mardi 11 juin 2013

«INVENTAIRE»

Le Christ parle de la parabole de la brebis perdue et des 99 brebis qu’il a laissées pour aller à la recherche de l’égarée. À notre époque, il me semble, la situation s’est bien renversée et il y a plutôt 99 de perdues et tout au plus une qui est restée dans la bergerie où elle est protégée du loup.
Quand je pense à tous ceux qui étaient avec nous mais qui n’étaient finalement pas des nôtres, et qui ont suivi leurs convoitises ! Comme dit l’apôtre Jean : «Ils sont sortis du milieu de nous, mais ils n’étaient pas des nôtres; car s’ils eussent été des nôtres, ils seraient demeurés avec nous, mais cela est arrivé afin qu’il fût manifeste que tous ne sont pas des nôtres.» (I Jn 2,19)
Ces jours-ci, j’ai entendu quelqu’un – qui se dit et veut chrétien – dire qu’il n’accepte pas tout ce qui est écrit dans l’évangile. C’est-à-dire qu’il se place au-dessus de l’évangile et fait des tris selon ses raisonnements, bien sûr sans expérience spirituelle ni formation théologique.
«Vous qui, dans l’Évangile, croyez en ce qui vous plaît et ne croyez pas en ce qui vous déplaît, vous croyez plus en vous-mêmes qu’en l’Évangile». (bienheureux Augustin)
«Mais, quand le Fils de l’homme viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ?» (Lc 18,8) Certes il trouvera encore la foi mais la foi dans l’homme, et, quand le moment sera venu, dans l’Antichrist. Ce sera alors le «petit troupeau,» dont parle l’évangile. (Lc 12,32)
«Dans les derniers jours, il viendra des moqueurs avec leurs railleries, marchant selon leurs propres convoitises,» dit l’apôtre Pierre (II Pi 3,3)
Pourquoi cette situation apostatique ? «Parce que l’iniquité se sera accrue, la charité du plus grand nombre se refroidira.» (Mt 24,12) L’apôtre continue : «Mais celui qui persévérera jusqu’à la fin sera sauvé.»
Je laisse de côté la piste de l’apostasie, – le pourquoi et le comment –, et me tourne vers ceux qui gardent la foi pure, qui acceptent les bornes que nos pères ont posé et les lois que l’Église a instituées afin de les protéger face à celui qui «rôde comme un lion rugissant, cherchant qui dévorer.» (I Pi 5,8) «Soyez sobres, veillez,» dit l’apôtre juste avant. C’est le moment de la grande tentation, dont parlent nos pères, et ceux qui résistent seront plus grands que ceux du temps passé, malgré leurs oeuvres faibles. Cette tentation est contre la foi et le Seigneur est indulgent concernant «la part du feu» que constituent nos jeûnes mitigés, nos métanies oubliées nos  faibles prières, etc.
Comme le Christ, portons notre croix, – notre lot de souffrances, – et ne nous laissons pas intimider ni détourner de notre chemin de croix par la populace, qui criait autrefois «crucifie-le» et qui se moque aujourd’hui de notre foi, de notre tradition, de notre façon de nous vêtir, etc.
Pourquoi j’écris ces lignes ? Dans l’espoir qu’une brebis perdue, en les lisant, retrouve la bergerie, et pour encourager ceux qui tiennent bon — tant bien que mal. Mieux vaut chanceler sur le chemin étroit et serré que ramper sur le chemin large et spacieux !
Heureux ceux «qui sèment dans les larmes, ils moissonneront dans l’allégresse !» (Ps 126,5)
Archimandrite Cassien

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