samedi 15 mars 2014

2e Dimanche du Grand Carême

2e Dimanche du Grand Carême
Le paralytique porté par quatre hommes
Marc 2,1-12
De l'Explication de l'évangile de saint Marc
par le bienheureux Théophylacte, archevêque d'Ochrid et de Bulgarie

1-5. Quelques jours après, Jésus revint à Capernaüm. On apprit qu'Il était à la maison, et il s'assembla un si grand nombre de personnes que l'espace devant la porte ne pouvait plus les contenir. Il leur annonçait la parole. Des gens vinrent à Lui, amenant un paralytique porté par quatre hommes. Comme ils ne pouvaient L'aborder à cause de la foule, ils découvrirent le toit de la maison où Il était, et ils descendirent par cette ouverture le lit sur lequel le paralytique était couché. Jésus, voyant leur foi, dit au paralytique : Mon enfant, tes péchés sont pardonnés.

Que veut dire : Quelques jours après ? (Théophylacte interprète ici pour son lecteur grec contemporain de 1100 ap. J-C. l'expression quelque peu difficile du grec du Nouveau Testament : δι᾽ ἠμερῶν.) Il signifie : "après que quelques jours sont passés". Quand Jésus fut entré dans la maison, le peuple entendit qu'Il était dedans et ils vinrent tous en courant, espérant qu'il serait facile de Le voir là. La foi de ces hommes était si grande qu'ils avaient même fait une ouverture dans le toit, par laquelle ils descendirent le paralytique. Sur ce, le Seigneur le guérit, voyant la foi de ceux qui le portaient, ou celle du paralytique lui-même. Car le paralytique n'aurait pas été d'accord pour y être porté s'il n'avait pas cru lui-même qu'il serait guéri. Souvent, le Seigneur guérit un malade incroyant en raison de la foi de ceux qui l'amenaient. Semblablement, Il guérissait souvent celui qu'on Lui amenait, à cause de la foi de cet homme, malgré l'incroyance de ceux qui l'avaient amené. D'abord, Il pardonne les péchés du malade, et ensuite Il guérit la maladie, puisque les maladies les plus graves nous arrivent pour la plupart par suite des péchés. C'est ainsi que le Seigneur dit du paralytique dans l'évangile de Jean que la paralysie de l'homme était le résultat de ses péchés (Jn 5,5-15). Mais le paralytique de l'évangile de Jean n'est pas le même que celui mentionné ici. Car l'homme dans le récit de Jean n'avait personne pour l'aider, tandis que cet homme-ci en avait quatre. Et celui-là était au bord de la piscine des Brebis, alors que celui-ci était dans la maison. Et celui-ci était à Capernaüm, alors que l'autre était à Jérusalem, pour ne parler que de quelques différences. Mais sachez que le paralytique mentionné par Matthieu (9,2-8) et celui mentionné ici par Marc sont un seul et même homme.

6-12. Il y avait là quelques scribes, qui étaient assis, et qui se disaient au-dedans d'eux : Comment cet homme parle-t-il ainsi ? Il blasphème. Qui peut pardonner les péchés, si ce n'est Dieu seul ?Jésus, ayant aussitôt connu par son Esprit ce qu'ils pensaient au dedans d'eux, leur dit : Pourquoi avez-vous de telles pensées dans vos cœurs ? Lequel est le plus aisé, de dire au paralytique : Tes péchés sont pardonnés, ou de dire : Lève-toi, prends ton lit, et marche ? Or, afin que vous sachiez que le Fils de l'homme a sur la terre le pouvoir de pardonner les péchés : Je te l'ordonne, dit-Il au paralytique, lève-toi, prends ton lit, et va dans ta maison. Et, à l'instant, il se leva, prit son lit, et sortit en présence de tout le monde, de sorte qu'ils étaient tous dans l'étonnement et glorifiaient Dieu, disant : Nous n'avons jamais rien vu de pareil.

Quand le Seigneur dit qu'Il pouvait pardonner des péchés, les pharisiens L'accusaient faussement de blasphème, puisque Dieu seul peut pardonner les péchés. Mais le Seigneur prouve encore davantage qu'Il est Dieu, en révélant ce qui est dans leur cœur. Dieu seul sait ce qui est dans le cœur de chacun, car, comme le dit le prophète : "seul Tu connais le cœur des enfants des hommes" (2 Chr 6,30, 1 Rois 8,39). En dépit du fait que le Seigneur avait révélé leurs pensées les plus intimes, les pharisiens restèrent insensés, n'admettant pas que Celui qui connaissait leurs cœurs pouvait guérir aussi leurs péchés. En guérissant le corps, le Seigneur rend crédible et certaine la guérison de l'âme aussi, confirmant l'invisible au moyen du visible, et le plus difficile par ce qui était plus facile, bien qu'il ne semblât pas ainsi aux pharisiens. Car les pharisiens pensaient qu'il était plus difficile de guérir le corps, parce que c'était quelque chose de visible. Et ils pensaient qu'il était facile à dire que l'âme avait été guérie, puisque cette guérison ne se voyait pas. Peut-être avaient-ils des pensées comme celles-ci : "Regardez cet imposteur. Il a refusé de guérir le corps qui est visible, et prétend plutôt guérir l'âme qui est invisible, disant : Que tes péchés te soient pardonnés. Certainement, serait-Il capable, Il guérirait le corps plutôt que de prétendre faire quelque chose que l'on ne peut voir." Le Seigneur leur montre donc qu'Il est capable de faire les deux, en disant : "Lequel est le plus aisé ? De guérir le corps ou de guérir l'âme ? Il est certainement plus facile de guérir le corps, mais vous pensez juste le contraire. Je vais donc guérir le corps, ce qui, en fait, est facile, bien que cela vous semble difficile. Ce faisant, Je confirmerai aussi la guérison de l'âme, ce qui est difficile, bien que cela vous semble facile car invisible et impossible à vérifier." Ensuite, Il dit au paralytique : Lève-toi et prends ton lit, pour confirmer encore davantage que le miracle n'était pas imaginaire, et aussi pour montrer qu'Il ne l'avait pas seulement guéri, mais l'avait rempli de force.


Le Seigneur fait de même pour nos maladies spirituelles. Non seulement Il nous délivre de nos péchés, mais Il nous remplit aussi de force pour faire ses commandements. Donc, moi aussi qui suis un paralytique, je peux être guéri. Car Christ est, en ce moment même, à Capernaüm, ce qui se traduit par "maison de réconfort et de consolation", ce qui est l'Église. Car la Maison du Consolateur est bien l'Église. Moi aussi, je suis un paralytique, car les facultés de mon âme sont inertes et ne peuvent pas mouvoir vers le bien. Mais si je suis porté par les quatre évangélistes et amené au Seigneur, je L'entendrai alors qui m'appelle : Enfant, (puisque, en faisant ses commandements, je deviens un fils de Dieu), et mes péchés me seront pardonnés. Mais comment puis-je être amené à Jésus ? Par une ouverture dans le toit. Et qu'est-ce que le toit ? C'est mon intellect, qui recouvre tout ce qui est en moi. C'est un toit fait de beaucoup de tuiles de terre et d'argile, qui signifient les affaires terrestres. Mais si toutes ces choses sont écartées, et la force de l'intellect en moi s'ouvre et se libère du poids des choses terrestres, alors je serai "descendu", c'est-à-dire je serai rendu humble. Car je ne dois pas me lever en orgueilleux, du fait que j'ai été déchargé des choses terrestres; mais plutôt, après avoir été déchargé des choses terrestres, je dois être descendu, c'est-à-dire rendu humble. Alors je serai guéri et prendrai mon lit, qui est mon corps, pour m'en servir en vue d'accomplir les commandements. Car je ne dois pas seulement me lever du péché et comprendre que je pèche; je dois aussi prendre mon lit, c'est-à-dire redresser mon corps, afin de le rendre prêt à faire le bien, Alors nous serons aussi capables de voir de nos yeux spirituels, de sorte que toutes nos pensées en nous pourront dire : Nous n'avons jamais rien vu de pareil, ce qui veut dire : "Nous n'avons jamais compris jusqu'à maintenant que nous avions été des paralytiques et que nous étions guéris maintenant". Seul celui qui a été purifié de ses péchés voit les choses telles qu'elles le sont en réalité.

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