lundi 22 janvier 2024

LE DIMANCHE APRÈS L'ÉPIPHANIE

 «En ce temps-là, Jésus, ayant appris l'arrestation de Jean, regagna la Galilée et, quittant Nazareth, vint s'établir à Capharnaüm, au bord de la mer, sur les confins de Zabulon et de Nephtali. Ainsi devait s'accomplir cet oracle du prophète Isaïe : «Terre de Zabulon, terre de Nephtali, route de la mer, pays de Transjordane, Galilée des nations ! Le peuple qui se trouvait dans les ténèbres a vu une grande lumière, sur ceux qui habitaient les obscurs parages de la mort une lumière a resplendi.» À partir de ce moment Jésus se mit à prêcher ainsi : Repentez-vous, car il est proche, le royaume des cieux.» (Mt 4,12-17)



L’évangile d’aujourd’hui traite du commencement de la mission de Jésus. Pendant trente ans le Messie patienta à Nazareth, soumis à ses parents. «Jésus lui-même commençait d’avoir environ trente ans.» (Luc 3,23) Ce n’est que quand le Précurseur fut mis en prison, – dont il ne sortit pas vivant, – que le Christ débuta sa mission et se mit à prêcher l’évangile. Il fallait que la mission de Jean s’acheva d’abord, «celui qui crie dans le désert, Préparez le chemin du Seigneur, faites droits ses sentiers.» (Mc 1,3) Jean disait aussi : «celui qui vient après moi.» (Mt 3,11) Peu avant, ce même Jean baptisa le Christ, un baptême «pour la repentance.» Le Sauveur, le pur sans péché, n’avait nullement besoin de ce baptême, mais se laissa baptiser à notre place. Le Baptiste baptisait d’eau tandis que le Sauveur baptisait d’«Esprit saint et de feu.» (Mt 2,11) Il fallait donc que la préparation s’accomplisse avant que l’œuvre réelle du salut commence. Les messages de Jean et de Jésus pourtant étaient les mêmes : «Repentez-vous, car il est proche, le royaume des cieux,» disait le Christ et Jean : «Produisez donc du fruit qui convienne à la repentance.» (Mt 3,8)

En parlant de Zabulon et de Nephtali, on peut penser à Chorazin et à Bethsaïde, qui se trouvaient à proximité et dont il est dit : «Malheur à toi, Chorazin ! malheur à toi, Bethsaïda ! car si les miracles qui ont été faits au milieu de vous eussent été faits dans Tyr et dans Sidon, il y a longtemps qu’elles se seraient repenties.» (Luc 10,13)

Avant de débuter sa mission, Jésus fut tenté par le diable, et une fois le malin vaincu, il se sentit prêt pour affronter sa mission.

Peu avant, aux noces de Cana, le Seigneur fait son premier miracle, malgré le fait que son «heure n’est pas encore venue.» (Jn 2,4) Il anticipa sur l’instance de sa Mère, et finalement quand Jean fut mis en prison, l’heure de Dieu était venue, – le Christ était préparé et prêt pour accomplir l’œuvre du salut.

Quelques mots encore des pères pour compléter :

« Mais il faut examiner avec soin comment saint Jean a pu dire que le Sauveur avait été dans la Galilée avant que saint Jean-Baptiste eût été mis en prison; car c’est après le changement de l’eau en vin, après le séjour de Jésus à Capharnaüm, après son retour à Jérusalem, que, d’après le récit de saint Jean, il revint dans la Judée, et qu’il y baptisa. Or, à cette époque Jean-Baptiste n’était pas encore incarcéré. Ici au contraire, comme dans saint Marc, nous lisons que Jésus se retira en Galilée après que Jean-Baptiste fut arrêté. Il n’y a toutefois aucune contradiction. Car saint Jean l’Évangéliste raconte le premier voyage du Sauveur dans la Galilée, voyage qui eut lieu avant l’incarcération de Jean-Baptiste. Ailleurs il fait mention en ces termes d’un second voyage dans la même contrée : «Jésus quitta la Judée, et revint de nouveau dans la Galilée,» et c’est de ce second voyage seulement qui eut lieu après que Jean-Baptiste eût été jeté en prison, que les autres Évangélistes font mention.» (Rémi)

«Jésus n’a point prêché avant que Jean-Baptiste fût mis en prison, pour ne pas diviser la multitude. C’est pour une raison semblable que Jean ne fit pas de miracle (cf. Jn 10,41), pour laisser au Sauveur le moyen d’attirer tous les hommes à lui.» (Saint Jean Chrysostome; homélie 14 sur saint Matth.)

« Cette mer dont parle ici l’Évangéliste, n’est autre que le lac de Génézareth, qui est formé par les eaux du Jourdain. Sur ses bords sont situées Capharnaüm, Tibériade, Bethsaïde et Corozaim, villes dans lesquelles surtout Jésus Christ annonça l’Évangile. D’après les Hébreux convertis au christianisme, ces deux tribus de Zabulon et de Nephtali furent emmenées captives par les Assyriens, et le pays qu’elles habitaient, la Galilée, rendue déserte, fut soulagée du poids de leurs péchés, selon l’expression du prophète. Plus tard, les autres tribus qui habitaient au delà du Jourdain et dans la Samarie eurent le même sort, et c’est pour cela, remarquent ces mêmes auteurs, que l’Écriture dit ici que le peuple de cette contrée fut le premier réduit en captivité, et qu’il fut aussi le premier à voir la lumière que Jésus Christ répandait par ses prédications. Ou bien, selon les Nazaréens, la venue du Christ délivra d’abord la terre de Zabulon et de Nephtali des erreurs des Pharisiens, et plus tard, grâce au zèle apostolique de saint Paul, la prédication fut surchargée, c’est-à-dire multipliée sur les frontières des nations.» (saint Jérôme)


a. Cassien


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