dimanche 18 avril 2021

LES FRERES DE JESUS

     Par où commencer et comment conclure concernant les frères et sœurs de Jésus ?     Expliquons d’abord la croyance orthodoxe. La sainte Vierge Marie fut fiancée (non mariée !) à Joseph, car autrefois, en Israël c’était un opprobre pour une fille de rester célibataire et de ne pas se marier. Donc Joseph, déjà âgé, fut choisi par les grands-prêtres pour la prendre sous sa protection. Il était veuf et avait cinq fils et trois filles du premier mariage; ses fils s’appelaient : Juste, Simon, Jude et Jacques. L'une de ses deux filles avait le nom d'Asia. Il y a aussi un autre Jacques, fils d'Alphée, qui est un cousin de Jésus. Il y a aussi Jacques, le fils de Joseph – et donc le demi-frère de Jésus – qui est celui qui fut plus tard le premier évêque de Jérusalem et que la Tradition appelle le «frère de Dieu». Quand il est dit : «La mère et les frères de Jésus vinrent le trouver,» (Lc 8,19) il est donc question des enfants de Joseph. Voici ce qu’en dit la sainte Tradition qui complète la Bible.

    Dans le langage de la sainte Ecriture, les mots et expressions n’ont pas toujours le même sens que dans nos langages modernes, dans lesquels le mot «frère» signifie qu’il est sorti de la même matrice. Frère peut être un demi-frère, un frère de lait, un frère adoptif, etc. En Afrique, je constate cela souvent. Si quelqu’un dit «c’est mon frère», cela peut être simplement quelqu’un du même village.

Il est écrit de Ruth «elle le suivit en silence et elle leva ce qui couvrait ses pieds.» (Ruth 3,7) Cela veut dire, dans notre langage actuel, qu’elle a couché avec Boos, son parent. Parfois il est dit dans la Bible qu’il a connu une femme. Cela veut dire qu’il a couché avec elle et non pas qu’il l’a connu intellectuellement. Par exemple dans : «Voici, j’ai deux filles qui n’ont point connu d’homme.» (Gen 19,8) Ou : «qui a connu la couche d’un homme.» (Judith 21,11)

Isaïe dit : «C’est pourquoi le Seigneur lui-même vous donnera un signe. Voici, la vierge deviendra enceinte, elle enfantera un fils, et elle lui donnera le nom d’Emmanuel.» (Is 7,14) Grammaticalement on peut traduire «vierge» ou «jeune fille». Le mot hébreu peut dire soit l’un, soit l’autre. Marie était une jeune fille mais également vierge. Sur les icônes on peint trois étoiles sur la robe de la Toute-Sainte pour symboliser qu’elle est vierge, avant, pendant et après l’enfantement. Théologiquement, il faut donc traduire par «vierge», et non simplement «jeune fille» comme le font les «évangélistes» qui ne croient pas à la virginité de Marie. 

D’ailleurs, les protestants, ou, si on veut, les évangélistes, rejettent certains écrits de la Bible, pensant que de sont les papistes qui les ont introduits. Ils se sont fiés aux écrits juifs d’après le Christ, où ces textes ne figurent plus, car ils stigmatisaient trop ce qui se rapporte au Messie, qu’ils ont rejeté également. Cela entre parenthèse. Revenons à nos moutons.

S’il est dit de Joseph : «Mais il ne la connut point jusqu’à ce qu’elle eût enfanté un fils,» (Mt 2,25) cela ne veut pas dire qu’il l’a connue après l’enfantement, mais uniquement qu’il ne l’a pas connue avant l’enfantement. Le prophète Michée dit : «C’est pourquoi il les livrera jusqu’au temps où enfantera celle qui doit enfanter.» (Mich 5,3) Qu’il ne les livrera plus après cet enfantement à la punition, explique bien la suite : «Et le reste de ses frères reviendra auprès des enfants d’Israël.» Si je dis de ne pas faire ceci ou cela, avant le coucher du soleil, cela ne veut pas nécessairement dire que je le ferai après. 

Saint Jérôme dit : «On ne peut donc pas conclure qu’ils se soient unis plus tard, car l’Écriture sainte se contente de dire ce qui n’est pas arrivé.»

«Elle enfanta son fils premier-né,» dit l’évangéliste Luc (2,7) «Le premier engendré est dit premier-né : qu'il soit seul-engendré ou le premier parmi d'autres frères», dit saint Jean Damascène.

Que Joseph n’a pas connu Marie, c’est bien clair. D’abord, il n’était que fiancé avec elle, et autrefois, les fiancés n’avaient pas le droit de coucher ensemble. «Joseph, son époux, qui était un homme de bien et qui ne voulait pas la diffamer, se proposa de rompre secrètement avec elle.» (Mt 1,19) Pourquoi Joseph, un homme de bien, aurait-il répudié la Toute-Sainte s’il avait eu des rapports sexuels avec elle, étant en ce cas le vrai père du Christ ? Si Marie avait couché avec quelqu’un d’autre – quel blasphème ! – elle aurait commis la fornication et l’adultère. On l’aurait lapidée selon la Loi ! Il est bien dit : «car l’enfant qu’elle a conçu vient du saint Esprit,» et non d’un homme. (Mt 2,20)

Si Joseph avait été le père naturel de Jésus, alors celui-ci aurait subi les conséquences du péché originel qui se transmet par le rapport sexuel. Comment le Dieu par nature aurait-Il pu être l’esclave du Malin ? Il a bien démontré, en allant aux enfers, et en brisant ses portes, en libérant les captifs, qu’il est le Tout-Puissant qui a vaincu la mort et le péché.

Saint Jean Chrysostome (sur saint Matthieu) : «Cela s’est fait pour que le Christ ne dût pas sa naissance aux inclinations de la chair et du sang, lui qui venait détruire l’empire de la chair et du sang.»

Saint Augustin. (Du mariage et de la concupisc. liv. 1, chap. 12) «Il n’y eut point ici de relation conjugale, parce qu’elle ne pouvait avoir lieu dans une chair de péché sans être accompagnée de la concupiscence de la chair qui vient du péché. Celui qui devait être sans péché voulut être conçu en dehors de la concupiscence, pour nous apprendre que toute chair qui naît de l’union de l’homme et de la femme est une chair de péché, puisque la seule chair exempte de cette origine est la seule qui n’eût pas été une chair de péché.»

La Bible ne contient qu’une partie des événements qui ont eu lieu, et l’apôtre Jean dit bien : «Jésus a fait encore beaucoup d’autres choses; si on les écrivait en détail, je ne pense pas que le monde même pût contenir les livres qu’on écrirait.» (Jn 21,25) Si l'Écriture ne dit pas tout, à plus fort raison ma médiocrité reste limitée dans ce que je peux dire sur ce sujet. D’ailleurs j’avais déjà écrit sur ce sujet dans le bulletin n° 17.

Prendre simplement la Bible et vouloir l’expliquer et la comprendre sans plus de connaissance et d’expérience, ce serait comme prendre un livre technique d’aviation par exemple, et penser qu’on peut piloter un avion immédiatement après l’avoir lu. Ne serait-ce qu’en ce qui concerne le vocabulaire technique, il diffère souvent avec le vocabulaire de la vie courante. Avoir passé l’épreuve théorique du permis de conduire n’est pas suffisant pour conduire une voiture, il faut aussi la pratique.

L’Écriture sainte ne se comprend bien que dans la sainte Tradition, qui en est la clé, après le baptême dans l’Église qui donne le saint Esprit, et de mieux en mieux lorsque nous avançons par la pratique dans la vie spirituelle.


A. Cassien


Voici le bulletin 187.

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