mercredi 14 février 2024

LES NOCES DE CANA

 «En ce temps-là, il y eut des noces à Cana de Galilée; et la Mère de Jésus y était. Jésus aussi fut invité aux noces avec ses disciples. Et, lorsque le vin fut épuisé, la Mère de Jésus lui dit : Ils n'ont plus de vin ! Jésus lui répondit : Femme, que me veux-tu ? Mon heure n'est pas encore venue ! Sa mère dit aux serviteurs : Tout ce qu'il vous dira, faites-le ! Il y avait là six jarres de pierre destinées aux ablutions rituelles des Juifs : elles contenaient chacune deux ou trois mesures. Jésus dit aux serviteurs : Remplissez les jarres avec de l'eau ! Et ils les remplirent jusqu'au bord. Ensuite il leur dit : Puisez maintenant et portez-en au maître du repas ! Ils lui en portèrent; et, lorsque le maître du repas eut goûté l'eau changée en vin, ne sachant d'où il venait  tandis que les serviteurs le savaient bien, ayant eux-mêmes puisé l'eau – il appela le marié et lui dit : Tout homme sert d'abord le bon vin et, quand les gens sont gais, le moins bon; mais toi, tu as gardé le bon vin jusqu'à présent ! Tel fut, à Cana de Galilée, le premier des miracles que fit Jésus. Il rendit manifeste sa gloire et ses disciples crurent en lui.» (Jn 2,1-11)



    Ce n’est pas en ce moment que cet évangile est lu dans l’église, mais l’Apôtre dit bien : «prêche la parole, insiste en temps et contre-temps.» (II Tim 4,2) 

Jésus venait tout juste d’engager ses premiers disciples, avec lesquels, avec sa mère, il fut invité aux noces de Cana. De Joseph, l’époux de Marie, il n’est pas question, puisqu’il avait certainement déjà quitté cette vie, vu son âge avancé au moment des fiançailles avec la Vierge Marie.

Le Christ ne dédaignait pas d’aller à une noce, lui qui dînait avec des douaniers et des prostituées, afin de les sauver. Il buvait également du vin, comme dit l’évangile : «Le Fils de l’homme est venu, il mange et boit, et l’on dit…» (Mt 11,19) Il ne condamnait donc ni le mariage ni le vin, pourvu que cela se passe avec discernement, action de grâces, et sous la volonté de Dieu. Par sa présence aux noces il réfute les hérétiques qui condamnent le mariage, comme les Marcionites autrefois, par exemple. «Si le lit nuptial, orné de la pureté requise, et le mariage, contracté avec la chasteté voulue, étaient illicites, le Seigneur n'eût jamais voulu assister à ces noces,» dit saint Bède le Vénérable (hom. pour le 1er dim. après l'Epiphanie)

Venons au miracle qui a eu lieu à ces noces. L’heure du Christ n’était pas encore venue pour faire des miracles et enseigner en public. Pourtant, il avait appris à obéir à ses parents et ne savait pas refuser une demande à sa mère. «Et il leur était obéissant.» (Luc 2,51)

«Voulez-vous savoir le respect profond que Jésus avait pour sa mère ? écoutez saint Luc qui vous dit que le Sauveur était soumis à ses parents.» Saint Jean Chrysostome. (hom. 21)

«Bien que Jésus vienne de dire à sa Mère : Mon heure n'est pas encore venue, il se rend cependant à ses désirs, et démontre amplement par là qu'il n'était point soumis à l'heure. Car s'il était assujetti à une heure déterminée, comment se fait-il qu'il opère ce miracle avant que l'heure soit arrivée ?» (Saint Jean Chrysostome; hom. 22 sur saint Jean)

La Toute Sainte ne demanda pas un miracle mais fit juste une remarque : «Ils n'ont plus de vin». Pourtant elle prévoyait et sentait ce qui allait se passer, illuminée par l’Esprit saint. Elle dit donc aux serviteurs : «Tout ce qu'il vous dira, faites-le !»

Le Sauveur aurait certes pu faire ce miracle sans que les vases fussent remplis d’eau. Mais souvent, il se sert de l’entremise de la matière pour guérir, afin de montrer qu’il est également le Maître et Créateur de la nature, et que la création matérielle n’est nullement l’œuvre du Mal, comme le prétendent certains hérétiques.

Les serviteurs remplirent donc ces vases d’eau, sans songer à ce qui allait se passer, pensant à leur destination ordinaire – «les ablutions rituelles des Juifs». Quand ensuite Jésus leur dit «Puisez maintenant et portez-en au maître du repas,» je suppose qu’ils furent bien étonnés, pensant : Pourquoi porter de cette eau au maître du repas ? Cependant, ils obéirent, comme pour la première demande du Seigneur, qui pourtant était encore jeune – juste 30 ans (Une leçon qui nous est donnée, pour nous apprendre à obéir, même à un jeune ou à un radotant supérieur).

Le maître du repas goûta alors de cette eau, changée en vin, et non en vin ordinaire, comme celui qui vint à manquer, mais un vin exquis et rempli à ras bord. Le Christ ne fait pas les choses à moitié ! Ce maître donc ignora apparemment que les vases avaient été vides auparavant, et que l’eau avait été changée en vin. Sa remarque au marié fut juste : «Tout homme sert d'abord le bon vin et, quand les gens sont gais, le moins bon; mais toi, tu as gardé le bon vin jusqu'à présent.»

Le but du Christ n’était certes pas de suppléer au manque de vin, mais de manifester sa gloire, afin que ses disciples crussent en lui, comme Messie. Comme dit l’Apôtre : «c’est bien dans la Loi de Moïse qu’il est écrit : Tu ne mettras pas de muselière à un bœuf pendant qu’il foule le blé. Dieu s’inquiéterait-il ici des bœufs ? N’est-ce pas pour nous qu’il parle ainsi ? Bien sûr que si…» (I Cor 9,9) 

Je conclus avec des paroles de saint Cyprien : «Quand on parle du Seigneur, de Dieu, la pureté sans mélange des mots ne s'appuie pas sur la force de l'éloquence pour établir les raisons de croire, mais sur les faits. Écoute donc un langage non point bien ordonné, mais fort, non point fardé avec un style soigné pour capter l'attention du peuple, mais simple dans sa brutale vérité pour proclamer la divine miséricorde.» saint Cyprien de Carthage (à Donat)


a. Cassien

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