement son incroyance. Car il n'aurait pas dû les accuser devant tout le monde, mais en secret.

19-27. Race incrédule, leur dit Jésus, jusques à quand serai-Je avec vous ? Jusques à quand vous supporterai-Je ? Amenez-le-Moi. On le Lui amena. Et aussitôt que l'enfant vit Jésus, l'esprit l'agita avec violence ; il tomba par terre, et se roulait en écumant. Jésus demanda au père : Combien y a-t-il de temps que cela lui arrive ? Depuis son enfance, répondit-il. Et souvent l'esprit l'a jeté dans le feu et dans l'eau pour le faire périr. Mais, si Tu peux quelque chose, viens à notre secours, aie compassion de nous. Jésus lui dit : Si tu peux ! … Tout est possible à celui qui croit. Aussitôt le père de l'enfant s'écria : Je crois ! Viens au secours de mon incrédulité ! Jésus, voyant accourir la foule, menaça l'esprit impur, et lui dit : Esprit muet et sourd, Je te l'ordonne, sors de cet enfant, et n'y rentre plus. Et il sortit, en poussant des cris, et en l'agitant avec une grande violence. L'enfant devint comme mort, de sorte que plusieurs disaient qu'il était mort. Mais Jésus, l'ayant pris par la main, le fit lever. Et il se tint debout. 

L'homme qui aborda Jésus accusait les disciples de ne pas posséder le pouvoir de guérir. Mais le Seigneur lui retourne le blâme en disant : "C'est ton incrédulité qui est la cause de ce que ton fils n'est pas guéri". Le Seigneur ne S'adresse pas seulement à cet homme, mais à tous, en reprochant à tous les Juifs leur incrédulité. Car il est vraisemblable que nombreux étaient les spectateurs qui étaient scandalisés par l'incapacité des disciples à guérir. Le Seigneur montre qu'Il accueille la mort quand Il dit : Jusques à quand serai-Je avec vous ? – sous-entendu : c'est un supplice pour Moi que de vivre avec vous et votre manque de foi. Mais tout en leur faisant le reproche, Il accorde aussi la guérison. Il ne désire pas guérir le fils pour montrer son Pouvoir, Il procède plutôt avec une grande humilité. Voyez comment Il n'attribue pas la guérison à son propre Pouvoir, mais à la foi de l'homme quand Il dit : Tout est possible à celui qui croit. Dès qu'Il vit une foule commencer à se rassembler tout autour, Il réprimanda l'esprit, ne voulant pas guérir devant la multitude comme pour Se donner en spectacle. Quand Il réprimanda l'esprit et dit : "Sors de lui et n'y rentre plus", cela laisse entendre que, à cause de l'incroyance de l'homme, le démon serait encore rentré en lui, si l'Ordre du Seigneur ne l'avait pas empêché. Le Seigneur permet à l'esprit de déchirer le fils, afin que tous puissent reconnaître l'attaque du démon, et comprendre qu'il aurait tué l'homme s'il n'avait pas été retenu par la Main de Dieu. Un homme est jeté par le démon dans le feu de la colère et du désir, et dans l'eau, autrement dit dans l'écume battante des soucis du monde. Ce démon est muet et sourd à la fois. Il est sourd, ne voulant pas entendre les Paroles de Dieu; et il est muet, n'étant pas capable d'apprendre à d'autres ce qui devrait être enseigné. Mais que Jésus, qui est le Verbe de l'évangile, le prenne par la main, c'est-à-dire, qu'Il fortifie son pouvoir d'agir, alors cet homme sera libéré du démon. Voyez comment Dieu nous aide d'abord, puis nous avons nous-mêmes besoin de travailler. Car l'évangéliste dit que Jésus le fit lever – c'est l'aide divine, et il se tint debout – c'est l'effort de l'homme lui-même de faire le bien.

28-29. Quand Jésus fut entré dans la maison, ses disciples Lui demandèrent en particulier : Pourquoi n'avons-nous pu chasser cet esprit ? Il leur dit : Cette espèce-là ne peut sortir que par la prière et le jeûne. 

Les disciples craignaient d'avoir perdu la Grâce que le Seigneur leur avait donnée, et pensant que c'était pour cela qu'ils n'avaient pas pu chasser le démon. Voyez que par respect, ils abordèrent le Seigneur en privé. Cette sorte – quelle sorte ? La sorte qui fait sa demeure dans les lunatiques, ou, en général, toute la race des démons, ne sort que par la prière et le jeûne. Tous les deux, celui qui souffre et celui qui est sur le point de guérir, doivent jeûner. Les deux sont nécessaires. Le bon sens dicte que celui qui souffre doit jeûner. Il ne doit pas seulement jeûner, mais aussi prier ; et il ne doit pas seulement prier, mais aussi jeûner, car la vraie prière est rendue quand elle est attachée au jeûne. Quand celui qui prie n'est pas alourdi par les effets de la nourriture, sa prière n'est pas chargée et monte facilement. 

30-31. Ils partirent de là, et traversèrent la Galilée. Jésus ne voulait pas qu'on le sût. Car Il enseignait ses disciples, et Il leur dit : Le Fils de l'homme sera livré entre les mains des hommes ; ils Le feront mourir, et, trois jours après qu'Il aura été mis à mort, Il ressuscitera.


Chaque fois que le Seigneur parlait de sa Passion sur la croix, Il faisait précéder et suivre ses paroles par des miracles, de sorte que personne ne puisse penser qu'Il allait souffrir parce qu'Il était faible. Et quand Il disait des paroles de tristesse, comme : "ils Le tueront", Il ajoutait des paroles de joie : qu'Il ressuscitera le troisième jour, nous apprenant que la joie suit toujours la peine et que nous ne devons pas nous angoisser sans nécessité dans nos chagrins, mais espérer des jours meilleurs. 

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