samedi 6 juillet 2013

REFLEXIONS


A bâtons rompus, je livre quelques réflexions qui me viennent à l’esprit, réflexions qui ne sont pas fortuites mais peut-être les seules qui comptent dans cette vie, ou au moins les plus importantes. 

«Quand vous entrez dans une hôtellerie, vous occupez-vous de l'embellir, je vous le demande ? Nullement; vous mangez, vous buvez, puis vous reprenez votre voyage. Ici-bas, c'est l'hôtellerie. Nous y sommes entrés, le temps de la vie s'achève; tâchons d'en sortir avec une légitime espérance, ne laissons rien derrière nous, ce serait une perte pour l'avenir.» (saint Jean Chrysostome, seconde homélie sur Eutrope)

Pour toi, qui te hâtes vers la patrie céleste,… (Règle de saint Benoît, chapitre 73). Dans cette image nous voyons le voyageur qui presse ses pas afin d’arriver dans la ville avant que les portes ne se ferment à la tombée de la nuit. Aujourd’hui cette image est dépassée car les villes n’ont plus de portes qui se ferment le soir; seuls nos monastères ferment encore au coucher du soleil. Dans notre vie c’est bien pire encore car nous ne savons quand notre pèlerinage s’achève et la mort nous surprendra. Nous ne sommes donc pas seulement passagers dans cette vie terrestre, mais il faudra aussi se hâter.
Il y a aussi l’image du voyageur qui a chargé son sac à dos plein de victuailles, et au fur et mesure qu’il avance, le sac se vide. Ainsi tous nos rêves s’évanouissent avec l’âge, comme un brouillard, quand nous arriverons au terme de notre vie. Les forces s'épuisent et les maladies s’installent, tel ce voyageur qui arrive épuisé à la fin de son parcours. Et qu’est-ce que nous amènerons finalement avec nous dans l’autre vie ? Maisons, argent, diplômes ? Rien ! Il faudra même quitter nos proches. L’évangile dit : «Insensé, ces choses que tu as préparées, pour qui seront-elles ? Cette nuit même, on va te redemander ton âme.» (Lc 12,20)
Qu’est-ce que nous pouvons finalement amener dans l’autre vie ? Ne sont-ce pas les fruits de nos bonnes oeuvres (prières, aumône, jeûne etc.); dans d’autres termes une âme ornée des vertus ?
Tel le voyageur qui voit défiler le paysage, ainsi nos problèmes d’aujourd’hui dans peu auront perdu de leur importance et auront fait place à d’autres. Ainsi sera toute notre vie ici-bas. Pourtant à travers ces problèmes il faudra avancer spirituellement et ce sont eux précisément qui devraient nous aider au lieu d’être cause d’obstacles. À nous de voir qu’ils soient tombe ou trésor, perte ou gain. Ils nous aiguillonnent afin de nous faire avancer et à empêcher de nous installer dans cette vie.
Est-ce qu’on construit une maison sans faire d’abord un plan, envisager les dépenses, les possibilités etc. ? Dans notre vie il faudra faire de même et tout faire concorder vers le but final. Est-ce qu’on construit un mur qui ne s’accorde pas avec l’ensemble de la construction ? Mêmement il faut que tout dans notre vie concoure, s’harmonise avec l’ensemble, le but final. 
Dans l’iconographie, souvent les bâtisses sont alogiques si on regarde d’un point de vue purement matériel, mais si on regarde de l’autre côté, du côté divin, tout a un sens et s’harmonise. Dans notre vie, c’est la même chose : ce qui semble n’avoir pas de sens, être négatif, vu du côté de de la foi trouve son plein sens.
Je termine ces réflexions, «car l'important n'est pas que je vous dise beaucoup de choses, mais que vous reteniez ce que je vous dis.» (Saint Jean Chrysostome, homélie sur la Génèse 13)
Archimandrite Cassien

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