mercredi 17 août 2022

Les sept Dormants d'Ephèse

 Puisque aujourd'hui c'est leur fête, voici leur histoire :

Des sept frères dormants à Ephèse.


Voici la raison pour laquelle il y eut sept frères dormants dans la ville d'Ephèse. Du temps de l'empereur Decius, quand la persécution s'émut contre les chrétiens, sept personnages furent pris et menés devant le prince, desquels voici les noms : Maximien, Malchus, Martinien, Constantin, Denys, Jean, et Sérapion, qui ayant été sollicités en diverses manières d'obéir aux ordres du prince, touchant les choses qui concernent la superstition des dieux, n'y voulurent point acquiescer. L'empereur (à cause que c'étaient des gens bien faits) ne voulant point les faire périr en un moment, leur donna du temps pour y penser. Ceux-ci s'en allèrent renfermer dans une caverne, où ils demeurèrent plusieurs jours, l'un desquels néanmoins sortait de temps en temps pour aller acheter des vivres, et les autres choses nécessaires. Et comme l'empereur revint en cette ville-là, ils demandèrent au Seigneur qu'il lui plût de les délivrer de ce péril. Et quand ils eurent fait leur oraison étant prosternés contre terre, ils s'y endormirent tous. Et l'empereur ayant appris qu'ils s'étaient retirés dans cette caverne, Dieu permit qu'il en fit boucher l'entrée avec de grosses pierres, disant : Que ceux-là périssent misérablement dans cette caverne, qui ont refusé de sacrifier à nos dieux. Comme ces choses se passaient, un chrétien ayant écrit les noms et le genre du martyre de ceux-ci sur une lame de plomb, la renferma secrètement à l'entrée de cette caverne devant qu’elle fut bouchée. 



Et plusieurs années depuis, après que la paix eut été rendue aux Eglises, et que Théodose prince chrétien eut obtenu l'empire, il s'éleva une misérable hérésie des Saduceens, qui nient la résurrection future. Alors un citoyen d'Ephèse ayant voulu faire une bergerie proche de cette  montagne, fit amener de là des pierres pour en faire l'enceinte, sans savoir ce qu’il y avait au dedans. Il ouvrit donc l'entrée de la caverne, ne connaissant point du tout qu'il y eut rien d’extraordinaire. Cependant le Seigneur répandit l'esprit de vie en ces sept hommes, qui se levèrent, croyant n'avoir dormi une nuit, envoyèrent celui qui avait accoutumé de leur acheter des vivres, lequel étant venu au-dessus de la porte de la ville, où il vit une croix représentant la Croix glorieuse de notre salut, et entendant le peuple jurer par le Nom de Jésus Christ, fut émerveillé. Et ayant présenté de la monnaie qu'il avait du temps de Decius, il fut arrêté par un marchand qui lui dit, qu'il avait trouvé des trésors de l'antiquité. Mais celui-ci l'ayant nié, il fut mené à l’évêque et au juge de la ville, qui l'ayant interrogé et repris aigrement, la nécessité le pressa de leur révéler tout le mystère qui leur était caché, et les mena dans la caverne où étaient les personnages. Et comme l’évêque y entrait, il trouva la table de plomb sur laquelle étaient écrites toutes les choses qu'ils avaient souffertes; et après qu'il se fut entretenu avec eux, on donna promptement avis de toutes ces choses à l’empereur Théodose, qui étant venu diligemment pour les voir, se prosterna devant eux, à qui ceux-ci parlèrent en cette sorte. Nous avons appris, glorieux Auguste, qu’il y a une hérésie qui s'efforce de détourner le peuple chrétien de l'attente des promesses de Dieu, disant, qu'il n'y a point de résurrection des mort. Afin donc que vous sachiez que tous tant que nous sommes, de vous être représentés devant le tribunal de Jésus Christ, le Seigneur nous a ressuscités pour vous dire ces choses. Prenez donc bien garde de n'être point séduit par ces gens-là, et d'être exclus du royaume de Dieu. L'empereur Théodose ayant ouï ces choses glorifia le Seigneur, de ce qu'il n'avait point permis que son peuple périt. 

Ces personnages s'étant derechef prosternés en terre, s'y endormirent, pour ne se réveiller plus qu'au dernier jour. Pour lesquels l’Empereur Théodose ayant voulu faire des cercueils d'or pur, en fut empêché par une vision. Ces personnages couverts jusques à ce jour de petits manteaux de soie ou de toile de fin lin, reposent encore en ce lieu-là. Ce que l'histoire de leur passion, que nous avons tournée en latin, sur l'interprétation que nous en a donnée un certain Syrien, contient plus amplement.


Saint Grégoire de Tours (La gloire des martyrs chap. 95)

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